Principaux messages
-
L'acupuncture comparée à l'acupuncture simulée peut avoir peu ou pas d'effet sur les taux de naissance vivante, de grossesses multiples (jumeaux, triplés, etc.), d'ovulation, de grossesses cliniques (confirmées par une échographie) ou de fausses couches chez des femmes atteintes du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK). Les effets secondaires mineurs sont probablement plus fréquents avec l'acupuncture qu'avec l'acupuncture simulée.
-
Les études actuelles ne fournissent pas de données probantes quant à l'amélioration des critères de jugement en matière de fertilité chez des femmes atteintes du syndrome des ovaires polykystiques, et d'autres études de haute qualité sont nécessaires.
-
Les effets secondaires de l'acupuncture comprennent des vertiges, des nausées, des ecchymoses, des insomnies, des douleurs abdominales et des éruptions cutanées, qui doivent être pris en compte lors de l'évaluation des bénéfices et des risques potentiels.
Qu'est-ce que le syndrome des ovaires polykystiques ?
Les femmes atteintes du syndrome des ovaires polykystiques développent de multiples kystes (sacs remplis de liquide) sur leurs ovaires (organes responsables de la production d'ovules). Ces femmes ont souvent des menstruations (règles) peu fréquentes ou très légères, des difficultés à concevoir (tomber enceinte) et une pilosité excessive, bien que certaines femmes ne ressentent aucun symptôme notable. Les traitements standards du syndrome des ovaires polykystiques incluent la prescription des médicaments, des changements de mode de vie et parfois une intervention chirurgicale.
Comment l'acupuncture peut-elle aider à traiter le syndrome des ovaires polykystiques ?
Certaines données probantes suggèrent que l'acupuncture pourrait influencer l'ovulation (libération de l'ovule) en agissant sur les taux hormonaux. L'acupuncture est une médecine traditionnelle chinoise qui consiste à insérer de fines aiguilles dans des points spécifiques de la peau. Cependant, le mécanisme exact du fonctionnement de l'acupuncture sur le syndrome des ovaires polykystiques reste incertain.
Que voulions‐nous savoir ?
Nous voulions savoir si l'acupuncture était plus efficace que l'acupuncture simulée, l'absence de traitement, les changements de mode de vie ou les médicaments prescrits sur ordonnance pour améliorer :
-
les taux de naissances vivantes ;
-
les taux de grossesses multiples (plus d'un enfant par grossesse) ;
-
les taux d'ovulation ;
-
des taux de grossesse clinique (grossesse confirmée par échographie) ;
-
le rétablissement d’un cycle menstruel régulier ;
-
les taux de fausses couches ; et
-
les effets secondaires.
Nos deux principales populations d'intérêt étaient des femmes qui souhaitaient tomber enceintes et celles qui voulaient avoir une ovulation régulière et gérer les symptômes.
Qu’avons-nous fait ?
Nous avons recherché dans les bases de données médicales des études cliniques ayant réparti de manière aléatoire des femmes atteintes du syndrome des ovaires polykystiques dans l'un des deux groupes de traitement ou plus (acupuncture et un ou plusieurs comparateurs).
Qu’avons-nous trouvé ?
Cette revue a inclus neuf études portant sur 1 606 femmes. Les études ont comparé l'acupuncture à l’acupuncture simulée, à des séances de relaxation, au clomifène (un médicament utilisé pour induire l'ovulation) ou à Diane-35 (une pilule contraceptive orale combinée contenant de l'éthinylestradiol et de l'acétate de cyprotérone). Une étude a comparé l'électroacupuncture à basse fréquence (où de petits courants électriques passent à travers des aiguilles d'acupuncture) à l'exercice physique ou à l'absence de traitement.
Principaux résultats
Seule l'étude comparant l'acupuncture à l'acupuncture simulée a évalué les taux de naissances vivantes et de grossesses multiples. L'acupuncture comparée à l'acupuncture simulée peut avoir peu ou pas d'effet sur les taux de naissances vivantes, de grossesses multiples, d'ovulation, de grossesses cliniques ou de fausses couches. L'acupuncture pourrait réduire le nombre de jours entre les menstruations après 12 semaines par rapport à l'acupuncture simulée, mais les données probantes sont très incertaines. Les effets secondaires sont probablement plus fréquents avec l'acupuncture.
Nous ne sommes pas certains de l'effet de l'électroacupuncture à basse fréquence par rapport à l'exercice ou à l'absence d'intervention sur le rétablissement d’un cycle menstruel régulier ou sur les effets secondaires, car les données probantes sont très incertaines.
Nous ne sommes pas certains de l'effet de l'acupuncture comparé à la relaxation, sur les taux d'ovulation, car les données probantes sont très incertaines.
Nous ne sommes pas certains de l'effet de l'acupuncture par rapport au clomiphène sur le rétablissement des menstruations régulières ou sur les effets secondaires, car les données probantes sont très incertaines.
Nous ne sommes pas certains de l'effet de l'acupuncture comparativement à l’utilisation de Diane-35 sur les taux d'ovulation, les taux de grossesse clinique et le rétablissement des cycles menstruels réguliers, car les données probantes sont très incertaines.
Les effets secondaires enregistrés dans les groupes d'acupuncture comprenaient des vertiges, des nausées (sensation de malaise), des ecchymoses, des insomnies, des douleurs abdominales et des éruptions cutanées. Ces effets secondaires étaient généralement légers.
Quelles sont les limites des données probantes ?
Nous avons peu confiance dans les données probantes parce que la plupart des études n'ont pas rapporté nos principaux critères de jugement d'intérêt et parce qu'il y avait peu d'études dans chaque comparaison.
Dans quelle mesure ces données probantes sont-elles à jour ?
Cette revue met à jour notre revue précédente. Les données probantes sont valables jusqu'en décembre 2024.
Lire le résumé complet
Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est caractérisé par les signes cliniques d'oligo-aménorrhée, d'infertilité et d'hirsutisme. Le traitement conventionnel du SOPK comprend une gamme d'agents pharmacologiques oraux, des changements au mode de vie et des modalités chirurgicales. La bêta-endorphine est présente dans le liquide folliculaire des ovaires normaux et polykystiques. Il a été démontré que les taux de bêta-endorphine dans le liquide folliculaire ovarien de femmes autrement en bonne santé qui étaient en cours d'ovulation étaient beaucoup plus élevés que les taux mesurés dans le plasma. Étant donné que l'acupuncture a un impact sur la production de bêta-endorphine, ce qui peut affecter la sécrétion de l'hormone de libération de gonadotrophine (GnRH), il est postulé que l'acupuncture peut avoir un rôle dans l'induction de l'ovulation par une production accrue de bêta-endorphine qui affecte la sécrétion de GnRH. Il s'agit d'une mise à jour de notre revue précédente publiée en 2016.
Objectifs
Évaluer les bénéfices et risques de l'acupuncture dans la prise en charge de la fertilité et des symptômes chez des femmes oligo/anovulatoires atteintes du syndrome des ovaires polykystiques.
Stratégie de recherche documentaire
Nous avons effectué des recherches dans le registre spécialisé du Groupe Cochrane Gynaecology and Fertility (Gynécologie et Fertilité), CENTRAL, MEDLINE, Embase, PsycINFO, AMED et dans trois bases de données chinoises (CNKI, CBM et VIP). Nous avons également fait des recherches dans les registres d'essais cliniques et les références bibliographiques pour trouver des essais connexes. Les recherches dans CENTRAL, MEDLINE, Embase, PsycINFO et CNKI sont à jour jusqu'en décembre 2024. La recherche sur VIP est à jour jusqu'en novembre 2024. La recherche dans la base de données CBM est à jour jusqu'en novembre 2015. Nous avons également procédé à la vérification des références, à une recherche de citations et nous avons contacté les auteurs et autrices pour identifier des études supplémentaires.
Critères de sélection
Nous avons inclus des essais cliniques comparatifs et randomisés (ECR) qui ont étudié l'efficacité du traitement d'acupuncture pour les femmes oligo/anovulatoires atteintes du SOPK. Nous avons exclu les essais contrôlés quasi-randomisés ou pseudo-randomisés.
Recueil et analyse des données
Deux auteurs de la revue ont choisi indépendamment les études, extrait les données et évalué le risque de biais. Nous avons calculé les risque relatif (RR), la différence moyenne (MD), la différence moyenne standardisée (SMD) et les intervalles de confiance (IC) à 95%. Les principaux critères de jugement étaient le taux de natalité vivante, le taux de grossesses multiples et le taux d'ovulation, et les résultats secondaires étaient le taux de grossesse clinique, le rétablissement de la période des menstruations régulières, le taux de fausses couches et les effets indésirables. Nous avons évalué la qualité des données probants à l'aide de la méthode GRADE.
Résultats principaux
Nous avons inclus huit ECR avec 1546 femmes. Cinq ECR ont été inclus dans notre revue précédent et trois nouveaux ECR ont été ajoutés dans cette mise à jour de la revue. Ils ont comparé l'acupuncture à l'acupuncture simulée (trois ECR), l'acupuncture vraie à la relaxation (un ECR), l'acupuncture vraie au clomifène (un ECR), l'électroacupuncture basse fréquence à l'exercice physique ou l'absence d'intervention (un ECR) et la véritable acupuncture au Diane-35 (deux ECR). Les études comparant l'acupuncture et Diane-35 n'ont pas mesuré les résultats de fertilité, car elles étaient axées sur le contrôle des symptômes.
Sept des études présentaient un risque élevé de biais dans au moins un domaine.
Pour l'acupuncture véritable par rapport à l'acupuncture simulée, nous n'avons pu exclure les différences cliniquement pertinentes dans les naissances vivantes (RR 0,97, IC à 95 %, 0,76 à 1,24 ; 1 ECR, 926 femmes ; données de faible qualité) ; taux de grossesse multiple (RR 0,89, IC à 95 %, 0,33 à 2,45 ; 1 ECR, 926 femmes ; données de faible qualité) ; taux d'ovulation (SMD 0,02, IC à 95 % -0,15 à 0,19 ; I2 = 0 % ; 2 ECR, 1010 ; femmes, données probantes de faible qualité) ; taux de grossesse clinique (RR 1.03, 95% CI 0.82 à 1.29; I2 = 0%; 3 ECRs, 1117 femmes; données probantes de faible qualité) et taux de fausse couche (RR 1.10, 95% CI 0.77 à 1.56; 1 ECR, 926 femmes; données probantes de faible qualité).
Le nombre de jours intermenstruels peut s'être amélioré chez les participants ayant reçu une acupuncture comparativement à l'acupuncture fictive (MD -312,09 jours, IC à 95 % -344,59 à -279,59 ; 1 ECR, 141 femmes ; données probantes de faible qualité).
L'acupuncture aggrave probablement les effets indésirables par rapport à l'acupuncture simulée (RR 1,16, IC à 95 %, 1,02 à 1,31 ; I2 = 0 % ; 3 ECR, 1 230 femmes ; données probantes de qualité moyenne).
Aucune étude n'a fourni de données sur le taux de natalité vivante et le taux de grossesses multiples pour les autres comparaisons : exercice physique ou aucune intervention, relaxation et clomifène. Les études incluant Diane-35 n'ont pas mesuré les critères de jugement de fertilité.
Nous ne savions pas si l'acupuncture avait amélioré le taux d'ovulation (mesuré par échographie trois mois après le traitement) par rapport à la relaxation (MD 0,35, IC à 95 %, 0,14 à 0,56 ; 1 ECR, 28 femmes ; données très faibles) ou Diane-35 (RR 1,45, IC à 95 %, 0,87 à 2,42 ; 1 ECR, 58 femmes ; données très faibles).
Dans l'ensemble, la qualité des données probantes variait de très faible à moyenne. Les principales limites étaient l'absence de rapports sur les critères de jugement cliniques importants et une très grande imprécision.
Conclusions des auteurs
Nous n'avons pas trouvé de données probantes d'une différence entre l'acupuncture et l'acupuncture simulée dans les taux de naissances vivantes, de grossesses multiples, d'ovulation, de grossesses cliniques, de fausses couches ou de rétablissement de cycles menstruels réguliers. L'acupuncture est probablement associée à un risque plus élevé d'événements indésirables. Nous ne savons pas si l'acupuncture améliore le taux d'ovulation par rapport à la relaxation ou à Diane-35.
Dans les études comparant l'acupuncture à l'exercice physique, à l'absence d'intervention, au clomifène et à Diane-35, les événements indésirables signalés dans le groupe d'acupuncture comprenaient des saignements vaginaux, une prise de poids, de la fatigue, des vertiges, des nausées et des hématomes sous-cutanés.
Le nombre limité d'essais contrôlés randomisés et la variabilité des critères de jugement rapportés rendent l’efficacité de l’acupuncture dans le syndrome des ovaires polykystiques incertaine.
Financement
Les auteurs et autrices de la revue ne déclarent aucun soutien financier ni aucun conflit d'intérêt financier.
Enregistrement
Protocole (2009) DOI 10.1002/14651858.CD007689
Revue originale (2011) DOI 10.1002/14651858.CD007689.pub2
Mise à jour (2016) DOI 10.1002/14651858.CD007689.pub3
Mise à jour (2019) DOI 10.1002/14651858.CD007689.pub4.
Traduction et Post-édition réalisées par Cochrane France avec le soutien de Nathalie Goulay (bénévole chez Cochrane France) et grâce au financement du Ministère de la Santé. Une erreur de traduction ou dans le texte original ? Merci d’adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr