Principaux messages
- La nucléoplastie pourrait réduire considérablement la douleur au cou et au bras causée par une hernie discale, mais pourrait n'avoir que peu ou pas d'effet sur la fonction du cou ou la qualité de vie par rapport au traitement conservateur après trois mois.
- Nous ne savons pas si la nucléoplastie a un effet sur la douleur, la fonction du cou, la qualité de vie ou la récupération, par rapport à la radiofréquence pulsée (un traitement qui utilise de petites impulsions d'énergie électrique pour cibler les nerfs et réduire la douleur) ou à la chirurgie.
- Pour l'ensemble des traitements, aucun effet indésirable ou risque grave n'a été signalé.
Qu'est-ce qu'une hernie discale dans le cou ?
Les disques sont des coussins souples situés entre les os de la colonne vertébrale. On parle de hernie discale lorsqu'un disque dans le cou se gonfle ou se déplace. Cela peut entraîner le pincement ou l'irritation d'un nerf dans le cou, ce qui provoque des douleurs. La douleur peut s'étendre du cou à l'épaule, au bras ou à la main. Les personnes peuvent également ressentir des engourdissements, des picotements ou des faiblesses dans ces zones. Ce type de douleur est généralement causé par l'usure normale avec l'âge, mais il peut également survenir après une blessure.
Comment traite-t-on une hernie discale dans le cou ?
La douleur due à une hernie discale peut être prise en charge par un traitement conservateur, tel que le repos, les analgésiques, la physiothérapie (kinésithérapie), le collier cervical (une minerve souple ou rigide qui s'enroule autour du cou pour soutenir la tête et maintenir le cou immobile), ou une combinaison de tout cela. Si le traitement conservateur échoue et que la douleur persiste, un traitement mini-invasif ou une intervention chirurgicale peuvent être envisagés.
La nucléoplastie est une intervention peu invasive qui consiste à retirer de petites parties du noyau discal, semblable à du gel, afin de réduire la pression sur les nerfs environnants. L'intervention se fait sous anesthésie locale (pour engourdir la zone) et est guidée par des rayons X pour plus de précision. Les effets secondaires temporaires de la procédure pourraient inclure des problèmes de déglutition, des maux de tête, des raideurs musculaires et des douleurs cervicales. Dans de rares cas, des complications plus graves pourraient survenir, telles que des lésions du tube digestif (œsophage), des lésions des vaisseaux sanguins du cou ou de graves lésions nerveuses.
Que voulions‐nous savoir ?
Nous voulions savoir si la nucléoplastie était plus efficace qu'un placebo (traitement fictif), qu'un traitement conservateur, qu'une intervention chirurgicale ou que la radiofréquence pulsée pour réduire la douleur au niveau du bras et/ou du cou, améliorer la fonction cervicale ou d’autres critères.
Comment avons-nous procédé ?
Nous avons recherché des études comparant la nucléoplastie à un placebo, à l'absence de traitement, à un traitement conservateur, à des interventions non chirurgicales et à la chirurgie. Nous avons comparé et synthétisé les résultats des études, et évalué notre niveau de confiance dans les données probantes en tenant compte les méthodes utilisées et la taille des études.
Qu’avons-nous trouvé ?
Nous avons trouvé quatre études portant sur 259 personnes souffrant de douleurs au cou dues à une hernie discale. Tous les participants avaient entre 16 et 65 ans. Ils étaient traités dans un hôpital ou une clinique. Les chercheurs ont suivi les progrès des participants pendant trois à douze mois après le traitement. Les études ont comparé la nucléoplastie à :
- un traitement conservateur (une étude, 120 participants) ;
- la radiofréquence pulsée (une étude, 34 participants) ;
- la chirurgie (deux études, 105 participants).
Principaux résultats
Comparée à un traitement conservateur , une étude portant sur 120 personnes a montré que la nucléoplastie :
- pourrait réduire considérablement la douleur à court terme (3 mois) ;
- pourrait n'entraîner qu'une différence minime, voire nulle, dans la fonction liée au cou ;
- pourrait n'entraîner que peu ou pas de différence en termes de qualité de vie.
L'étude évaluant le traitement conservateur a rapporté qu'aucun des participants des deux groupes n'a eu d'événements dangereux ou indésirables. Elle n'a pas rapporté le temps de rétablissement des personnes. Personne ne s'est retiré de l'étude.
Nous ne savons pas si la nucléoplastie a un effet sur la douleur, la fonction ou la récupération par rapport à la radiofréquence pulsée , car il n'y a eu qu'une seule étude portant sur un très petit nombre de personnes.
Nous ne savons pas si la nucléoplastie a un effet sur la douleur, la fonction, la qualité de vie ou la récupération par rapport à la chirurgie , car il n'y a eu que deux petites études.
Les effets indésirables
Pour l'ensemble des traitements, aucun effet indésirable ou risque grave n'a été signalé. Les effets secondaires légers et temporaires dans le groupe nucléoplastie comprenaient des problèmes de déglutition. Dans le groupe recevant la radiofréquence pulsée, certaines personnes ont ressenti des maux de tête et des raideurs musculaires après le traitement. Dans le groupe chirurgical, certaines personnes ont eu des complications temporaires directement liées à l'opération, telles que des douleurs cervicales.
Quelles sont les limites des données probantes ?
Pour tous les critères de jugement, nous avions peu ou pas confiance dans les données probantes, car les études étaient de mauvaise qualité méthodologique, incluaient trop peu de participants ou fournissaient des informations incomplètes sur les critères de jugement.
Dans quelle mesure ces données probantes sont-elles à jour ?
Les données probantes sont valables jusqu'au 24 février 2025.
Lire le résumé complet
La douleur radiculaire cervicale due à une hernie discale se manifeste par une douleur dans le cou et dans un bras, avec une faiblesse musculaire accompagnée ou non d'engourdissements ou de picotements dans les doigts ou les mains. Le traitement conservateur comprend le repos, des analgésiques, des anti-inflammatoires non stéroïdiens, des exercices et un collier cervical. En cas d’échec du traitement conservateur, une intervention chirurgicale est envisagée. La chirurgie comporte des risques, et le soulagement de la douleur n'est pas garanti. Récemment, la nucléoplastie, un nouveau traitement pour les hernies discales contenues, a été développée. La nucléoplastie est une intervention ambulatoire peu invasive qui soulage la pression nerveuse en retirant de petites portions du noyau discal, sans complications neurologiques signalées.
Objectifs
Évaluer l'effet de la nucléoplastie sur la douleur, la fonction, la qualité de vie, la récupération, les événements indésirables et les abandons pour cause d'événements indésirables par rapport au placebo, à l'absence de traitement, au traitement conservateur, aux interventions mini-invasives ou à la chirurgie pour les personnes souffrant de douleur radiculaire cervicale due à une hernie discale.
Stratégie de recherche documentaire
Nous avons utilisé CENTRAL, MEDLINE, sept autres bases de données et deux registres d'essais ; nous avons aussi vérifié les références, recherché des citations et contacté les auteurs d’études et des experts du domaine pour identifier les études incluses dans la revue. La dernière recherche date du 24 février 2025.
Critères de sélection
Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés (ECR) qui comparaient la nucléoplastie à un placebo, à l'absence de traitement, au traitement conservateur, à des interventions mini-invasives ou à une intervention chirurgicale pour les personnes souffrant de douleur radiculaire cervicale due à une hernie discale. Les principaux critères de jugement étaient la douleur au bras et au cou, la fonction liée au cou, la récupération, la qualité de vie, les événements indésirables et les abandons pour cause d'événements indésirables. Le premier point de mesure était le suivi à court terme (jusqu'à trois mois).
Recueil et analyse des données
Deux auteurs de la revue ont examiné les références de manière indépendante. Nous avons utilisé l'outil Cochrane d'évaluation du risque de biais pour les ECR afin d'évaluer le risque de biais des études incluses. Nous avons utilisé l’outil GRADE pour évaluer le niveau de confiance des données probantes.
Résultats principaux
Nous avons inclus quatre ECR (259 participants). Les quatre études ont été jugées globalement à haut risque de biais, en raison soit d’un risque élevé de biais de détection, soit d’un biais d’attrition. Trois études sur quatre présentaient un risque élevé de biais de détection en raison de l’absence d’aveugle des évaluateurs des critères de jugement.
Nucléoplastie par rapport à l'absence de traitement ou au placebo
Nous n'avons pas trouvé d'ECR pour cette comparaison.
Nucléoplastie par rapport au traitement conservateur (1 étude, 120 participants)
Des données probantes d’un niveau de confiance faible, déclassées en raison du risque de biais et de l'imprécision, ont montré que la nucléoplastie pourrait entraîner une forte réduction de la douleur (sur une échelle de 0 à 100, avec 0 = aucune douleur) lors d'un suivi à court terme. La variation moyenne de la douleur par rapport au moment de l'inclusion était inférieure de 30,45 points avec le traitement conservateur et de 53,16 points avec la nucléoplastie (différence de moyennes (DM) inférieure de 22,71 points (intervalle de confiance à 95 % (IC) allant de inférieur de 30,10 à inférieur de 15,32)).
Des données probantes d’un niveau de confiance faible, déclassées en raison du risque de biais et de l'imprécision, ont montré que la nucléoplastie pourrait n'entraîner aucune différence dans la fonction liée au cou lors du suivi à court terme (Neck Disability Index (NDI) de 0 à 50, des scores plus faibles indiquant une incapacité moindre). La modification moyenne de la fonction par rapport au moment de l'inclusion était inférieure de 9,27 points dans le groupe du traitement conservateur et inférieure de 11,75 points dans le groupe de nucléoplastie (DM inférieur de 2,48 points, IC à 95 % allant de inférieure de 5,11 à supérieure de 0,15).
Des données probantes d’un niveau de confiance faible, déclassées en raison du risque de biais et de l'imprécision, ont montré que, par rapport au traitement conservateur, la nucléoplastie pourrait entraîner peu ou pas de différence en termes de qualité de vie (36-item Short-Form Health Survey, mental component summary (SF-36 MCS), coté de 0 à 100, avec 100 = meilleur score) à court terme. Le changement moyen de la qualité de vie par rapport à l'inclusion était de 8,04 points avec le traitement conservateur et de 6,31 points avec la nucléoplastie (DM inférieur de 1,73 points, IC à 95 % allant de inférieure de 5,32 à supérieure de 1,86).
Par rapport au traitement conservateur, il n'est pas certain que la nucléoplastie augmente le risque d'effets indésirables. Cette étude n'a rien rapporté sur le rétablissement ni les abandons.
Nucléoplastie par rapport à la radiofréquence pulsée du ganglion de la racine dorsale (1 étude, 34 participants)
Nous ne savons pas si, comparée à la radiofréquence pulsée, la nucléoplastie a un effet sur la douleur (échelle de 0 à 100, 0 = pas de douleur ; DM inférieur de 7,9 points, IC à 95 % allant de inférieure de 29,45 à supérieure de 13,65), la fonction liée au cou (NDI de 0 à 50, 0 = meilleur score ; DM supérieur de 0,30 point, IC à 95 % allant de inférieure de 6,97 à supérieure de 7,57), la récupération (DM inférieur de 5,10 points, IC à 95 % allant de inférieure de 29,92 à supérieure de 19,72) ou les événements indésirables (rapport de risque (RR) 1,0, IC à 95 % de 0,17 à 5,83) lors du suivi à court terme, en raison de données probantes d’un niveau de confiance très faible (déclassées pour risque de biais, imprécision et caractère indirect).
Nucléoplastie par rapport à la discectomie (2 études, 105 participants)
Des données probantes d’un niveau de confiance faible, déclassées en raison du risque de biais et de l'imprécision, ont montré que la nucléoplastie pourrait entraîner peu ou pas de différence au niveau de la douleur cervicale lors du suivi à court terme (DM supérieur de 0,33 point, IC à 95 % allant de inférieur de 0,36 à supérieure de 1,03). Nous ne savons pas si la nucléoplastie a un effet sur la douleur au bras (DM inférieur de 0,74 point, IC à 95 % allant de inférieur de 1,23 à inférieur de 0,25), la fonction liée au cou (DM inférieur de 0,69 point, IC à 95 % allant de inférieure de 12,63 à supérieure de 11,25), la récupération (RR 0,81, IC à 95 % de 0,51 à 1,29 ; 1 ECR, 48 participants), la qualité de vie (DM supérieur de 0,83 point, IC à 95 % de 8,47 à 10,13 ; 1 ECR, 48 participants) ou les événements indésirables (RR de 0,14, IC à 95 % de 0,01 à 2,62) par rapport à la discectomie lors du suivi à court terme, en raison de données probantes d’un niveau de confiance très faible (déclassées pour risque de biais, imprécision et caractère indirect). Aucun abandon dû à des événements indésirables n'a été signalé.
Conclusions des auteurs
Comparée au traitement conservateur, des données probantes d’un niveau de confiance faible montrent que la nucléoplastie pourrait entraîner une forte réduction de la douleur et aucune différence dans la fonction liée au cou lors du suivi à court terme. Pour les autres comparaisons (radiofréquence pulsée du ganglion de la racine dorsale, discectomie), les données probantes d’un niveau de confiance faible à très faible indiquent que la nucléoplastie a peu ou pas d'effet sur la douleur, la fonction liée au cou, la récupération ou les événements indésirables. Aucune complication grave n'est survenue dans le groupe nucléoplastie ni dans le groupe comparateur. Les données probantes sont insuffisantes pour soutenir l'utilisation de la nucléoplastie chez les personnes souffrant de douleurs radiculaires dues à une hernie discale. Des essais contrôlés randomisés, bien conçus et suffisamment puissants, sont nécessaires.
Traduction et Post-édition réalisées par Cochrane France avec le soutien de Céline Charles (bénévole chez Cochrane France) et grâce au financement du Ministère de la Santé. Une erreur de traduction ou dans le texte original ? Merci d’adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr
Cette revue Cochrane a initialement été rédigée en anglais. L’exactitude de la traduction relève de la responsabilité de l’équipe de traduction qui la réalise. La traduction est réalisée avec soin et suit des processus standards pour garantir un contrôle qualité. Cependant, en cas d'incohérences, de traductions inexactes ou inappropriées, l'original en anglais prévaut.