Le peroxyde de benzoyle topique pour l'acné

Problématique de la revue

Nous avons examiné les données probantes démontrant les effets et la sécurité du peroxyde de benzoyle (PBO) topique, utilisé seul ou en combinaison. Les comparaisons recevables comprenaient les placebos (un traitement identique mais inactif), l'absence de traitement, ou d'autres médicaments topiques actifs (médicaux) pour le traitement de l'acné (utilisés seuls ou en combinaison avec d'autres médicaments topiques ne contenant pas de PBO) (les données probantes sont à jour jusqu'en février 2019).

Les principaux critères de jugement d’intérêt de cette revue sont une amélioration de l'acné rapportée par les participants et le retrait de l'étude en raison d'éventuels effets secondaires. Plus généralement, nous avons également pris en compte le pourcentage de participants ayant subi des effets secondaires pendant toute la durée d'un essai.

Contexte

L'acné vulgaire est une maladie de la peau courante qui affecte le bien-être physique, mental et social de millions d'adolescents et de jeunes adultes. Une large gamme de traitements pour l'acné vulgaire est disponible, et le PBO topique a été recommandé comme traitement prioritaire à utiliser seul ou combiné avec d'autres traitements topiques ou oraux, en fonction de la gravité de l'acné. Toutefois, les bénéfices et les risques du PBO doivent encore être évalués.

Caractéristiques des études

Nous avons inclus 120 études (qui comprenaient 29 592 personnes randomisées dans 116 essais ; dans quatre essais, le nombre de participants randomisés n'était pas clair). Au cours de nos recherches, nous avons trouvé des études évaluant différentes concentrations de PBO, différents moyens d’administrations du PBO, ou le PBO utilisée seul ou donné avec d'autres traitements qui peuvent ou non être considérés comme le traitement principal. Ces études ont comparé les traitements à différentes concentrations ou formulations de PBO, à des placebos, à l’absence de traitement, ou à d'autres traitements médicaux administrés seuls ou en combinaison.

La plupart des études ont porté sur des participants hommes et femmes souffrant d'acné légère à modérée ; seuls 67 % des études ont fait état de l'âge des participants, qui se situait entre 18 et 30 ans. Les participants ont été traités pendant plus de huit semaines dans près des deux tiers des essais. L'industrie a soutenu financièrement environ deux cinquièmes des essais, et plus de la moitié des essais n'ont pas indiqué leurs sources de financement. Peu d'études ont indiqué où elles se déroulaient, mais parmi les lieux concernés se trouvaient des hôpitaux, des centres médicaux, des instituts médicaux nationaux, des cliniques, des départements médicaux et des cabinets médicaux.

Principaux résultats

Nous avons trouvé des données probantes de faible niveau de confiance suggérant que le traitement à long terme (c'est-à-dire administré pendant plus de huit semaines) au PBO peut augmenter le taux de réussite déclaré par les patients par rapport au placebo ou à l'absence de traitement au PBO (trois études), mais il peut y avoir peu ou pas de différence lorsque le traitement au PBO est comparé à l'adapalène (cinq études) ou à la clindamycine (une étude). Ces résultats n'ont pas été présentés par les études comparant le traitement au PBO à l'érythromycine ou à l'acide salicylique.

Le PBO à long terme pourrait entraîner une augmentation des risques d'interruption du traitement par rapport au placebo ou à l'absence de traitement (24 études), les causes les plus fréquentes étant les rougeurs, les démangeaisons et les brûlures de la peau (données probantes de faible niveau de confiance). Lorsque nous avons comparé le PBO à moyen et long terme à l'adapalène (11 études), à la clindamycine (huit études), à l'érythromycine (une étude) ou à l'acide salicylique (une étude), nous n'avons trouvé que des données probantes de très faible certitude, ce qui signifie que même s'il n'y a que peu ou pas de différence de retrait entre ces groupes, nous ne sommes pas sûrs des résultats. Il convient de noter que le retrait des participants pourrait être lié à des questions d'acceptabilité du traitement (dermatite, éruption cutanée, gonflement du visage, sensibilité) plutôt qu'à la sécurité.

Le très faible niveau des données probantes signifie que nous ne savons pas avec certitude si le PBO entraîne plus d'effets secondaires chez les participants recevant du PBO à moyen ou long terme que chez ceux ne recevant aucun traitement ou un placebo (21 études), l'adapalène (sept études), l'érythromycine (une étude) ou l'acide salicylique (une étude). Un traitement à moyen terme au PBO peut entraîner un risque accru d'effets secondaires par rapport à la clindamycine, mais les effets de ce traitement varient, de sorte que le traitement choisi peut ne faire que peu ou pas de différence (six études ; données probantes de niveau de confiance modéré). Les effets secondaires signalés dans ces études étaient généralement légers à modérés, et les plus fréquents étaient la sécheresse locale, l'irritation, l'eczéma, la rougeur, la douleur au site d'application et le prurit.

Niveau de confiance des données probantes

Pour nos comparaisons clés, nous avons estimé que le niveau de confiance des données probantes de « l'amélioration de l'acné signalée par les participants » était faible. En ce qui concerne les critères de jugement « retrait en raison d'effets indésirables » et « pourcentage de participants ayant subi des événements indésirables », les données étaient principalement de très faible niveau de confiance.

Les essais inclus présentaient un risque élevé ou peu clair de biais, le nombre de participants était faible, les résultats n'étaient pas cohérents d'un essai à l'autre et nous avons soupçonné un biais de publication.

Conclusions des auteurs: 

Les données probantes actuelles suggèrent que le peroxyde de benzoyle en monothérapie ou en traitement d'appoint pourrait être plus efficace qu'un placebo ou qu'aucun traitement pour améliorer l'acné, et il pourrait y avoir peu ou pas de différence entre le peroxyde de benzoyle et l'adapalène ou la clindamycine. Nos principales données probantes d'efficacité sont basées sur l'auto-évaluation des participants ; les essais sur le peroxyde de benzoyle par rapport à l'érythromycine ou à l'acide salicylique n'ont pas rapporté ce critère de jugement

En ce qui concerne les effets indésirables, les données probantes sont très incertaines en ce qui concerne le peroxyde de benzoyle par rapport à l'adapalène, l'érythromycine ou l'acide salicylique. Toutefois, le risque d'interruption du traitement pourrait être plus élevé avec le peroxyde de benzoyle qu'avec le placebo ou l'absence de traitement. Le retrait pourrait être lié à la tolérabilité plutôt qu'à l’innocuité. Le risque d'effets indésirables légers à modérés pourrait être plus élevé avec le peroxyde de benzoyle qu'avec la clindamycine.

D'autres essais devraient évaluer les effets comparatifs de différentes préparations ou concentrations de peroxyde de benzoyle et de peroxyde de benzoyle en combinaison par rapport à la monothérapie. Ces essais devraient évaluer et rapporter pleinement les effets indésirables et les critères de jugement rapportés par les patients, mesurés sur une échelle standardisée.

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Contexte: 

L'acné est une affection courante, économiquement lourde, qui peut causer des dommages psychologiques et, potentiellement, des cicatrices. Le peroxyde de benzoyle (PBO) topique est un traitement de l'acné largement utilisé ; cependant, son efficacité et sa tolérance n'ont pas été clairement évaluées.

Objectifs: 

Évaluer les effets du PBO sur l'acné.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans les bases de données suivantes jusqu'en février 2019 : le registre spécialisé du groupe Cochrane sur la peau, CENTRAL, MEDLINE, Embase et LILACS. Nous avons également effectué des recherches dans cinq registres d'essais et vérifié les références bibliographiques des essais contrôlés randomisés (ECR) et des revues systématiques pertinentes.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus des ECR qui comparaient le PBO topique utilisé seul (y compris différentes formulations et concentrations de PBO) ou dans le cadre d'un traitement combiné contre un placebo, l’absence de traitement, ou d'autres médicaments topiques actifs pour l'acné diagnostiquée cliniquement (utilisés seuls ou en combinaison avec d'autres médicaments topiques ne contenant pas de PBO) sur le visage ou le tronc.

Recueil et analyse des données: 

Nous avons utilisé les procédures méthodologiques standards attendues par Cochrane. Les principaux critères de jugement mesurés étaient l'auto-évaluation globale par les participants de l'amélioration de l'acné et le retrait en raison d'événements indésirables pendant toute la durée de l'essai. Le pourcentage de participants ayant subi un événement indésirable pendant toute la durée d'un essai a été un critère de jugement secondaire important.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus 120 essais (29 592 participants randomisés dans 116 essais ; dans quatre essais, le nombre de participants randomisés n'était pas clair). Quatre-vingt-onze études ont porté sur des hommes et des femmes. Selon les rapports, 72 essais portaient sur des participants souffrant d'acné légère à modérée, 26 sur des participants souffrant d'acné sévère, et l'âge moyen des participants variait entre 18 et 30 ans.

Nos essais ont évalué le PBO en monothérapie, en traitement d'appoint ou en combinaison avec d'autres traitements actifs, ainsi que le PBO à différentes concentrations et le PBO délivré par différents moyens. Les comparateurs comprenaient différentes concentrations ou formulations de PBO, un placebo, aucun traitement, ou d'autres traitements actifs administrés seuls ou en combinaison. La durée du traitement dans 80 essais était supérieure à huit semaines et n'atteignait que 12 semaines dans 108 essais. L'industrie a financé 50 essais ; 63 essais n'ont pas fait état de financement. Nous avons généralement constaté un risque élevé ou incertain de biais de performance, de détection ou d'attrition. Le contexte des essais était sous-déclaré mais comprenait des hôpitaux, des centres ou de services médicaux, des cliniques, des cabinets de médecine générale et des centres de santé pour étudiants. Nous avons rendu compte des résultats évalués à la fin du traitement et nous avons classé les périodes de traitement en court terme (deux à quatre semaines), moyen terme (cinq à huit semaines) ou long terme (plus de huit semaines).

Concernant le critère de jugement « amélioration de l'acné rapportée par les participants », le PBO peut être plus efficace qu'un placebo ou l'absence de traitement (risque relatif (RR) 1,27, intervalle de confiance (IC) de 95% de 1,12 à 1,45 ; 3 ECR ; 2234 participants ; traitement pendant 10 à 12 semaines ; données probantes de faible niveau de confiance). Sur la base de données probantes de très faible niveau de confiance, il pourrait y avoir peu ou pas de différence entre le PBO et l'adapalène (RR 0,99, 95 % IC 0,90 à 1,10 ; 5 ECR ; 1472 participants ; traitement pendant 11 à 12 semaines) ou entre le PBO et la clindamycine (RR 0,95, 95 % IC 0,68 à 1,34 ; 1 ECR ; 240 participants ; traitement pendant 10 semaines) (critère de jugement non communiqué pour le PBO par rapport à l'érythromycine ou l'acide salicylique).

En ce qui concerne le « retrait pour cause d'effets indésirables », le risque d'interruption du traitement peut être plus élevé avec le PBO qu'avec le placebo ou l'absence de traitement (RR 2,13, 95 % IC 1,55 à 2,93 ; 24 ECR ; 13 744 participants ; traitement de 10 à 12 semaines ; données probantes de faible niveau de confiance) ; les causes les plus fréquentes de retrait sont l'érythème, le prurit et les brûlures de la peau. Les comparaisons suivantes n'ont été effectuées qu'avec des données probantes de très faible niveau de confiance : PBO contre adapalène (RR 1,85, 95 % IC 0,94 à 3,64 ; 11 ECR ; 3295 participants ; traitement de 11 à 24 semaines ; les causes du retrait ne sont pas claires), PBO contre clindamycine (RR 1,93, 95 % IC 0,90 à 4.11 ; 8 ECR ; 3330 participants ; traitement de 10 à 12 semaines ; les causes du retrait comprenaient l'hypersensibilité locale, le prurit, l'érythème, l'œdème du visage, les éruptions cutanées et les brûlures cutanées), l'érythromycine (RR 1.00, 95 % IC 0,07 à 15,26 ; 1 ECR ; 60 participants ; traitement pendant 8 semaines ; retrait pour cause de dermatite), et l'acide salicylique (aucun participant ne s’est retiré pour cause d’effet indésirable ; 1 ECR ; 59 participants ; traitement pendant 12 semaines). Il se peut qu'il n'y ait que peu ou pas de différence entre ces groupes en termes de retrait ; cependant, nous ne sommes pas sûrs des résultats parce que les données probantes sont de très faible niveau de confiance.

En ce qui concerne la « proportion de participants ayant subi un effet indésirable », les données probantes très peu certaines nous laissent incertains quant à savoir si le PBO a augmenté les événements indésirables par rapport au placebo ou à l'absence de traitement (RR 1,40, 95 % IC 1,15 à 1,70 ; 21 ECR ; 11 028 participants ; traitement pendant 10 à 12 semaines), avec l'adapalène (RR 0.71, 95 % IC 0,50 à 1,00 ; 7 ECR ; 2120 participants ; traitement de 11 à 24 semaines), avec l'érythromycine (aucun participant n'a signalé d'effets indésirables ; 1 ECR ; 89 participants ; traitement de 10 semaines), ou avec l'acide salicylique (RR 4,77, 95 % IC 0,24 à 93,67 ; 1 ECR ; 41 participants ; traitement de 6 semaines). Des données probantes de niveau de confiance modéré montrent que le risque d'effets indésirables peut être accru pour le PBO par rapport à la clindamycine (RR 1,24, IC à 95% 0,97 à 1,58 ; 6 ECR ; 3018 participants ; traitement pendant 10 à 12 semaines) ; cependant, l'IC à 95% indique que le PBO pourrait ne faire que peu ou pas de différence. La plupart des effets indésirables signalés étaient légers à modérés, et la sécheresse locale, l'irritation, la dermatite, l'érythème, la douleur au point d'application et le prurit étaient les plus fréquents.

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Emilie Stephanian et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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