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Existe-t-il des traitements permettant de prévenir le syndrome hémolytique urémique chez des personnes déjà infectées par des bactéries à haut risque ?

Principaux messages

- Il n’existe pas suffisamment de données probantes pour déterminer la meilleure méthode de prévention du syndrome hémolytique urémique (SHU) chez des patients souffrant de diarrhée associée à l’ Escherichia coli producteur de toxine de Shiga (STEC).

- D'autres études portant sur un groupe de patients plus important sont nécessaires avant de pouvoir formuler une recommandation.

Qu'est-ce que le syndrome hémolytique urémique ?

Le syndrome hémolytique urémique (SHU) est une maladie grave qui touche principalement les enfants et peut avoir des effets secondaires sévères tels que l'anémie (faible nombre de globules rouges), des lésions rénales, des lésions cérébrales et la mort dans certains cas. Le SHU survient le plus souvent une complication d'une maladie diarrhéique causée par une forme particulière de bactérie Escherichia coli ( E. coli ) appelée E . coli productrice de toxine de Shiga (Shiga Toxi-producing Escherichia coli, STEC). Aux États-Unis, il y a environ 2 cas pour 100 000 enfants par an. Malgré la gravité du SHU, il n'existe actuellement aucun standard de soins pour ces patients, hormis des soins de soutien. On s'est intéressé aux interventions susceptibles de prévenir l'apparition du SHU chez des enfants atteints de diarrhée et infectés par des bactéries qui augmentent le risque de SHU. Parmi ces interventions figurent des antibiotiques, des anticorps monoclonaux contre la Shiga toxine (un anticorps spécialement conçu pour se lier à la Shiga toxine), l’agent liant la Shiga toxine (c'est-à-dire Synsorb Pk), du colostrum bovin contenant des anticorps contre la Shiga toxine, et une hydratation agressive.

Que voulions‐nous savoir ?

Nous avons voulu savoir quelles interventions permettraient de prévenir le SHU chez des personnes souffrant de diarrhée infectée par des bactéries à haut risque.

Comment avons-nous procédé ?

Nous avons recherché des études évaluant les bénéfices et risques de tout traitement pour la prévention du SHU chez des enfants ou adultes par rapport à l'absence de traitement ou à un traitement réputé sans effet. Nous avons comparé et résumé les résultats de ces études et évalué notre confiance dans les informations sur la base de facteurs tels que les méthodes et la taille des études.

Qu’avons-nous trouvé ?

Nous avons trouvé quatre études menées en Argentine (1), au Canada (2) et en Allemagne (1) qui ont inclus 536 enfants (de 27 à 353) ayant eu la diarrhée et ayant été infectés par des bactéries à haut risque. Ces études ont porté sur quatre traitements préventifs différents, dont l'antibiothérapie, le colostrum bovin contenant des anticorps contre la toxine de Shiga (une forme de lait maternel libéré par les glandes mammaires après l'accouchement), un agent liant la toxine de Shiga (Synsorb Pk : un agent à base de dioxyde de silicium) et un anticorps monoclonal contre la toxine de Shiga (l'urtoxazumab).

D'après les données d'une étude, il n'est pas certain que le traitement par antibiotiques (triméthoprime-sulfaméthoxazole) réduise la survenue du SHU par rapport à l'absence de traitement. Les événements indésirables, la nécessité d'une thérapie de remplacement rénal (un traitement médical qui remplace la fonction normale des reins chez les patients souffrant d'insuffisance rénale), les complications neurologiques (telles qu'un accident vasculaire cérébral ou des crises d'épilepsie) et les décès n'ont pas été rapportés.

Une étude portant sur le colostrum bovin pour la prévention du SHU n'a fait état d’aucun cas liés au SHU. Il n'est pas certain que l'utilisation du colostrum bovin augmente le risque d'événements indésirables. La nécessité d'une thérapie de remplacement rénal, les complications neurologiques et les décès n'ont pas été rapportés.

Une étude a cherché à savoir si le Synsorb Pk réduit l'incidence du SHU, et les résultats étaient incertains quant à ses bénéfices. La nécessité d'une thérapie de remplacement rénal, les complications neurologiques et les décès n'ont pas été rapportés.

Une étude a étudié l'urtoxazumab pour la prévention du SHU et a étudié deux doses différentes (3,0 mg/kg et 1,0 mg/kg) et les a comparées à un placebo. Il n'est pas certain que l'urtoxazumab 3,0 mg/kg ou 1,0 mg/kg réduise l'incidence du SHU par rapport au placebo. Il pourrait y avoir peu ou pas de différence dans le nombre d'événements indésirables liés au traitement avec l'une ou l'autre des deux doses par rapport au placebo. Les données étaient incertaines quant au risque de complications neurologiques et de décès. La nécessité d'une thérapie d’épuration extra-rénale n'a pas été signalée.

Quelles sont les limites des données probantes ?

Les études incluses comportaient un petit nombre de participants et les résultats n'ont pas favorisé une intervention unique pour réduire la progression de la maladie vers le SHU chez les patients infectés par des STEC. Aucune nouvelle étude n'a été incluse dans cette mise à jour de la revue. Le faible nombre et la taille des études ont constitué des limites dans cette revue. Toutes les études n'ont pas fourni de données sur les critères de jugement d'intérêt, et nous ne sommes pas certains des résultats.

Les données probantes sont-elles à jour ?

Les données probantes sont à jour jusqu'en janvier 2025.

Contexte

Le syndrome hémolytique urémique (SHU) est une cause fréquente d'insuffisance rénale acquise chez les enfants et rarement chez les adultes. Le facteur de risque le plus important pour le développement du SHU est une infection gastro-intestinale par Escherichia coli producteur de la toxine de Shiga (STEC, en anglais Shiga toxin-producing Escherichia coli). Il s'agit d'une mise à jour de la revue systématique Cochrane publiée en 2021 et qui revoit des interventions visant à la prévention secondaire du SHU chez des patients atteints de diarrhée et infectés par des bactéries qui augmentent le risque de SHU.

Objectifs

Évaluer les bénéfices et risques d’interventions de prévention secondaire de la morbidité et de la mortalité dues au SHU associé à la diarrhée chez des enfants et des adultes, comparées à un placebo ou à l'absence de traitement.

Stratégie de recherche documentaire

Le registre d’études Cochrane Kidney and Transplant (Rein et Greffe) a été consulté jusqu'en janvier 2025, par un coordinateur de recherche, en utilisant des termes de recherche pertinents pour cette revue. Les études dans ce registre sont identifiées via des recherches dans CENTRAL, MEDLINE et EMBASE, ainsi que dans des compte-rendus de conférences, le portail de recherche de la Plateforme internationale de registres d'essais cliniques (ICTRP) et ClinicalTrials.gov.

Critères de sélection

Les études évaluant toute intervention visant à prévenir le SHU après l'apparition d'une maladie diarrhéique à haut risque ont été incluses. Ces interventions comprenaient des antibiotiques, des anticorps monoclonaux contre la toxine Shiga, des protéines de liaison à la toxine Shiga (Synsorb Pk), du colostrum bovin contenant des anticorps contre la toxine Shiga et une hydratation agressive. Les groupes de comparaison comprenaient un placebo et des soins standards. Seuls les essais contrôlés randomisés (ECR) ou les quasi-ECR ont été considérés comme éligibles à l'inclusion. Les participants aux études étaient des enfants et des adultes souffrant de maladies diarrhéiques dues aux STEC.

Recueil et analyse des données

Nous avons utilisé les procédures méthodologiques standards recommandées par Cochrane. Les estimations globales de l'effet ont été obtenues à l'aide d'un modèle à effets aléatoires, et les résultats ont été exprimés sous forme de risque relatif (RR) et de leurs intervalles de confiance (IC) à 95 % pour les critères de jugement dichotomiques. Le critère de jugement principal était l'incidence du SHU ; les critères de jugement secondaires comprenaient l'insuffisance rénale, la nécessité d'une thérapie de remplacement rénale (TRR) aiguë, la nécessité d'une dialyse prolongée, le décès toutes causes confondues, les événements indésirables, le besoin de transfusions de produits sanguins et les complications neurologiques. Le niveau de confiance des données probantes a été évalué en utilisant l'approche GRADE (Grading of Recommendations Assessment, Development and Evaluation).

Résultats principaux

Pour cette mise à jour de 2025, aucune nouvelle étude n'a été incluse. Dans la revue 2021, nous avons identifié quatre études (536 participants) menées dans trois pays (Argentine, Canada, Allemagne) qui ont examiné quatre interventions différentes, notamment des antibiotiques (triméthoprime-sulfaméthoxazole), du colostrum bovin contenant des anticorps contre la toxine de Shiga, un agent liant la toxine de Shiga (Synsorb Pk : un agent à base de dioxyde de silicium), et un anticorps monoclonal contre la toxine de Shiga (urtoxazumab). Le risque global de biais n'était pas clair pour la sélection, le rendement et le biais de détection, et faible pour l'attrition, le signalement et les autres sources de biais.

Il n'est pas certain que les antibiotiques (triméthoprime-sulfaméthoxazole) réduisent l'incidence du SHU comparativement à l'absence de traitement (47 participants : RR 0,57, IC à 95 % 0,11 à 2,81 ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). Les événements indésirables relatifs à cette revue, la nécessité d'une TRR, les complications neurologiques et les décès n'ont pas été signalés.

Aucune incidence de SHU n'a été observée dans le groupe colostrum bovin ou dans le groupe placebo. Il n'est pas certain que le colostrum bovin soit à l’origine d’un plus grand nombre d'effets indésirables (27 participants : RR 0,92, IC à 95 % 0,42 à 2,03 ; données probantes de niveau de confiance très faible). La nécessité d'une TRR, les complications neurologiques et les décès n'ont pas été rapportés.

Il n'est pas certain que Synsorb Pk réduise l'incidence du SHU par rapport au placebo (353 participants : RR 0,93, IC à 95 % 0,39 à 2,22 ; données probantes de niveau de confiance très faible). Les événements indésirables pertinents pour cette revue, la nécessité d'une TRR, les complications neurologiques et les décès n'ont pas été rapportés.

Une étude a comparé deux dosages d'urtoxazumab (3,0 mg/kg et 1,0 mg/kg) à un placebo. Il n'est pas certain que l'urtoxazumab à 3,0 mg/kg (71 participants : RR 0,34, IC à 95 % 0,01 à 8,14) ou l'urtoxazumab à 1,0 mg/kg (74 participants : RR 0,95, IC à 95 % 0,06 à 14,59) a réduit l'incidence du SHU par comparativement au placebo (données probantes d’un niveau de confiance très faible). Des données probantes d’un niveau de confiance faible ont montré qu'il pourrait y avoir peu ou pas de différence dans le nombre d'événements indésirables liés au traitement avec l'urtoxazumab à 3,0 mg/kg (71 participants : RR 1,00, IC à 95 % 0,84 à 1,18) ou l'urtoxazumab à 1,0 mg/kg (74 participants : RR 0,95, IC à 95 % 0,79 à 1,13) par rapport au placebo. Il n'est pas certain si l'une des doses d'urtoxazumab fasse augmenter le risque de complications neurologiques ou de décès (données probantes d’un niveau de confiance très faible). La nécessité d'une TRR n'a pas été rapportée.

Conclusions des auteurs

Les études incluses ont évalué des antibiotiques, du colostrum bovin, un agent liant la toxine de Shiga (Synsorb Pk) et des anticorps monoclonaux (Urtoxazumab) contre la toxine de Shiga pour la prévention secondaire du syndrome hémolytique urémique (SHU) chez des patients souffrant de diarrhée due à des Escherichia coli producteur de la toxine de Shiga (STEC). Toutefois, le petit nombre d'études incluses et la petite taille de leurs échantillons ne permettent pas de tirer des conclusions définitives sur les bénéfices ou les risques de ces interventions. Des études supplémentaires, y compris des études multicentriques de plus grande envergure, sont nécessaires pour évaluer les bénéfices et les risques des interventions visant à prévenir le développement du SHU chez des patients souffrant de diarrhée due à une infection à STEC. Aucune nouvelle étude n'a été incluse dans cette mise à jour de 2025, et les résultats restent inchangés.

Notes de traduction

Traduction et Post-édition réalisées par Cochrane France avec le soutien de Nathalie Goulay et grâce au financement du Ministère de la Santé. Une erreur de traduction ou dans le texte original ? Merci d’adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

Citation
Imdad A, Nelson JR, Tanner-Smith EE, Huang D, Gomez-Duarte OG. Interventions for preventing diarrhoea-associated haemolytic uraemic syndrome. Cochrane Database of Systematic Reviews 2025, Issue 4. Art. No.: CD012997. DOI: 10.1002/14651858.CD012997.pub3.