Thérapie myofonctionnelle (exercices oropharyngiens - bouche et gorge) pour les personnes souffrant d'apnée obstructive du sommeil

Contexte

Le syndrome d'apnée obstructive du sommeil (SAOS) est un trouble du sommeil. Les personnes atteintes de SAOS ont des périodes durant lesquelles leur respiration s'arrête pendant la nuit. Le SAOS peut provoquer des ronflements, un repos insatisfaisant, une somnolence diurne, un manque d'énergie, de la fatigue, une insomnie initiale et des céphalées matinales.

La ventilation en pression positive continue (VPPC) est considérée comme la première option de traitement pour la plupart des personnes atteintes de SAOS. Cependant, l’observance de la VPPC est souvent médiocre. Un appareil de VPPC est équipé d’un tuyau et d’un masque ou d’un embout nasal qui permettent de délivrer une pression d'air constante et régulière. Les personnes utilisant la VPPC disent souvent que l'utilisation de l'appareil est inconfortable, qu'elle provoque une congestion nasale et un ballonnement abdominal. Elles peuvent se sentir claustrophobes et l’appareil est bruyant. Le bruit peut déranger les partenaires au lit.

La thérapie myofonctionnelle apprend aux gens à faire des exercices quotidiens pour renforcer les muscles de la langue et de la gorge. La thérapie myofonctionnelle seule ou en association avec la VPPC pourrait réduire l'intensité des symptômes du SAOS et diminuer la somnolence diurne.

Principaux résultats

Nous avons identifié neuf ECR ayant analysé un total de 347 participants, dont 69 femmes et 13 enfants.

Chez les adultes, par rapport à la thérapie simulée, la thérapie myofonctionnelle réduit probablement la somnolence diurne, pourrait augmenter la qualité du sommeil, entraîner une forte réduction de l'index d'apnée/hypopnée (IAH) (le nombre d'apnées ou d'hypopnées enregistrées pendant l'étude polysomnographique par heure de sommeil), n’avoir que peu ou pas d'effet sur la réduction de la fréquence des ronflements et réduit probablement légèrement l'intensité subjective des ronflements.

Par rapport à la liste d'attente, la thérapie myofonctionnelle pourrait réduire la somnolence diurne, n'entraîner que peu ou pas de différence dans la qualité du sommeil et réduire l'IAH.

Par rapport à la VPPC, la thérapie myofonctionnelle pourrait n'entraîner que peu ou pas de différence dans la somnolence diurne et augmenter l'IAH.

Par rapport à la VPPC combinée avec la thérapie myofonctionnelle, la thérapie myofonctionnelle seule pourrait n'entraîner que peu ou pas de différence dans la somnolence diurne et augmenter l'IAH.

Par rapport aux exercices respiratoires et à la bandelette nasale, la thérapie myofonctionnelle pourrait n'entraîner que peu ou pas de différence dans la somnolence diurne, améliore probablement légèrement la qualité du sommeil et pourrait n'entraîner que peu ou pas de différence dans l'IAH.

Par rapport à un traitement médical standard, la thérapie myofonctionnelle pourrait réduire la somnolence diurne et améliorer la qualité du sommeil.

Chez les enfants, par rapport au lavage nasal seul, l'ajout d'une thérapie myofonctionnelle au lavage nasal pourrait n'entraîner que peu ou pas de différence dans l'IAH.

Niveau de confiance des données probantes

Nous avons estimé que le niveau de confiance quant aux résultats des études varie de modéré à très faible pour toutes les comparaisons, principalement en raison des problèmes liés au risque de biais (pour la mise en aveugle inadéquate des participants et les données incomplètes sur les critères de jugement dans certaines études) et à l'imprécision.

La plupart des participants aux études étaient des hommes et nous n'avons pas pu entreprendre des analyses séparées pour les femmes.

Conclusions

Par rapport à la thérapie simulée, la thérapie myofonctionnelle réduit probablement la somnolence diurne et pourrait augmenter la qualité du sommeil à court terme chez les patients souffrant d'apnée obstructive du sommeil. De nouvelles études en aveugle, avec plus de participants et des durées de traitement et de suivi plus longues, sont nécessaires.

La revue est à jour jusqu'en mai 2020.

Conclusions des auteurs: 

Par rapport à la thérapie simulée, la thérapie myofonctionnelle réduit probablement la somnolence diurne et pourrait améliorer la qualité du sommeil à court terme. Le niveau de confiance des données probantes pour toutes les comparaisons variait de modérée à très faible, principalement en raison du manque de mise en aveugle des évaluateurs concernant des critères de jugement subjectifs, des données incomplètes sur les critères de jugement et de l'imprécision. Des études supplémentaires sont nécessaires. Dans les études futures, les évaluateurs des critères de jugement devraient être mis en aveugle. Les nouveaux essais devraient recruter davantage de participants, dont un plus grand nombre de femmes et d'enfants, et prévoir des périodes de traitement et de suivi plus longues.

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Contexte: 

Le syndrome d’apnée obstructive du sommeil (SAOS) est un syndrome caractérisé par des épisodes d'apnée (arrêt complet de la respiration) ou d'hypopnée (respiration insuffisante) pendant le sommeil. Les symptômes classiques de la maladie - tels que le ronflement, le repos insuffisant et la somnolence diurne - sont surtout ressentis par les hommes ; les femmes font état de symptômes moins spécifiques tels que le manque d'énergie, la fatigue, l'insomnie initiale et les maux de tête matinaux. Le SAOS est associé à un risque accru de blessures professionnelles, de maladies métaboliques, de maladies cardiovasculaires, de mortalité et d'être impliqué dans des accidents de la route.

La ventilation en pression positive continue (VPPC) est un appareil équipé d’un tuyau et d’un masque ou d’un embout nasal qui permettent de délivrer une pression d'air constante et régulière. Elle est considérée comme la première option de traitement pour la plupart des personnes atteintes de SAOS. Cependant, l'observance du traitement est souvent sous-optimale. La thérapie myofonctionnelle pourrait être une alternative pour de nombreux patients. La thérapie myofonctionnelle consiste en une association d'exercices oropharyngés - c'est-à-dire des exercices de la bouche et de la gorge. Ces associations comprennent généralement des exercices isotoniques et isométriques impliquant plusieurs muscles et zones de la bouche, du pharynx et des voies respiratoires supérieures, pour travailler sur des fonctions telles que parler, respirer, souffler, sucer, mâcher et avaler.

Objectifs: 

Évaluer les bénéfices et les risques de la thérapie myofonctionnelle (exercices oropharyngés) pour le traitement de l'apnée obstructive du sommeil.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons identifié les essais contrôlés randomisés (ECR) dansle registre des essais du groupe Cochrane sur les voies respiratoires (date de la dernière recherche : 1er mai 2020). Nous avons trouvé d'autres essais dans des registres d'essais cliniques en ligne.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus les ECR ayant recruté des adultes et des enfants avec un diagnostic de SAOS.

Recueil et analyse des données: 

Nous avons suivi les procédures méthodologiques standard définies par Cochrane. Nous avons évalué le niveau de confiance des données probantes en utilisant les recommandations GRADE. Les critères de jugement principaux étaient la somnolence diurne, la morbidité et la mortalité.

Résultats principaux: 

Nous avons identifié neuf études susceptibles d'être incluses dans cette revue et neuf études en cours. Les neuf ECR inclus ont analysé un total de 347 participants, dont 69 femmes et 13 enfants. L'âge moyen des adultes variait de 46 à 51 ans, les scores de somnolence diurne varient de 8 à 14 et la gravité de l'apnée obstructive du sommeil variait de légère à sévère. La durée des études variait de deux à quatre mois.

Aucune de ces études n'a évalué les accidents, les maladies cardiovasculaires ou les critères de jugement de mortalité. Nous avons cherché des données sur les événements indésirables, mais aucune des études incluses ne les a pas rapportées.

Chez les adultes, par rapport à la thérapie simulée, la thérapie myofonctionnelle : réduit probablement la somnolence diurne (échelle de somnolence d'Epworth (Epworth Sleepiness Scale, ESS), DM (différence moyenne) -4,52 points, intervalle de confiance (IC) à 95% -6,67 à -2.36 ; deux études, 82 participants ; données probantes d’un niveau de confiance modéré) ; pourrait améliorer la qualité du sommeil (DM -3,90 points, IC à 95 % -6,31 à -1,49 ; une étude, 31 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible) ; pourrait entraîner une forte réduction de l'index d'apnée/hypopnée (IAH, DM -13.20 points, IC à 95 % -18,48 à -7,93 ; deux études, 82 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible) ; pourrait n’avoir que peu ou pas d'effet sur la réduction de la fréquence des ronflements mais les données probantes sont très incertaines (différence moyenne standardisée, DMS) -0,53 points, IC à 95 % -1.03 à -0,03 ; deux études, 67 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible) ; et réduit probablement légèrement l'intensité subjective du ronflement (DM -1,9 points, IC à 95% -3,69 à -0,11 une étude, 51 participants ; données probantes d’un niveau de confiance modéré).

Par rapport à la liste d'attente, la thérapie myofonctionnelle pourrait : réduire la somnolence diurne (ESS, changement par rapport à la valeur de référence DM -3,00 points, IC à 95 % -5,47 à -0,53 ; une étude, 25 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible) ; n’entraîner que peu ou pas de différence dans la qualité du sommeil (DM -0.70 points, IC à 95 % - 2,01 à 0,61 ; une étude, 25 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible) ; et réduire l'IAH (DM - 6,20 points, IC à 95 % - 11,94 à - 0,46 ; une étude, 25 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible).

Par rapport à la VPPC, la thérapie myofonctionnelle pourrait n’entraîner que peu ou pas de différence dans la somnolence diurne (DM de 0,30 point, IC à 95 % -1,65 à 2,25 ; une étude, 54 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible) ; et pourrait augmenter l'IAH (DM de 9,60 points, IC à 95 % 2,46 à 16,74 ; une étude, 54 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible).

Comparée à la VPPC et thérapie myofonctionnelle, la thérapie myofonctionnelle seule pourrait n’entraîner qu’une différence minime, voire nulle, dans la somnolence diurne (DM de 0,20 point, IC à 95 % -2,56 à 2,96 ; une étude, 49 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible) et pourrait augmenter l'IAH (DM de 10,50 points, IC à 95 % 3,43 à 17,57 ; une étude, 49 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible).

Par rapport aux exercices respiratoires et bandelette nasale, la thérapie myofonctionnelle pourrait n'entraîner qu'une faible différence, voire aucune, dans la somnolence diurne (DM de 0,20 point, IC à 95 % - 2,46 à 2,86 ; une étude, 58 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible) ; augmente probablement légèrement la qualité du sommeil (-1.94 points, IC à 95 % -3,17 à -0,72 ; deux études, 97 participants ; données probantes d’un niveau de confiance modéré) ; et pourrait n'entraîner que peu ou pas de différence dans l'IAH (DM -3,80 points, IC à 95 % -9,05 à 1,45 ; une étude, 58 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible).

Par rapport à un traitement médical standard, la thérapie myofonctionnelle pourrait réduire la somnolence diurne (DM -6,40 points, IC à 95 % -9,82 à -2,98 ; une étude, 26 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible) et pourrait augmenter la qualité du sommeil (DM -3,10 points, IC à 95 % -5,12 à -1,08 ; une étude, 26 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible).

Chez les enfants, par rapport au lavage nasal seul, la thérapie myofonctionnelle et lavage nasal pourraient n'entraîner que peu ou pas de différence dans l'IAH (DM 3,00, IC à 95 % -0,26 à 6,26 ; une étude, 13 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible).

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Carole Lescure et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.