Quels sont les bénéfices et les risques des différentes interventions chirurgicales pour le syndrome du nystagmus infantile (une maladie oculaire qui se développe peu après la naissance) ?

Pourquoi cette question est-elle importante ?
Le syndrome du nystagmus infantile (SNI) est une maladie oculaire qui provoque des mouvements involontaires des yeux d'un côté à l'autre, de haut en bas ou circulaires. Le SNI se développe généralement peu après la naissance et persiste tout au long de la vie. Il est souvent associé à des troubles visuels, tels que :
- l'hypermétropie (lorsque les personnes peuvent voir clairement les objets éloignés, mais que les objets proches semblent flous) ;
- ou la myopie (lorsque les personnes peuvent voir clairement les objets proches, mais que les objets éloignés semblent flous).

Il n'existe actuellement pas de remède pour le SNI. Il est toutefois possible de réduire les mouvements oculaires et d'améliorer la vision des gens. L'une des principales options est la chirurgie oculaire, qui consiste à opérer les muscles contrôlant le mouvement oculaire. Plusieurs procédures chirurgicales différentes peuvent être utilisées : certaines procédures impliquent de détacher et de rattacher les muscles oculaires, tandis que d'autres nécessitent l'ablation complète de ces muscles.

Il reste peu certain si certaines procédures chirurgicales pour le SNI présentent plus de bénéfices ou de risques que d'autres. Afin de savoir quelles procédures chirurgicales sont les plus efficaces, nous avons examiné les données probantes issues d'études de recherche. Nous nous sommes particulièrement intéressés à la question de savoir si différentes procédures chirurgicales pouvaient améliorer la vision et la qualité de vie des personnes atteintes de SNI. Nous voulions également connaître les éventuels effets secondaires (indésirables).

Comment avons-nous identifié et évalué les données probantes ?
Nous avons d'abord recherché des études contrôlées randomisées, dans lesquelles les personnes étaient réparties au hasard en deux ou plusieurs groupes de traitement. Il est donc moins probable que les différences d’effet entre les traitements soient en fait dues à des différences entre les personnes les ayant reçus (plutôt qu'aux traitements eux-mêmes, ce que nous voulions savoir).

Nous avons ensuite comparé les résultats et résumé les données probantes de toutes les études. Enfin, nous avons évalué le niveau de confiance des données probantes, sur la base de facteurs tels que les méthodes et la taille des études, ainsi que la cohérence des résultats entre les études.

Qu’avons-nous trouvé ?
Nous avons trouvé une étude, réalisée en Inde, portant sur un total de dix personnes atteintes de SNI et ayant été suivies pendant six mois après l'opération. Les auteurs de l'étude n'ont pas fourni d’informations concernant :
- l'âge et le sexe des personnes y participant ; ou
- la source de financement de l'étude.

L'étude a comparé deux procédures chirurgicales différentes :
- une procédure au cours de laquelle deux muscles droits horizontaux (muscles oculaires contrôlant les mouvements oculaires latéraux) étaient déplacés de leur position initiale à une position plus en arrière sur le globe oculaire ; et
- une autre procédure au cours de laquelle quatre muscles droits horizontaux étaient détachés et rattachés, dans leur position initiale.
Les procédures ont été réalisées sur les deux yeux.

L'étude a comparé les effets des traitements sur :
- la clarté de la vision six mois après l'opération ;
- l'intensité des mouvements oculaires six mois après l'opération ;
- les événements indésirables six mois après l'opération ; et
- la qualité de vie.

L'étude n'a pas examiné les effets des traitements sur :
- la posture de la tête ;
- la durée pendant laquelle l'œil est immobile ; ou
- le temps nécessaire pour reconnaître les objets.

Nous avons très peu confiance dans les données probantes issues de l'étude que nous avons trouvée, car :
- elle repose sur un très petit nombre de personnes ; et
- les patients et les chercheurs de l'étude savaient quel type de chirurgie chaque patient recevait. Ces connaissances pourraient avoir influencé les résultats de l'étude.

Nous ne pouvons donc pas déterminer si les deux procédures étudiées dans l'étude présentaient des bénéfices et des risques différents.

Qu’est-ce que cela signifie?
Il n'y a pas suffisamment de données probantes pour déterminer si certaines procédures chirurgicales sont meilleures que d'autres pour le SNI. Nous avons besoin que les chercheurs mènent à l'avenir d’essais contrôlés randomisés robustes, afin de pouvoir comparer différentes procédures. Cela aiderait les cliniciens, et les personnes atteintes du SNI, à prendre des décisions de traitement basées sur les données probantes issues de la recherche.

Dans quelle mesure cette revue est-elle à jour ?
Les données probantes de cette revue Cochrane sont à jour jusqu'en juillet 2020.

Conclusions des auteurs: 

Cette revue systématique a identifié un minimum de données probantes de haute qualité concernant l'efficacité et la tolérance des interventions chirurgicales pour le syndrome du nystagmus infantile. La disponibilité limitée des données probantes doit être prise en compte par les cliniciens lors du traitement du syndrome du nystagmus infantile, d'autant plus que ces procédures sont irréversibles et souvent pratiquées sur des enfants. Davantage d'ECR de haute qualité sont nécessaires pour mieux comprendre l'efficacité et le profil de tolérance des interventions chirurgicales pour le syndrome du nystagmus infantile. Cela aidera les cliniciens, les personnes atteintes de syndrome du nystagmus infantile et leurs parents ou soignants à prendre des décisions de traitement fondées sur des données probantes.

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Contexte: 

Le syndrome du nystagmus infantile (SNI) est un type de trouble des mouvements oculaires pouvant avoir un impact négatif sur la vision. Actuellement, le SNI ne peut pas être guéri, mais ses effets peuvent potentiellement être traités pharmacologiquement, optiquement ou chirurgicalement. Cette revue se concentre sur les interventions chirurgicales pour le SNI.

Malgré la gamme d'interventions chirurgicales disponibles et actuellement appliquées en pratique pour la gestion du SNI, il n'existe pas de consensus clair ni de recommandations cliniques acceptées concernant l'efficacité et la tolérance relatives des différentes options de traitement. Une meilleure compréhension de ces options chirurgicales, ainsi que de leurs effets secondaires associés, aidera les cliniciens à prendre des décisions basées sur des données probantes en ce qui concerne la gestion du SNI.

Objectifs: 

Evaluer l'efficacité et la tolérance des interventions chirurgicales pour le SNI.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans CENTRAL, MEDLINE Ovid, Embase Ovid, le registre ISRCTN, ClinicalTrials.gov et le Système d'enregistrement international des essais cliniques (ICTRP) de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) jusqu'au 3 juillet 2020, sans aucune restriction sur la langue.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés (ECR) étudiant l'efficacité et la tolérance des options chirurgicales pour le traitement du SNI.

Recueil et analyse des données: 

Nos mesures de critères de jugement préspécifiées étaient le changement par rapport aux valeurs à l’inclusion dans : l'acuité visuelle binoculaire à distance la mieux corrigée ; la posture de la tête ; l'amplitude, la fréquence, l'intensité et la durée de la période de fovéation de la forme d'onde du nystagmus ; les temps de reconnaissance visuelle ; la qualité de vie et les mesures de critères de jugement auto-déclarées ; l'incidence d’effets indésirables ayant un lien de causalité probable avec le traitement ; et les effets indésirables permanents après l'opération.

Deux auteurs de la revue ont indépendamment sélectionné les titres, les résumés et les articles en texte intégral, extrait les données des ECR éligibles et évalué le risque de biais en utilisant l'outil Cochrane. Nous sommes parvenus à un consensus sur les désaccords éventuels par la discussion. Nous avons résumé le niveau de confiance global des données probantes en utilisant l'approche GRADE.

Résultats principaux: 

Nous n'avons identifié qu'un seul ECR éligible (N = 10 participants), réalisé en Inde. Cet essai a randomisé les participants pour recevoir soit une large récession rétroéquatoriale du muscle droit horizontal de 9 mm sur le droit interne et de 12 mm sur le droit externe, soit une simple ténotomie et une resuturation des quatre muscles droits horizontaux. Nous n'avons identifié aucun ECR comparant une intervention chirurgicale pour le SNI à l'absence de traitement.

Dans l'unique ECR éligible, les deux yeux de chaque participant ont reçu la même intervention. L'âge et le sexe des participants n'ont pas été communiqués, pas plus que des informations sur le caractère idiopathique ou les troubles sensoriels des participants. L'étude n'a inclus que les participants ayant un point nul en position primaire et n'a pas explicitement exclu ceux ayant un nystagmus alternant périodique congénital. L'étude n'a pas rapporté la ou des sources de financement ni de la déclaration d'intérêt de l'auteur. La période d'évaluation était de six mois.

Nous avons jugé que cette étude présentait un faible risque de génération de séquences et d'autres sources de biais, mais un risque élevé de biais de performance et de détection. Le risque de biais n'était pas clair en ce qui concerne le biais de sélection, le biais d'attrition et le biais de déclaration.

Il existe des données probantes d’un niveau de confiance très faible sur l'effet des interventions sur l'acuité visuelle et sur le changement d'amplitude, de fréquence et d'intensité de la forme d'onde du nystagmus. Nous n'avons pas été en mesure de calculer les effets relatifs en raison du manque de données. Aucun des participants de l'un ou l'autre groupe d'intervention n'a rapporté d'effets indésirables lors du suivi à six mois (données probantes d’un niveau de confiance très faible). Aucune donnée quantitative n'a été rapportée pour la qualité de vie, bien que l'étude ait rapporté une amélioration de la qualité de vie après l'intervention chirurgicale dans les deux groupes d'intervention (données probantes d’un niveau de confiance très faible).

Les changements de posture de la tête, les durées de la période de fovéation de la forme d'onde du nystagmus, les temps de reconnaissance visuelle et les effets indésirables permanents après l'opération n'ont pas été rapportés dans l'étude incluse.

Nous avons jugé que le niveau de confiance des données probantes, tant pour les principaux critères de jugement d’efficacité que pour les secondaires, était très faible. En raison de l'absence de rapports complets sur les événements indésirables, le profil de tolérance des interventions chirurgicales évaluées dans cette population était également d’un niveau de confiance très faible. Nous sommes donc très incertains quant à l'efficacité et à la tolérance relatives de ces interventions pour la gestion chirurgicale du SNI.

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Carole Lescure et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.