Pour les patients atteints de cancer, quels sont les bénéfices et risques de la prise de mélatonine ?

Principaux messages

  • En raison d'un manque de données probantes robustes, les effets de la mélatonine sur la qualité de vie et de sommeil des personnes recevant un traitement contre le cancer sont indéterminés.

  • Il se pourrait que la mélatonine n’augmente pas le risque d'événements indésirables, mais les données probantes disponibles ne sont pas assez solides pour nous permettre d'en être certains.

  • Des études bien conçues utilisant la mélatonine sur une période allant jusqu'à trois mois sont nécessaires pour donner une meilleure estimation des bénéfices et des risques.

Qu'est-ce que la mélatonine ?

La mélatonine est une hormone produite par l'organisme pour réguler le cycle quotidien de sommeil et d'éveil. Il a été suggéré que la mélatonine pourrait améliorer la qualité du sommeil et la qualité de vie, qui sont très importantes dans le traitement du cancer. De plus, il y a des recherches suggérant que la mélatonine est efficace contre les tumeurs solides et pourrait être efficace pour le traitement du cancer.

Que voulions‐nous savoir ?

Nous avons voulu savoir si la mélatonine pouvait être utilisée dans le traitement du cancer, notamment pour préserver la qualité de vie et de sommeil des patients atteints de cancer. Nous voulions également savoir si la mélatonine provoquait des effets non voulus (« événements indésirables »).

Comment avons-nous procédé ?

Nous avons recherché des études portant sur la mélatonine associée à des traitements standard du cancer, comparée avec les traitements standard du cancer utilisés seuls ou avec un placebo (traitement factice).

Qu’avons-nous trouvé ?

Nous avons trouvé 30 études portant sur 5 093 patients, hommes et femmes, atteints d'un cancer, de différents types. Les études ont été menées dans 10 pays à travers le monde.

Nous sommes concentrés sur les effets de la mélatonine sur une période de trois mois. Comparée au placebo et aux traitements standard du cancer, on ne sait pas si la mélatonine a un effet sur la qualité de vie et du sommeil. La mélatonine pourrait n'avoir que peu ou pas d'effet sur les événements indésirables potentiels tels que les maux de tête, la fatigue et les nausées, mais nous sommes très incertains quant à ces résultats. Aucun résultat n'est disponible pour les vertiges.

Nous n'avons trouvé aucune étude nous permettant de répondre à nos questions sur la qualité de vie et la qualité du sommeil lorsque la mélatonine est utilisée avec les traitements standards du cancer comparés au traitement standard seul. Cependant, les études ont évalué les événements indésirables potentiels qui pourraient être liés à la mélatonine, et elles ont constaté que la mélatonine pouvait probablement réduire le risque de fatigue et pourrait réduire le risque de se sentir malade (nausée). On ne sait pas si la mélatonine a un effet sur les maux de tête. Aucun résultat n'est disponible pour les vertiges.

Lorsque la mélatonine est utilisée par voie locale, par exemple dans une crème à appliquer sur la peau ou dans un bain de bouche, on ne sait pas si elle a un effet sur la qualité de vie. Nous n'avons trouvé aucune étude permettant de répondre à nos questions sur la qualité du sommeil. Aucune donnée n'est disponible concernant les événements indésirables tels que les maux de tête, la fatigue, les nausées et les vertiges, car ils ne sont pas pertinents si la mélatonine est utilisée par voie locale. On ne sait pas si la mélatonine a d'autres effets indésirables lorsqu'elle est utilisée par voie locale.

Quelles sont les limites des données probantes ?

Nous n'avons pas confiance dans les données probantes, car il est possible que les participants aux études aient su quel traitement ils recevaient. Les données probantes relatives à certains bénéfices et risques qui nous intéressent ne couvrent pas tous les types de cancer ou ne sont basées que sur quelques cas.

Ces données probantes sont-elles à jour ?

Les données probantes sont à jour jusqu'en septembre 2024.

Conclusions des auteurs: 

Les données probantes disponibles étant de niveau très faible, nous ne sommes pas en mesure de tirer des conclusions sur les effets de la mélatonine sur la qualité de vie et le sommeil à trois mois chez les personnes recevant un traitement contre le cancer. Il pourrait ne pas y avoir de différence en termes d'événements indésirables entre la mélatonine associée à un traitement standard et le placebo associé à un traitement standard, mais les données probantes sont très incertaines. Les données manquaient pour certains critères de jugement, tels que les vertiges. La mélatonine utilisée en complément d’un traitement standard réduit probablement le risque de fatigue et pourrait réduire les nausées par rapport au traitement standard seul. Compte tenu du fait que les données probantes concernant la mélatonine chez les personnes atteintes d'un cancer sont insuffisantes et que des biais méthodologiques affectent les études existantes, recommander ou déconseiller l'utilisation de la mélatonine comme adjuvant au traitement du cancer n’est pas une décision facile à prendre à l'heure actuelle.

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Objectifs: 

Évaluer les bénéfices et les risques de la mélatonine pour préserver la qualité de vie liée à la santé et du sommeil de la patientèle atteinte de cancer.

Stratégie de recherche documentaire: 

Pour identifier les études à inclure dans cette revue, nous avons utilisé CENTRAL, MEDLINE, dix autres bases de données et quatre registres d'essais, ainsi que la vérification des références, la recherche de citations et la prise de contact avec les auteurs des études. La dernière date de recherche était le 10 septembre 2024.

Notes de traduction: 

Traduction et Post-édition réalisées par Cochrane France avec le soutien de André Morvan (bénévole chez Cochrane France) et grâce au financement du Ministère de la Santé. Une erreur de traduction ou dans le texte original ? Merci d’adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.