Principaux messages
-
La sédation par le propofol au lieu des sédatifs traditionnels pourrait améliorer le temps de récupération et la satisfaction de la patientèle qui subissent une coloscopie. La sédation au propofol n'a que peu ou pas d'effet sur le taux d'achèvement de la coloscopie ou sur les complications par rapport aux sédatifs traditionnels (opioïdes ou benzodiazépines, ou les deux). Les effets sur la durée de séjour et sur le score de douleur sont incertains.
-
La sédation au propofol dirigée par un ou une non-anesthésiste pour une coloscopie pourrait réduire légèrement le temps de récupération, par rapport au propofol dirigé par un ou une anesthésiste. Cependant, il y a peu ou pas de différence entre les groupes en ce qui concerne le taux d'achèvement de la coloscopie, le score de douleur, la satisfaction de la patientèle et les événements respiratoires nécessitant une intervention.
-
D'autres études sont nécessaires, avec un plus grand nombre de personnes et des rapports de haute qualité, pour parvenir à des conclusions plus solides sur les effets du propofol pour la sédation pendant la coloscopie par rapport aux sédatifs traditionnels, et en examinant les critères de jugement pour la sédation non guidée par l'anesthésiste, tels que les décès et les admissions à l'hôpital.
Qu'est-ce qu'une coloscopie ?
La coloscopie est une procédure courante utilisée pour diagnostiquer de nombreuses maladies du tube digestif. Un long tube flexible (coloscope) muni d'une petite caméra vidéo à son extrémité est inséré par l'anus dans le rectum et le gros intestin (côlon) afin de rechercher des maladies intestinales telles que des inflammations, des infections, des polypes ou des cancers. Outre l'utilisation du coloscope pour prendre des photos et des vidéos afin de faciliter le diagnostic, des échantillons de tissus (biopsies) peuvent également être prélevés au cours de la coloscopie. Dans certains cas, une ablation plus importante des tissus, y compris l'ablation de polypes ou même de cancers à un stade précoce, peut être effectuée au cours d'une coloscopie. Des médicaments sont souvent utilisés pour endormir la patientèle afin qu'elle puissent tolérer confortablement la procédure de coloscopie.
Que voulions‐nous savoir ?
De nombreuses études ont comparé les différents médicaments sédatifs utilisés pour cette procédure et les personnes qui peuvent administrer ces médicaments en toute sécurité. Nous voulions connaître les effets de la sédation au propofol pour la coloscopie chez la patientèle adulte par rapport aux sédatifs traditionnels (opioïdes, benzodiazépines, ou les deux). Nous avons également examiné les effets de la sédation au propofol pour la patientèle adulte subissant une coloscopie administrée par des anesthésistes par rapport à celle administrée par des non-anesthésistes.
Qu’avons-nous fait ?
Nous avons recherché des études comparant le propofol aux sédatifs traditionnels pour la coloscopie, et celles comparant la sédation au propofol administrée par des anesthésistes par rapport à celle administrée par des non-anesthésistes. Nous avons comparé et résumé les résultats des études et évalué la fiabilité des données probantes en fonction de facteurs tels que les méthodes d'étude et les tailles des échantillons.
Qu’avons-nous trouvé ?
Nous avons identifié 30 études (représentant 12 036 personnes) comparant le propofol aux sédatifs traditionnels, et trois études (449 personnes) comparant le propofol administré par des anesthésistes à celui administré par des non-anesthésistes pour la coloscopie. Les études se sont déroulées entre 1993 et 2024.
Principaux résultats
La sédation au propofol pour les coloscopies pourrait améliorer le temps de récupération et la satisfaction de la patientèle. Les effets sur la durée de séjour à l’hôpital et sur les scores de douleur sont incertains. Les taux d'achèvement des coloscopies, de perforation colique (faire accidentellement un trou dans le côlon) et d'événements respiratoires (manque d'oxygène) entraînant une intervention médicale de la part d'un soignant n'étaient pas différents avec le propofol qu'avec les sédatifs traditionnels. La sédation au propofol dirigée par un ou une non-anesthésiste pour une coloscopie n'entraîne que peu ou pas de différence dans le taux d'achèvement de la coloscopie, le score de douleur, la satisfaction de la patientèle ou les événements respiratoires entraînant une intervention médicale par rapport à la sédation au propofol dirigée par l’anesthésiste, mais elle peut réduire légèrement le temps de récupération.
Quelles sont les limites des données probantes ?
Pour la comparaison entre le propofol et les sédatifs traditionnels au cours de la coloscopie, notre confiance dans les données probantes est faible en raison de problèmes dans la manière dont les critères de jugement étaient rapportés dans les études, qui auraient pu influencer les résultats. Pour la comparaison entre la sédation administrée par l’anesthésiste et la sédation administrée par un ou une non-anesthésiste, notre confiance dans les données probantes allait d'élevée à faible ; lorsque notre confiance était limitée, il y avait très peu d'études, et elles ne rapportaient pas tous les critères de jugement d'intérêt.
Dans quelle mesure ces données probantes sont-elles à jour ?
Les données probantes sont à jour jusqu’en février 2024.
Lire le résumé complet
Le propofol est de plus en plus utilisé pour la sédation pendant la coloscopie et de nombreux rapports d'essais contrôlés randomisés (ECR) et de grandes séries de cas non randomisées ont été récemment publiés.
Objectifs
L'objectif principal de cette revue était d'évaluer les effets de la sédation au propofol pour la coloscopie chez la patientèle adulte par rapport aux opioïdes ou aux benzodiazépines, ou aux deux. Notre objectif secondaire était d'évaluer les effets de la sédation au propofol pour la patientèle adulte subissant une coloscopie administrée par des anesthésistes par rapport à celle administrée par des non-anesthésistes.
Stratégie de recherche documentaire
Lors de la précédente édition de cette revue, nous avons effectué des recherches dans le registre Cochrane central des essais contrôlés (CENTRAL), PubMed, Embase, Cancerlit, CINAHL, LILACS, Biological Abstracts et Web of Science pour les références jusqu'en décembre 2010. Dans la présente mise à jour, nous avons effectué des recherches dans CENTRAL (Ovid), Ovid MEDLINE, Ovid Embase, CINAHL (EBSCO), LILACS (VHL), Web of Science Core Collection (Clarivate), la Plateforme internationale de registres d'essais cliniques (ICTRP) de l’OMS et ClinicalTrials.gov sur une période allant de décembre 2010 à février 2024. Aucune restriction sur la langue n’a été appliquée.
Critères de sélection
Les essais contrôlés randomisés comparant l'utilisation de propofol et d'agents traditionnels, ou l'administration de propofol par des anesthésistes ou des non anesthésistes pour la sédation pendant la coloscopie.
Recueil et analyse des données
Deux auteurs de la revue ont extrait les données indépendamment. Les données ont été combinées à l'aide de la méthodologie de la Collaboration Cochrane et du logiciel statistique RevMan 5.1.
Résultats principaux
Vingt-deux études remplissaient les critères d'inclusion en rapport avec l'objectif principal de cette mise à jour, dans laquelle nous avons inclus les résultats de trois publications supplémentaires. De nombreuses études présentaient un risque de biais potentiel modéré à élevé et la combinaison des données de certains critères de jugement était problématique. La plupart des études portaient uniquement sur des patients ambulatoires en bonne santé. La récupération (11 études ; 776 patients) et la durée de séjour (7 études ; 542 patients) étaient plus courtes lorsque le propofol était utilisé. La satisfaction des patients était supérieure lorsque le propofol était utilisé (10 études, 819 patients ; rapport des cotes de l'insatisfaction de 0,35, IC à 95 %, entre 0,23 et 0,53). Aucune différence n'était observée concernant la durée de la procédure (9 études ; 736 patients) ou les taux de complications. Aucune différence n'était observée entre une sédation au propofol non contrôlée par le patient par rapport à des agents traditionnels en termes de contrôle de la douleur (5 études, 396 patients ; rapport des cotes de 0,90 ; IC à 95%, entre 0,58 et 1,39).
Une seule étude (94 patients) comparait l'administration de propofol par des anesthésistes et des non anesthésistes pour la sédation pendant la coloscopie et ne rapportait aucune différence concernant la durée de la procédure ou la satisfaction des patients.
Conclusions des auteurs
La sédation au propofol pour la coloscopie pourrait améliorer le temps de récupération et la satisfaction de la patientèle, sans affecter l'intubation cæcale, les perforations ou les événements respiratoires nécessitant une intervention, par rapport aux schémas sédatifs traditionnels. Les effets sur la durée de séjour et sur le score de douleur sont incertains. Les données probantes pour cette comparaison étaient généralement d’un niveau de confiance faible, ce qui indique la nécessité d'études de plus grande qualité et d'une plus grande normalisation des critères de jugement. La sédation au propofol administrée par l’anesthésiste ou non-anesthésiste pour une coloscopie n'entraîne que peu ou pas de différence en termes de taux d'intubation cæcale et de satisfaction de la patientèle, mais pourrait légèrement réduire les temps de récupération. Il est probable qu'il y ait peu ou pas de différence entre les groupes en ce qui concerne les scores de douleur, et qu'il y ait peu ou pas de différence en ce qui concerne les événements respiratoires nécessitant une intervention. Le niveau de confiance de données probantes était élevé pour de nombreux critères de jugement de cette deuxième comparaison ; cependant, il y avait très peu d'études et de nombreux critères de jugement de tolérance importants n'ont pas été examinés.
Financement
Cette revue a été financée par des subventions de fonctionnement du George and Fay Yee Centre for Healthcare Innovation, du département de chirurgie, section de chirurgie générale, et du Clinician Investigator Program, tous à l'Université du Manitoba, Max Rady College of Medicine, Rady Faculty of Health Sciences, Winnipeg, Manitoba, Canada.
Enregistrement
Le protocole et les versions précédentes sont disponibles sur les sites https://doi.org/10.1002/14651858.CD006268 et https://doi.org/10.1002/14651858.CD006268.pub2 .
Traduction et Post-édition réalisées par Cochrane France avec le soutien de Matthieu Gaïotti-Gras (bénévoles chez Cochrane France), et grâce au financement du Ministère de la Santé. Une erreur de traduction ou dans le texte original ? Merci d’adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr