Echocardiographie Doppler transthoracique dans la détection de l'hypertension pulmonaire chez l'adulte

Qu’étudie cette revue ?

L'hypertension pulmonaire correspond à une pression sanguine élevée dans les vaisseaux sanguins qui acheminent le sang de la moitié droite du cœur vers les poumons. Il s'agit d'une affection grave qui peut endommager le cœur droit. Les parois des vaisseaux sanguins deviennent épaisses et rigides, ce qui rend la circulation du sang plus difficile. Cela peut entraîner une insuffisance cardiaque. Les symptômes peuvent inclure l’essoufflement, une fatigue, une douleur thoracique, une accélération du rythme cardiaque ou un gonflement des membres inférieurs et de l'abdomen.

Les symptômes peuvent être similaires à ceux d'autres maladies cardiaques et pulmonaires, de sorte que le diagnostic peut prendre du temps. Un diagnostic précoce est bénéfique car le traitement peut commencer tôt. Il est préférable de commencer tôt le traitement, car les personnes réagissent mieux au traitement dans les premiers stades de la maladie. Le fait de ne pas être diagnostiqué à un stade précoce peut avoir des conséquences graves telles qu'un handicap dans la vie quotidienne ou la mort.

La façon la plus précise de diagnostiquer l'hypertension pulmonaire est de mesurer la pression par cathétérisme cardiaque droit par le biais d’un cathéter. Cependant, cette méthode est invasive et peut entraîner des complications. Une autre technique, appelée échocardiographie Doppler, est non invasive, moins chère et plus largement disponible dans les hôpitaux. Par conséquent, de nombreuses recommandations préconisent l'utilisation de l'échocardiographie comme méthode de diagnostic initial. Nous voulions réaliser cette revue car plusieurs études ont mis en doute la précision de l'échocardiographie. Nous voulions déterminer l’efficacité de l'échocardiographie à diagnostiquer l'hypertension pulmonaire par rapport au cathétérisme cardiaque droit.

Quel était l’objectif de la revue ?

Évaluer les données probantes sur la capacité de l'échocardiographie à identifier l'hypertension pulmonaire chez l’adulte par rapport au cathétérisme cardiaque droit.

Quels ont été les principaux résultats de la revue ?

Nous avons trouvé 17 études portant sur 3656 personnes suspectées d’avoir une hypertension pulmonaire.

Il y avait beaucoup de variabilité dans les études. Nous avons constaté que les caractéristiques des participants variaient en termes d'âge, sexe, cause d'hypertension pulmonaire, contexte et pays. Les valeurs seuils des lectures écho-cardiographiques choisies pour diagnostiquer l'hypertension pulmonaire variaient également. Nous avons utilisé les données disponibles pour estimer la performance de l'échocardiographie par rapport au cathétérisme cardiaque droit. Dans les hôpitaux de soins tertiaires où la plupart des études incluses ont été menées, on suppose que 680 patients sur 1000 souffrent d'hypertension pulmonaire. Nous avons constaté que 592 personnes sur 1000 seraient correctement diagnostiquées par échocardiographie comme ayant une hypertension pulmonaire. Cependant, 45 patients sur 1000 seraient diagnostiqués à tort comme souffrant d'hypertension pulmonaire (faux positifs), tandis que 88 patients sur 1000 pourraient être considérés à tort comme ne souffrant pas d'hypertension pulmonaire (faux négatifs) et enfin 275 patients sur 1000 éviteraient d'être orientés inutilement vers un cathétérisme cardiaque droit. Dans un scénario où l'on procède à l'examen préopératoire pour une transplantation hépatique, on suppose que 100 personnes sur 1000 souffrent d'hypertension pulmonaire. Nous avons constaté que le nombre de faux négatifs et de faux positifs serait de 13 et 126, respectivement.

Les résultats des études incluses dans cette revue sont-ils fiables ?

Nous avons jugé que les études incluses présentaient d'importantes limites quant à leur validité, de sorte qu'elles risquent fortement de produire des résultats faussés (c.-à-d. qu'elles présentent un risque élevé de biais). Par conséquent, nous ne pouvons pas être certains que le nombre de faux négatifs soit correct (c'est-à-dire qu'il pourrait être encore plus élevé).

À qui s’appliquent les résultats de cette revue ?

Ces résultats s'appliquent aux adultes soupçonnés d'être atteints d'hypertension pulmonaire. Cependant, la précision diagnostique de l'échocardiographie varie considérablement d'une étude à l'autre et les explications pour cette variabilité de la précision des tests ne sont toujours pas claires. Par ailleurs, les résultats proviennent d'études menées dans des contextes de prévalence relativement élevée. Il convient donc d’être prudent lors de l'application de ces résultats à des situations individuelles.

Cette revue est-elle à jour ?

La revue est à jour jusqu'en août 2021.

Conclusions des auteurs: 

Les données probantes sur l'échocardiographie comme méthode de dépistage de l'hypertension pulmonaire (HTP) chez l’adulte avaient plusieurs limites. Nous n'avons pas été en mesure de déterminer la sensibilité et la spécificité moyennes à aucun seuil du test index ni d'expliquer la variabilité observée dans les résultats. La grande hétérogénéité des données recueillies et la mauvaise qualité méthodologique limiteraient la mise en œuvre de ces données en pratique clinique. D'autres études relatives à la précision de l'échocardiographie Doppler transthoracique à diagnostiquer l'HTP chez l’adulte appliquant de méthodologies rigoureuses sont nécessaires.

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Contexte: 

L'hypertension pulmonaire (HTP) est une cause importante de morbidité et de mortalité, qui entraîne une perte importante de la capacité d'exercice. L'HTP entraîne à terme une surcharge du ventricule droit, puis une insuffisance cardiaque et éventuellement, une mort précoce. Bien que la détection et le traitement précoces de l'HTP soient recommandés en raison de la réponse thérapeutique limitée aux stades avancés de la maladie, de nombreux patients sont diagnostiqués à un stade plus avancé de la maladie car les symptômes et les signes de l'HTP ne sont pas spécifiques aux stades précoces. Bien que la mesure directe de la pression par cathétérisme cardiaque droit soit test de référence clinique de l'HTP, elle n'est pas systématiquement utilisée en raison de son caractère invasif et de ses complications. L'échocardiographie Doppler transthoracique est moins invasive, moins coûteuse et largement disponible par rapport au cathétérisme cardiaque droit ; les recommandations préconisent donc l'échocardiographie comme méthode de diagnostic initial. Cependant, plusieurs études ont mis en doute la précision de la pression artérielle pulmonaire mesurée de manière non invasive. Il existe une grande incertitude quant à la précision de l'échocardiographie pour diagnostiquer l'HTP.

Objectifs: 

Déterminer la précision diagnostique de l'échocardiographie Doppler transthoracique dans la détection de l’HTP.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans MEDLINE, Embase, Web of Science Core Collection, ClinicalTrials.gov, le système d'enregistrement international des essais cliniques (ICTRP) de l'OMS, depuis la création des bases de données jusqu’en août 2021, ainsi que dans les références bibliographiques des articles, et nous avons contacté les auteurs des études. Nous n'avons appliqué aucune restriction quant à la langue ou à la date de publication.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus les études ayant évalué la précision diagnostique de l'échocardiographie Doppler transthoracique dans la détection de l'HTP, là où le cathétérisme cardiaque droit était le test de référence. Nous avons exclu les études cas-témoins diagnostiques (conception à double entrée), les études dans lesquelles le cathétérisme cardiaque droit n'était pas le test de référence, et celles dans lesquelles le seuil de référence était différent de 25 mmHg. Nous avons également exclu les études qui ne fournissaient pas suffisamment de données sur la précision des tests diagnostiques (valeurs de vrais positifs [VP], faux positifs [FP], vrais négatifs [VN] et faux négatifs [FN], basées sur le test de référence). Nous avons inclus les études qui fournissaient des données à partir desquelles nous pouvions extraire les valeurs VP, FP, VN et FN, en fonction de le test de référence. Deux auteurs de la revue ont indépendamment examiné tous les titres et résumés afin d'évaluer l'éligibilité des publications identifiées lors des recherches. Après l’évaluation des titres et résumés, les rapports complets de toutes les études potentiellement éligibles ont été obtenus, et deux auteurs ont indépendamment déterminé leur éligibilité.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont indépendamment évalué le risque de biais et extrait les données de chacune des études incluses. Nous avons contacté les auteurs des études incluses pour obtenir les données manquantes. Nous avons évalué la qualité méthodologique des études à l'aide de l'outil Quality Assessment of Diagnostic Accuracy Studies (QUADAS-2). Nous avons estimé une courbe sommaire des caractéristiques de fonctionnement du récepteur (courbes ROC) à l’aide de modèles hiérarchiques sommaires (HSROC) non linéaires. Nous avons exploré les sources d'hétérogénéité concernant les types d’HTP, les méthodes d'estimation de la pression auriculaire droite et le seuil du test index pour diagnostiquer l’HTP. Toutes les analyses ont été effectuées à l'aide des logiciels statistiques Review Manager 5, SAS et STATA.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus 17 études (comprenant 3656 patients adultes) évaluant la précision diagnostique de l'échocardiographie Doppler transthoracique pour le diagnostic de l'HTP. Les études incluses étaient hétérogènes en termes de répartition des patients selon l'âge, le sexe, la classification de l'OMS, le contexte, le pays, le seuil de positivité et l'année de publication. La prévalence de l’HTP rapportée dans les études incluses était très variable (de 6 % à 88 %). Le seuil du test index de diagnostique de l'HTP était très variable (de 30 mmHg à 47 mmHg) et n'était pas toujours précisé au préalable. Aucune étude ne présentait un faible risque de biais dans chacun des domaines QUADAS-2 évalués. Un mauvais rapport, particulièrement dans les domaines du test index et du test de référence, a empêché de conclure définitivement sur le risque de biais. Il y avait peu de cohérence dans les seuils utilisés, par conséquent, les seuils communs contenaient des données très éparses qui nous ont empêché de calculer des points de synthèse des estimations de précision. Avec une spécificité fixe de 86 % (spécificité médiane), la sensibilité estimée à partir de la valeur médiane de spécificité par le modèle HSROC était de 87 % (intervalle de confiance [IC] à 95 % : entre 78 % et 96 %). En utilisant une prévalence d'HTP de 68 %, qui était la médiane des études incluses menées principalement dans des hôpitaux tertiaires, 88 sur 1000 patients adultes soupçonnés d'HTP ne seraient pas diagnostiqués comme ayant une HTP (faux négatifs) et 275 patients éviteraient d'être orientés inutilement vers un cathétérisme cardiaque droit (vrais négatifs). En outre, 592 patients sur 1000 seraient orientés de manière appropriée et en temps voulu vers un cathétérisme cardiaque droit (vrais positifs), tandis que 45 patients seraient considérés à tort comme atteints d'HTP (faux positifs). Inversement, avec une faible prévalence d’HTP (10 %), comme dans le cas des examens préopératoires de transplantation hépatique, le nombre de faux négatifs et de faux positifs serait de 13 et 126, respectivement.

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Astrid Zessler et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.