Podcast: Une revue des activités pour aider les professionnels de la santé à partager les décisions concernant les soins avec leurs patients

On reconnait largement qu'il faut accorder davantage d’importance au rôle du patient dans la prise de décision concernant ses soins de santé. Mais quels sont les meilleurs moyens d'y arriver? Certaines réponses figurent dans la mise à jour de la Revue Cochrane de juillet 2018 sur la prise de décision partagée. Nous avons demandé à l'auteur principal, France Légaré de l'Université Laval à Québec, de nous expliquer en quoi c'est important et ce qu'ils ont découvert.

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Monaz: On reconnait largement qu'il faut accorder davantage d’importance au rôle du patient dans la prise de décision concernant ses soins de santé. Mais quels sont les meilleurs moyens d'y arriver? Certaines réponses figurent dans la mise à jour de la Revue Cochrane de juillet 2018 sur la prise de décision partagée. Nous avons demandé à l'auteur principal, France Légaré de l'Université Laval à Québec, de nous expliquer en quoi c'est important et ce qu'ils ont découvert.

France: Je suis médecin de famille depuis 1990 et je forme des médecins de famille depuis de nombreuses années. J'ai vu les nombreuses décisions difficiles que les patients doivent prendre chaque jour à propos de tout, du dépistage aux options de traitement, et j'ai toujours pensé que les médecins de famille pourraient faire les choses différemment afin de mieux aider leurs patients à prendre des décisions. Souvent, le médecin prend la décision pour le patient. Mais cela pourrait être fait différent. Les médecins pourraient changer la manière dont ils expliquent les preuves scientifiques au patient. Ils pourraient aider les patients à découvrir ce qui est le plus important pour eux à propos des avantages et des inconvénients des options disponibles. Nous appelons ce processus : la prise de décision partagée. Je crois que non seulement les médecins peuvent apprendre à mieux le faire, mais qu’il s’agit d’une démarche éthique nécessaire. Nous avons effectué un examen de la littérature pour découvrir les meilleurs moyens d’encourager les professionnels de la santé à le faire et nous avons plusieurs suggestions à faire.
Ceci est la deuxième mise à jour de notre revue des études d’interventions comprenant, entre autres, des programmes de formation, des audits et des retours sur la pratique des professionnels de la santé, des campagnes publiques et des outils d’aides à la décision. Notre première revue a été publiée en 2010, alors qu'il n'y avait que 5 études éligibles. En 2014, 34 autres études étaient disponibles pour notre première mise à jour et nous en avons maintenant 87. Le nombre d’études a plus que doublé en seulement cinq ans, probablement en raison de la prise de conscience croissante de l’importance de la prise de décision partagée dans les communautés médicales et auprès des responsables des politiques publiques.
Il est également encourageant de constater que plus de la moitié des études démontrent que le patient était conscient du fait qu’il existait une prise de décision partagée, ce qui montre que de plus en plus de chercheurs souhaitent savoir ce qui compte le plus pour les patients du point de vue du patient. Cependant, une seule étude a été réalisée dans un pays à faible revenu, suggérant que la prise de décision partagée est toujours considérée comme quelque chose qui ne concerne que les populations plus privilégiées.
Les études ont testé un grand nombre d'approches différentes et nombre d'entre elles se sont révélées efficaces pour accroître la prise de décision partagée, en particulier l'utilisation d’outils d'aides à la décision. Cependant, en appliquant les règles très strictes de Cochrane sur la qualité des preuves, nous avons constaté que peu d’études respectaient ces normes élevées. Par exemple, beaucoup n’ont pas donné suffisamment d’informations pour bien juger de la qualité des preuves qu’ils ont fournies. Mais on peut dire que, comparé à aucune activité du tout, il est clair que certaines interventions qui visent à mettre en œuvre une prise de décision partagée dans les pratiques cliniques améliorent légèrement la qualité de vie des patients en termes de santé mentale, mais font peu de différence sur leur qualité de vie en termes de santé physique.
Après avoir fait cette mise à jour et réfléchi à sa signification pour moi en tant que médecin de famille, j'encouragerai mes patients à utiliser des outils d’aides à la décision. Et, en tant qu'enseignante, j'encouragerai les professionnels de la santé à se former à leur utilisation. En tant que chercheur, j'encouragerai vivement d'autres chercheurs à concevoir leurs études de manière à améliorer la qualité des preuves et à s'accorder sur la mesure de la prise de décision partagée afin de faciliter la comparaison des études.

Monaz: Que vous soyez ou non médecin, éducateur ou chercheur; si vous souhaitez en savoir plus sur les interventions sur la revue de France, rendez-vous à la bibliothèque Cochrane au Cochrane Library.com, et effectuez une recherche dans "shared decision making» pour la trouver".

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.