Quels sont les bénéfices et les risques liés à l'utilisation d'une combinaison de traitements pour gérer la cachexie (amaigrissement lié à la maladie) ?

Principaux messages :

- Nous ne savons pas si l'association de deux ou plusieurs traitements (médicaments, régime alimentaire et exercice physique) est bénéfique pour les personnes qui souffrent ou risquent de souffrir de cachexie (amaigrissement lié à la maladie). En effet, il n'existe actuellement pas suffisamment d'études solides dans ce domaine.

- Nous avons besoin de recherches futures pour accroître notre confiance dans les données probantes en menant des études mieux planifiées et de plus grande envergure.

Qu'est-ce que la cachexie ?

La cachexie est un syndrome métabolique complexe qui survient chez les personnes souffrant de maladies de longue durée (appelées maladies chroniques), telles que le cancer, le VIH/SIDA, les maladies rénales chroniques, les maladies cardiaques et la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO).

Les personnes atteintes de cachexie peuvent :

- perdre du poids involontairement ;
- perdre du muscle ;
- se sentir fatigué, faible, ou les deux ;
- perdre l'appétit.

La cachexie affecte le bien-être et peut mettre la vie en danger.

Comment traiter la cachexie ?

Des études cherchent à déterminer la meilleure façon de gérer au mieux la cachexie à l'aide de différents traitements. Ces traitements peuvent comprendre des médicaments, un régime alimentaire et de l'exercice physique, fournis dans le cadre d'un traitement unique (unimodal) ou combiné (multimodal). On pense qu'en raison de la biologie complexe de la cachexie, une combinaison de traitements peut fonctionner de manière complémentaire (synergique) pour aider à améliorer les symptômes associés à la cachexie et le bien-être des personnes, à prolonger la vie, ou les deux à la fois.

Que voulions-nous savoir ?

Nous voulions savoir si la combinaison d'au moins deux traitements (régime, exercice et médicaments) permettait d'améliorer : la fonction et la force physiques ; la perte musculaire ; le poids ; le bien-être ; l'appétit ; la fatigue et les indicateurs biologiques dans le sang (marqueurs biochimiques). Nous voulions également savoir si ces interventions étaient associées à des effets indésirables ou dangereux.

Qu’avons-nous fait ?

Nous avons recherché des études comparant des combinaisons de régimes, d'exercices et/ou de médicaments (où au moins deux traitements étaient utilisés ensemble) avec : différentes combinaisons de traitements ; un seul traitement ; ou le traitement habituel (soins standard) chez des adultes souffrant de cachexie ou risquant de développer une cachexie. Nous avons comparé et résumé les résultats des études incluses. Nous avons évalué notre confiance dans les données probantes en fonction de facteurs tels que les méthodes d'étude et le nombre de personnes incluses.

Qu’avons-nous trouvé ?

Nous avons trouvé neuf études portant sur un total de 926 adultes, âgés en moyenne de 63 ans. Un peu plus de la moitié des participants (57 %) étaient des hommes. Les études ont été menées dans le monde entier, notamment en Europe (six études), en Turquie (une étude), en Nouvelle-Zélande (une étude) et aux États-Unis (une étude). Une étude portait sur des personnes atteintes du VIH/SIDA (âge moyen de 43 ans ; 35 des 50 participants à l'étude étaient des hommes) ; une étude portait sur des personnes atteintes de BPCO (âge moyen de 72 ans ; 20 des 28 participants à l'étude étaient des hommes) ; et une étude portait sur des personnes atteintes d'une maladie rénale chronique (âge moyen de 70 ans ; 11 des 21 participants à l'étude étaient des hommes). Six études ont inclus des personnes atteintes d'un cancer (âge moyen de 64 ans ; 461 des 893 personnes ayant participé aux études étaient des hommes). Les études ont duré de six semaines à deux ans.

Les études ont utilisé des combinaisons de traitements pouvant inclure un régime alimentaire, de l'exercice physique et/ou des médicaments, (au moins deux traitements ont été utilisés ensemble), et les ont comparées avec :

- le traitement habituel (1 étude, 46 personnes) ;
- différentes combinaisons de traitements (4 études, 192 personnes) ;
- un seul traitement (6 études, 802 personnes).

Les études n'ont pas fourni de données probantes suffisamment robustes pour déterminer si les interventions multimodales sont associées à des bénéfices ou à des risques chez les personnes souffrant ou risquant de souffrir de cachexie.

Quelles sont les limites des données probantes ?

Nous n'avons pas confiance dans les données probantes car toutes les études n'ont pas fourni d'informations sur tous les aspects qui nous intéressaient. En outre, les études ont utilisé des méthodes différentes pour mesurer les résultats et la plupart d'entre elles n'ont porté que sur un petit nombre de personnes.

Il est important de noter que de futures études pourraient modifier les conclusions de cette revue.

Ces données probantes sont-elles à jour ?

Les données probantes sont à jour jusqu'en juin 2024.

Conclusions des auteurs: 

La revue n'a pas trouvé de données probantes suffisantes pour étayer ou réfuter l'utilisation d'interventions multimodales dans la prise en charge de la cachexie. Le niveau de confiance des données probantes était très faible. Des essais contrôlés randomisés rigoureux sur le plan méthodologique et dotés d'une puissance suffisante, avec des temps d'interaction adéquats, sont nécessaires pour évaluer l'efficacité des interventions multimodales dans la prise en charge de la cachexie dans le contexte de maladies chroniques.

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Contexte: 

La cachexie (perte de poids liée à la maladie) est un syndrome métabolique complexe qui survient chez les personnes atteintes de maladies chroniques, notamment le cancer, le VIH/SIDA, les maladies rénales, les maladies cardiaques et la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO). Les personnes atteintes de cachexie présentent une perte de poids involontaire, une fonte musculaire, de la fatigue, une perte d'appétit et une diminution de la qualité de vie. Des interventions multimodales qui agissent en synergie pour traiter le syndrome pourraient apporter des bénéfices.

Objectifs: 

Évaluer les bénéfices et les risques des interventions multimodales visant à atténuer ou à stabiliser la cachexie chez les personnes atteintes d'une maladie chronique.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans CENTRAL, MEDLINE, Embase, PsycINFO et deux registres d'essais en juillet 2024. Nous avons aussi vérifié des références, recherché des citations et contacté des auteurs pour identifier des études.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés (ECR) menés auprès d'adultes souffrant ou risquant de souffrir de cachexie, qui comparent des interventions multimodales combinant deux modalités ou plus (de pharmacologie, de nutrition, d'exercice) au traitement habituel, à une variation de l'intervention, ou à une intervention unimodale.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont indépendamment sélectionné les études potentiellement éligibles, extrait les données et évalué le risque de biais (RoB 1). Les critères de jugement principaux étaient la fonction physique, la force et les événements défavorables. Les critères de jugement secondaires étaient la composition corporelle et le poids, la qualité de vie (QV), l'appétit, la fatigue et les marqueurs biochimiques. Nous avons évalué le niveau de confiance des données probantes avec GRADE.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus neuf études portant sur 926 adultes (âge moyen : 63 ans). La taille des échantillons des études variait de 20 à 332 participants. Six études ont été menées en Europe, une en Turquie, une en Nouvelle-Zélande et une aux États-Unis. Six études ont été menées sur des personnes atteintes d'un cancer, et trois portant chacune sur des personnes atteintes de BPCO, d'insuffisance rénale chronique ou de VIH/SIDA. Nous avons jugé que quatre études présentaient un risque global de biais élevé et cinq un risque global incertain. Tous les critères de jugement de toutes les comparaisons reposaient sur des données probantes d’un niveau de confiance très faible, diminuées une fois pour le risque de biais et/ou d’ambiguïté et deux fois pour l'imprécision.

Intervention multimodale (pharmacologique, nutritionnelle et/ou exercice physique) comparée avec le traitement habituel.

Une étude sur le cancer a randomisé 46 participants, dont 41 ont été inclus dans toutes les analyses sauf les événements indésirables. L'étude a évalué les critères de jugement immédiatement après le traitement, qui a duré six semaines. Par rapport au traitement habituel, il n’existe pas de données probantes claires concernant l’effet d’une intervention multimodale sur : la fonction physique (différence moyenne (DM) -16,10 m, intervalle de confiance à 95% (IC) -79,06 à 46,86 ; 41 participants) ; la force (DM 3,80 kg, IC à 95% -3,21 à 10,81 ; 41 participants) ; les événements indésirables (rapport de risque (RR) 1,36, IC à 95% 0,70 à 2,65 ; 46 participants) ; la composition corporelle (DM 7.89 cm 2 , IC à 95 % -10,43 à 26,21 ; 41 participants) ; le poids (DM 5,89 kg, IC à 95 % -1,45 à 13,23 ; 41 participants) ; l'appétit (DM 0,68 points, IC à 95 % -0,60 à 1,96 ; 41 participants) ; la fatigue (DM 0,12, IC à 95 % -1,05 à 1,29 ; 41 participants) ; et les marqueurs biochimiques (DM 2 %, IC à 95 % 0,99 à 3,01 ; 41 participants), mais les données probantes étaient très incertaines ; la QV n'a pas été rapportée.

Intervention multimodale comparée avec une variation de l'intervention

Trois études sur le cancer et une étude sur le VIH/SIDA ont randomisé 192 participants. Nous n'avons pas pu utiliser les données disponibles, ni obtenir de données supplémentaires, pour deux études (l'une sur le cancer, l'autre sur le VIH/SIDA). Les études ont évalué les critères de jugement immédiatement après le traitement, entre trois et sept mois. Par rapport à une variation de l'intervention, il n'y a pas de données probantes claires concernant l’effet d'une intervention multimodale sur : la fonction physique (DM 10,0 m, 95% CI -36,27 à 56,27 ; 1 étude, 56 participants) ; la force (DM 0,7 kg, 95% CI -3,75 à 5.15 ; 1 étude, 56 participants) ; événements indésirables (RR 0,87, IC à 95 % 0,38 à 2,02 ; P = 0,75, I 2 = 0 % ; 2 études, 95 participants) ; la composition corporelle (DM -2,67 kg, IC à 95 % -5,89 à 0,54 ; P = 0,10, I 2 = 0 % ; 2 études, 95 participants) ; le poids (DM -2,47 kg, IC à 95 % -7.11 à 2,16 ; P = 0,30, I 2 = 0 % ; 2 études, 95 participants) ; la qualité de vie (différence moyenne standardisée (DMS) -0,15, IC à 95 % -0,55 à 0,26 ; P = 0,47, I 2 = 0 % ; 2 études, 95 participants) ; l’appétit (DMS -0,34, IC à 95 % -1,27 à 0,59 ; P = 0.48, I 2 = 79% ; 2 études, 95 participants) ; la fatigue (DM 6,40 points, IC à 95% -1,10 à 13,90 ; 1 étude, 56 participants) ; ou les marqueurs biochimiques (DM 9,80 pg/mL, IC à 95% -6,25 à 25,85 ; P = 0,23, I 2 = 73% ; 2 études, 95 participants), mais les données probantes sont très incertaines.

Intervention multimodale comparée avec une intervention unimodale

Nous avons inclus six études (802 participants) dans cette comparaison : trois études sur le cancer et trois portant chacune sur des personnes atteintes de BPCO, d'insuffisance rénale chronique ou de VIH/SIDA. Les études ont évalué les critères de jugement immédiatement après le traitement, entre trois et sept mois. Nous n'avons pas pu utiliser les données disponibles, ni obtenir des données supplémentaires pour l'étude sur le VIH/SIDA. Par rapport à une intervention unimodale, il n'y a pas de données probantes claires concernant l’effet d'une intervention multimodale sur : la fonction physique (DMS 0,02, IC à 95 % -0,22 à 0,26 ; P = 0,86, I 2 = 0 % ; 2 études, 348 participants) ; la force (DMS 0,23, IC à 95 % -0,81 à 1,27 ; P = 0.66, I 2 = 0 % ; 2 études, 348 participants) ; événements indésirables (RR 0,87, IC à 95 % -0,43 à 1,73 ; P = 0,68, I 2 = 45 % ; 2 études, 395 participants) ; la composition corporelle (DMS 0,11, IC à 95 % -0,28 à 0,50 ; P = 0,58, I 2 = 74 % ; 5 études, 742 participants) ; le poids corporel (DMS -0.02, IC à 95 % -0,38 à 0,33 ; P = 0,90, I 2 = 49 % ; 4 études, 431 participants) ; la qualité de vie (DMS 0,22, IC à 95 % -0,29 à 0,73 ; P = 0,39, I 2 = 61 % ; 3 études, 411 participants) ; l'appétit (DMS -0,09, IC à 95 % -0,58 à 0,40 ; P = 0.72, I 2 = 58% ; 2 études, 395 participants) ; la fatigue (DM -6,80 points, IC à 95% -12,44 à -1,17 ; 1 étude, 244 participants) ; et les marqueurs biochimiques (DMS 0,11, IC à 95% -0,59 à 0,80 ; P = 0,76, I 2 = 79% ; 3 études, 411 participants), mais les données probantes sont très incertaines.

Notes de traduction: 

Traduction et Post-édition réalisées par Cochrane France avec le soutien de bénévoles de Cochrane France et grâce au financement du Ministère de la Santé. Une erreur de traduction ou dans le texte original ? Merci d’adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.