Traitements pharmacologiques de l'ostéoporose chez les patients atteints de maladie rénale chronique

Quelle est la question ?
Les patients atteints d'une maladie rénale chronique (MRC) présentent un risque accru d'ostéoporose (affaiblissement de la solidité des os), qui peut souvent conduire à une fracture des os. Plusieurs médicaments sont disponibles pour le traitement de l'ostéoporose ; cependant, on ne sait pas si ces médicaments sont aussi efficaces et sûrs chez les patients atteints de MRC, car l'affaiblissement de la force osseuse chez ces patients se produit par un mécanisme différent.

Comment avons-nous procédé ?
Des données ont été collectées à partir d'études portant sur des patients souffrant d'ostéoporose et de MRC aux stades 3 à 5, ainsi que sur des patients sous dialyse (stade 5D), avec des données disponibles sur les fractures, la modification de la densité minérale osseuse (DMO ; un indice de solidité osseuse) et les événements indésirables. Nous avons inclus sept études dont les données probantes étaient disponibles jusqu’au 25 janvier 2021, comparant des médicaments anti-ostéoporotiques (abaloparatide, alendronate, dénosumab, raloxifène et teriparatide) à un placebo (un médicament factice), chez 9 164 femmes ménopausées. Nous avons effectué une méta-analyse pour évaluer les effets de ces médicaments anti-ostéoporotiques.

Qu’avons-nous trouvé ?
Chez les femmes ménopausées atteintes de MRC aux stades 3 et 4, les médicaments anti-ostéoporotiques pourraient réduire les fractures vertébrales, selon des données probantes d’un niveau de confiance faible. Les médicaments anti-ostéoporotiques font probablement peu ou pas de différence en ce qui concerne les fractures cliniques et les événements indésirables, selon des données probantes d’un niveau de confiance modéré. Chez les femmes ménopausées atteintes d'une MRC de stade 5 ou 5D, il n'est pas certain que les médicaments anti-ostéoporotiques réduisent le risque de fracture clinique et de décès, et les médicaments anti-ostéoporotiques pourraient améliorer légèrement la DMO au niveau de la colonne lombaire (données probantes d’un niveau de confiance faible). Il n'est pas certain que les médicaments anti-ostéoporotiques améliorent la DMO au niveau du col du fémur.

Conclusions
Chez les femmes ménopausées atteintes de maladie rénale chronique aux stades 3 et 4, les médicaments anti-ostéoporotiques pourraient réduire le risque de fracture vertébrale. Chez les patients atteints maladie rénale chronique aux stades 5 et 5D, le médicament anti-ostéoporotique pourrait améliorer légèrement la résistance osseuse. Toutefois, ces conclusions sont fondées sur des données limitées et donc incertaines.

Conclusions des auteurs: 

Chez les patients atteints d'insuffisance rénale chronique (IRC) aux stades 3 et 4, les médicaments anti-ostéoporotiques pourraient réduire le risque de fracture vertébrale, selon des données probantes d’un niveau de confiance faible. Les médicaments anti-ostéoporotiques ne font que peu ou pas de différence en ce qui concerne le risque de fracture clinique et d'événements indésirables selon des données probantes d’un niveau de confiance modéré. Chez les patients atteints d'IRC aux stades 5 et 5D, il n'est pas certain que les médicaments anti-ostéoporotiques réduisent le risque de fracture clinique et de décès car les données probantes sont d’un niveau de confiance très faible. Un médicament anti-ostéoporotique pourrait améliorer légèrement la densité minérale osseuse (DMO) au niveau de la colonne lombaire selon des données probantes d’un niveau de confiance faible. Il n'est pas certain que les médicaments anti-ostéoporotiques améliorent la DMO au niveau du col du fémur car les données probantes sont d’un niveau de confiance très faible. Des études de plus grande envergure incluant des hommes, des patients pédiatriques ou des personnes souffrant de troubles instables de l'IRC et des os sont nécessaires pour évaluer l'effet de chaque médicament anti-ostéoporotique à chaque stade de l'IRC.

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Contexte: 

L'insuffisance rénale chronique (IRC) est un facteur de risque indépendant d'ostéoporose, dont la prévalence est plus élevée chez les personnes atteintes d'IRC que chez celles qui n'en sont pas atteintes. Bien que plusieurs médicaments aient été utilisés pour traiter efficacement l'ostéoporose dans la population générale, on ignore s'ils sont également efficaces et sûrs pour les personnes atteintes d'IRC, dont le métabolisme minéral et osseux systémique est altéré.

Objectifs: 

Évaluer l'efficacité et la tolérance des interventions pharmacologiques contre l'ostéoporose chez les patients atteints d'IRC aux stades 3 à 5 et chez ceux qui sont sous dialyse (5D).

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué une recherche dans le registre des essais du groupe Cochrane sur le rein et la transplantation jusqu'au 25 janvier 2021 en contactant le spécialiste de l'information et en utilisant les termes de recherche pertinents pour cette revue. Les études figurant dans le registre sont identifiées grâce à des recherches dans CENTRAL, MEDLINE et EMBASE, des actes des conférences, le système d’enregistrement international des essais cliniques de l’OMS (ICTRP) et le site ClinicalTrials.gov.

Critères de sélection: 

Les essais contrôlés randomisés comparant tout médicament anti-ostéoporotique à un placebo, à l'absence de traitement ou aux soins habituels chez des patients souffrant d'ostéoporose et d'une IRC de stade 3 à 5D ont été inclus.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont indépendamment sélectionné les études, évalué leur qualité à l'aide de l'outil de mesure du risque de biais et extrait les données. Les critères de jugement principaux étaient l'incidence des fractures, tous sites confondus, la variation moyenne de la densité minérale osseuse (DMO, mesurée par absorptiométrie radiographique à double énergie) du col du fémur, de la hanche, de la colonne lombaire et du radius distal, les décès toutes causes confondues, l'incidence des événements indésirables et la qualité de vie. Les estimations globales de l'effet ont été obtenues à l'aide d'un modèle à effets aléatoires, et les résultats ont été exprimés sous forme de risque relatif (RR) et de leurs intervalles de confiance (IC) à 95 % pour les critères de jugement dichotomiques, et de différence moyenne (DM) pour les critères de jugement continus. Le niveau de confiance des données probantes a été évaluée en utilisant l'approche GRADE (Grading of Recommendations Assessment, Development and Evaluation).

Résultats principaux: 

Sept études portant sur 9164 participants randomisés souffrant d'ostéoporose et d'une IRC de stade 3 à 5D répondaient aux critères d'inclusion ; tous les participants étaient des femmes ménopausées. Cinq études portaient sur des patients atteints d'IRC aux stades 3 et 4, et deux études sur des patients atteints d'IRC aux stades 5 ou 5D. Cinq interventions pharmacologiques ont été identifiées (abaloparatide, alendronate, denosumab, raloxifène et teriparatide). Toutes les études ont été jugées comme présentant un risque global élevé de biais.

Chez les patients atteints d'IRC aux stades 3 et 4, les médicaments anti-ostéoporotiques pourraient réduire le risque de fracture vertébrale (RR 0,52, IC à 95 % 0,39 à 0,69 ; données probantes d’un niveau de confiance faible). Les médicaments anti-ostéoporotiques ne font probablement pas ou peu de différence sur le risque de fracture clinique (RR 0,91, IC à 95 % 0,79 à 1,05 ; données probantes d’un niveau de confiance modéré) et d'événements indésirables (RR 0,99, IC à 95 % 0,98 à 1,00 ; données probantes d’un niveau de confiance modéré). Nous n'avons pas été en mesure d'intégrer les études dans les méta-analyses pour la DMO au niveau du col du fémur, de la colonne lombaire et de la hanche totale car elles ne rapportaient que le pourcentage de changement de la DMO dans le groupe d'intervention.

Chez les patients atteints d'IRC sévère de stade 5 ou 5D, il n'est pas certain que les médicaments anti-ostéoporotiques réduisent le risque de fracture clinique (RR 0,33, IC à 95 % 0,01 à 7,87 ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). Il n'est pas certain que les médicaments anti-ostéoporotiques améliorent la DMO au niveau du col du fémur car les données probantes sont d’un niveau de confiance très faible (DM 0.01, IC à 95 % 0.00 à 0.02). Les médicaments anti-ostéoporotiques pourraient améliorer légèrement la DMO au niveau de la colonne lombaire (DM 0.03, IC à 95 % 0.03 à 0.04, données probantes d’un niveau de confiance faible). Les études incluses n'ont pas rapporté d'effets indésirables. Il n'est pas certain que les médicaments anti-ostéoporotiques réduisent le risque de décès (RR 1,00, IC à 95 % 0,22 à 4,56 ; données probantes d’un niveau de confiance très faible).

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Shaya Sable et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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