Interventions dans la prévention du syndrome hémolytique et urémique

Quelle est la question ?

Le syndrome hémolytique et urémique (SHU) est une maladie grave qui touche principalement les enfants et peut avoir des effets secondaires sévères tels que l'anémie (faible nombre de globules rouges), des lésions rénales, des lésions cérébrales et la mort dans certains cas. Le SHU est le plus souvent une complication d'une maladie diarrhéique causée par une forme particulière de bactérie Escherichia coli (E. coli) appelée E. coli productrice de shiga-toxine (Shiga Toxigenic Escherichia coli, STEC). Malgré la gravité de cette maladie, il n'existe actuellement aucune pratique standard pour traiter ces patients.

Comment avons-nous procédé ?

Nous avons compilé les données probantes disponibles à ce jour sur les méthodes de prévention du SHU chez les patients diagnostiqués avec une diarrhée (selles molles) associée aux STEC. Nous avons recherché dans la littérature les études antérieures portant sur les différents traitements visant à prévenir le SHU chez les enfants atteints de maladies diarrhéiques et avons résumé les résultats dans notre revue.

Qu’avons-nous trouvé ?
Quatre études randomisant 536 patients ont été incluses. Ces études ont porté sur quatre traitements préventifs différents, dont une antibiothérapie, du colostrum bovin contenant des anticorps contre la toxine de Shiga, un agent liant la toxine de Shiga (Synsorb Pk : un agent à base de dioxyde de silicium) et un anticorps monoclonal contre la toxine de Shiga (urtoxazumab). Les études incluses portaient sur un petit nombre de participants et les résultats ne favorisaient aucune intervention particulière pour réduire la progression de la maladie vers le SHU chez les patients infectés par des STEC.

Conclusions

Aucune conclusion sur la meilleure méthode de prévention du SHU chez les patients souffrant de diarrhée associée aux STEC ne peut être tirée de ces données ; d'autres études portant sur un groupe plus important de patients sont nécessaires avant de pouvoir formuler une quelconque recommandation.

Conclusions des auteurs: 

Les études incluses ont évalué les antibiotiques, le lait bovin, l'inhibiteur de la toxine de Shiga (Synsorb Pk) et les anticorps monoclonaux (Urtoxazumab) contre la toxine de Shiga pour la prévention secondaire du syndrome hémolytique et urémique chez les patients souffrant de diarrhée due à l’escherichia coli producteur de shiga-toxine (STEC). Cependant, aucune conclusion ferme sur l'efficacité de ces interventions ne peut être tirée étant donné le petit nombre d'études incluses et la petite taille des échantillons de ces études. Des études supplémentaires, notamment des études multicentriques de plus grande envergure, sont nécessaires pour évaluer l'efficacité des interventions visant à prévenir le développement du syndrome hémolytique et urémique chez les patients souffrant de diarrhée due à une infection à STEC.

Lire le résumé complet...
Contexte: 

Le syndrome hémolytique et urémique (SHU) est une cause fréquente d'insuffisance rénale acquise chez les enfants et rarement chez les adultes. Le facteur de risque le plus important pour le développement du SHU est une infection gastro-intestinale par Escherichia coli producteur de toxine de Shiga (Shiga Toxigenic Escherichia coli, STEC). Cette revue s'est penchée sur les interventions utilisées dans la prévention secondaire du SHU chez les patients souffrant de diarrhée et infectés par une bactérie qui augmente le risque de SHU.

Objectifs: 

Notre objectif était d'évaluer les données probantes concernant les stratégies de prévention secondaire du SHU associé aux infections à STEC. Ce faisant, nous avons cherché à évaluer l'efficacité et la tolérance des interventions ainsi que leur potentiel impact sur la morbidité et la mortalité associées à cette affection.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre spécialisé du groupe Cochrane sur le reins et la greffe jusqu'au 12 novembre 2020 en contactant le spécialiste de l'information et en utilisant des termes de recherche pertinents pour cette revue. Les études figurant dans le registre sont identifiées grâce à des recherches dans CENTRAL, MEDLINE et EMBASE, des actes de conférence, le système d’enregistrement international des essais cliniques de l’OMS (ICTRP) et le site ClinicalTrials.gov.

Critères de sélection: 

Les études ont été analysées sur la base des méthodes, des participants et des objectifs de recherche. Seuls les essais contrôlés randomisés ont été considérés comme éligibles pour l'inclusion. Les participants aux études étaient des patients pédiatriques et adultes souffrant de diarrhée due aux STEC. Le critère de jugement principal était l'incidence du SHU.

Recueil et analyse des données: 

Nous avons suivi les procédures méthodologiques standard recommandées par Cochrane. En résumé, les estimations de l'effet ont été obtenues à l'aide d'un modèle à effets aléatoires, et les résultats ont été exprimés sous forme de risque relatif (RR) et de leurs intervalles de confiance (IC) à 95 % pour les critères de jugement dichotomiques. La niveau de confiance des données probantes a été évaluée en utilisant l'approche GRADE (Grading of Recommendations Assessment, Development and Evaluation).

Résultats principaux: 

Nous avons retenu quatre études (536 participants) portant sur quatre interventions différentes, notamment des antibiotiques (triméthoprime-sulfaméthoxazole), du colostrum bovin contenant des anticorps contre la toxine Shiga, un agent de fixation de la toxine Shiga (Synsorb Pk : agent à base de dioxyde de silicium) et un anticorps monoclonal contre la toxine Shiga (urtoxazumab). Le risque global de biais n'était pas clair pour les biais de sélection, de performance et de détection et faible pour l'attrition, le signalement et les autres sources de biais.

Il n'était pas certain que le triméthoprime-sulfaméthoxazole réduise l'incidence du SHU par rapport à l'absence de traitement (47 participants : RR 0,57, IC à 95 % 0,11-2,81, données probantes d’un niveau de confiance très faible). Les effets indésirables relatifs à cette revue, la nécessité d'une dialyse en aiguë, les complications neurologiques et les décès n'étaient pas signalés.

Aucune incidence de SHU n'a été observée dans le groupe colostrum bovin ou dans le groupe placebo. Il n'est pas certain que le colostrum bovin ait causé plus d'effets indésirables (27 participants : RR 0,92, IC à 95 % 0,42 à 2,03 ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). La nécessité d'une dialyse aiguë, les complications neurologiques ou le décès n'ont pas été rapportés.

Il n'est pas certain que Synsorb Pk réduise l'incidence du SHU par rapport au placebo (353 participants : RR 0,93, IC à 95 % 0,39 à 2,22 ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). Les essais n’ont pas rapporté sur les événement indésirables pertinents pour cette revue, le besoin de dialyse aiguë, la complication neurologique ou les décès.

Une étude a comparé deux dosages d'urtoxazumab (3,0 mg/kg et 1,0 mg/kg) à un placebo. Il n'est pas certain que l'urtoxazumab à 3,0 mg/kg (71 participants : RR 0,34, IC à 95 % 0,01 à 8,14) ou l'urtoxazumab à 1,0 mg/kg (74 participants : RR 0,95, IC à 95 % 0,79 à 1,13) a réduit l'incidence du SHU par rapport au placebo (données probantes d’un niveau de confiance très faible). Des données probantes d’un niveau de confiance faible ont montré qu'il pourrait y avoir peu ou pas de différence dans le nombre d'événements indésirables survenus pendant le traitement avec l'urtoxazumab à 3,0 mg/kg (71 participants) : RR 1,00, IC à 95 % 0,84 à 1,18) ou l'urtoxazumab à 1,0 mg/kg (74 participants : RR 0,95, IC à 95 % 0,79 à 1,13) par rapport au placebo. 25 événements indésirables graves ont été rapportés chez 18 patients : 10 dans le groupe placebo, et 9 et 6 dans les groupes urtoxazumab à 1,0 mg/kg et 3,0 mg/kg, respectivement. Le nombre de patients ayant subi ces effets indésirables dans chaque groupe, et le nombre de patients ayant eu plus d'un événement est incertain. Il n'est pas certain que l'un des dosages d'urtoxazumab n’augmente pas le risque de complications neurologiques ou de décès (données probantes d’un niveau de confiance très faible). La nécessité d'une dialyse en aiguë n'a pas été signalée.

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Nicolas Cornière et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d’origine? Merci d’adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

Tools
Information

Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.