Intervention pour le traitement de la prostatite chronique et de la douleur pelvienne chronique chez l’homme

Problématique de la revue

Quels sont les effets des thérapies médicales chez les hommes souffrant depuis longtemps de douleurs et d'inconforts autour de la prostate et du bassin, ce qu'on appelle le syndrome de prostatite chronique ou de la douleur pelvienne chronique (PC/SDPC) ?

Contexte

La PC/SDPC est un trouble courant caractérisé par des douleurs pelviennes ou la présence de symptômes gênants (ou les deux) lorsque les hommes urinent. Sa cause est inconnue et de nombreux traitements existent pour cette affection.

Caractéristiques des études

Les données probantes sont à jour jusqu'en juillet 2019. Nous avons trouvé 96 études qui ont été menées entre 1983 et 2016 chez 8646 hommes atteints de PC/SDPC, avec évaluation de 16 types d'interventions pharmacologiques. Ces thérapies ont été données à des hommes en consultation externe. La plupart des études n'ont pas précisé leurs sources de financement ; 21 études ont rapporté un financement provenant de sociétés pharmaceutiques.

Principaux résultats

Les alpha-bloquants : nous sommes incertains des effets des alpha-bloquants sur les symptômes de la prostatite. Les alpha-bloquants pourraient augmenter les effets secondaires, par exemple les étourdissements et l'hypotension artérielle. Les alpha-bloquants entraînent probablement peu ou pas de différence sur les problèmes sexuels, la qualité de vie ou l'anxiété et la dépression.

Inhibiteurs de la 5-alpha réductase (I5AR) : Les I5AR réduisent probablement les symptômes de la prostatite et pourraient ne pas être associé à plus d'effets secondaires que ceux observés chez les hommes prenant un placebo. Il n'y avait pas d’information sur les problèmes sexuels, la qualité de vie, l'anxiété et la dépression.

Antibiotiques : les antibiotiques pourraient réduire les symptômes de la prostatite et ne sont probablement pas associés à des effets secondaires. Les antibiotiques entraînent probablement peu ou pas de différence sur les problèmes sexuels et la qualité de vie. Il n'y avait pas d’information sur l'anxiété et la dépression.

Anti-inflammatoires : les anti-inflammatoires pourraient réduire les symptômes de la prostatite et pourraient ne pas être associés à des effets secondaires. Il n'y avait pas d’information sur les problèmes sexuels, la qualité de vie, l'anxiété et la dépression.

Phytothérapie : la phytothérapie pourrait réduire les symptômes de la prostatite et pourrait ne pas être associée à des effets secondaires. La phytothérapie pourrait ne pas améliorer les problèmes sexuels. Il n'y avait pas d’information sur la qualité de vie, l'anxiété et la dépression.

Toxine botulique A (TBA) : l'injection de cette toxine dans la prostate pourrait entraîner une réduction importante des symptômes de la prostatite, mais si elle est appliquée sur les muscles du bassin, la BTA pourrait ne pas provoquer cet effet. Ces injections pourraient ne pas être associées à des effets secondaires. Il n'y avait pas d’information sur les problèmes sexuels, la qualité de vie, l'anxiété et la dépression.

Allopurinol : l'allopurinol pourrait entraîner peu ou pas de différence dans les symptômes de la prostatite et pourrait ne pas être associé à des effets secondaires. Il n'y avait pas d’information sur les problèmes sexuels, la qualité de vie, l'anxiété et la dépression.

Médecine traditionnelle chinoise (MTC) : La MTC pourrait réduire les symptômes de la prostatite et pourrait ne pas être associée à des effets secondaires. La MTC n'améliore probablement pas les problèmes sexuels et pourrait ne pas améliorer les symptômes d'anxiété et de dépression. Il n'y avait pas d'information sur la qualité de vie.

Valeur probante des données

La qualité des données probantes était faible à très faible dans la plupart des cas, ce qui signifie qu'il y a beaucoup d'incertitude autour des résultats. Les problèmes les plus fréquents détectés dans les études incluses étaient un design inadapté, une petite taille d'échantillon et une courte période de suivi (habituellement 12 semaines).

Conclusions des auteurs: 

Nous avons trouvé des données probantes de qualité faible à très faible supportant que les alpha-bloquants, les antibiotiques, le I5AR, les anti-inflammatoires, la phytothérapie, l'injection intraprostatique de TBA et la médecine traditionnelle chinoise pourraient causer une réduction des symptômes de la prostatite sans augmenter la fréquence des effets indésirables à court terme, sauf les alpha-bloquants qui pourraient être associés à une augmentation des effets indésirables d’intensité légère. Nous avons trouvé peu d'essais avec des comparateurs actifs et peu de données probantes sur les effets de ces médicaments sur la dysfonction sexuelle, la qualité de vie, l'anxiété et la dépression. Les essais cliniques futurs devraient inclure un rapport complet de leurs méthodes, y compris une mise en insu adéquate, une évaluation cohérente de tous les critères de jugement importants pour le patient, y compris les effets indésirables potentiels liés au traitement, et des échantillons de taille appropriée.

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Contexte: 

La prostatite chronique ou le syndrome de la douleur pelvienne chronique (PC/SDPC) est un trouble courant dont les deux principales caractéristiques cliniques sont des douleurs pelviennes et des symptômes des voies urinaires basses. Il existe actuellement de nombreuses approches pour sa prise en charge, qui font appel à des interventions pharmacologiques et non pharmacologiques. Le score NIH-CPSI (National Institute of Health - Chronic Prostatitis Symptom Index) est une échelle validée, fréquemment utilisée pour mesurer les symptômes de la PC/SDPC. Nous avons considéré qu'une diminution de 25 % du score de référence NIH-CPSI ou une réduction de six points comme la différence minimale cliniquement importante (DMCI).

Objectifs: 

Évaluer les effets des traitements pharmacologiques contre la prostatite chronique et le syndrome de la douleur pelvienne chronique.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué une recherche exhaustive à l'aide de CENTRAL, MEDLINE, Embase, PsycINFO, CINAHL, des registres d'essais, de la littérature grise et des actes de conférences, sans restriction quant à la langue de publication ou au statut de publication. La date de la dernière consultation de toutes les bases de données était juillet 2019.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus les essais contrôlés randomisés. Les critères d'inclusion visaient les hommes ayant reçu un diagnostic de PC/SDPC. Nous avons inclus toutes les interventions pharmacologiques disponibles en comparaison au placebo ou dans des comparaisons directes.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs ont indépendamment évalué l'éligibilité des études, extrait les données et évalué les risques de biais des études incluses. Nous avons évalué la qualité des preuves (QdP) à l'aide de l'approche GRADE.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus 99 études uniques chez 9119 hommes atteints de PC/SDPC, avec des évaluations de 16 types d'interventions pharmacologiques. Sauf indication contraire, nos comparaisons sont basées sur un suivi à court terme (moins de 12 mois). La plupart des études n'ont pas précisé leurs sources de financement ; 21 études ont rapporté un financement provenant de sociétés pharmaceutiques.

1. Alpha-bloquants : (24 études, 2061 participants). Nous ne sommes pas certains des effets de ces médicaments sur les symptômes de la prostatite par rapport au placebo lors du suivi à court terme (différence moyenne (DM) dans le score total NIH-CPSI de -5,01, intervalle de confiance (IC) à 95 % -7,41 à -2,61 ; 18 études, 1524 participants, QdP très faible) et au suivi à long terme (DM -5,60, IC 95 % -10,89 à -0,32 ; 4 études, 235 participants, QdP très faible). Les alpha-bloquants pourraient être associés à une incidence accrue d'effets indésirables, tels que des étourdissements et une hypotension posturale (rapport de risque (RR) de 1,60, IC 95 % de 1,09 à 2,34 ; 19 études, 1588 participants ; QdP faible). Les alpha-bloquants entraînent probablement peu ou pas de différence sur la dysfonction sexuelle, la qualité de vie, l'anxiété et la dépression (QdP modérée à faible).

2. Inhibiteurs de la 5-alpha réductase (I5AR) : (2 études, 177 participants). Le finastéride réduit probablement les symptômes de la prostatite par rapport au placebo (DM score NIH-CPSI de -4,60, IC 95 % -5,43 à -3,77 ; 1 étude, 64 participants ; QdP modérée) et pourrait ne pas être associé à une incidence accrue d’effets indésirables (QdP faible). Il n'y avait pas d’information sur la dysfonction sexuelle, la qualité de vie, l'anxiété et la dépression.

3. Antibiotiques : (6 études, 693 participants). Les antibiotiques (quinolones) pourraient réduire les symptômes de la prostatite par rapport au placebo (DM score NIH-CPSI de -2,43, IC 95 % -4,72 à -0,15 ; 5 études, 372 participants ; QdP faible) et ne sont probablement pas associés à une incidence accrue d’effets indésirables (QdP modérée). Les antibiotiques entraînent probablement peu ou pas de différence sur la dysfonction sexuelle et la qualité de vie (QdP modérée). Il n'y avait pas d’information sur l'anxiété ou la dépression.

4. Anti-inflammatoires: (7 études, 585 participants). Les anti-inflammatoires pourraient réduire les symptômes de la prostatite par rapport au placebo (DM score NIH-CPSI de -2,50, IC 95 % -3,74 à -1,26 ; 7 études, 585 participants ; QdP faible) et pourraient ne pas être associés à une incidence accrue d’effets indésirables (QdP faible). Il n'y avait pas d’information sur la dysfonction sexuelle, la qualité de vie, l'anxiété et la dépression.

5. Phytothérapie: (7 études, 551 participants). La phytothérapie pourrait réduire les symptômes de la prostatite par rapport au placebo (DM score NIH-CPSI de -5,02, IC 95 % -6,81 à -3,23 ; 5 études, 320 participants ; QdP faible) et pourrait ne pas être associée à une incidence accrue d’effets indésirables (QdP faible). La phytothérapie pourrait ne pas améliorer la dysfonction sexuelle (QdP faible). Il n'y avait pas d'information sur la qualité de vie, l'anxiété et la dépression.

6. Toxine botulique A (TBA): L'injection intraprostatique de TBA (1 étude, 60 participants) pourrait entraîner une forte réduction des symptômes de la prostatite (DM score NIH-CPSI de -25,80, IC 95 % -30,15 à -21,45), tandis que l'injection de BTA dans les muscles du plancher pelvien (1 étude, 29 participants) pourrait ne pas réduire les symptômes de prostatite (QdP faible). Les deux comparaisons ont utilisé une injection placebo. Ces interventions pourraient ne pas être associées à une incidence accrue d'effets indésirables (QdP faible). Il n'y avait pas d’information sur la dysfonction sexuelle, la qualité de vie, l'anxiété et la dépression.

7. Allopurinol : (2 études, 110 participants). L'allopurinol pourrait entraîner peu ou pas de différence dans les symptômes de la prostatite et les effets indésirables par rapport au placebo (QdP faible). Il n'y avait pas d’information sur la dysfonction sexuelle, la qualité de vie, l'anxiété et la dépression.

8. Médecine traditionnelle chinoise (MTC): (7 études, 835 participants) ; la MTC pourrait réduire les symptômes de la prostatite (score NIH-CPSI, DM -3,13, IC 95 % -4,99 à -1,28 ; QdP faible) et pourrait ne pas être associée à une incidence accrue d’effets indésirables (QdP faible). La MTC n'améliore probablement pas la dysfonction sexuelle (QdP modérée) et pourrait ne pas améliorer les symptômes d'anxiété et de dépression (QdP faible). Il n'y avait pas d'information sur la qualité de vie.

Les raisons les plus fréquentes de rétrogradation de la QdP étaient les limites de l'étude, l'incohérence et l'imprécision. Nous avons trouvé peu d'essais avec des comparateurs actifs.

Notes de traduction: 

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