Médicaments pour soulager la douleur chez les enfants souffrant d'une infection aiguë de l'oreille moyenne

Principaux messages

- Les données probantes actuelles sur l'efficacité des analgésiques, seuls ou associés, pour soulager la douleur de l'oreille chez les enfants souffrant d'une infection aiguë de l'oreille moyenne (otite moyenne aiguë (OMA)) sont limitées.

- Le paracétamol (acétaminophène) et l'ibuprofène en tant que traitements autonomes pourraient être plus efficaces qu'un placebo pour soulager les douleurs auriculaires à court terme chez les enfants souffrant d'OMA. Nous sommes incertains s'il existe une différence d'effet entre l'ibuprofène et le paracétamol et entre l'ibuprofène plus le paracétamol et le paracétamol seul, ce qui nous prévient de tirer des conclusions définitives.

- Des recherches supplémentaires sont nécessaires sur le rôle de l'ibuprofène en tant que traitement d'appoint au paracétamol, ainsi que sur d'autres analgésiques tels que les gouttes auriculaires contenant un anesthésique, pour les enfants souffrant d'OMA.

Qu'est-ce que l'OMA ?

L'OMA, ou infection aiguë de l'oreille moyenne, est l'une des infections infantiles les plus courantes et est généralement précédée d'une infection virale des voies respiratoires supérieures. La douleur à l'oreille est le principal symptôme et est au cœur de l'expérience de la maladie vécue par les enfants et les parents.

Que voulions-nous découvrir ?

Nous voulions savoir si les analgésiques sont efficaces pour soulager les douleurs auriculaires chez les enfants atteints d'OMA et quels médicaments, seuls ou combinés, soulagent le plus efficacement la douleur.

Comment avons-nous procédé ?

Nous avons recherché des études portant sur l'efficacité du paracétamol (acétaminophène) ou des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS, tels que l'ibuprofène), seuls ou combinés, par rapport à un placebo (traitement factice) ou à l'absence de traitement pour soulager la douleur chez les enfants non hospitalisés âgés de six mois à 16 ans souffrant d'une OMA. Nous voulions également évaluer l'efficacité des AINS par rapport au paracétamol chez ces enfants. Nous avons comparé et résumé les résultats de ces études et évalué notre confiance dans les données probantes sur la base de facteurs tels que les méthodes d'étude et les tailles de l'effet.

Qu’avons-nous trouvé ?

Les informations disponibles pour évaluer l'utilité des analgésiques pour soulager les douleurs auriculaires chez les enfants atteints d'OMA sont très limitées. Un essai a comparé le paracétamol au placebo (148 enfants) et les AINS au placebo (146 enfants). Nous avons constaté que lorsqu'ils sont utilisés seuls, le paracétamol et l'ibuprofène pourraient être plus efficaces que le placebo pour soulager les douleurs auriculaires à 48 heures (25 % des enfants recevant le placebo avaient des douleurs à 48 heures par rapport à 10 % dans le groupe paracétamol et 7 % dans le groupe ibuprofène). Quatre essais (411 enfants) ont comparé l'ibuprofène au paracétamol chez des enfants atteints d'OMA. Les données probantes sont très incertaines quant à l'effet de l'ibuprofène par rapport au paracétamol pour soulager les douleurs auriculaires à court terme chez les enfants atteints d'OMA. Les données probantes sont très incertaines quant aux effets du paracétamol et de l'ibuprofène sur les événements indésirables.

Le nombre très limité de participants nous a empêchés de tirer des conclusions définitives sur les effets de l'ibuprofène plus le paracétamol par rapport au paracétamol seul.

Quelles sont les limitations des données probantes ?

En raison de problèmes tels que les limites des études et les questions relatives à l'applicabilité des données probantes, nous n'avons qu'une faible confiance dans les données probantes pour toutes les comparaisons.

Dans quelle mesure ces données probantes sont-elles à jour ?

Les données probantes de cette revue sont à jour au 23 mai 2023.

Conclusions des auteurs: 

Malgré des recommandations explicites sur l'utilisation d'analgésiques chez les enfants atteints d'otite moyenne aiguë (OMA), les données probantes actuelles sur l'efficacité du paracétamol ou des AINS, seuls ou combinés, chez les enfants atteints d'OMA sont limitées. Le paracétamol et l'ibuprofène en monothérapie pourraient être plus efficaces que le placebo pour soulager les douleurs auriculaires à court terme chez les enfants atteints d'OMA. Les données probantes sont très incertaines en ce qui concerne l'effet de l'ibuprofène par rapport au paracétamol sur le soulagement des douleurs auriculaires à court terme chez les enfants atteints d'OMA, ainsi que pour l'efficacité de l'ibuprofène associé au paracétamol par rapport au paracétamol seul, ce qui empêche de tirer des conclusions définitives. D'autres recherches sont nécessaires pour mieux comprendre le rôle de l'ibuprofène en complément du paracétamol et d'autres analgésiques tels que les gouttes auriculaires contenant un anesthésique pour les enfants souffrant d'OMA.

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Contexte: 

L'otite moyenne aiguë (OMA) est l'une des maladies infectieuses les plus courantes chez l'enfant. La douleur est le principal symptôme de l'OMA et est au cœur de l'expérience de la maladie par les enfants et les parents. Les antibiotiques n'apportant que des bénéfices marginaux, le traitement analgésique comprenant le paracétamol (acétaminophène) et les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) est considéré comme la pierre angulaire de la prise en charge de l'OMA. Ceci est la mise à jour d'une revue publiée pour la première fois en 2016.

Objectifs: 

Notre objectif principal était d'évaluer l'efficacité du paracétamol (acétaminophène) ou des AINS, seuls ou combinés, par rapport à un placebo ou à l'absence de traitement pour soulager la douleur chez les enfants atteints d'OMA. Notre objectif secondaire était d'évaluer l'efficacité des AINS par rapport au paracétamol chez les enfants atteints d'OMA.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons consulté le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), numéro 5, avril 2023 ; MEDLINE (Ovid, de 1946 à mai 2023), Embase (de 1947 à mai 2023), CINAHL (de 1981 à mai 2023), LILACS (de 1982 à mai 2023), et Web of Science Core Collection (de 1955 à mai 2023). Nous avons recherché dans l’ICTRP de l'OMS et sur ClinicalTrials.gov les essais terminés et en cours (23 mai 2023).

Critères de sélection: 

Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés comparant l'efficacité du paracétamol ou des AINS, seuls ou combinés, pour soulager la douleur chez les enfants non hospitalisés âgés de six mois à 16 ans atteints d'OMA. Nous avons également inclus les essais portant sur le paracétamol ou les AINS, seuls ou combinés, pour les enfants souffrant de fièvre ou d'infections des voies respiratoires supérieures si nous étions en mesure d'extraire des données de sous-groupe sur le soulagement de la douleur chez les enfants atteints d'OMA, soit directement, soit après avoir obtenu des données supplémentaires auprès des auteurs des études. Nous avons extrait et résumé les données pour les comparaisons suivantes : paracétamol contre placebo, AINS contre placebo, AINS contre paracétamol, et AINS plus paracétamol contre paracétamol seul.

Recueil et analyse des données: 

Nous avons suivi les procédures méthodologiques standard définies par Cochrane. Nous avons évalué le niveau de confiance global des données probantes pour chaque critère de jugement d'intérêt à l'aide de l'approche GRADE.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus quatre essais (411 enfants) qui ont été évalués avec un risque de biais faible à élevé.

Le paracétamol par rapport au placebo

Les données d'un essai (148 enfants) ont servi de base à cette comparaison. Le paracétamol pourrait être plus efficace que le placebo pour soulager la douleur après 48 heures (proportion d'enfants souffrant de douleur 10 % par rapport à 25 %, risque relatif (RR) 0.38, intervalle de confiance (IC) à 95 % 0.17 à 0.85 ;nombre de sujets à traiter (NST) pour un résultat bénéfique supplémentaire 7 ; données probantes d’un niveau de confiance faible). Les données probantes sont très incertaines en ce qui concerne les effets du paracétamol sur la fièvre à 48 heures (RR 1.03, IC à 95 % 0.07 à 16.12 ; données probantes d’un niveau de confiance très faible) et les événements indésirables (RR 1.03, IC à 95 % 0.21 à 4.93 ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). Aucune donnée n'était disponible pour nos autres critères de jugement d'intérêt.

Les AINS par rapport au placebo

Les données d'un essai (146 enfants) ont servi de base à cette comparaison. L'ibuprofène pourrait être plus efficace que le placebo pour soulager la douleur après 48 heures (proportion d'enfants souffrant de douleur 7 % par rapport à 25 %, RR 0.28, IC à 95 % 0.11 à 0.70 ; NST pour un résultat bénéfique supplémentaire 6 ; données probantes d’un niveau de confiance faible). Les données probantes sont très incertaines en ce qui concerne l'effet de l'ibuprofène sur la fièvre à 48 heures (RR 1.06, IC à 95 % 0.07 à 16.57 ; données probantes d’un niveau de confiance très faible) et les événements indésirables (RR 1.76, IC à 95 % 0.44 à 7.10 ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). Aucune donnée n'était disponible pour nos autres critères de jugement d'intérêt.

Les AINS par rapport au paracétamol

Les données de quatre essais (411 enfants) ont servi de base à cette comparaison. Les données probantes sont très incertaines quant à l'effet de l'ibuprofène par rapport au paracétamol pour soulager la douleur à l'oreille à 24 heures (RR 0.83, IC à 95 % 0.59 à 1.18 ; 2 ECR, 39 enfants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible) ; à 48 à 72 heures (RR 0.91, IC à 95 % 0.54 à 1.54 ; 3 ECR, 183 enfants ; données probantes d’un niveau de confiance faible) ; et de quatre à sept jours (RR 0.74, IC à 95 % 0.17 à 3.23 ; 2 ECR, 38 enfants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible).

Les données probantes sont très incertaines quant à l'effet de l'ibuprofène par rapport au paracétamol sur le score moyen de la douleur à 24 heures (0.29 plus faible, IC à 95 % de 0.79 plus faible à 0,20 plus élevé; 3 ECR, 111 enfants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible) ; à 48 à 72 heures (0.25 plus faible, IC à 95 % de 0.66 plus faible à 0.16 plus élevé ; 3 ECR, 108 enfants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible) ; et de quatre à sept jours (0.30 plus élevé, IC à 95 % de 1.78 plus faible à 2.38 plus élevé ; 2 ECR, 31 enfants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible).

Les données probantes sont très incertaines quant à l'effet de l'ibuprofène par rapport au paracétamol sur la disparition de la fièvre à 24 heures (RR 0.69, IC à 95 % 0.24 à 2.00 ; 2 ECR, 39 enfants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible) ; à 48 à 72 heures (RR 1.18, IC à 95 % 0.31 à 4.44 ; 3 ECR, 182 enfants ; données probantes d’un niveau de confiance faible) ; et de quatre à sept jours (RR 2.75, IC à 95 % 0.12 à 60.70 ; 2 ECR, 39 enfants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible).

Les données probantes sont très incertaines quant à l'effet de l'ibuprofène par rapport au paracétamol sur les événements indésirables (RR 1.71, IC à 95 % 0.43 à 6.90 ; 3 ECR, 281 enfants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible) ; les nouvelles consultations (RR 1.13, IC à 95 % 0.92 à 1.40 ; 1 ECR, 53 enfants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible) ; et le report des prescriptions d'antibiotiques (RR 1.32, IC à 95 % 0.74 à 2.35 ; 1 ECR, 53 enfants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible).

Aucune donnée n'était disponible sur le délai de disparition de la douleur.

Les AINS plus paracétamol par rapport au paracétamol seul

Les données sur l'efficacité de l'association ibuprofène-paracétamol par rapport au paracétamol seul proviennent de deux essais qui ont fourni des données brutes de sous-groupes pour 71 enfants atteints d'OMA. Le petit échantillon a fourni des estimations d'effet imprécises, et nous n'avons donc pas pu tirer de conclusions fermes (données probantes d’un niveau de confiance très faible).

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Farah Noureddine et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.