L'oxycodone pour la douleur neuropathique chez l'adulte

Bilan

Il n'existe aucune preuve de bonne qualité indiquant que l'oxycodone est efficace pour la douleur de la neuropathie diabétique ou la névralgie post-herpétique. Aucune étude n'a rendu compte de son utilisation pour d'autres types de douleur neuropathique.

Contexte

La douleur neuropathique est une douleur qui provient de lésions nerveuses. Elle est différente des messages de douleur qui sont acheminés par des nerfs sains depuis un tissu lésé (par exemple une chute ou une coupure, ou de l'arthrite au genou). La douleur neuropathique est souvent traitée par des médicaments différents de ceux utilisés pour la douleur provenant d'un tissu lésé, que nous considérons souvent comme des analgésiques. Par exemple, les médicaments qui sont utilisés pour traiter la dépression ou l'épilepsie (crises) peuvent être très efficaces chez certaines personnes souffrant de douleur neuropathique. Mais parfois, des analgésiques opiacés sont utilisés pour traiter la douleur neuropathique.

Les analgésiques opiacés sont des médicaments comme la morphine. La morphine est dérivée de plantes, mais de nombreux opiacés sont également fabriqués par synthèse chimique plutôt que d'être extraits de plantes. L'oxycodone est un opiacé semi-synthétique, fabriqué à partir de l'alcaloïde opiacé, thébaïne.

Cette revue fait partie d'une mise à jour d'une revue précédente :l'oxycodone contre la douleur neuropathique et la fibromyalgie chez l'adulte, qui a désormais été divisée en deux revues distinctes pour les deux pathologies. Cette revue se concentre uniquement sur la douleur neuropathique.

Caractéristiques de l'étude

En décembre 2015, nous avons actualisé les recherches d'une revue Cochrane précédente pour trouver des essais cliniques qui utilisaient l'oxycodone pour traiter la douleur neuropathique chez l'adulte. Nous avons trouvé deux études supplémentaires à inclure. La revue précédente incluait trois études qui comparaient l'oxycodone à un placebo pendant plusieurs semaines, et les études supplémentaires ajoutaient l'oxycodone au traitement existant, un traitement par la prégabaline ou la gabapentine. La plupart des 687 personnes dans les études présentaient des douleurs aux membres consécutives à des lésions nerveuses causées par le diabète.

Résultats principaux

Seules des preuves de très faible qualité suggèrent que l'oxycodone permet de soulager la douleur. Par rapport au placebo, moins de personnes arrêtaient de prendre de l'oxycodone parce qu'elles estimaient que le traitement n'était pas efficace, mais davantage de personnes présentaient des effets secondaires.

Qualité des preuves

Nous avons évalué la qualité des preuves concernant les bénéfices et les effets délétères comme très faible en raison du petit nombre d'études et de participants, des critères de jugement rapportés, et des biais potentiels dus à la manière dont les études étaient analysées. Des preuves de très faible qualité signifient que nous sommes très incertains des résultats.

Conclusions des auteurs: 

Il n'y avait que des preuves de très faible qualité que l'oxycodone (comme l'oxycodone LP) est utile dans le traitement de la neuropathie diabétique douloureuse ou de la névralgie post-herpétique. Il n'y avait aucune preuve pour d'autres types de douleur neuropathique. Les événements indésirables typiques des opioïdes semblaient être fréquents.

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Contexte: 

Ceci est une mise à jour d'une revue précédente qui considérait à la fois la douleur neuropathique et la fibromyalgie (numéro 6, 2014), qui a désormais été divisée en deux revues distinctes pour les deux pathologies. Cette revue porte uniquement sur la douleur neuropathique.

Les opiacés, y compris l'oxycodone, sont couramment utilisés pour traiter la douleur neuropathique, et sont considérés comme efficaces par certains professionnels. La plupart des revues ont examiné tous les opioïdes ensemble. Cette revue a recherché des preuves spécifiques à l'oxycodone, prise à n'importe quelle dose, et par n'importe quelle voie d'administration. D'autres revues ont pris en compte d'autres opioïdes.

Objectifs: 

Évaluer l'efficacité analgésique et les événements indésirables de l'oxycodone pour la douleur neuropathique chronique chez l'adulte.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), MEDLINE et EMBASE depuis leur création jusqu'au 6 novembre 2013 pour la revue originale et à partir de janvier 2013 jusqu'au 21 décembre 2015 pour cette mise à jour. Nous avons également effectué des recherches dans les références bibliographiques des études et des revues identifiées, et dans deux registres d'essais cliniques en ligne. Cette mise à jour diffère de la revue précédente en ce que nous avons inclus les études utilisant l'oxycodone en combinaison avec la naloxone, et l'oxycodone utilisée comme traitement complémentaire à un traitement stable, mais inadéquat, avec une autre classe de médicament.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus des études randomisées, en double aveugle, d'une durée de deux semaines ou plus, comparant n'importe quelle dose ou formulation d'oxycodone à un placebo ou à un autre traitement actif contre la douleur neuropathique chronique.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont recherché des études, extrait les données sur l'efficacité et les événements indésirables, et ont examiné les questions de qualité des études et de biais potentiels. Lorsque l'analyse groupée était possible, nous avons utilisé des données dichotomiques pour calculer le risque relatif et le nombre de sujets à traiter pour observer un effet supplémentaire au moyen des méthodes standard.

Nous avons évalué les preuves en utilisant le système GRADE (Grading of Recommendations Assessment, Development and Evaluation) et créé un tableau « Résumé des résultats ».

Résultats principaux: 

Les recherches actualisées ont identifié une nouvelle étude publiée, et un rapport de registre d'essais cliniques. Nous avons inclus cinq études portant sur 687 participants ; 637 avait une neuropathie diabétique douloureuse et 50 avaient une névralgie post-herpétique. Deux études utilisaient un plan d'étude croisé et trois utilisaient un plan en groupes parallèles ; toutes les études utilisaient un contrôle par placebo, bien qu'une étude utilisait un placebo actif (benzatropine). L'oxycodone à libération prolongée (oxycodone LP) était ajustée pour l'effet et la tolérabilité. Une étude utilisait une combinaison à dose fixe d'oxycodone LP et de naloxone. Deux études ajoutaient le traitement par oxycodone à un traitement en cours stable par prégabaline ou gabapentine. Toutes les études présentaient une ou plusieurs sources de biais majeur potentiel.

Aucune étude ne rapportait la proportion de participants ressentant un bénéfice « substantiel » (au moins 50 % de soulagement de la douleur ou qui avaient ressenti une amélioration très importante). Trois études (537 participants) portant sur la neuropathie diabétique douloureuse ont rapporté des résultats équivalents à un bénéfice « modéré » (au moins 30 % de soulagement de la douleur ou qui avaient ressenti une amélioration importante ou très importante), qui était ressenti par 44 % des participants prenant de l'oxycodone et 27 % prenant le placebo (nombre de sujets à traiter pour obtenir un résultat bénéfique supplémentaire (NST) 5,7).

Toutes les études rendaient compte des scores de douleur moyens des groupes à la fin du traitement. Trois études rapportaient une plus grande réduction de l'intensité de la douleur et une plus grande satisfaction des patients avec l'oxycodone LP seule qu'avec le placebo. Il y avait un résultat similaire dans l'étude de l'ajout d'oxycodone LP à un traitement stable en cours par gabapentine, mais l'ajout d'oxycodone LP et de naloxone à un traitement stable en cours par prégabaline ne montrait aucun effet supplémentaire.

Davantage de participants rapportaient des événements indésirables avec l'oxycodone LP seule (86 %) qu'avec le placebo (63 %) ; le nombre de patients à traiter pour observer un effet indésirable était de 4,3. Les événements indésirables graves (oxycodone 3,4 %, placebo 7,0 %) et les abandons en raison d'événements indésirables (oxycodone 11 %, placebo 6,4 %) n'étaient pas significativement différents entre les groupes. Les arrêts prématurés dus à un manque d'efficacité étaient moins fréquents avec l'oxycodone LP (1,1 %) qu'avec le placebo (11 %), avec un nombre de sujets à traiter pour empêcher un retrait de 10. Les études complémentaires rapportaient des résultats similaires.

Nous avons rabaissé la qualité des données à très faible pour tous les critères de jugement, en raison de limitations des méthodes d'étude, de l'hétérogénéité dans les types de douleur et les méthodes d'étude de la douleur, et des données insuffisantes.

Notes de traduction: 

Traduction réalisée par Sophie Fleurdépine et révisée par Cochrane France

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.