Résection à en lumière bleue ou en lumière blanche dans le traitement des tumeurs de vessie non infiltrant le muscle

Problématique de la revue

Comment la résection (enlèvement chirurgical) d'une tumeur de la vessie en visualisation spéciale (lumière bleue) diffère de la résection standard en lumière blanche, chez les personnes soupçonnées d’avoir une tumeur de la paroi interne de la vessie ?

Contexte

Chez les personnes suspectées d'avoir un cancer de la vessie, les tissus suspects sont retirés de la paroi interne de la vessie à l'aide d'un instrument spécial introduit dans la vessie par l'urètre. Cependant, il est parfois difficile de distinguer une vessie normale d’un cancer. Afin de mieux voir la tumeur et de la retirer complètement, une substance dite un « agent de contraste » est introduite dans la vessie par un cathéter. Au cours de l'opération, une lumière spéciale est utilisée pour faire apparaître en bleu la zone cancéreuse.

Caractéristiques des études

Nous n'avons inclus dans la revue que des essais contrôlés randomisés (un type d'étude où les participants sont assignés au hasard à un des deux groupes de traitement voir plus), car ce type d'étude clinique est considéré comme étant celui de la plus haute qualité et produisant les résultats les plus fiables. Nous avons inclus les personnes étant très probablement atteintes d'un cancer de la vessie détecté soit par un examen d’imagerie (tell qu’une tomodensitométrie) soit visualisé directement dans la vessie. Nous avons inclus des études sur des personnes présentant des nouvelles tumeurs suspectes ainsi que sur des personnes ayant déjà été traitées pour un cancer de la vessie et chez qui on craignait une rechute.

Principaux résultats

Nous avons inclus 16 études répondant à la problématique de la revue. Dans l'ensemble, la résection du cancer de la vessie en lumière bleue pourrait réduire le risque de récidive de la maladie par rapport à la résection en lumière blanche (données probantes d’un niveau de confiance faible) et pourrait réduire le risque de progression de la maladie dans le temps (données probantes d’un niveau de confiance faible). Cependant, pour que cet effet soit suffisamment important pour être significatif chez les personnes atteintes d'un cancer de la vessie, cela dépend de leur appartenance au groupe à risque de récidive ou de progression de la maladie (pouvant être faible, intermédiaire ou élevé).

Nous avons également constaté que la lumière bleue aurait peu ou pas d'effet sur la survenue de complications chirurgicales graves (données probantes d’un niveau de confiance faible) et sur le risque de décès par cancer de la vessie (données probantes d’un niveau de confiance faible). L’effet de la RTUV en lumière bleue sur la réduction de l'incidence des effets indésirables demeure très incertain, en raison du faible niveau de confiance des données probantes. Nous ne savons pas comment les complications chirurgicales non graves sont affectées car des données sur ce critère de jugement n'ont pas été rapportées.

Qualité des données probantes

Le niveau de confiance des données probantes était faible ce qui signifie que des futures recherches modifieraient probablement nos résultats.

Conclusions des auteurs: 

Le traitement des tumeurs de vessie non infiltrant le muscle par résection transurétrale de la vessie (RTUV) en lumière bleue pourrait réduire le risque de récidive et de progression de la maladie dans le temps, en fonction du risque au début de l’étude, comparée à la RTUV en lumière blanche. Il pourrait y avoir peu ou pas d'effet sur les complications chirurgicales graves. Le niveau de confiance des données probantes était faible ce qui signifie que des études dans le futur sont susceptibles de modifier les estimations des effets rapportées. Les limites des études, l'incohérence et l'imprécision étaient des problèmes récurrents qui ont réduit le niveau de confiance des données probantes.

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Contexte: 

Le risque de récidive et de progression tumorale sont des enjeux majeurs du traitement des tumeurs de vessie non infiltrant le muscle (TVNIM). La résection transurétrale de la vessie (RTUV) en lumière bleue permet de mieux évaluer le caractère infiltrant des tumeurs et de réaliser une ablation complète des TVNIM.

Objectifs: 

Évaluer les effets de la RTUV en lumière bleue par rapport à la RTUV en lumière blanche dans le traitement des TVNIM.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons consulté plusieurs bases de données de littérature médicale dont la Bibliothèque Cochrane, Medline et Embase, ainsi que des registres d'essais dont ClinicalTrials.gov et le système d'enregistrement international des essais cliniques (ICTRP) de l'Organisation Mondiale de la Santé. Nous avons effectué une recherche exhaustive sans restriction de langue de publication ou de statut de publication jusqu'en mars 2021.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés comparant la RTUV en lumière bleue par rapport à celle en lumière blanche. Les participants inclus présentaient une lésion suspecte à l’imagerie ou une anomalie très évocatrice d’un carcinome urothélial primitif ou récidivant après cystoscopie. Nous avons exclu les études employant la lumière bleue dans un contexte de surveillance.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont indépendamment extrait les données et évalué le risque de biais. Nos critères de jugement principaux étaient le délai de récidive, le délai de progression tumorale et les complications chirurgicales graves. Les critères de jugement secondaires comprenaient le temps de survie après diagnostique de cancer de la vessie, les effets indésirables et les complications non graves. Nous avons évalué le niveau de confiance des données probantes en utilisant l'approche GRADE.

Résultats principaux: 

Dans la revue, nous avons inclus 16 essais contrôlés randomisés comportant 4325 participants. Les études ont comparé la RTUV en lumière bleue à celle en lumière blanche pour le traitement des TVNIM.

Critères de jugement principaux

La RTUV en lumière bleue pourrait réduire le risque de récidive au cours du temps (rapport des risques instantanés (hazard ratio, HR) 0,66, intervalle de confiance (IC) à 95 % entre 0,54 et 0,81 ; données probantes d’un niveau de confiance faible), selon le risque au début de l’étude. Chez les participants présentant un TVNIM à risque faible, intermédiaire et élevé, cela correspondait à 48 (66 en moins à 27 en moins), 109 (152 en moins à 59 en moins) et 147 (211 en moins à 76 en moins) récidives en moins pour 1000 participants par rapport à la RTUV en lumière blanche, respectivement.

La RTUV en lumière bleue réduirait également le risque de progression de la maladie au fil du temps (HR 0,65, IC à 95 % entre 0,50 et 0,84 ; données probantes d’un niveau de confiance faible) selon le risque au début de l’étude. Chez les participants présentant un TVNIM à risque faible, intermédiaire et élevé, cela correspondait à 1 (1 en moins à 0 en moins), 17 (25 en moins à 8 en moins) et 56 (81 en moins à 25 en moins) proliférations en moins pour 1000 participants par rapport à la RTUV en lumière blanche, respectivement.

La RTUV en lumière bleue pourrait avoir peu ou pas d'effet sur les complications chirurgicales graves (risque relatif (RR) 0,54, IC à 95 % entre 0,14 et 2,14 ; données probantes d’un niveau de confiance faible). Cela correspondait à 10 complications chirurgicales en moins (19 en moins à 25 en plus) pour 1000 participants avec la RTUV en lumière bleue.

Critères de jugement secondaires

La RTUV en lumière bleue pourrait avoir peu ou pas d'effet sur le risque de décès dû au cancer de la vessie, au fil du temps (HR 0,55, IC à 95 % entre 0,19 et 1,61 ; données probantes d’un niveau de confiance faible). Cela correspondait à 22 décès pour 1000 participants pour la RTUV en lumière blanche et à 10 décès en moins (17 en moins à 13 en plus) pour 1000 participants avec le RTUV en lumière bleue.

Nous sommes très incertains de la façon dont la RTUV en lumière bleue influe sur les effets indésirables (RR 1,09, IC à 95 % entre 0,88 et 1,33 ; données probantes d’un faible niveau de confiance).

Aucune analyse n'a été possible concernant le critère de jugement de complications chirurgicales non graves car il n'a été rapporté par aucune des études incluses.

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Astrid Zessler et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.