L'hygiène des mains peut-elle prévenir les infections chez les nouveau-nés ?

Problématique de la revue

L'hygiène des mains peut-elle prévenir les infections chez les nouveau-nés ?

Principaux messages :

1. Le gluconate de chlorhexidine (GCH) à deux pour cent (détergent antiseptique) réduit probablement le risque d'infections bactériennes chez les nouveau-nés par rapport à un désinfectant pour les mains à base d'alcool au cours des 28 premiers jours de vie.

2. Les effets indésirables des diverses interventions en matière d'hygiène des mains sur la peau des soignants n'étaient pas très différents.

3. Nous ne savons pas exactement quel type d'hygiène des mains est le plus efficace pour prévenir les infections chez les nouveau-nés.

Pourquoi l'hygiène des mains est-elle importante ?

Chaque année, environ 500 000 nouveau-nés meurent des suites d'une infection causée par une bactérie. La plupart de ces décès surviennent dans les pays pauvres. Les mains des mères et des autres soignants abritent de nombreux germes qui sont acquis lors du contact avec les sécrétions et des changements de couches ; ils ont été associés à des infections chez les nouveau-nés. Ces infections pourraient être évitées lorsque les personnes qui s'occupent de ces bébés ont des bonnes pratiques d’hygiène des mains. 

Qu'est-ce que l'hygiène des mains ?

L'hygiène des mains désigne toute forme de nettoyage des mains. Un autre terme pour l'hygiène des mains est le lavage des mains, qui implique de se laver les mains avec du savon ordinaire ou antiseptique et de l'eau.

Comment l'hygiène des mains est-elle censée fonctionner ?

Une bonne et fréquente hygiène des mains par les mères, les soignants et le personnel de santé pourrait réduire les infections du nouveau-né en réduisant la saleté et les germes sur leurs mains, réduisant ainsi leur capacité à infecter les bébés.

Que voulions-nous découvrir ?

Nous avons voulu savoir quel antiseptique, savon ou alcool, est le plus efficace pour l'hygiène des mains afin de prévenir les infections chez les nouveau-nés dans la communauté et les centres de soins.

Nous voulions également savoir si l'un des produits d'hygiène des mains pouvait entraîner des risques pour les mères et les travailleurs de la santé.

Comment avons-nous procédé ?

Nous avons recherché des études menées dans les communautés ou les centres de soins qui comparaient les bénéfices et les risques de toute forme de produits d'hygiène des mains (comme le savon, l'antiseptique, l'alcool, les désinfectants pour les mains ou les gants de toilette) à un autre type de produits ou à l'absence de produits d'hygiène des mains pour la prévention de l'infection chez les nouveau-nés. Nous avons recherché les études pertinentes jusqu'en juillet 2021. Nous avons comparé et résumé les résultats des études et évalué notre niveau confiance dans les données probantes, sur la base de la qualité des études. 

Qu’avons-nous trouvé ?

Nous avons inclus six études portant sur des infirmiers travaillant dans des unités de soins intensifs d'hôpitaux, sur tous les nouveau-nés à l'admission et sur des femmes enceintes en milieu communautaire. Trois des études portaient sur 279 infirmiers, et une étude n'indiquait pas clairement combien d'infirmiers avaient été recrutées pour l'étude ; deux autres études portaient sur 361 femmes enceintes issues de milieux communautaires. Les études ont comparé un « détergent antiseptique » par rapport à un désinfectant pour les mains à base d'alcool ; un « détergent antiseptique » par rapport à un savon ordinaire ; un désinfectant pour les mains à base d'alcool à des « soins usuels » ; un détergent antiseptique par rapport à des « soins usuels » et un antiseptique contenant de l'iode par rapport à un autre (Prepodyne par rapport à Bétadine).

Un détergent antiseptique à deux pour cent pourrait réduire le risque d'infections bactériennes chez les nouveau-nés par rapport à un désinfectant pour les mains à base d'alcool au cours des 28 premiers jours de vie. Dans l'ensemble, notre revue ne fournit pas de données probantes en faveur d'une meilleure efficacité d'une intervention en matière d'hygiène des mains par rapport à une autre pour la prévention des infections chez les nouveau-nés. Aucune des cinq études incluses n'a examiné d'autres questions importantes telles que la durée du séjour à l'hôpital. Les effets indésirables des diverses interventions en matière d'hygiène des mains sur la peau des soignants n'étaient pas très différents.

En conclusion, nous ne sommes pas sûrs de la meilleure intervention en matière d'hygiène des mains pour prévenir l'infection chez les nouveau-nés. Nous n'avons évalué que quelques études portant sur un petit nombre d'infirmiers et de bébés. En outre, la plupart des études évaluées présentaient un risque de biais élevé. Des études de plus grande envergure, avec un faible risque de biais, sont nécessaires pour pouvoir tirer des conclusions fiables.

Quelles sont les limites des données probantes ?

Nous ne disposons pas d'informations suffisantes pour nous permettre de tirer des conclusions significatives quant au meilleur produit d'hygiène des mains pour la prévention des infections chez le nouveau-né, car de nombreuses études incluses présentaient des problèmes au niveau de leur réalisation. Nous n'avons pas confiance dans les données probantes disponibles pour tirer des conclusions sur l'efficacité de ces interventions d'hygiène des mains pour prévenir l'infection chez les nouveau-nés.

Sources de financement des études

Les sources de financement ont été déclarées par quatre des études incluses, mais deux études n'ont pas indiqué comment elles avaient été financées.

Ces données probantes sont-elles à jour ?

Les données probantes sont à jour jusqu'au 12 décembre 2022.

Conclusions des auteurs: 

Nous avons trouvé peu de données qui nous permettraient de tirer des conclusions significatives quant à la supériorité d'une forme d'agent antiseptique pour l'hygiène des mains par rapport à une autre pour la prévention de l'infection néonatale. En outre, les données éparses disponibles étaient d'un niveau de confiance de modéré à très faible. Nous sommes incertains quant à la supériorité d'un agent d'hygiène des mains par rapport à un autre, car cette revue ne comprenait que très peu d'études présentant des limites très importantes.

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Contexte: 

Chaque année, les infections contribuent à environ 25 % des 2,8 millions de décès néonatals dans le monde. Plus de 95 % des décès néonatals liés à la septicémie surviennent dans les pays à revenu faible et intermédiaire. L'hygiène des mains est une méthode peu coûteuse et rentable de prévention des infections chez les nouveau-nés, ce qui en fait une intervention abordable et pratique dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Par conséquent, les pratiques d'hygiène des mains pourraient offrir de fortes perspectives de réduction de l'occurrence des infections et des décès néonatals liés aux infections.

Objectifs: 

Déterminer l'efficacité de différents produits d'hygiène des mains pour prévenir les infections néonatales dans les communautés et les établissements de santé.

Stratégie de recherche documentaire: 

Des recherches ont été menées sans restriction sur la date ou la langue en décembre 2022 dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), MEDLINE, Embase et Cumulated Index to Nursing and Allied Health Literature (CINAHL), clinicaltrials.gov et le système d'enregistrement international des essais cliniques (ICTRP). Les références bibliographiques des études extraites ou des revues systématiques connexes ont été examinées pour les études non identifiées par les recherches.  

Critères de sélection: 

Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés (ECR), des essais croisés et des essais en grappes qui incluaient des femmes enceintes, des mères, d'autres soignants et des travailleurs de la santé qui ont bénéficié d'interventions dans le cadre communautaire ou dans des établissements de santé, et des nouveau-nés dans des unités de soins néonatals ou dans le cadre communautaire.

Recueil et analyse des données: 

Nous avons utilisé les procédures méthodologiques standard attendues par Cochrane et l'approche GRADE pour évaluer le niveau de confiance des données probantes. Les principaux critères de jugement étaient l'incidence de l'infection suspectée (définie par l'auteur de l'étude) au cours des 28 premiers jours de vie, l'infection bactériologiquement confirmée au cours des 28 premiers jours de vie, la mortalité toutes causes confondues au cours des sept premiers jours de vie (décès néonatal précoce) et la mortalité toutes causes confondues du 8e au 28e jour de vie (décès néonatal tardif).

Résultats principaux: 

Notre revue a porté sur six études : deux ECR, un ECR en grappes et trois essais croisés. Trois études ont porté sur 3281 nouveau-nés ; les trois autres n'ont pas précisé le nombre réel de nouveau-nés inclus dans leur étude. Trois études ont porté sur 279 infirmiers travaillant dans des unités de soins intensifs néonatals (USIN). Le nombre d'infirmiers inclus n'a pas été précisé par une étude. Un ECR en grappes a inclus 103 femmes enceintes de plus de 34 semaines de gestation provenant de 10 villages dans un cadre communautaire (sources de données : 103 paires mère-nouveau-né) et une autre étude communautaire a inclus 258 femmes enceintes mariées à 32 ou 34 semaines de gestation (l'essai a rapporté des événements indésirables sur 258 mères et 246 nouveau-nés). Des études ont examiné l'efficacité de différentes pratiques d'hygiène des mains pour l'incidence d'une infection suspectée (définie par l'auteur de l'étude) au cours des 28 premiers jours de vie. Trois études ont été classées comme présentant un faible risque de biais d'attribution, deux études ont été classées comme présentant un risque incertain et une étude a été classée comme présentant un risque élevé. Une étude a été classée comme ayant un risque de biais faible pour la dissimulation de l'allocation, une étude a été classée comme ayant un risque incertain et quatre ont été classées comme ayant un risque élevé. Deux études ont été classées comme présentant un faible risque de biais de performance et deux ont été classées comme présentant un faible risque de biais d'attrition. 

Une catégorie d'agents par rapport à une autre catégorie d'agents : Gluconate de chlorhexidine à 2 % (GCH) comparé à un désinfectant pour les mains à base d'alcool (61 % d'alcool et d'émollients)

Pour cette comparaison, aucune étude n'a évalué l'effet de l'intervention sur l'incidence d'une infection présumée dans les 28 premiers jours de vie. Le gluconate de chlorhexidine (GCH) à deux pour cent réduit probablement le risque de toute infection chez les nouveau-nés par rapport à un désinfectant pour les mains à base d'alcool à 61 % en ce qui concerne l'incidence de toute infection confirmée bactériologiquement au cours des 28 premiers jours de vie (risque relatif (RR) 0.79, intervalle de confiance (IC) à 95 % 0.66 à 0.93 ; 2932 participants, 1 étude ; données probantes d’un niveau de confiance modéré), nombre de sujets à traiter (NST) pour un résultat bénéfique supplémentaire : 385.

Les critères de jugement indésirables ont été rapportés en tant que changement cutané moyen auto-rapporté et changement cutané moyen rapporté par l'observateur. Il est possible qu'il y ait peu ou pas de différence entre les effets du GCH à 2 % sur la peau des infirmiers et ceux du désinfectant pour les mains à base d'alcool, sur la base de données probantes d’un niveau de confiance très faible pour le changement cutané moyen auto-rapporté (différence de moyennes (DM) -0.80, IC à 95 % -1.59 à -0.01 ; 119 participants, 1 étude) et pour le changement cutané moyen déclaré par l'observateur (DM -0.19, IC à 95 % -0.35 à -0.03 ; 119 participants, 1 étude), respectivement.

Nous n'avons pas trouvé d'étude rapportant la mortalité toutes causes confondues et d'autres critères de jugement pour cette comparaison.

Aucune des études incluses n'a évalué la mortalité toutes causes confondues au cours des sept premiers jours de vie ni la durée du séjour à l'hôpital.

Une catégorie d'agents par rapport à deux ou plusieurs autres catégories d'agents : GCH comparé à un simple savon liquide + désinfectant pour les mains

Nous n'avons identifié aucune étude rapportant nos critères de jugement principaux et secondaires pour cette comparaison, à l'exception des événements indésirables définis par l'auteur. Nous ne sommes pas certains que le savon ordinaire et le désinfectant pour les mains soient meilleurs que le GCH pour la peau des infirmiers sur la base de données probantes d’un niveau de confiance très faible (DM -1.87, IC à 95 % -3.74 à -0.00 ; 16 participants, 1 étude ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). 

Un agent par rapport aux soins standards : désinfectant pour les mains à base d'alcool contre les soins usuels

Les données probantes sont très incertaines quant à la question de savoir si l'exfoliant pour les mains à base d'alcool est plus efficace que les soins usuels dans la prévention des infections suspectes signalées par les mères (RR 0.98, IC 0.69 à 1.39 ; 103 participants, 1 étude, données probantes d’un niveau de confiance très faible). Nous ne sommes pas certains que les désinfectants pour les mains à base d'alcool soient plus efficaces que les soins usuel pour réduire la mortalité néonatale précoce et tardive (RR 0.29, IC à 95 % 0.01 à 7.00 ; 103 participants, 1 étude ; données probantes d’un niveau de confiance très faible) et (RR 0.29, IC à 95 % 0.01 à 7.00 ; 103 participants, 1 étude ; données probantes d’un niveau de confiance très faible), respectivement. Nous n'avons pas identifié d'études rapportant d'autres critères de jugement pour cette comparaison.

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Farah Noureddine et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.