Radiothérapie par protons par rapport à la radiothérapie conventionnelle (c'est-à-dire par photons) dans le traitement des chordomes

Quelle est la question ?
Le chordome est une tumeur rare qui peut se développer à n'importe quel endroit de la colonne vertébrale. Comme certaines localisations sont difficiles à atteindre, il est possible qu’une partie de la tumeur reste sur place, même après une chirurgie agressive. Dans ce cas, l'irradiation de la zone postopératoire peut contribuer à réduire les risques de récidive de la tumeur. Étant donné la proximité de la moelle épinière et d'autres organes importants, des techniques d'irradiation spéciales sont nécessaires pour maximiser le contrôle de la tumeur, tout en minimisant les dommages aux tissus normaux du corps.

Pourquoi cette revue est-elle importante ?
Au moment de cette revue, il n’existe pas suffisamment de données probantes pour confirmer un bénéfice avec la protonthérapie par rapport à la radiothérapie conventionnelle par photons. Toutefois, il est important de noter que cette revue a permis de trouver un certain nombre de techniques d'irradiation pour la protonthérapie mais aussi pour la photonthérapie. Au fur et à mesure de l'apparition des données probantes comparant les dernières techniques de protonthérapie et de photonthérapie, nous mettrons à jour cette revue.

L’objectif de la revue :
L'objectif de cette revue Cochrane était de déterminer si la protonthérapie était plus efficace que la photonthérapie pour améliorer le contrôle local et réduire la mortalité, la récidive et la toxicité liée au traitement. Nous avons recueilli et analysé toutes les études pertinentes pour répondre à cette question.

Quels sont les principaux résultats ?
Nous avons inclus six études qui ont recruté 187 adultes atteints de chordome, dont quatre ont été incluses dans une méta-analyse. Nous ne sommes pas certains que la radiothérapie par protons, comparée à la radiothérapie conventionnelle par photons, améliore le contrôle local, car notre confiance dans les données probantes était très faible (2 études observationnelles, 39 participants). Nous ne sommes pas certains que la protonthérapie, comparée à la photonthérapie, réduise la mortalité (4 études observationnelles, 65 participants), la récidive (4 études observationnelles, 94 participants) ou la toxicité liée au traitement (1 étude observationnelle, 33 participants).

Qualité des données probantes :
Nous avons trouvé des données probantes d’un niveau de confiance très faible pour tous les critères de jugement en raison du risque élevé de biais dans toutes les études observationnelles incluses, de la très petite taille des échantillons et des durées des périodes de suivi des participants variables entre les études.

Conclusions des auteurs :
D'après les données probantes actuellement disponibles, nous ne savons pas si la protonthérapie, utilisée pour les adultes atteints de chordome, est associée à des bénéfices cliniquement appréciables et à des risques acceptables.

Les recherches existantes sur cette question ne sont que des études non randomisées, elles ont une faible puissance statistique avec une imprécision importante. Toute estimation de l'effet basée sur les données probantes insuffisantes existantes est très incertaine et est susceptible de changer avec les recherches futures.

Conclusions des auteurs: 

Il existe un manque de données probantes publiées pour confirmer une différence d'effet clinique entre la protonthérapie et la photonthérapie dans le traitement des chordomes. Au fur et à mesure que les techniques d’irradiation évoluent, des données multi-institutionnelles devraient être collectées de manière prospective et publiées, afin d'aider à identifier les personnes qui bénéficieraient le plus des techniques de radiothérapie disponibles.

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Contexte: 

Le chordome est une tumeur osseuse primaire rare avec une forte propension à la récidive locale. La résection chirurgicale est le pilier du traitement, mais la résection complète est souvent morbide en raison de la localisation de la tumeur. De même, la dose de radiothérapie (RT) que les organes sains environnants peuvent tolérer est souvent inférieure à celle requise pour assurer un contrôle efficace de la tumeur. C'est pourquoi les cliniciens ont étudié différentes techniques d'irradiation, souvent en association avec la chirurgie, afin d'améliorer l’index thérapeutique.

Objectifs: 

Évaluer les effets et la toxicité de la radiothérapie (RT) adjuvante par protons et photons chez les personnes atteintes d'un chordome confirmé par biopsie.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans CENTRAL (2021, numéro 4) ; MEDLINE Ovid (1946 à avril 2021) ; Embase Ovid (1980 à avril 2021), ainsi que dans les registres en ligne des essais cliniques et les résumés des réunions scientifiques jusqu'en avril 2021.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus les adultes atteints d'un chordome primaire confirmé par examen anatomopathologique, qui ont été irradiés avec une intention curative, avec des protons ou des photons sous forme de RT fractionnée, RCS (radiochirurgie stéréotaxique), de RTSC (radiothérapie stéréotaxique corporelle) ou de RCMI (radiothérapie conformationnelle avec modulation d'intensité). Nous avons limité l'analyse aux études qui incluaient les critères de jugement concernant à la fois les participants traités avec des protons et les participants traités avec des photons.

Recueil et analyse des données: 

Les principaux critères de jugement étaient le contrôle local, la mortalité, la récidive et la toxicité liée au traitement. Nous avons suivi les procédures méthodologiques standard actuelles de Cochrane pour l'extraction, la gestion et l'analyse des données. Nous avons utilisé l'outil ROBINS-I pour évaluer le risque de biais, et GRADE pour évaluer le niveau de confiance des données probantes.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus six études observationnelles avec 187 participants adultes. Nous avons jugé que toutes les études présentaient un risque élevé de biais. Quatre études ont été incluses dans la méta-analyse.

Nous ne savons pas si la protonthérapie par rapport à la photonthérapie aggrave ou n'a pas d'effet sur le contrôle local (rapport des risques instantanés (hazard ratio, HR) de 5,34, intervalle de confiance (IC) à 95 % de 0,66 à 43,43 ; 2 études observationnelles, 39 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible).

La durée médiane de survie se situait entre 45,5 mois et 66 mois. Nous ne savons pas si la protonthérapie par rapport à la photonthérapie réduit ou n'a pas d'effet sur la mortalité (HR de 0,44, IC à 95 % de 0,13 à 1,57 ; 4 études observationnelles, 65 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible).

La durée médiane de survie sans récidive se situait entre 3 et 10 ans. Nous ne savons pas si la protonthérapie par rapport à la photonthérapie réduit ou n'a pas d'effet sur la récidive (HR de 0,34, IC à 95 % de 0,10 à 1,17 ; 4 études observationnelles, 94 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible).

Une étude a évalué la toxicité liée au traitement et a rapporté que quatre participants sous protonthérapie ont développé une nécrose radio-induite de l'os temporal, des lésions radio-induites du tronc cérébral et une mastoïdite chronique ; un participant sous photonthérapie a développé une perte auditive, une aggravation de la parésie du septième nerf crânien et une kératite ulcéreuse (risque relatif (RR) de 1,28, IC à 95 % de 0,17 à 9,86 ; 1 étude observationnelle, 33 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). Il n'y a pas de données probantes montrant que les protons ont conduit à une réduction de la toxicité.

Il existe des données probantes d’un niveau de confiance très faible qui montrent un bénéfice pour la protonthérapie par rapport à la photonthérapie en ce qui concerne le contrôle local, la mortalité, la récidive et la toxicité liée au traitement.

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Mélaine Lim et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.