Utilisation de traitements antibiotiques dans les infections de longue durée provoquées par les bactéries du complexe Burkholderia cepacia chez les personnes atteintes de mucoviscidose

Problématique de la revue

Nous avons examiné les données probantes concernant les traitements antibiotiques à long terme chez les personnes atteintes de mucoviscidose (fibrose kystique) qui sont infectées par le complexe Burkholderia cepacia (complexe bactérien composé d'au moins 20 espèces de bactéries différentes).

Contexte

Les personnes atteintes de mucoviscidose souffrent souvent d'infections pulmonaires répétées et leurs poumons finissent éventuellement par être infectés de façon permanente par des bactéries, notamment une famille de bactéries appelée le complexe Burkholderia cepacia qui peut provoquer des complications en raison de leur non-réponse à de nombreux antibiotiques et peuvent accélérer la détérioration de l’état pulmonaire dans les maladies respiratoires. Nous voulions savoir si l'utilisation d'un traitement par antibiotiques à long terme était bénéfique chez les personnes atteintes de mucoviscidose et infectées par le complexe Burkholderia cepacia.

Date des recherches

Les données probantes sont à jour au : 12 avril 2021.

Caractéristiques des études

Cette revue a inclus une étude portant sur 100 personnes âgées entre 6 et 57 ans. L'étude comparait un antibiotique inhalé dénommé aztréonam à un placebo (une substance qui ne contient aucun médicament mais qui simule l’effet d’un médicament réel) et les personnes ont été placées de manière aléatoire dans l'un ou l'autre groupe de traitement. L'étude a duré 52 semaines.

Principaux résultats

La seule étude incluse dans cette revue a révélé que l'aztréonam inhalé n'avait pas d’effet bénéfique sur la fonction pulmonaire ou sur le taux d'infections pulmonaires chez les personnes atteintes de mucoviscidose et d'infection par le complexe Burkholderia cepacia. Il n'y avait pas de différence entre les groupes concernant le délai moyen avant la prochaine exacerbation de la maladie ou le nombre de personnes hospitalisées pour une exacerbation. Globalement, les effets indésirables étaient semblables entre les deux groupes. En ce qui concerne les autres critères de jugement évalués, il n'y avait pas de différence entre les groupes quant à la mortalité, la qualité de vie ou la densité des expectorations. Davantage de recherches sont nécessaires pour déterminer si d'autres antibiotiques inhalés pourraient être utiles.

Qualité des données probantes

La qualité globale des données probantes a été considérée comme étant modérée pour tous les critères de jugement, ce qui implique que des recherches ultérieures auront probablement un impact important sur les résultats.

Conclusions des auteurs: 

Nous n'avons pas trouvé suffisamment de données probantes dans la littérature pour déterminer une stratégie efficace d'antibiothérapie pour le traitement de l'infection chronique par le complexe Burkholderia cepacia.

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Contexte: 

La mucoviscidose (fibrose kystique) est une maladie héréditaire limitant l'espérance de vie et qui atteint un certain nombre d'organes, mais qui est généralement associée à une infection pulmonaire chronique et à une perte progressive de la fonction pulmonaire. L'infection chronique par les bactéries du complexe Burkholderia cepacia (CBC) est associée à une morbidité et à une mortalité accrues et représente donc un défi de taille pour les cliniciens qui traitent les personnes atteintes de mucoviscidose. Cette revue systématique examine les données probantes actuelles relatives aux recherches sur l'antibiothérapie à long terme chez les personnes atteintes de mucoviscidose et d'infection chronique par le CBC.

Objectifs: 

L'objectif de cette revue est d'évaluer les effets de l'antibiothérapie orale et inhalée à long terme ciblant les infections pulmonaires chroniques à CBC chez les personnes atteintes de mucoviscidose. L'objectif principal est d'évaluer l'efficacité des traitements en termes d'amélioration de la fonction pulmonaire et de réduction de la fréquence des exacerbations. Les objectifs secondaires comprennent la quantification des événements indésirables, de la mortalité et des changements au niveau de la qualité de vie associés au traitement.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons fait des recherches dans le registre des essais cliniques du groupe Cochrane sur la mucoviscidose, compilé à partir de recherches dans des bases de données électroniques et de recherches manuelles dans des revues et des d’actes de colloques. Nous avons également effectué des recherches dans les registres d'essais cliniques en ligne et dans les références bibliographiques des articles et des revues pertinents.

Date des dernières recherches : 12 avril 2021.

Critères de sélection: 

Essais contrôlés randomisés (ECR) sur l'antibiothérapie à long terme chez les personnes atteintes de mucoviscidose et d'infection chronique par le CBC.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs ont extrait des données de façon indépendante, ont évalué le risque de biais et ont évalué la qualité des données probantes à l'aide de GRADE.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus un ECR (100 participants) qui a duré 52 semaines et qui a comparé l'aztréonam lysine (AZLI) en inhalation continue avec un placebo dans une répartition randomisée en double aveugle pendant 24 semaines, suivie d'une prolongation du suivi de 24 semaines avec levée d’aveugle et d'une période de suivi de quatre semaines. L'âge moyen des participants était de 26,3 ans, 61 % des participants étaient des sujets de sexe masculin et la fonction pulmonaire moyenne était à 56,5 % de la prédite.

Le traitement par AZLI pendant 24 semaines n’était pas associé à une amélioration du volume expiratoire maximal par seconde (VEMS),avec une différence moyenne de 0,91 % (intervalle de confiance (IC) à 95 % entre -3,15 et 4,97) (données probantes de qualité modérée). Le délai médian avant l’exacerbation suivante était de 75 jours dans le groupe AZLI comparativement à 51 jours dans le groupe placebo, mais cette différence n'était pas significative (p = 0,27) (données probantes de qualité modérée). De même, concernant le nombre de participants hospitalisés pour des exacerbations respiratoires, il n’y avait aucune différence entre les groupes, le risque relatif (RR) étant de 0,88 (IC à 95 % entre 0,53 et 1,45) (données probantes de qualité modérée). De manière globale, les effets indésirables étaient semblables entre les groupes, RR de 1,08 (IC à 95 % entre 0,98 et 1,19) (données probantes de qualité modérée). Il n'y avait pas de différences significatives entre les groupes traités en ce qui concerne la mortalité (données probantes de qualité modérée), la qualité de vie ou la densité des expectorations.

En ce qui concerne la qualité méthodologique, le risque global de biais dans l'étude a été évalué comme étant pas clair à faible.

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Serge Medawar et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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