Utilisation d’analogues de l’insuline à action rapide comparés à l’insuline humaine ordinaire pour traiter les adultes atteints de diabète sucré de type 1

Problématique de la revue

Les analogues de l’insuline à action rapide sont-ils plus utiles que l'insuline humaine ordinaire pour traiter les adultes atteints de diabète de type 1 ?

Contexte

Le diabète est une maladie caractérisée par un taux de sucre (glucose) dans le sang trop élevé chez la personne qui en est atteinte. L'insuline est une hormone libérée par le pancréas (un petit organe situé derrière l'estomac). Elle contrôle le taux de glucose dans le sang. Dans le diabète de type 1, le pancréas ne produit pas d'insuline et la personne doit donc s'en injecter pour contrôler son taux de glucose et rester en bonne santé. Les analogues de l’insuline à action rapide (tels que l'insuline lispro, l'insuline asparte et l'insuline glulisine) agissent plus rapidement que l'insuline humaine ordinaire. Ils peuvent être injectés immédiatement avant les repas et entraînent une baisse de la glycémie après l’ingestion de nourriture.

Caractéristiques des études

Nous avons trouvé neuf essais contrôlés randomisés (études cliniques dans lesquelles les personnes sont placées au hasard dans un groupe de traitement parmi deux ou plusieurs). Ces essais comparent les analogues de l'insuline (l'insuline lispro et l'insuline asparte) à l'insuline humaine ordinaire chez 2 693 participants au total. Les participants des études incluses ont fait l’objet d’un suivi pendant 24 à 52 semaines.

Ces données probantes sont à jour au 15 avril 2015.

Principaux résultats

Selon notre analyse, les analogues de l'insuline à action rapide étaient légèrement meilleurs que l'insuline humaine ordinaire pour le contrôle glycémique à long terme (où le glucose dans le sang est à des niveaux contrôlés). Les patients ont présenté des épisodes d'hypoglycémie en nombre similaire, en particulier pour l'hypoglycémie (nocturne) sévère. Nous n'avons pas trouvé d’informations sur les complications tardives du diabète, telles que des problèmes affectant les yeux, les reins ou les pieds. Les études n'ont pas rapporté les coûts et leur durée était trop courte pour pouvoir examiner les décès toutes causes avec fiabilité. Nous n'avons pas non plus trouvé de preuves claires d'un effet marqué des analogues de l'insuline sur la qualité de vie en matière de santé (santé physique, mentale, émotionnelle et sociale).

Valeur probante des données

Les études incluses étaient de faible ou très faible qualité, ce qui est principalement dû au fait qu'aucune des études n'a été menée en aveugle (études où les professionnels de santé et les participants ignorent quel traitement a été administré), c’est pourquoi le risque de biais était présent dans toutes les études, et en particulier pour les critères de jugement tels que les épisodes hypoglycémiques. En outre, plusieurs études ont montré des incohérences dans la communication des méthodes et des résultats.

Conclusions des auteurs: 

Notre analyse suggère un effet bénéfique mineur des analogues de l'insuline à action rapide sur le contrôle du glucose dans le sang chez les personnes atteintes de diabète de type 1. Afin de pouvoir tirer des conclusions sur l’effet des analogues de l'insuline à action rapide sur les critères de jugement à long terme importants pour les patients, nous avons besoin de données sur l’efficacité et la tolérance à long terme.

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Contexte: 

L'utilisation d'analogues de l'insuline à action rapide pour traiter les personnes atteintes de diabète est toujours controversée, comme en témoignent les nombreux débats scientifiques.

Objectifs: 

Évaluer les effets des analogues de l'insuline à action rapide par rapport à l'insuline humaine ordinaire chez les adultes atteints de diabète de type 1.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches électroniques via Ovid en interrogeant simultanément les bases de données suivantes : Ovid MEDLINE(R), Ovid MEDLINE(R) In-Process & Other Non-Indexed Citations, Ovid MEDLINE(R) Daily et Ovid OLDMEDLINE(R) (de 1946 au 14 avril 2015), EMBASE (de 1988 à la semaine 15 de 2015), le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL ; mars 2015), ClinicalTrials.gov et le registre des essais cliniques de l’UE (tous deux en mars 2015).

Critères de sélection: 

Nous avons inclus tous les essais contrôlés randomisés d'une durée d'intervention d'au moins 24 semaines qui comparaient les analogues de l'insuline à action rapide avec les insulines humaines ordinaires pour traiter les adultes atteintes de diabète de type 1 à l’exclusion des femmes enceintes.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont indépendamment extrait des données, évalué le risque de biais des essais, et ont résolu les différences par consensus. Nous avons évalué la qualité globale des études en utilisant la méthode GRADE (Grading of Recommendations Assessment, Development, and Evaluation). Nous avons utilisé des modèles à effets aléatoires pour les principales analyses et nous avons présenté les résultats sous forme de rapports des cotes (RC) avec des intervalles de confiance (IC) à 95 % pour les critères de jugement dichotomiques.

Résultats principaux: 

Nous avons identifié neuf essais qui remplissaient les critères d'inclusion, avec 2693 participants. La durée des interventions allait de 24 à 52 semaines, avec une moyenne d'environ 37 semaines. Les profils des participants variaient notamment en ce qui concerne la durée du diabète et les critères d’inclusion et d’exclusion aux études. La majorité des essais ont été réalisés dans les années 1990 et les participants ont été recrutés en Europe, en Amérique du Nord, en Afrique et en Asie. Aucun des essais n'a été réalisé en aveugle, c’est pourquoi le risque de biais de performance était présent dans tous les essais, en particulier pour les critères de jugement subjectifs tels que l'hypoglycémie. En outre, plusieurs essais ont montré des incohérences dans la communication des méthodes et des résultats.

La différence moyenne (DM) de l'hémoglobine glycosylée A1c (HbA1c) était de -0,15 % (IC à 95 % -0,2 % à -0,1 % ; valeur P < 0,00001 ; 2 608 participants ; 9 essais ; preuves de faible qualité) en faveur des analogues de l'insuline. La comparaison des risques d'hypoglycémie grave entre les deux groupes de traitement a montré un RC de 0,89 (IC à 95 % 0,71 à 1,12 ; valeur P = 0,31 ; 2 459 participants ; 7 essais ; preuves de très faible qualité). Pour l'hypoglycémie globale, qui inclut également les formes légères d'hypoglycémie, les données étaient généralement de faible qualité et n'indiquaient pas de différences substantielles entre les groupes. Concernant les épisodes d'hypoglycémie nocturne sévère, deux essais ont rapporté des effets statistiquement significatifs en faveur de l'analogue de l'insuline, l'insuline asparte. Toutefois, en raison de l'incohérence des publications et des rapports des essais, la validité des résultats reste discutable.

Nous n'avons pas non plus trouvé de preuves claires d'un effet substantiel des analogues de l'insuline sur la qualité de vie en matière de santé. Cependant, il y avait peu de résultats à l’appui de ce critère, seulement issus de sous-groupes des populations d'essai. Aucun des essais n'a rapporté d'effets secondaires importants concernant la prise de poids ou tout autre effet indésirable. Il n’y avait pas d’essai conçu pour étudier les éventuels effets à long terme (tels que la mortalité toutes causes confondues et les complications diabétiques), en particulier chez les personnes souffrant de complications liées au diabète.

Notes de traduction: 

Post-édition : Emmy Bussière - Révision : Lise Mayrand (M2 ILTS, Université de Paris)

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.