L'hydromorphone dans le traitement de la douleur liée au cancer

Contexte

Plus de 75 % des personnes atteintes d'un cancer vivent l’expérience de la douleur. Environ 30 à 50 % d’entre elles souffrent de douleurs modérées à sévères, qui peuvent avoir un impact négatif sur la vie quotidienne. La douleur liée au cancer est un symptôme pénible qui tend à s'aggraver à mesure que la maladie progresse. L'hydromorphone pourrait aider à soulager ces symptômes. La douleur liée au cancer est généralement traitée avec des médicaments tels que la morphine, l'oxycodone, le fentanyl ou l'hydromorphone. Cette revue a examiné les bénéfices et les risques de l'hydromorphone par rapport à d'autres médicaments.

Caractéristiques des études

En novembre 2020, nous avons mis à jour nos recherches sur les essais contrôlés randomisés comparant l'hydromorphone à un placebo, un opioïde alternatif ou un autre contrôle actif. Les essais contrôlés randomisés sont des études dans lesquelles les participants sont aléatoirement répartis dans différents groupes de traitements. Nous avons trouvé quatre études qui comparaient l'hydromorphone à l'oxycodone, trois études qui comparaient l'hydromorphone à la morphine et une étude qui comparait l'hydromorphone au fentanyl.

Résultats

Cette revue comprend huit études (quatre nouvelles études incluses dans cette version mise à jour) avec 1283 participants comparant l'hydromorphone à l'oxycodone, la morphine ou le fentanyl chez des adultes (âgés de 18 ans et plus) souffrant de douleurs cancéreuses modérées à sévères. Aucune des études n'a comparé l'hydromorphone à un placebo. Aucune des études n’a inclus des enfants.

Nous n'avons pas constaté de différence dans les scores d'intensité de la douleur entre les différents groupes de traitement et, en moyenne, les patients ont rapporté un faible niveau de douleur après l'administration d'opioïdes. L'hydromorphone semblait être aussi efficace que la morphine, l'oxycodone et le fentanyl. Il y a eu quelques effets secondaires, comme des nausées, des vomissements, des vertiges et de la constipation, mais globalement, il n'y avait pas de différence nette entre les sujets ayant reçu de l'hydromorphone et ceux ayant reçu de la morphine, de l'oxycodone ou du fentanyl.

Niveau de confiance des données probantes

Nous avons évalué le niveau de confiance des données probantes issues des études en utilisant quatre niveaux : très faible, faible, modéré ou élevé. Des données probantes d’un niveau de confiance très faible signifient que nous sommes très incertains des résultats. Des données probantes d’un niveau de confiance élevé signifient que nous sommes très confiants dans les résultats. Aucun résultat n'a été évalué comme étant d’un niveau de confiance élevé ; nous n'avons identifié que des données probantes d’un niveau de confiance très faible pour l'intensité de la douleur, le soulagement de la douleur et les effets secondaires. Ces critères de jugement ont été classés comme ayant un niveau de confiance très faible, soit car il y avait peu d'essais inclus avec peu de participants, soit en raison d'autres sources de biais, comme des intérêts concurrents potentiels avec l'industrie pharmaceutique.

Conclusions

Les études n'ont pas fourni suffisamment de données probantes d’un niveau de confiance élevé pour tirer des conclusions fermes ; les données probantes des bénéfices et des risques de l'hydromorphone par rapport à d'autres médicaments sont très incertaines.

Conclusions des auteurs: 

Les données probantes des bénéfices et des risques de l'hydromorphone par rapport aux autres analgésiques sont très incertaines. Les études ont rapporté certains effets indésirables, tels que des nausées, des vomissements, des vertiges et de la constipation, mais en général, il n'y avait pas de données probantes claires suggérant une différence entre l'hydromorphone et la morphine, l'oxycodone ou le fentanyl pour ce critère de jugement.

Les données probantes sont insuffisantes pour soutenir ou réfuter l'utilisation de l'hydromorphone pour la douleur cancéreuse en comparaison avec d'autres analgésiques sur les critères de jugement rapportés. Des recherches plus approfondies avec des échantillons de plus grande taille et une collecte de données plus complète sur les critères de jugement sont nécessaires.

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Contexte: 

Ceci est une mise à jour de la revue Cochrane originale publiée pour la première fois dans le numéro 10 de 2016. Chez les personnes atteintes d'un cancer avancé, la prévalence de la douleur peut atteindre 90 %. La douleur liée au cancer est un symptôme pénible qui tend à s'aggraver à mesure que la maladie progresse. Les données probantes suggèrent que la pharmacothérapie opioïde est la plus efficace des thérapies. L'hydromorphone semble être un analgésique opioïde alternatif qui pourrait aider à soulager ces symptômes.

Objectifs: 

Déterminer l'efficacité analgésique de l'hydromorphone pour soulager la douleur liée au cancer, ainsi que l'incidence et la gravité de tous les événements indésirables.

Stratégie de recherche documentaire: 

Les recherches ont été effectuées dans CENTRAL, MEDLINE, Embase et dans les registres d'essais cliniques en novembre 2020. Nous n'avons appliqué à la recherche aucune restriction sur la langue, le type de document ou le statut de publication.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés (ECR) comparant l'hydromorphone avec un placebo, un opioïde alternatif ou un autre contrôle actif, dans la douleur cancéreuse chez les adultes et les enfants. Les critères de jugement principaux étaient l'intensité de la douleur et le soulagement de la douleur rapportés par les participants ; les critères de jugement secondaires étaient les effets indésirables spécifiques, les effets indésirables graves, la qualité de vie, l'abandon précoce de l'étude et le décès.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont, de manière indépendante, extrait les données. Nous avons calculé le risque relatif (RR) et les intervalles de confiance (IC) à 95 % pour les critères de jugement binaires en intention de traiter (ITT). Nous avons estimé la différence moyenne (DM) entre les groupes et l'IC à 95 % pour les données continues. Nous avons utilisé un modèle à effets aléatoires et évalué le risque de biais pour toutes les études incluses. Les données probantes ont été évaluées en utilisant la méthode GRADE et trois tableaux récapitulatifs de résultats ont été créés.

Résultats principaux: 

Avec quatre nouvelles études identifiées, la revue comprend un total de huit études (1283 participants, les données de 1181 participants étant disponibles pour l'analyse), qui comparent l'hydromorphone à l'oxycodone (quatre études), à la morphine (trois études) ou au fentanyl (une étude). Toutes les études ont inclus des adultes souffrant de douleurs cancéreuses, l'âge moyen se situait entre 53 et 59 ans et la proportion de sujets de sexe masculin allait de 42 % à 67,4 %. Nous avons jugé toutes les études à haut risque de biais dans l'ensemble car elles comportaient au moins un domaine à haut risque de biais.

Nous n'avons pas trouvé d’étude incluant des enfants. Nous n'avons pas effectué de méta-analyse pour le critère de jugement principal, l'intensité de la douleur, en raison de la présence de données biaisées et des différents comparateurs étudiés dans les études (oxycodone, morphine et fentanyl).

Comparaison 1 : l’hydromorphone comparée au placebo

Nous n'avons identifié aucune étude comparant l'hydromorphone à un placebo.

Comparaison 2 : l'hydromorphone comparée à l'oxycodone

Intensité de la douleur rapportée par les participants

Nous n'avons pas trouvé de données probantes claires suggérant une différence dans l'intensité de la douleur (mesurée à l'aide d'une échelle visuelle analogique (EVA)) chez les personnes traitées par l'hydromorphone par rapport à celles traitées par l'oxycodone, mais les données probantes sont très incertaines (3 ECR, 381 participants, données probantes d’un niveau de confiance très faible).

Soulagement de la douleur rapporté par les participants

Nous n'avons trouvé aucune étude portant sur le soulagement de la douleur rapporté par les participants.

Événements indésirables spécifiques

Nous n'avons pas trouvé de données probantes claires suggérant une différence en ce qui concerne les nausées (RR 1,13, IC à 95 % 0,74 à 1,73 ; 3 ECR, 622 participants), les vomissements (RR 1,18, IC à 95 % 0,72 à 1,94 ; 3 ECR, 622 participants), les vertiges (RR 0,91, IC à 95 % 0,58 à 1.44 ; 2 ECR, 441 participants) et la constipation (RR 0,92, IC à 95 % 0,72 à 1,19 ; 622 participants) (toutes les données probantes sont d’un niveau de confiance très faible) chez les personnes traitées par l'hydromorphone par rapport à celles traitées par l'oxycodone.

Qualité de vie

Nous n'avons trouvé aucune étude portant sur la qualité de vie.

Comparaison 3 : l'hydromorphone comparée à la morphine

Intensité de la douleur rapportée par les participants

Nous n'avons pas trouvé de données probantes claires suggérant une différence dans l'intensité de la douleur (mesurée à l'aide du questionnaire concis sur les douleurs (QCD) ou de l'EVA) chez les personnes traitées par l'hydromorphone par rapport à celles traitées par la morphine, mais les données probantes sont d’un niveau de confiance très faible sont très faible niveau de confiance (2 ECR, 433 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible).

Soulagement de la douleur rapporté par les participants

Nous n'avons pas trouvé de données probantes claires suggérant une différence dans le nombre de sujets cliniquement améliorés, définis par un taux de soulagement de la douleur de 50 % ou plus, dans le groupe hydromorphone par rapport au groupe morphine, mais les données probantes sont très incertaines (RR 0,99, IC à 95 % 0,84 à 1,18 ; 1 ECR, 233 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible).

Événements indésirables spécifiques

Après 24 jours de traitement, la morphine pourrait réduire la constipation par rapport à l'hydromorphone, mais les données probantes sont très incertaines (RR 1,56, IC à 95 % 1,12 à 2,17 ; 1 ECR, 200 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). Nous n'avons pas trouvé de données probantes suggérant une différence en ce qui concerne les nausées (RR 0,94, IC à 95 % 0,66 à 1,30 ; 1 ECR, 200 participants), les vomissements (RR 0,87, IC à 95 % 0,58 à 1,31 ; 1 ECR, 200 participants) et les vertiges (RR 1,15, IC à 95 % 0,71 à 1,88 ; 1 ECR, 200 participants) (toutes les données probantes sont d’un niveau de confiance très faible) chez les personnes traitées par l'hydromorphone par rapport à celles traitées par la morphine.

Qualité de vie

Nous n'avons trouvé aucune étude portant sur la qualité de vie.

Comparaison 4 : l'hydromorphone comparée au fentanyl

Intensité de la douleur rapportée par les participants

Nous n'avons pas trouvé de données probantes suggérant une différence dans l'intensité de la douleur (mesurée par l'échelle d'évaluation numérique (EVN)) à 60 minutes chez les sujets traités par l'hydromorphone par rapport à ceux traités par le fentanyl, mais les données probantes sont très incertaines (1 ECR, 82 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible).

Soulagement de la douleur rapporté par les participants

Nous n'avons trouvé aucune étude portant sur le soulagement de la douleur rapporté par les participants.

Événements indésirables spécifiques

Nous n'avons trouvé aucune étude rapportant des effets indésirables spécifiques.

Qualité de vie

Nous n'avons trouvé aucune étude portant sur la qualité de vie.

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Racha Lazreg et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.