A propos de la question de la revue
Nous avons examiné les preuves portant sur les effets des programmes offerts dans les écoles visant à prévenir les blessures accidentelles chez les enfants et les jeunes. La prévention des blessures chez les enfants est importante, car les blessures sont courantes dans ce groupe d'âge et les effets sur l'enfant et sa famille peuvent être graves et de longue durée. Les écoles sont potentiellement un cadre propice dans lequel il est possible d'offrir des programmes éducatifs visant à prévenir l'apparition de ces blessures. Cependant, les preuves portant sur ces programmes n'ont pas été examinées en détail pour déterminer si ceux-ci fonctionnent ou pas. Nous avons trouvé 27 études pour nous aider à répondre à cette question.
Contexte
Nous voulions découvrir si enseigner en milieu scolaire la prévention des blessures entraînait moins de blessures, améliorait les connaissances des enfants sur la prévention des blessures et leur comportement en matière de sécurité. Nous avons également cherché à évaluer si ce type d'approche donnait de bons résultats par rapport à l'argent dépensé.
Caractéristiques de l'étude
Les preuves sont à jour en septembre 2016. Cette revue inclus les résultats de 27 études portant sur 73 557 enfants. Les participants étaient des garçons et des filles âgés de quatre à 18 ans. Les études ont comparé l'éducation à la prévention des blessures avec soit un curriculum habituel soit un autre programme sans lien avec les blessures. Les études incluses visaient à prévenir un éventail de blessures. Nous avons exclu les programmes qui portaient sur une cause unique de blessures. La revue a mesuré les effets des programmes éducatifs sur l'incidence des blessures chez les enfants, les compétences en matière de sécurité, le comportement et les connaissances. La revue a également cherché à savoir si les approches en milieu scolaire donnent de bons résultats par rapport à l'argent dépensé.
Résultats principaux
Seules quelques études ont rapporté l'effet sur l'incidence des blessures chez les enfants, de sorte que l'analyse de ces effets n'était pas concluante. Cela ne signifie pas que les programmes en milieu scolaire sont inefficaces, mais plutôt que des preuves supplémentaires sont nécessaires. La revue n'a trouvé aucune preuve indiquant que les programmes éducatifs sur la prévention des blessures en milieu scolaire peuvent améliorer les compétences, les comportements et les connaissances en matière de sécurité. Cependant, les preuves étaient contradictoires, certaines études montraient un effet positif et d'autres n'indiquaient aucun effet. Une seule étude a rapporté des données sur le rapport coût-bénéfice des programmes en milieu scolaire ; de nouveau, il est difficile de tirer des conclusions à partir de ces preuves seules.
Qualité des preuves
Les études étaient généralement de mauvaise qualité quant à toutes les mesures d'efficacité de ces programmes, mais surtout en ce qui concerne le comportement et les connaissances. Cette observation est due au fait que les informations concernant la manière dont les études ont été réalisées étaient rarement clairement décrites dans les rapports publiés ou bien il y avait des défauts méthodologiques majeurs dans la façon dont les études avaient été réalisées. Des recherches supplémentaires de meilleure qualité sont nécessaires.
Il n'existe pas suffisamment de preuves pour déterminer si les programmes éducatifs en milieu scolaire peuvent prévenir les blessures involontaires. D'autres études de haute qualité sont nécessaires afin d'évaluer l'impact des programmes éducatifs sur l'incidence des blessures. Il existe des preuves peu probantes indiquant que ces programmes améliorent les compétences, les comportements/pratiques et les connaissances en matière de sécurité, bien que les preuves étaient de faible ou très faible certitude. Nous n'avons pas trouvé suffisamment d'études économiques pour évaluer le rapport coût-efficacité.
Les blessures involontaires sont la principale cause de décès chez les enfants âgés de quatre à 18 ans et sont une source majeure de problèmes de santé. Le cadre scolaire offre l'opportunité d'offrir des interventions préventives à un grand nombre d'enfants et a été utilisé pour répondre à une gamme de problèmes de santé publique. Cependant, l'efficacité du cadre scolaire pour la prévention de différents mécanismes de blessures chez les enfants d'âge scolaire est encore mal compris.
Évaluer les effets des programmes éducatifs en milieu scolaire pour la prévention des blessures chez les enfants et évaluer leur impact sur l'amélioration des compétences, du comportement, des pratiques et des connaissances en matière de sécurité ainsi que sur leur rapport coût-efficacité.
Nous avons effectué les recherches les plus récentes jusqu'au 16 septembre 2016 dans les bases de données électroniques suivantes : le registre spécialisé du groupe Cochrane sur les blessures, le registre Cochrane des essais contrôlés, Ovid MEDLINE (R), Ovid MEDLINE (R) In-Process & Other Non-Indexed Citations, Ovid MEDLINE (R) Daily et Ovid OLDMEDLINE (R), Embase et Embase Classic (Ovid), ISI Web of Science : Science Citation Index Expanded, ISI Web of Science Conference Proceedings Citation Index-Science, ISI Web of Science : Social Sciences Citation Index, ISI Web of Science : Conference Proceedings Citation Index-Social Sciences & Humanities ; et le 14 octobre 2016 dans les bases de données électroniques suivantes : la base d'évaluation de l'économie de la santé (HEED), Health Technology Assessment Database (HTA), CINAHL Plus (EBSCO), ZETOC, LILACS, PsycINFO, ERIC, Dissertation Abstracts Online, IBSS, BEI, ASSIA, Sociological Abstracts, CSA Injury Prevention Web, SafetyLit, EconLit (US), PAIS, UK Clinical Research Network Study Portfolio, Open Grey, Index to Theses au Royaume-Uni et en Irlande, Bibliomap et TRoPHI.
Nous avons inclus les essais contrôlés randomisés (ECR), les essais contrôlés non randomisés (non-ECR), et les études contrôlées avant-après (CAA) qui évaluaient les programmes éducatifs en milieu scolaire visant à prévenir un éventail de mécanismes des blessures. Le critère de jugement principal était les blessures (involontaires ou sans intention spécifiée) auto-rapportées ou ayant reçu un soutien médical. Les critères de jugement secondaires étaient les compétences et comportements en matière de sécurité observés, et le comportement, les pratiques, les connaissances auto-rapportés ainsi que les résultats économiques et sur la santé. Les groupes témoins n'ont soit pas reçu d'intervention, soit reçu une intervention de prévention des blessures retardée ou ont réalisé d'autres activités scolaires habituelles. Nous avons inclus les études dont les interventions visaient la prévention primaire ou secondaire des blessures liées à plus d'un mécanisme de blessure et qui étaient menées, en partie ou dans leur intégralité, dans les écoles pour les enfants âgés de quatre à 18 ans.
Nous avons utilisé les procédures méthodologiques standard prévues par Cochrane. Deux auteurs de la revue ont identifié les essais pertinents en analysant les titres et résumés des études identifiées lors des recherches et deux auteurs de la revue ont extrait les données des études incluses et évalué le risque de biais. Nous avons regroupé les différents types d'interventions selon le critère de jugement évalué et le mécanisme de blessure ciblé. Lorsque les données le permettaient, nous avons effectué des méta-analyses à effets aléatoires pour fournir un résumé des résultats des études.
La revue a inclus 27 études rapportées dans 30 articles. Les études représentaient un total de 73 557 participants. Douze études avaient été menées aux États-Unis ; quatre en Chine ; deux en Australie, deux au Canada, deux aux Pays-Bas, deux au Royaume-Uni ; une en Israël, une en Grèce et une dernière au Brésil. Treize études étaient des ECR, six étaient des essais contrôlés non randomisés et huit étaient des études contrôlées avant-après. Parmi les études incluses, 18 ont fourni certains éléments de l'intervention chez les enfants âgés de quatre à 11 ans, 17 études incluaient des enfants âgés de 11 à 14 ans et neuf études incluaient des enfants âgés de 14 à 18 ans.
La qualité globale des résultats était médiocre, toutes les études évaluées présentaient des risques de biais élevés ou incertains dans plusieurs domaines et à la fois les interventions et les méthodes de recueil des données employées étaient variables. Les interventions comprenaient l'offre d'information, l'éducation par les pairs ou étaient à composantes multiples.
Sept études avaient rendu compte du principal critère de jugement de l'incidence des blessures et seules trois d'entre elles étaient suffisamment semblables pour être regroupées dans une méta-analyse, avec un rapport des taux d'incidence combinés de 0,73 (intervalle de confiance à 95 % (IC) 0,49 à 1,08 ; 2073 enfants) et une hétérogénéité statistique importante (I2= 63 %). Cependant, cet ensemble de preuves était de faible certitude, en raison de préoccupations relatives à cette hétérogénéité (inconsistance) et aux imprécisions. Cette hétérogénéité peut s'expliquer par le plan d'étude de l'ECR non randomisé, car une analyse de sensibilité supprimant cette étude a trouvé des preuves plus solides d'un effet et aucune hétérogénéité (I2= 0 %).
Deux études rapportaient une amélioration des compétences en matière de sécurité dans le groupe d'intervention. De même, les quatre études mesurant le comportement de sécurité observé ont rapporté une amélioration dans le groupe d'intervention par rapport au groupe témoin. Treize des 19 études décrivant le comportement et les pratiques de sécurité auto-rapportés ont montré des améliorations, et parmi les 21 études évaluant les changements en termes de connaissances en matière de sécurité, 19 ont rapporté une amélioration dans au moins un domaine dans le groupe intervention par rapport au groupe témoin. Cependant, nous n'avons pas été en mesure de combiner les données pour nos critères de jugement secondaires, de sorte que nos conclusions étaient limitées car elles provenaient d'études très diverses et uniques et le niveau de certitude global des preuves était faible (compétences en matière de sécurité) ou très faible (comportement et connaissances en matière de sécurité). Une seule étude a rapporté les coûts de l'intervention, mais n'a pas effectué une évaluation économique complète (preuves de très faible certitude).
Traduction réalisée par Martin Vuillème et révisée par Cochrane France