Traitement pour renforcer les antibiotiques pour les infections pulmonaires liées à la mucoviscidose

Problématique de la revue

Nous avons examiné les données probantes sur l'utilisation d'agents pour renfoncer l’action des antibiotiques dans le traitement des infections pulmonaires chez les personnes atteintes de mucoviscidose.

Contexte

Les personnes atteintes de mucoviscidose souffrent d'infections pulmonaires car elles produisent des sécrétions épaisses permettant aux bactéries de s'y développer. Souvent, les infections sont causées par des bactéries inhabituelles, dont Pseudomonas aeruginosa, et ces bactéries deviennent résistantes aux traitements antibiotiques. Une infection à long terme réduit la qualité de vie d'une personne et sa fonction pulmonaire. Il n'existe actuellement aucun nouvel antibiotique en cours de développement utilisant un nouveau type d'action. De nouveaux agents - les adjuvants aux antibiotiques - sont nécessaires pour agir en parallèle des antibiotiques afin de rendre les bactéries plus sensibles soit aux antibiotiques, soit au système immunitaire de l'organisme, et pour interférer avec la formation de colonies de bactéries dans les poumons.

Date des recherches

Les données probantes sont à jour jusqu’au : 16 janvier 2020.

Caractéristiques des essais

La revue comprend huit essais avec 350 personnes atteintes de mucoviscidose âgées de cinq à 54 ans. Les essais comparaient différents adjuvants aux antibiotiques (bêta-carotène (un essai), ail (un essai), un agent biologique (deux essais), monoxyde d’azote (deux essais) et zinc (deux essais)) à un placebo (une substance ne contenant pas de médicament) et les personnes étaient sélectionnées pour l'un ou l'autre traitement au hasard. Les essais ont duré de deux jours à un an.

Principaux résultats

Aucun des traitements n'a allongé le délai avant la prochaine poussée de maladie pulmonaire par rapport au placebo. Pour les autres critères de jugement que nous avons examinées (fonction pulmonaire, effets secondaires, qualité de vie ou nombre d'infections), il n'existait pas non plus de différences entre les personnes ayant reçu l'adjuvant et celles ayant reçu le placebo. Tous les essais ont mesuré les effets secondaires du traitement, mais ceux-ci étaient pour la plupart légers et se produisaient tant chez les personnes recevant le traitement que chez celles ne le recevant pas.

Aucune des thérapies visant à renforcer l'action des antibiotiques que nous avons trouvées n'a montré de bénéfice significatif pour la fonction pulmonaire, le taux d'infection ou la qualité de vie. D'autres essais contrôlés randomisés sont nécessaires avant que nous ne puissions recommander l'utilisation systématique de l'une de ces thérapies.

Qualité des données probantes

La qualité des données probantes variait de très faible à modérée, mais nous avons jugé qu'elle était globalement faible. Nous avons porté ces jugements en raison du petit nombre d'essais ayant examiné chacun des différents traitements adjuvants, ce qui signifie que nous n'avons pas pu combiner les résultats. La qualité a également été affectée par le petit nombre de personnes incluses.

Conclusions des auteurs: 

Nous n'avons pas pu identifier un traitement adjuvant aux antibiotiques que nous pourrions recommander pour le traitement de l'infection pulmonaire chez les personnes atteintes de mucoviscidose. L'émergence de bactéries de plus en plus résistantes rend la dépendance aux seuls antibiotiques difficile pour les équipes luttant contre la mucoviscidose. Il est nécessaire d'explorer des stratégies alternatives, telles que l'utilisation de thérapies adjuvantes. Des recherches supplémentaires sont nécessaires afin de fournir de futures options thérapeutiques.

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Contexte: 

La mucoviscidose est une maladie multi-système caractérisée par la production de sécrétions épaisses provoquant des infections pulmonaires récurrentes, souvent par des bactéries inhabituelles. Cela conduit à la destruction des poumons et finalement à la mort par insuffisance respiratoire. Aucun antibiotique en cours de développement n'exerce un nouveau mode d'action et nombre des antibiotiques actuels sont inefficaces pour éradiquer la bactérie une fois que l'infection chronique est établie. Les adjuvants aux antibiotiques - des thérapies qui agissent en rendant l'organisme plus sensible à l'attaque des antibiotiques ou du système immunitaire de l'hôte, en le rendant moins virulent ou en le tuant par d'autres moyens, constitueraient une avancée thérapeutique significative. Il s’agit d’une mise à jour d'une revue déjà publiée.

Objectifs: 

Déterminer si les adjuvants aux antibiotiques améliorent les résultats clinique et microbiologiques de l'infection pulmonaire chez les personnes atteintes de mucoviscidose.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre des essais du groupe Cochrane sur la mucoviscidose, compilé à partir de recherches dans les bases de données, de recherches manuelles dans les revues appropriées et de comptes rendus de conférences.

Date de la recherche la plus récente : 16 janvier 2020.

Nous avons également consulté MEDLINE (toutes les années) le 14 février 2019 et les registres des essais en cours le 6 avril 2020.

Critères de sélection: 

Essais contrôlés randomisés et essais contrôlés quasi-randomisés d'une thérapie exerçant un mécanisme d'action adjuvante aux antibiotiques par rapport à un placebo ou à l'absence de thérapie pour les personnes atteintes de mucoviscidose.

Recueil et analyse des données: 

Deux des auteurs ont indépendamment évalué et extrait les données des essais identifiés.

Résultats principaux: 

Nous avons identifié 42 essais dont huit (350 participants) ayant examiné des thérapies adjuvantes aux antibiotiques Deux autres essais sont en cours et cinq en attente de classification. Les essais inclus ont évalué le β-carotène (un essai, 24 participants), l'ail (un essai, 34 participants), KB001-A (un anticorps monoclonal) (deux essais, 196 participants), le monoxyde d’azote (deux essais, 30 participants) et la supplémentation en zinc (deux essais, 66 participants). Les essais sur le zinc n'ont recruté que des enfants, tandis que les autres essais ont recruté à la fois des adultes et des enfants. Trois essais se sont déroulés en Europe, un en Asie et quatre aux États-Unis.

Trois des interventions ont mesuré notre critère de jugement principal d'exacerbations pulmonaires (β-carotène, différence moyenne (DM) -8,00 (intervalle de confiance (IC) à 95% -18,78 à 2,78) ; KB001-A, risque relatif (RR) 0,25 (IC à 95% 0,03 à 2,40) ; supplémentation en zinc, RR 1.85 (IC à 95 % 0,65 à 5,26). Le β-carotène et KB001-A pourraient ne faire que peu ou pas de différence dans le nombre d'exacerbations (données probantes de faible qualité) ; alors que, compte tenu des données probantes de qualité modérée, nous avons constaté que le zinc ne fait aucune différence dans ce critère de jugement.

La fonction respiratoire a été mesurée dans tous les essais inclus. Le β-carotène et le monoxyde d’azote pourraient ne faire que peu ou pas de différence concernant le volume expiratoire maximal par seconde (VEMS) (données probantes de faible qualité), tandis que l'ail ne fait probablement que peu ou pas de différence concernant le VEMS (données probantes de qualité modérée). L’amélioration du VEMS par le zinc ou le KB001-A est incertaine, les données probantes sont d’un niveau de confiance très faible.

Peu d'événements indésirables ont été constatés pour l'ensemble des différentes interventions et les événements indésirables signalés étaient légers ou non liés au traitement (la qualité des données probantes allait de très faible à modérée).

L'un des essais (169 participants) comparant le KB001-A au placebo, a fait état du délai avant la prochaine cure d'antibiotiques ; les résultats ont montré qu'il n'existait probablement pas de différence entre les groupes, HR 1,00 (IC à 95 % 0,69 à 1,45) (données probantes de qualité modérée). La qualité de vie n'a été rapportée que dans les deux essais KB001-A, qui ont démontré qu'il pourrait n’y avoir que peu ou pas de différence entre le KB001-A et le placebo (données probantes de faible qualité). La microbiologie des crachats a été mesurée et rapportée pour les essais du KB001-A et du monoxyde d'azote (quatre essais). Il existait des données probantes de très faible qualité indiquant une réduction numérique de la densité de Pseudomonas aeruginosa avec KB001-A, mais elles n'étaient pas significatives. Les deux essais portant sur les effets du monoxyde d’azote ont fait état de réductions significatives de Staphylococcus aureus et de réductions quasi significatives de Pseudomonas aeruginosa, mais la qualité de ces données probantes est encore une fois très faible.

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Carole Lescure et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.