Principaux messages
- Nous n'avons trouvé aucune donnée probante indiquant que la prise quotidienne de décongestionnants oraux (médicaments pris par la bouche pour soulager un nez bouché) pendant une semaine ou plus modifie la pression artérielle ou la fréquence cardiaque ou induit les personnes à arrêter de les prendre en raison d'effets indésirables.
- Il n'y a eu que quelques études, et elles n'étaient pas bien conçues. Davantage d’essais bien conduits sont nécessaires.
- Étant donné que les décongestionnants oraux sont parfois pris quotidiennement pendant des semaines ou des mois et qu'ils sont susceptibles d'augmenter la pression artérielle, les patients devraient tenir compte de ce risque potentiel, ainsi que des données probantes limitées de cette revue, au moment de décider s’ils vont utiliser ou non ces médicaments.
Que sont les décongestionnants oraux ?
Les décongestionnants oraux sont des médicaments pris par la bouche pour soulager la congestion nasale (nez congestionné ou bouché), souvent causée par des rhumes, des allergies ou des infections des sinus (petits espaces vides derrière les pommettes et le front qui sont connectés au nez). Ils comprennent généralement des médicaments appelés pseudoéphédrine ou phényléphrine.
Comment les décongestionnants oraux agissent-ils ?
Ces médicaments réduisent les vaisseaux sanguins enflés dans les voies nasales. Cela réduit le gonflement et permet à l'air de circuler plus librement, ce qui aide à respirer plus facilement.
Qu'est-ce que l'hypertension ?
On parle d'hypertension (pression artérielle élevée) lorsque la pression artérielle au repos est constamment supérieure à 140/90 mmHg. Elle peut entraîner des effets indésirables, tels qu'un accident vasculaire cérébral (où il y a une réduction ou un arrêt de l'irrigation sanguine de certaines parties du cerveau) ou une crise cardiaque (où il y a une réduction ou un arrêt de l'irrigation sanguine du cœur). L'abaissement de la pression artérielle est le moyen le plus simple de réduire ces maladies.
Comment l'hypertension est-elle traitée ?
Le traitement de l'hypertension implique des mesures hygiéno-diététiques et la prise de médicaments antihypertenseurs. Ici, nous nous sommes concentrés sur les effets de la prise quotidienne de décongestionnants oraux. Bien que ces médicaments aident à soulager la congestion nasale, ils pourraient également augmenter la pression artérielle.
Que voulions-nous savoir ?
Nous voulions savoir si l'utilisation à long terme de décongestionnants oraux (pendant sept jours ou plus) augmente la pression artérielle et présente quelques effets indésirables. Nous avons également évalué leur efficacité pour soulager la congestion nasale. Cela permet d'obtenir des informations essentielles sur leurs bénéfices et leurs risques afin d'en faire un usage éclairé.
Comment avons-nous procédé ?
Nous avons recherché des études comparant les effets des décongestionnants oraux sur la pression artérielle à ceux d'un placebo. Un placebo est une substance ou un traitement dépourvu d'ingrédients actifs qui est utilisé dans la recherche médicale pour comparer les effets des médicaments réels. Nous avons ensuite comparé et résumé les résultats, et évalué notre confiance dans les données probantes en fonction du plan d'étude et des méthodes.
Qu’avons-nous trouvé ?
Nous avons trouvé cinq études portant sur 882 enfants et adultes (326 hommes et 591 femmes). L'étude la plus courte a duré une semaine, l'étude la plus longue 24 semaines. Ces études ont mesuré la pression artérielle et la fréquence cardiaque après une à sept semaines de prise de décongestionnants par voie orale. La taille des études variait de 18 à 568 personnes, et la plupart d'entre elles ont été réalisées aux États-Unis. Les entreprises pharmaceutiques ont financé trois études.
Nous n'avons pas trouvé de données probantes claires indiquant que la prise quotidienne de décongestionnants oraux modifie la pression artérielle ou la fréquence cardiaque, ou que les personnes arrêtent de les prendre en raison d'effets indésirables.
Quelles sont les limites des données probantes ?
Le nombre d'études était limité et elles n'étaient pas bien conçues. Aucune des études n'a été planifiée principalement pour évaluer les effets à long terme des décongestionnants oraux sur la pression artérielle. Des essais conçus pour répondre à cette question sont nécessaires.
Dans quelle mesure les données probantes sont-elles à jour ?
Les données probantes sont à jour jusqu'en juillet 2024.
Lire le résumé complet
Les décongestionnants oraux agonistes adrénergiques sont couramment pris quotidiennement pendant de longues périodes pour soulager la congestion des sinus et du nez. Le mécanisme d'action des décongestionnants augmente potentiellement la pression artérielle, et ces effets peuvent être aigus ou chroniques.
Toutefois, à ce jour, aucune revue systématique n'a évalué de manière exhaustive les effets chroniques sur la pression artérielle des décongestionnants oraux agonistes adrénergiques en tant que classe de médicaments, bien que ces médicaments soient largement disponibles en vente libre.
Objectifs
Objectif principal
Évaluer les effets des décongestionnants oraux agonistes adrénergiques sur la pression artérielle systolique et diastolique par rapport au placebo.
Objectif secondaire
Évaluer les effets des décongestionnants oraux agonistes adrénergiques sur la fréquence cardiaque et les abandons dus aux effets indésirables.
Stratégie de recherche documentaire
Le coordinateur de recherche documentaire du groupe Cochrane Hypertension (Hypertension Artérielle) a recherché des essais contrôlés randomisés (ECR) dans les bases de données suivantes jusqu'en juillet 2024 : Registre spécialisé du groupe Cochrane Hypertension, Registre Cochrane des essais contrôlés (Cochrane Central Register of Controlled Trials, CENTRAL) à travers le Registre Cochrane des études (Cochrane Register of Studies), Ovid MEDLINE, Ovid Embase et ClinicalTrials.gov. Il n'y avait pas de restrictions concernant la langue, l'année de publication ou le statut de publication.
Critères de sélection
Nous avons inclus les ECR d'une durée d'au moins sept jours avec des groupes parallèles (intervention et placebo) comparant les décongestionnants oraux agonistes adrénergiques par rapport à un placebo sur la pression artérielle chez des personnes âgées de plus de six ans.
Recueil et analyse des données
Deux auteurs de la revue (JJC et MC) ont évalué de façon indépendante les essais pour l’inclusion, extrait les données et évalué le risque de biais des essais inclus. En présence de désaccord, le troisième auteur de la revue (JMW) a tranché. Pour toute information manquante ou peu claire dans les études, nous avons contacté l'auteur de l'étude pour lui demander l'information manquante ou obtenir des éclaircissements. Les critères de jugement principaux étaient la pression artérielle systolique et la pression artérielle diastolique. Les critères de jugement secondaires étaient la fréquence cardiaque et l'abandon du traitement en raison d'effets indésirables. Nous avons utilisé un modèle à effet fixe pour combiner les tailles de l'effet de toutes les études. Nous avons évalué le niveau de confiance des données probantes en utilisant le système GRADE.
Résultats principaux
Cinq ECR randomisant 882 participants répondaient aux critères d'inclusion. La durée la plus courte des études était d'une semaine et la plus longue de 24 semaines. Ces études ont mesuré la pression artérielle et la fréquence cardiaque après une à sept semaines de prise de décongestionnants par voie orale. L’étude la plus grande a porté sur 568 personnes et la plus petite sur 18 personnes. L'âge moyen des participants était de 20,0 ans, avec 326 hommes et 591 femmes. Les études ont été menées aux États-Unis et en Europe ; la plupart ont été réalisées aux États-Unis. Les entreprises pharmaceutiques ont financé trois des cinq études incluses.
Les résultats concernent toutes les personnes qui utilisent des décongestionnants oraux agonistes adrénergiques pendant sept jours ou plus, indépendamment des comorbidités ou des conditions préexistantes. Les décongestionnants oraux agonistes adrénergiques inclus étaient l'éphédrine (un ECR), la pseudoéphédrine (un ECR) et la phénylpropanolamine (trois ECR).
Comparés au placebo, les décongestionnants oraux agonistes adrénergiques pourraient avoir peu ou pas d'effet sur la pression artérielle systolique , mais les données probantes sont très incertaines (différence moyenne [DM] 0,91 mmHg, intervalle de confiance à 95 % [IC] de -0,57 à 2,38 ; 4 ECR, 784 participants ; I 2 = 54 % ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). Les décongestionnants oraux agonistes adrénergiques pourraient avoir peu ou pas d'effet sur la pression artérielle diastolique (DM 0,44 mmHg, IC à 95 % -0,59 à 1,48 ; 5 ECR, 882 participants ; I 2 = 30 % ; données probantes d’un niveau de confiance faible). Les décongestionnants oraux agonistes adrénergiques pourraient avoir peu ou pas d'effet sur la fréquence cardiaque, mais les données probantes sont très incertaines (DM 1,92 battement par minute, IC à 95 % -0,62 à 4,47 ; 2 ECR, 190 participants ; I 2 = 79 % ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). Les décongestionnants oraux agonistes adrénergiques pourraient avoir peu ou pas d'effet indésirable sur le nombre d’abandons en raison d'effets indésirables (rapport de risque [RR] 1,20, IC à 95 % 0,37 à 3,88 ; 4 ECR, 806 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible ; à noter qu’une étude a rapporté des abandons en raison d'effets indésirables, mais a enregistré 0 événement dans les deux groupes. Ainsi, le RR et les IC ont été calculés à partir de 3 études au lieu de 4).
Quatre études présentaient un risque général de biais élevé et une étude un risque général de biais faible.
Conclusions des auteurs
Dans cette revue systématique, la prise quotidienne chronique de décongestionnants oraux agonistes adrénergiques a eu peu ou pas d'effet sur la pression artérielle, la fréquence cardiaque et les abandons en raison d'effets indésirables. Les personnes qui prennent des décisions concernant l’utilisation de ces médicaments doivent tenir compte du niveau très faible de confiance des données probantes et du risque théorique d'augmentation de la pression artérielle.
Des essais indépendants et exempts de biais, conçus pour répondre à cette question, sont nécessaires. Les données probantes étaient limitées en raison du petit nombre d'études et du fait que la pression artérielle et la fréquence cardiaque n'ont pas été mesurées au moment optimal après l'ingestion du médicament.
Traduction et Post-édition réalisées par Cochrane France avec le soutien d’Eliane Denise Bahbouth (bénévole chez Cochrane France) et grâce au financement du Ministère de la Santé. Une erreur de traduction ou dans le texte original ? Merci d’adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr