Traitements pour l'arrêt de la lactation

Les femmes ne peuvent pas toujours allaiter après l'accouchement. Cela peut être parce que l'enfant est décédé ou est adopté ou que la mère est trop malade, ou pour le bien-être de la mère ou de l'enfant. Les mères séropositives, en particulier celles ne prenant pas de médicaments antirétroviraux pendant la grossesse, évitent d'allaiter afin de réduire le risque de transmettre le virus à leur enfant. Certaines mères n'allaitent pas pour des raisons personnelles ou sociales. En l'absence d'un nourrisson allaité, la production de lait (lactation) finit par s'arrêter d'elle-même. Avant cela, les femmes peuvent avoir des écoulements de lait et ressentir un engorgement des seins, de l'inconfort et de la douleur. Les médecins peuvent fournir un traitement pour arrêter la lactation et réduire ces symptômes. Le bandage des seins ou le port d'un soutien-gorge serré, l'application d'une lampe infrarouge, les restrictions d'aliments et de boissons, l'application externe de fleur de jasmin et de packs de glace sont des approches non médicamenteuses qui ont été essayées. Les traitements médicamenteux comprennent les œstrogènes et la bromocriptine qui abaisse le taux de prolactine. Il a cependant été rapporté que leur utilisation augmentait les risques de thrombo-embolie, d'accident cérébral et d'infarctus du myocarde.

Les données à l'appui de traitements de prévention de la lactation sont limitées. Les auteurs de la revue ont identifié 62 essais contrôlés ayant randomisé un total de 6 428 mères pour recevoir le traitement à l'étude, aucun traitement ou un autre traitement. Vingt-deux essais n'ont pas fourni de données pour les méta-analyses. Les essais étaient généralement de qualité limitée et la plupart avaient été réalisés sur des femmes en bonne santé qui avaient choisi de ne pas allaiter pour des raisons personnelles, dans des hôpitaux de pays industrialisés, avant 1980. La moitié des essais portaient sur la bromocriptine. Deux essais (107 femmes) avaient rapporté que la prise de bromocriptine était supérieure à l'absence de traitement pour l'arrêt de la lactation dans la première semaine suivant l'accouchement. Les 11 essais utilisant des préparations d'œstrogènes (diéthylstilbestrol, quinestrol, chlorotrianisène, hexestrol) avaient également mis en évidence un arrêt de la lactation. Une combinaison de préparations de testostérone et d'œstrogènes avait été d'une certaine utilité pour la réduction des symptômes dans trois essais (436 femmes). D'autres agents pharmacologiques (clomifène, tamoxifène, prostaglandines, pyridoxine, ocytocine, L-dopa et une préparation homéopathique) ont été testés dans de petits essais uniques. Les effets secondaires avaient, en général, été mal rapportés et aucun cas de thrombo-embolie n'avait été enregistré dans les essais qui l'avaient défini comme possible résultat indésirable du traitement. La plupart des médicaments testés ne sont pas disponibles aujourd'hui ou ne sont pas homologués pour l'arrêt de la lactation. Aucun essai n'avait comparé des approches non médicamenteuses à l'absence de traitement et aucun des essais inclus n'avait fourni des données fiables sur la satisfaction des femmes vis-à-vis du traitement.

Conclusions des auteurs: 

Il existe des preuves faibles que certains traitements pharmacologiques (indisponibles aujourd'hui pour la plupart) sont supérieurs à l'absence de traitement pour arrêter les symptômes de lactation dans la première semaine suivant l'accouchement. Aucunes données n'existent actuellement qui permettent d'établir si les approches non pharmacologiques sont plus efficaces que l'absence de traitement. Il n'existe actuellement pas suffisamment de données pour examiner les effets secondaires des méthodes employées pour arrêter la lactation. Lorsque les femmes veulent un traitement, la bromocriptine pourra être envisagée là où elle est homologuée pour l'arrêt de la lactation chez les personnes sans prédisposition à ses principaux effets secondaires menaçant la santé publique. De nombreux essais n'ont pas contribué de données qui auraient pu être incluses dans les analyses. De grands essais randomisés sont nécessaires pour comparer l'efficacité des méthodes pharmacologiques (en particulier la bromocriptine) et non pharmacologiques à l'absence de traitement. De tels essais devraient examiner l'acceptabilité de l'intervention et les symptômes de lactation qui préoccupent les femmes et être assez grands pour détecter des différences cliniquement importantes au niveau des principaux effets secondaires entre les groupes de comparaison.

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Contexte: 

Diverses interventions pharmacologiques et non pharmacologiques ont été utilisées pour arrêter la lactation après l'accouchement et soulager les symptômes associés. Malgré le volume important de la littérature sur le sujet, il n'existe actuellement aucune directive universelle sur l'approche la plus appropriée pour arrêter la lactation chez les femmes en post-partum.

Objectifs: 

Évaluer l'efficacité et l'innocuité des interventions utilisées pour l'arrêt de la lactation chez les femmes en post-partum (qui n'ont pas allaité ni extrait de lait maternel) afin de déterminer l'approche qui a le plus d'avantages comparatifs avec le moins de risques.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre des essais cliniques du groupe Cochrane sur la grossesse et la naissance (30 juin 2012).

Critères de sélection: 

Des essais randomisés ayant évalué l'efficacité des traitements utilisés pour l'arrêt de la lactation post-partum.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont, de manière indépendante, évalué la qualité méthodologique des essais et extrait les données.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus 62 essais (soit 6 428 femmes). Vingt-deux essais n'ont pas fourni de données pour les méta-analyses. Les essais étaient généralement de petite taille et de qualité limitée. Trois essais (107 femmes) avaient indiqué que la bromocriptine réduisait significativement la proportion de femmes en lactation en comparaison avec l'absence de traitement après ou durant les sept jours suivant l'accouchement (trois essais, 107 femmes ; risque relatif (RR) 0,36 ; intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,24 à 0,54). Sept essais portant sur des préparations d'œstrogènes (diéthylstilbestrol, quinestrol, chlorotrianisène, hexestrol) laissaient apparaitre que celles-ci réduisaient significativement la proportion de femmes en lactation en comparaison avec l'absence de traitement, après ou durant les sept jours suivant l'accouchement (RR 0,40 ; IC à 95 % 0,29 à 0,56). Nous n'avons pas trouvé d'essais comparant des méthodes non pharmacologiques à l'absence de traitement. Des essais comparant la bromocriptine à d'autres agents pharmacologiques tels que la metergoline, les prostaglandines, la pyridoxine, la carbegoline, le diéthylstilbestrol et le cyclofénil laissaient apparaitre des efficacités similaires. Le compte-rendu des effets secondaires était globalement médiocre et aucun cas de thrombo-embolie n'avait été signalé dans les quatre essais où cela constituait un critère de jugement.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.