Les traitements contre le molluscum contagiosum, une infection virale de la peau courante chez les enfants

Question de la revue

Nous avons examiné les preuves concernant les effets de n'importe quel traitement sur l'infection virale et courante de la peau appelée molluscum contagiosum. Nous avons exclu les personnes ayant un système immunitaire atténué ou un molluscum contagiosum sexuellement transmissible.

Contexte

Le molluscum contagiosum chez les personnes en bonne santé est une infection virale de la peau relativement inoffensive et guérissant d'elle-même. Celle-ci touche principalement les enfants et les adolescents et est rare chez l'adulte. Elle survient dans le monde entier, mais semble beaucoup plus fréquente dans les zones géographiques au climat chaud. Le molluscum contagiosum se présente généralement sous la forme d'un ou de plusieurs boutons contenant des liquides huileux. Ces personnes peuvent avoir recours à un traitement pour des raisons sociales et esthétiques et parce qu'elles craignent de transmettre la maladie. Le traitement vise à accélérer le processus de guérison.

Caractéristiques de l'étude

Nous avons effectué des recherches dans la littérature jusqu'en juillet 2016. Nous avons inclus 22 études (ayant un total de 1650 participants). Vingt de ces études évaluaient le traitement appliqué sur la peau (topique), et deux études évaluaient le traitement pris par la bouche (par voie orale). Les comparaisons comprenaient des thérapies mécaniques, ainsi que des traitements topiques et oraux. La plupart des études avaient été réalisées en milieu hospitalier ambulatoire ou dans des services d'urgence, et ont été réalisées en Amérique du Nord, au Royaume-Uni, en Asie, ou en Amérique du Sud. Les participants étaient des deux sexes et étaient principalement des enfants ou de jeunes adultes. La durée de suivi variait de 3 à 28 semaines après la randomisation. Seules cinq études avaient des périodes de suivi supérieures à 3 mois.

Cinq études ont rapporté un financement commercial, trois études ont obtenu des médicaments gratuitement auprès de sociétés pharmaceutiques, 12 études ne mentionnaient pas leurs sources de financement, une étude rapportait un financement provenant d'une organisation caritative, et une étude rapportait qu'ils n'avaient reçu aucun soutien financier.

Principaux résultats

Nous avons trouvé que de nombreux traitements communs contre le molluscum, tels que la destruction physique, n'ont pas été correctement évalués. Certains des traitements inclus ne font pas partie des soins standard.

Nous avons trouvé des preuves de qualité modérée indiquant que l'imiquimod topique à 5 % n'est probablement pas plus efficace que son excipient (c'est-à-dire la même crème mais sans l'imiquimod) pour atteindre à court, moyen et long terme une guérison. Des preuves de haute qualité (et offrant ainsi une plus haute certitude) ont montré que l'imiquimod topique à 5 % n'est pas plus efficace que le placebo pour améliorer les molluscums jusqu'à trois mois après le début du traitement.

Des preuves de haute qualité ont montré que l'imiquimod à 5 % avait des effets similaires au niveau du nombre d'effets secondaires par rapport à l'excipient seul. Cependant, des preuves de qualité modérée suggèrent qu'il existe probablement davantage de réactions au point d'application de la crème lors de l'utilisation de l'imiquimod à 5 % par rapport à l'excipient seul.

Des preuves de faible qualité, sur la base d'une ou deux études, principalement de petite taille ont révélé les résultats suivants concernant le résultat à court terme de la guérison clinique : l'imiquimod à 5 % était moins efficace que le cryospray ou l'hydroxyde de potassium à 10 % ; l'huile de myrte citronnée d'Australie à 10 % état plus efficace que l'huile d'olive ; la crème à base de peroxyde de benzoyle à 10 % était plus efficace que la trétinoïne à 0,05 % ; le nitrite de sodium à 5 % associé à de l'acide salicylique à 5 % était plus efficace que l'acide salicylique à 5 % seul ; et l'iode associée à de l'huile provenant de l'arbre à thé était plus efficace que l'huile d'arbre à thé ou l'iode seuls. Nous avons trouvé des preuves plus incertaines (de faible qualité) suggérant que l'hydroxyde de potassium à 10 % est plus efficace qu'une solution saline ; que le calcarea carbonica homéopathique est plus efficace qu'un placebo ; qu'une solution d'hydroxyde de potassium à 2,5 % est moins efficace qu'une solution d'hydroxyde de potassium à 5 %; et qu'une solution de povidone iodée à 10 % associée à un plâtre d'acide salicylique à 50 % sont plus efficaces que le plâtre à l'acide salicylique seul.

En dehors de réactions sévères au site d'application de l'imiquimod, aucun de ces traitements n'a conduit à de graves effets indésirables (preuves de faible qualité). Les effets indésirables les plus fréquemment rapportés étaient des douleurs pendant l'application du traitement, des démangeaisons et des rougeurs.

Nous n'avons trouvé aucune différence entre les traitements évalués dans les autres comparaisons.

Nous n'avons trouvé aucun essai randomisé pour plusieurs traitements couramment utilisés, tels que percer les lésions avec un bâtonnet ou l'application de peroxyde d'hydrogène sur la peau. Etant donné que la plupart des lésions guérissent spontanément en quelques mois, et en l'absence de meilleures preuves indiquant une supériorité des traitements actifs d'urgence, il est possible de laisser le molluscum contagiosum guérir spontanément.

Qualité des preuves

Concernant l'imiquimod topique, la qualité des preuves concernant la guérison clinique, l'amélioration à court terme, et les effets indésirables était modérée à élevée. Pour toutes les autres comparaisons, la qualité des preuves à court terme pour la guérison clinique et les effets indésirables était faible. Les limitations habituelles des études étaient un nombre limité de participants, des investigateurs sachant ce que les participants recevaient, et les participants n'ayant pas terminé l'étude (nombreux dans certaines études) n'ont pas été inclus dans les analyses.

Conclusions des auteurs: 

Aucune intervention n'a démontré être réellement efficace dans le traitement du molluscum contagiosum. Nous avons trouvé des preuves de qualité modérée indiquant que l'imiquimod topique à 5 % n'était pas plus efficace que l'excipient en termes de guérison clinique, mais entraînait davantage de réactions au point d'application, et des preuves de haute qualité indiquant qu'il n'y avait pas de différences entre les traitements en termes d'amélioration à court terme. Cependant, des preuves de haute qualité ont montré un nombre similaire d'effets secondaires généraux dans les deux groupes. Etant donné que les preuves identifiées n'étaient pas favorables à un quelconque traitement, la guérison naturelle du molluscum contagiosum reste une méthode fiable pour le traitement de cette affection.

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Contexte: 

Le molluscum contagiosum est une infection cutanée courante provoquée par un virus pox et survenant principalement chez les enfants. L'infection disparait généralement en quelques mois chez les personnes sans déficit immunitaire, mais un traitement peut être préféré pour des raisons esthétiques et sociales ou pour éviter la propagation de l'infection. Des preuves claires justifiant les différents traitements sont actuellement inexistantes.

Cet article est une mise à jour d'une revue Cochrane publiée pour la première fois en 2006 et précédemment mise à jour en 2009.

Objectifs: 

Évaluer les effets des traitements spécifiques et des stratégies de prise en charge, y compris attendre la guérison naturelle, pour le traitement du molluscum contagiosum non génital cutané chez les personnes sans déficit immunitaire.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons mis à jour nos recherches dans les bases de données suivantes jusqu'en juillet 2016 : le registre spécialisé du groupe Cochrane sur la peau, CENTRAL, MEDLINE, Embase, et LILACS. Nous avons consulté six registres d'essais et vérifié les références bibliographiques des études incluses et des articles de revue pour identifier d'autres références à des essais contrôlés randomisés pertinents. Nous avons contacté des sociétés pharmaceutiques et des experts dans le domaine afin d'identifier d'autres essais contrôlés randomisés pertinents.

Critères de sélection: 

Les essais contrôlés randomisés portant sur tout traitement du molluscum contagiosum chez les personnes sans déficit immunitaire. Nous avons exclu les essais portant sur le molluscum contagiosum sexuellement transmissible et ceux portant sur des personnes ayant un déficit immunitaire (y compris les personnes infectées par le VIH).

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont indépendamment sélectionné les études, évalué la qualité méthodologique et extrait les données des études sélectionnées. Nous avons obtenu les données manquantes auprès des auteurs des études lorsque cela était possible.

Résultats principaux: 

Nous avons trouvé 11 nouvelles études pour cette mise à jour, entraînant un total de 22 études incluses, avec 1650 participants. Les études ont examiné les effets des interventions topiques (20 études) et systémiques (2 études).

Parmi les nouvelles études incluses, il y avait les rapports complets de trois études à large échelle non publiées, sur lesquelles un expert du domaine a attiré notre attention. Celles-ci ont toutes fourni des preuves de qualité modérée indiquant une absence d'effet de l'imiquimod à 5 % par rapport à l'excipient (placebo) sur la guérison clinique à court terme (4 études, 850 participants, 12 semaines après le début du traitement, risque relatif (RR) 1,33, intervalle de confiance à 95 % (IC) 0,92 à 1,93), la guérison clinique à moyen terme (2 études, 702 participants, 18 semaines après le début du traitement, RR 0,88, IC à 95 % 0,67 à 1,14), et la guérison clinique à long terme (2 études, 702 participants, 28 semaines après le début du traitement, RR 0,97, IC à 95 % 0,79 à 1,17). Nous avons trouvé des résultats similaires mais plus certains concernant l'amélioration à court terme (4 études, 850 participants, 12 semaines après le début du traitement, RR 1,14, IC à 95 % 0,89 à 1,47 ; preuves de qualité élevée). Pour le critère de jugement « tout effet indésirable », nous avons trouvé des preuves de bonne qualité indiquant peu ou pas de différences entre l'imiquimod topique à 5 % et l'excipient (3 études, 827 participants, RR 0,97, IC à 95 % 0,88 à 1,07), mais les réactions au site d'application étaient plus fréquentes dans les groupes traités avec l'imiquimod (preuves de qualité modérée) : toute réaction du site d'application (3 études, 827 participants, RR 1,41, IC à 95 % de 1,13 à 1,77, le nombre nécessaire pour nuire (NNN) était de 11) ; les réactions graves au site d'application (3 études, 827 participants, RR 4,33, IC à 95 %, entre 1,16 et 16,19, NNN de plus de 40).

Pour les 11 comparaisons suivantes, il y avait peu de preuves permettant de déterminer si le traitement était supérieur à court terme pour atteindre une guérison clinique (preuves de faible qualité) : l'imiquimod à 5 % est moins efficace que le cryospray (1 étude, 74 participants, RR 0,60, IC à 95 % 0,46 à 0,78) et l'hydroxyde de potassium à 10 % (2 études, 67 participants, RR 0,65, IC à 95 % 0,46 à 0,93) ; l'huile de myrte citronnée d'Australie à 10 % est plus efficace que l'huile d'olive (1 étude, 31 participants, RR 17,88, IC à 95 % 1,13 à 282,72) ; la crème à base de peroxyde de benzoyle à 10 % est plus efficace que la trétinoïne à 0,05 % (1 étude, 30 participants, RR 2,20, IC à 95 %, entre 1,01 et 4,79) ; le nitrite de sodium à 5 % associé à de l'acide salicylique à 5 % est plus efficace que de l'acide salicylique à 5 % seulement (1 étude, 30 participants, RR 3,50, IC à 95 % 1,23 à 9,92) ; et l'iode associée à l'huile de l'arbre à thé est plus efficace que l'huile de l'arbre à thé seulement (1 étude, 37 participants, RR 0,20, IC à 95 % 0,07 à 0,57) ou l'iode seulement (1 étude, 37 participants, RR 0,07, IC à 95 % 0,01 à 0,50). Bien qu'il existe des incertitudes, l'hydroxyde de potassium à 10 % semble être plus efficace que la solution saline (1 étude, 20 participants, RR 3,50, IC à 95 % 0,95 à 12,90) ; le calcarea homéopathique carbonica semble être plus efficace que le placebo (1 étude, 20 participants, RR 5,57, IC à 95 %, 0,93 à 33,54) ; la solution d'hydroxyde de potassium à 2,5 % semble être moins efficace qu'une solution à 5 % (1 étude, 25 participants, RR 0,35, IC à 95 % 0,12 à 1,01) ; et la povidone iodée à 10 % associée à un plâtre d'acide salicylique à 50 % semble être plus efficace que le plâtre à l'acide salicylique seulement (1 étude, 30 participants, RR 1,43, IC à 95 % 0,95 à 2,16).

Nous n'avons trouvé aucune différence statistiquement significative pour les autres comparaisons (dont la plupart portaient sur deux traitements topiques différents). Nous n'avons trouvé aucune preuve issue d'essais contrôlés randomisés concernant la perforation des lésions ou le peroxyde d'hydrogène.

Les limites des études incluaient l'absence de mise en aveugle, de nombreux abandons, et aucune analyse en intention de traiter. En dehors de réactions sévère au site d'application avec l'imiquimod, aucun des traitements évalués ci-dessus n'était associé à des effets indésirables graves (preuves de faible qualité). Parmi les événements indésirables les plus courants on peut noter les douleurs durant l'application, l'érythème et des démangeaisons. Les études incluses portant sur les comparaisons suivantes n'ont pas rendu compte des effets indésirables : le calcarea carbonica par rapport à un placebo, la povidone iodée à 10 % associée à un plâtre à l'acide salicylique à 50 % par rapport à un plâtre à l'acide salicylique et le peroxyde de benzoyle à 10 % versus la trétinoïne à 0,05 %.

Nous n'avons pas été en mesure d'évaluer le risque de biais dans la plupart des études en raison d'un manque d'information, en particulier en ce qui concerne l'assignation secrète et le possible compte-rendu sélectif. Nous avons considéré cinq études comme étant à faible risque de biais.

Notes de traduction: 

Traduction réalisée par Martin Vuillème et révisée par Cochrane France

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.