Impact des stratégies de diagnostic de la tuberculose par le test urinaire de lipoarabinomannane à flux latéral chez les personnes vivant avec le VIH

Quel était l’objectif de la revue ?

La tuberculose est la principale cause de décès chez les personnes vivant avec le VIH. La maladie est particulièrement difficile à diagnostiquer chez les personnes vivant avec le VIH, en partie parce qu'il est souvent difficile de recueillir les expectorations pour procéder au diagnostic. Le test de lipoarabinomannane urinaire à flux latéral (LF-LAM) est un test rapide recommandé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour faciliter la détection de la tuberculose active chez les personnes vivant avec le VIH. Cette revue se limite aux études qui ont utilisé le test Alere Determine TB LAM Ag (AlereLAM), qui est le seul test LF-LAM actuellement recommandé par l'OMS ; ainsi dans cette revue LF-LAM se réfère uniquement à AlereLAM. Un diagnostic rapide et précoce de la tuberculose pourrait permettre un traitement rapide, prévenir des formes sévères de la maladie et éviter des décès. L'objectif de cette revue était de déterminer si l'utilisation du test LF-LAM avait un effet sur les décès et d'autres critères de jugement importants pour le patient chez les personnes vivant avec le VIH.

Principaux messages

En milieu hospitalier, l'utilisation du LF-LAM dans le cadre d'une stratégie de test de diagnostic de la tuberculose réduit probablement le nombre de décès et entraîne probablement une légère hausse de l’initiation du traitement antituberculeux chez les personnes vivant avec le VIH.

En milieu ambulatoire, l'utilisation du test LF-LAM dans le cadre d'une stratégie de diagnostic de la tuberculose pourrait réduire le nombre de décès et entraîner une forte hausse de l'initiation du traitement antituberculeux chez les personnes vivant avec le VIH.

Quel était l’objet de la revue ?

Nous avons recherché des essais chez les adultes (15 ans et plus) qui évaluaient l'effet d'une stratégie de diagnostic de la tuberculose incluant le test LF-LAM par rapport aux soins standard utilisant d'autres tests de diagnostic recommandés par l'OMS chez les adultes vivant avec le VIH.

Quels ont été les principaux résultats de la revue ?

Nous avons identifié trois essais, deux en milieu hospitalier et un en milieu ambulatoire.

Milieu hospitalier

En milieu hospitalier, l'utilisation du test LF-LAM dans le cadre d'une stratégie de diagnostic de la tuberculose réduit probablement la mortalité à huit semaines chez les personnes vivant avec le VIH, par rapport au test de diagnostic de la tuberculose en routine sans LF-LAM (2 essais, 5 102 participants, données probantes d’un niveau de confiance modéré).

En milieu hospitalier, l'utilisation du test LF-LAM dans le cadre d'une stratégie de diagnostic de la tuberculose entraîne probablement une légère hausse de la proportion de personnes vivant avec le VIH qui ont commencé un traitement antituberculeux par rapport au test de diagnostic de la tuberculose en routine sans LF-LAM (2 essais, 5 102 participants ; données probantes d’un niveau de confiance modéré).

Milieu ambulatoire

En milieu ambulatoire, l'utilisation du test LF-LAM dans le cadre d'une stratégie de diagnostic de la tuberculose pourrait réduire la mortalité à six mois chez les personnes vivant avec le VIH par rapport au test de diagnostic de la tuberculose en routine sans LF-LAM (1 essai, 2 972 participants, données probantes d’un niveau de confiance faible).

En milieu ambulatoire, l'utilisation du test LF-LAM dans le cadre d'une stratégie de diagnostic de la tuberculose pourrait entraîner une forte hausse de la proportion de personnes vivant avec le VIH qui ont commencé un traitement antituberculeux par rapport au test de diagnostic de la tuberculose en routine sans LF-LAM (1 essai, 3 022 participants, données probantes d’un niveau de confiance faible).

Autres critères de jugement importants pour le patient

Les études incluses ont évalué les autres critères de jugement importants pour le patient de différentes manières. Les études ont démontré qu'un plus grand nombre de personnes vivant avec le VIH étaient capables de recueillir l'urine plutôt que les expectorations pour les tests de diagnostic de la tuberculose, et qu'un plus grand nombre de personnes vivant avec le VIH ont reçu un diagnostic de tuberculose dans le groupe dépisté par le LF-LAM.

Cette revue est-elle à jour ?

Nous avons recherché les essais pertinents jusqu'au 12 mars 2021.

Conclusions des auteurs: 

En milieu hospitalier, l'utilisation du LF-LAM dans le cadre d'une stratégie de test de diagnostic de la tuberculose réduit probablement la mortalité et entraîne probablement une légère hausse de l’initiation du traitement de la tuberculose chez les personnes vivant avec le VIH. La réduction de la mortalité pourrait être due à un diagnostic plus précoce, facilitant ainsi l’initiation rapide du traitement. En milieu ambulatoire, l'utilisation du LF-LAM dans le cadre d'une stratégie de test de diagnostic de la tuberculose pourrait réduire la mortalité et pourrait entraîner forte hausse de l’initiation du traitement antituberculeux chez les personnes vivant avec le VIH. Nos résultats appuient la mise en œuvre de l'utilisation du LF-LAM en conjonction avec d'autres tests de diagnostic de la tuberculose recommandés par l'OMS pour faciliter le diagnostic rapide de la tuberculose chez les personnes vivant avec le VIH.

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Contexte: 

La tuberculose est la première cause d'hospitalisation chez les personnes vivant avec le VIH, et la probabilité de décès à l'hôpital reste à un niveau inacceptable. Le test Alere Determine TB LAM Ag (AlereLAM) est un test sur le lieu d’intervention et le seul test de lipoarabinomannane à flux latéral (LF-LAM) actuellement disponible sur le marché et recommandé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Une revue systématique Cochrane de 2019 a résumé la précision diagnostique du LF-LAM dans la détection de la tuberculose chez les personnes vivant avec le VIH. Cette revue systématique évalue l'impact de l'utilisation du LF-LAM (AlereLAM) sur la mortalité et d'autres critères de jugement importants pour le patient.

Objectifs: 

Évaluer l'impact de l'utilisation du LF-LAM (AlereLAM) sur la mortalité chez les adultes vivant avec le VIH en milieu hospitalier et ambulatoire.

Évaluer l'impact de l'utilisation du LF-LAM (AlereLAM) sur d'autres critères de jugement importants pour le patient chez les adultes vivant avec le VIH, y compris le délai de diagnostic de la tuberculose et le délai d'initiation du traitement antituberculeux.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre spécialisé du groupe Cochrane sur les maladies infectieuses ; le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) ; MEDLINE (PubMed) ; Embase (Ovid) ; le Science Citation Index Expanded (Web of Science), BIOSIS Previews, Scopus, LILACS ; ProQuest Dissertations and Theses ; ClinicalTrials.gov ; et l'ICTRP de l'OMS jusqu'au 12 mars 2021.

Critères de sélection: 

Essais contrôlés randomisés comparant une intervention diagnostique incluant le LF-LAM à des stratégies diagnostiques utilisant des frottis d’expectoration, des examens mycobactériologiques sur culture, un test moléculaire rapide comme Xpert MTB/RIF, ou une association de ces tests. Nous avons inclus des adultes (≥ 15 ans) vivant avec le VIH.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs ont évalué de manière indépendante l'éligibilité des essais, extrait les données et analysé le risque de biais en utilisant l'outil Cochrane d'évaluation du risque de biais dans les études randomisées. Nous avons contacté les auteurs des études pour obtenir des clarifications selon les besoins. Nous avons utilisé le risque relatif (RR) avec un intervalle de confiance (IC) à 95 %. Nous avons utilisé un modèle à effet fixe, sauf en cas d'hétérogénéité clinique ou statistique, dans ce cas nous avons utilisé un modèle à effets aléatoires. Nous avons évalué le niveau de confiance des données probantes à l’aide du système GRADE.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus trois essais, deux réalisés en milieu hospitalier et un en milieu ambulatoire. Tous les essais ont été menés en Afrique subsaharienne et ont évalué l'impact des stratégies de diagnostic incluant le LF-LAM sur la mortalité lorsque le test était utilisé en association avec d'autres tests de diagnostic de la tuberculose ou avec une évaluation clinique pour la prise de décision clinique chez les adultes vivant avec le VIH.

Milieu hospitalier

En milieu hospitalier, l'utilisation du test LF-LAM dans le cadre d'une stratégie de diagnostic de la tuberculose réduit probablement la mortalité chez les personnes vivant avec le VIH à huit semaines par rapport au test de diagnostic de la tuberculose en routine sans LF-LAM (RR combiné 0,85, IC à 95 % 0,76 à 0,94 ; 5 102 participants, 2 essais ; données probantes d’un niveau de confiance modéré). En d'autres termes, les personnes vivant avec le VIH et dépistées par LF-LAM présentaient une diminution de 15 % du risque de mortalité. L'effet absolu était de 34 décès de moins pour 1 000 (de 14 à 55 décès de moins).

En milieu hospitalier, l'utilisation du test LF-LAM dans le cadre d'une stratégie de diagnostic de la tuberculose entraîne probablement une légère hausse de la proportion de personnes vivant avec le VIH qui ont commencé un traitement antituberculeux par rapport au test de diagnostic de la tuberculose en routine sans LF-LAM (RR combiné 1,26, IC à 95 % 0,94 à 1,69 ; 5 102 participants, 2 essais ; données probantes d’un niveau de confiance modéré).

Milieu ambulatoire

En milieu ambulatoire, l'utilisation du test LF-LAM dans le cadre d'une stratégie de diagnostic de la tuberculose pourrait réduire la mortalité à six mois chez les personnes vivant avec le VIH par rapport au test de diagnostic de la tuberculose en routine sans LF-LAM (RR 0,89, IC à 95 % 0,71 à 1,11 ; 2 972 participants, 1 essai ; données probantes d’un niveau de confiance faible). Bien que cet essai n'ait pas permis de détecter une différence quelle qu’elle soit en termes de mortalité, le sens de l’effet allait vers une réduction de la mortalité, et la taille de l’effet était similaire à celle observée en milieu hospitalier.

En milieu ambulatoire, l'utilisation du test LF-LAM dans le cadre d'une stratégie de diagnostic de la tuberculose pourrait entraîner une forte hausse de la proportion de personnes vivant avec le VIH qui ont commencé un traitement antituberculeux par rapport au test de diagnostic de la tuberculose en routine sans LF-LAM (RR 5,44, IC à 95 % 4,70 à 6,29, 3 022 participants, 1 essai; données probantes d’un niveau de confiance faible).

Autres critères de jugement importants pour le patient

L'évaluation des autres critères de jugement importants pour le patient et pour la mise en œuvre varie au sein des essais. Les essais inclus ont démontré qu'une plus grande proportion de personnes vivant avec le VIH était en mesure de recueillir l'urine par rapport aux expectorations pour les tests de diagnostic de la tuberculose ; une plus grande proportion de personnes vivant avec le VIH a reçu un diagnostic de tuberculose dans le groupe dépisté par le LF-LAM ; et le rendement diagnostique supplémentaire était plus élevé pour le LF-LAM que pour le test urinaire ou le test moléculaire des expectorations comme Xpert MTB/RIF.

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Lorella Carozzi et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.