Procédures chirurgicales et non chirurgicales pour la prise en charge des tumeurs hypophysaires sécrétant de l’hormone de croissance chez les adultes

Principaux messages

- Les données probantes sur les effets des approches chirurgicales et non chirurgicales (par exemple, les médicaments) pour la prise en charge des tumeurs hypophysaires qui sécrètent l'hormone de croissance sont très limitées.

- Les critères de jugement particulièrement importants pour les personnes atteintes de la maladie, tels que les complications liées à la maladie, les effets secondaires et la récurrence de la maladie, n'ont pas été rapportés, ou l'ont été de manière très limitée.

- Dans les cas signalés, nous avons constaté que la chirurgie pourrait avoir peu ou pas d'effet sur les critères de jugement par rapport à une thérapie non chirurgicale.

Qu'est-ce qu'un adénome hypophysaire sécrétant de l'hormone de croissance ?

Les adénomes hypophysaires sécrétant de l'hormone de croissance, une maladie hormonale grave, sont des tumeurs dans une petite glande située à la base du cerveau qui libère des hormones de croissance dans le sang.

Comment sont-ils traités ?

Actuellement, les patients atteints de ces types de tumeurs sont traités par l'ablation chirurgicale de la tumeur. Cependant, des méthodes non chirurgicales, telles que les médicaments et la radiothérapie, qui ciblent ces tumeurs, pourraient être utilisées pour les traiter ou pourraient améliorer les résultats même après une intervention chirurgicale.

Que voulions-nous découvrir ?

Les effets des stratégies chirurgicales et non chirurgicales pour le traitement des adénomes hypophysaires sécrétant de l'hormone de croissance chez l'adulte.

Comment avons-nous procédé ?

Nous avons examiné les données probantes issues d'études de recherche afin de déterminer si les stratégies chirurgicales et non chirurgicales étaient efficaces pour traiter les adénomes hypophysaires sécrétant de l'hormone de croissance chez l'adulte. Nous avons comparé les interventions chirurgicales et non chirurgicales utilisées dans le traitement de ces tumeurs.

Qu’avons-nous trouvé ?

Nous avons trouvé huit essais contrôlés randomisés (études cliniques dans lesquelles les personnes sont placées au hasard dans l'un des deux groupes de traitement) impliquant 445 personnes atteintes de ces types de tumeurs et visant à déterminer si la chirurgie, la médication ou la médication suivie d'une chirurgie peuvent améliorer les critères de jugement. Nous n'avons trouvé aucune étude portant sur la radiothérapie. Le suivi des participants à l'étude a duré de 12 semaines à 5 ans.

Résultats principaux

Les études ne décrivent pas de manière très détaillée les complications possibles de la maladie et les effets indésirables du traitement. La récurrence des tumeurs n'a pas été signalée du tout. Après avoir combiné les informations disponibles dans les études, il n'est pas certain qu'il y ait une différence entre la chirurgie et les médicaments ou entre la chirurgie et les médicaments suivis d'une chirurgie en ce qui concerne nos critères de jugement principaux.

Quelles sont les limites des données probantes ?

Nous n'avons pas confiance dans les données probantes car de nombreuses études incluses dans cette revue étaient de très petite taille, elles n'ont pas fourni d'informations exploitables et certains résultats n'étaient pas cohérents d'une étude à l'autre. En outre, certaines études n'indiquaient pas clairement comment elles avaient été menées, par exemple comment les participants à l'étude avaient été répartis de manière aléatoire dans l'un des deux groupes de traitement. Notre manque de confiance dans les données probantes signifie que de futures études pourraient probablement modifier nos résultats.

Les données probantes sont-elles à jour ?

Ces données probantes sont à jour au mois d'août 2022.

Conclusions des auteurs: 

Dans le contexte des adénomes hypophysaires sécrétant de l’hormone de croissance, les critères de jugement pertinents pour le patient, tels que les complications liées à la maladie, les événements indésirables et la récurrence de la maladie, n'ont pas été rapportés ou l'ont été de façon très limitée. Lorsqu'elle est rapportée, nous avons constaté que la chirurgie pourrait avoir peu ou pas d'effet sur les critères de jugement par rapport à la thérapie de comparaison. Les données probantes actuelles sont limitées par le petit nombre d'études incluses, ainsi que par le risque de biais incertain dans la plupart des études. La grande incertitude des données probantes limite significativement l'applicabilité de nos résultats à la pratique clinique.

Des rapports détaillés sur le fardeau de la maladie récurrente constituent une importante lacune dans les connaissances, qui devra être évaluée dans de futures études. Il est également essentiel que les futures études dans ce domaine soient planifiées de manière à rendre compte des critères de jugement par sous-type de tumeur (c'est-à-dire macroadénomes versus microadénomes), afin que des analyses en sous-groupes puissent être menées à l'avenir. Des études plus rigoureuses et de plus grande envergure, alimentées pour répondre à ces questions de recherche, sont nécessaires pour évaluer les mérites de la thérapie pharmacologique néoadjuvante ou de la pharmacothérapie de première intention.

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Contexte: 

L'adénome hypophysaire sécrétant l'hormone de croissance (growth hormone, GH) est une maladie endocrinienne grave. La chirurgie est le traitement primaire actuellement recommandé pour les patients atteints de tumeurs sécrétant de la GH. Cependant, la thérapie non chirurgicale (thérapie pharmacologique et radiothérapie) pourrait être effectuée en tant que thérapie principale ou pourrait améliorer les critères de jugement chirurgicaux.

Objectifs: 

Évaluer les effets des interventions chirurgicales et non chirurgicales pour le traitement primaire et de rattrapage des adénomes hypophysaires sécrétant de la GH chez les adultes.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans CENTRAL, MEDLINE, ICTRP de l’OMS et ClinicalTrials.gov. La date de la dernière recherche dans toutes les bases de données était le 1er août 2022. Nous n'avons appliqué aucune restriction sur la langue.

Critères de sélection: 

Essais contrôlés randomisés (ECR) et quasi-ECR d'une durée de plus de 12 semaines, portant sur les interventions chirurgicales, pharmacologiques, radiologiques et combinées pour les adénomes hypophysaires sécrétant de la GH, dans tout contexte de soins de santé.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont indépendamment examiné les titres et les résumés pour en vérifier la pertinence, ont vérifié l'inclusion, ont procédé à l'extraction des données et ont évalué le risque de biais. Nous avons évalué les études en fonction du niveau de confiance des données probantes à l'aide du système GRADE. Nous avons estimé les effets du traitement à l'aide d'une méta-analyse à effets aléatoires. Les résultats ont été exprimés sous forme de risques relatifs (RR) pour les critères de jugement dichotomiques, accompagnés d'intervalles de confiance (IC) à 95 % ou de différences de moyennes (DM) pour les critères de jugement continus, ou sous forme descriptive lorsqu'une méta-analyse n'était pas possible.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus huit ECR qui ont évalué 445 adultes atteints d'adénomes hypophysaires sécrétant de la GH. Quatre études ont déclaré avoir inclus des participants atteints de macroadénomes, une étude a inclus un petit nombre de participants atteints de microadénomes. Les autres études n'ont pas précisé les sous-types de tumeurs. Les études ont évalué la thérapie chirurgicale seule, la thérapie pharmacologique seule ou la combinaison de la thérapie chirurgicale et pharmacologique. La qualité méthodologique était variable, de nombreuses études ne fournissant pas suffisamment d'informations pour comparer les stratégies de traitement ou évaluer avec précision le risque de biais. Nous avons identifié deux comparaisons principales, la chirurgie seule par rapport à la thérapie pharmacologique seule, et la chirurgie seule par rapport à la thérapie pharmacologique et à la chirurgie combinées.

Thérapie chirurgicale seule par rapport à une thérapie pharmacologique seule

Trois études portant sur un total de 164 participants randomisés ont examiné cette comparaison. Une seule étude a décrit de manière narrative l'hyperglycémie comme une complication liée à la maladie. Les trois études ont rapporté les événements indésirables, mais une seule d'entre elles a rapporté les chiffres séparément pour les groupes d'intervention ; aucun des 11 participants n'a développé de calculs ou de boues biliaires à l'échographie après l'intervention chirurgicale, tandis que cinq des 11 participants ont connu des problèmes biliaires après la thérapie pharmacologique (RR 0,09, IC à 95 % 0,01 à 1,47 ; 1 étude, 22 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). La qualité de vie liée à la santé s'est améliorée de manière similaire dans les deux groupes d'intervention au cours du suivi. La chirurgie seule comparée à la thérapie pharmacologique seule pourrait légèrement augmenter le taux de rémission biochimique entre 12 semaines et un an après l'intervention, mais les données probantes sont très incertaines ; 36/78 participants dans le groupe chirurgie seule par rapport à 15/66 dans le groupe thérapie pharmacologique ont montré une rémission biochimique. La nécessité d'une intervention chirurgicale supplémentaire ou d'une thérapie non chirurgicale en cas de maladie récurrente ou persistante n'a été décrite que pour les études à bras uniques.

Thérapie chirurgicale seule par rapport à une thérapie pharmacologique préopératoire et une chirurgie

Cinq études avec un total de 281 participants randomisés ont fourni des données pour cette comparaison. La thérapie pharmacologique préopératoire et la chirurgie pourraient avoir peu ou pas d'effet sur la complication liée à la maladie d'une intubation difficile (nécessitant le report de la chirurgie) par rapport à la chirurgie seule, mais les données probantes sont très incertaines (RR 2,00, IC à 95 % 0,19 à 21,34 ; 1 étude, 98 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). La chirurgie seule pourrait avoir peu ou pas d'effet sur les événements indésirables (transitoires et persistants) lorsqu'elle est comparée à un traitement pharmacologique préopératoire et à la chirurgie, mais là encore, les données probantes sont très incertaines (RR 1,23, IC à 95 % 0,75 à 2,03 ; 5 études, 267 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). En ce qui concerne la rémission biochimique, la chirurgie seule comparée à la thérapie pharmacologique préopératoire et à la chirurgie pourrait ne pas augmenter les taux de rémission jusqu'à 16 semaines après la chirurgie ; 23 des 134 participants du groupe chirurgie seule par rapport à 51 des 133 participants du groupe thérapie pharmacologique préopératoire et chirurgie ont montré une rémission biochimique. En outre, les données probantes d’un niveau de confiance très faible n'ont pas permis de conclure à un bénéfice ou à un inconvénient de la thérapie pharmacologique préopératoire et de la chirurgie par rapport à la chirurgie seule pour les critères de jugement « besoin d’une intervention chirurgicale supplémentaire » (RR 0,48, IC à 95 % 0,05 à 5,06 ; 1 étude, 61 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible) ou « thérapie non chirurgicale de la maladie récurrente ou persistante » (RR 1,22, IC à 95 % 0,65 à 2,28 ; 2 études, 100 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible). Aucune des études incluses n'a mesuré la qualité de vie liée à la santé.

Aucune des huit études incluses n'a mesuré la récurrence de la maladie ou les effets socio-économiques. Si trois des huit études n’ont rapporté aucun décès, l'une d'entre elles mentionne qu'au total, deux participants sont décédés dans les cinq ans qui ont suivi le début de l'étude.

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Inès Belalem et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.