Aquablation pour le traitement des symptômes du bas appareil urinaire chez les hommes atteints d'hyperplasie bénigne de la prostate

Problématique de la revue

Où se place l’aquablation pour hypertrophie de la prostate chez les patients présentant des symptômes urinaires gênants vis-à-vis des autres procédures existantes ?

Contexte

Une hypertrophie de la prostate peut causer des symptômes gênants des voies urinaires, comme le besoin d'uriner souvent le jour ou la nuit, une faiblesse du débit et une sensation de vidange incomplète de la vessie. Lorsque les mesures hygiéno-diététiques (comme boire moins de liquides) ou le traitement médicamenteux ne suffisent pas, les patients peuvent choisir de subir une chirurgie, comme une résection transurétrale de la prostate. Cependant, cette procédure peut entraîner des effets indésirables, tels que des problèmes d'érection et d'éjaculation, ou nécessiter un nouveau traitement. Cette revue s’intéresse aux résultats de l'aquablation, une nouvelle procédure qui utilise de l'eau sous haute pression pour enlever le tissu prostatique et soulager les signes fonctionnels urinaires.

Caractéristiques des études

Nous avons cherché toutes les études qui comparaient l'aquablation à la résection transurétrale de la prostate. Nous avons inclus à la fois des études dans lesquelles le traitement était décidé au hasard et des études dans lesquelles les patients et leur urologue le choisissaient. Nous avons cherché des études jusqu'au 11 février 2019.

Résultats principaux

Nous n'avons trouvé qu'une seule étude dans laquelle le traitement a été choisi de manière aléatoire. L'étude comparait l'aquablation à la résection transurétrale de la prostate. En moyenne, les hommes avaient environ 66 ans. Nous n'avons trouvé aucune autre étude.

Nous avons constaté que l'aquablation améliore probablement les symptômes urinaires de la même façon que la résection transurétrale de la prostate et peut également mener à une qualité de vie similaire. Les taux d'effets indésirables graves pourraient également être similaires, mais nous en sommes très peu certains.

Le risque de réintervention pourrait être similaire entre l’aquablation et la résection transurétrale de la prostate mais nous en sommes très peu certains.

Il n’y aurait que peu voire pas de différence concernant l’altération de la fonction érectile avec l’aquablation, mais elle entraînerait moins de complications concernant l'éjaculation, cependant nous sommes très peu certains de ces deux résultats.

Ces résultats sont basés sur une seule étude financée par l'entreprise qui fabrique le dispositif utilisé pour l'aquablation. Toutes les données étaient limitées à 12 mois de suivi ou moins et la taille de la prostate était inférieure ou égale à 80 mL.

Valeur probante des données

Notre certitude à propos des données probantes que nous avons trouvées variait de moyenne à très faible en raison de lacunes dans la façon dont l'étude a été réalisée et de la petite taille de l'étude. Cela signifie que selon le critère d’évaluation, nous avons une confiance modérée, limitée ou très faible dans les résultats.

Conclusions des auteurs: 

D'après le suivi à court terme (jusqu'à 12 mois), l'effet de l'aquablation sur les signes fonctionnels urinaires est probablement similaire à celui de la RTUP (données de valeur probante moyenne). Ces deux techniques seraient également similaires en ce qui concerne les effets sur la qualité de vie (données de faible valeur probante). Nous ne savons pas avec certitude si les patients qui subissent l'aquablation présentent un risque plus élevé ou plus faible d'événements indésirables majeurs (données de très faible valeur probante). Nous avons estimé que les résultats indiquant que l'aquablation altérerait légèrement voire pas du tout la fonction érectile mais apporterait une légère amélioration de la préservation de la fonction éjaculatoire sont très incertains (les données sont de très faible valeur probante pour ces deux résultats). Ces conclusions sont fondées sur une seule étude menée auprès d'hommes dont le volume de la prostate peut atteindre 80 mL. Des données à plus long terme et des comparaisons avec d'autres critères semblent essentielles à une évaluation plus approfondie du rôle de l'aquablation dans le traitement des symptômes du bas appareil urinaire chez les hommes atteints d'HBP.

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Contexte: 

De nouvelles chirurgies mini-invasives sont apparues comme des alternatives à la résection transurétrale de la prostate (RTUP) pour la prise en charge des symptômes du bas appareil urinaire chez les hommes présentant une hyperplasie bénigne de la prostate (HBP). L'aquablation est un nouveau traitement chirurgical, mini-invasif, utilisant l’eau et combinant le guidage par imagerie et la robotique pour l'ablation du tissu prostatique.

Objectifs: 

Évaluer les effets de l'aquablation pour le traitement des symptômes du bas appareil urinaire chez les hommes atteints d'hyperplasie bénigne de la prostate.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué une recherche exhaustive à l'aide de multiples bases de données (la Bibliothèque Cochrane, MEDLINE, Embase, Scopus, Web of Science et LILACS), de registres d’essais, d'autres sources de littérature grise et de comptes rendus de conférences publiés jusqu'au 11 février 2019, sans restrictions quant à la langue ou au statut des publications.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus des essais cliniques comparatifs randomisés (ECR) en groupes parallèles ou en clusters, ainsi que des études observationnelles prospectives non randomisées avec des groupes témoins dans lesquels des participants atteints d'HBP ont subi une aquablation.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont évalué de façon indépendante les études en vue de les inclure à chaque étape et ont entrepris l’extraction des données et l'évaluation du "risque de biais", et évalué la valeur probante des données à l’aide de GRADE. Nous avons considéré les critères de jugement mesurés jusqu'à 12 mois après la randomisation comme étant des critères de jugement à court terme et ceux mesurés au-delà de 12 mois comme étant des critères de jugement à long terme.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus un ECR avec 184 participants comparant l'aquablation à la RTUP. L'âge moyen et le score au questionnaire IPSS (International Prostate Symptom Score) étaient respectivement de 65,9 ans et 22,6. Le volume moyen de la prostate était de 53,2 mL. Nous n'avons trouvé que des données à court terme pour tous les critères de jugement et basées sur une seule étude randomisée.

Critères de jugement principaux

Jusqu'à 12 mois, l'aquablation permet probablement une amélioration des scores des symptômes urologiques similaire à celle après une RTUP (différence moyenne (DM) -0,06, intervalle de confiance à 95 % (IC) -2,51 à 2,39 ; participants = 174 ; données de valeur probante moyenne). Nous avons abaissé d'un niveau la valeur probante des données en raison des limites de l'étude. L'aquablation permettrait également une qualité de vie semblable à celle après une RTUP (DM 0,27, IC à 95 % -0,24 à 0,78 ; participants = 174, données de faible valeur probante). Nous avons abaissé de deux niveaux la valeur probante des données en raison des limites et des imprécisions de l'étude. L'aquablation n’entraînerait que peu voire pas de différence concernant le risque d’événements indésirables majeurs (Risque Relatif (RR) de 0,84, IC à 95 % de 0,31 à 2,26 ; participants = 181, données de très faible valeur probante), mais nous en sommes très peu certains. Cela correspondrait à 15 événements indésirables majeurs de moins pour 1 000 participants (IC à 95 % : 64 de moins à 116 de plus). Nous avons abaissé d'un niveau la valeur probante des données en raison des limites de l'étude et de deux niveaux en raison de ses imprécisions.

Critères de jugement secondaires

Jusqu'à 12 mois, l'aquablation n’entraînerait que peu voire pas de différence quant à une réintervention (RR 1,68, IC à 95 % : 0,18 à 15,83 ; participants = 181, données de très faible valeur probante), mais nous en sommes très peu certains. Cela correspondrait à 10 réinterventions pour 1 000 participants (IC à 95 % : 13 de moins à 228 de plus). Nous avons abaissé d'un niveau la valeur probante des données en raison des limites de l'étude et de deux niveaux pour ses imprécisions.

L'aquablation n’entraînerait que peu voire pas de différence en ce qui concerne la fonction érectile, telle que mesurée par le questionnaire IIEF-EFD (International Index of Erectile Function-Erectile Function domain) par rapport à la RTUP (DM 2,31, IC à 95 % -0,63 to 5,25 ; participants = 64, données de très faible valeur probante), et entraînerait légèrement moins de dysfonctionnements éjaculatoires que la RTUP, selon le questionnaire MSHQ-EjD (Male Sexual Health Questionnaire for Ejaculation Dysfunction) (DM 2,57, IC à 95 % 0,60 à 4,53 ; participants = 121, données de très faible valeur probante). Cependant, nous sommes très peu certains de ces deux résultats. Nous avons abaissé de deux niveaux la valeur probante des données pour ces deux critères de jugement en raison des limites de l'étude et d'un niveau pour ses imprécisions.

Nous n'avons pas trouvé d'autres études prospectives et comparatives comparant l'aquablation à la RTUP ou à d'autres procédures comme l'ablation au laser, l'énucléation ou d'autres techniques mini-invasives.

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Romain BRONNERT et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.