Voie d’administration de la prophylaxie antibiotique pour prévenir l’infection de la dérivation du liquide céphalorachidien

Problématique de la revue

Nous avons examiné les données probantes concernant l'effet de différentes voies d'administration d’antibiotiques, administrés pour prévenir les infections associées à la dérivation, chez les personnes ayant subi une dérivation du liquide céphalorachidien.

Contexte

Les personnes atteintes d'hydrocéphalie (une quantité excessive de liquide céphalorachidien dans le cerveau en raison d’un blocage dans les cavités cérébrales ou dans le système de résorption) peuvent être traitées par l’implantation chirurgicale d’une dérivation du liquide céphalorachidien. La dérivation, ou « shunt », consiste à implanter un tube allant du cerveau au cœur ou à l'abdomen afin de drainer la quantité excessive de liquide céphalorachidien vers d'autres parties du corps, où il sera réabsorbé. L'un des problèmes les plus courants survenant après une intervention est l'infection de la dérivation. Les patients tombent malades et, dans la plupart des cas, il faut procéder à l’enlèvement de la dérivation et à l’implantation d’une nouvelle, après le rétablissement du patient. Afin de réduire le nombre d'infections, les chirurgiens administrent des antibiotiques avant, pendant ou après l'intervention chirurgicale, ou combinés de différentes manières, de façon à protéger le patient contre les bactéries susceptibles d’infecter la dérivation. Ces antibiotiques peuvent être administrés de diverses manières : par voie orale, par voie intraveineuse, directement dans les cavités cérébrales, directement sur la dérivation ou à travers l'implantation de cathéters de dérivation imprégnés d'antibiotiques.

Résultats

Dans cette revue, nous avons inclus 11 études réalisées jusqu'au mois de janvier 2018 et qui comprennent un total de 1109 participants ayant subi une dérivation du liquide céphalorachidien pour hydrocéphalie. La majorité des études incluses étaient de petite envergure et de durée variable (de huit semaines à plus d'un an). Nous avons constaté que l'administration d'antibiotiques est efficace pour prévenir les infections de la dérivation (données de très faible valeur probante). Comme les essais inclus sont peu nombreux, que les interventions effectuées différaient de façon marquée et que les données pour nos critères de jugement avaient une très faible valeur probante, nos résultats n’ont pas permis de tirer de conclusion claire quant au type d'antibiotique et à la voie d'administration les plus efficaces dans la prévention de l'infection de la dérivation.

Conclusions des auteurs: 

La prophylaxie antibiotique pourrait avoir un effet positif sur la diminution du nombre de personnes ayant eu des infections de la dérivation. Toutefois, la qualité des études incluses était faible et l'effet n'est pas homogène dans l’ensemble des différentes voies d'administration analysées. Nous ne pouvons donc pas affirmer avec certitude que la prévention des infections de la dérivation varie en fonction de différents antibiotiques, de différentes voies d'administration, des facteurs temporelles et de la posologie, ou des caractéristiques du patient, par exemple, s’il s’agit d’un enfant ou d’un adulte. Il vaut mieux considérer les résultats de cette revue comme des hypothèses plutôt que des preuves. Ils devraient également être confirmés par des essais avec suffisamment de puissance statistique ou par des études multicentriques de grande envergure afin d'obtenir des données de bonne valeur probante dans le domaine de la prévention des infections des dérivations ventriculaires.

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Contexte: 

La complication principale d’une chirurgie de la dérivation du liquide céphalorachidien (LCR) est l'infection de la dérivation. La prévention des infections de la dérivation consiste en l'utilisation périopératoire d'antibiotiques, qui peuvent être administrés de cinq façons différentes : par voie orale, par voie intraveineuse, par voie intrathécale, par voie topique ou par l'implantation de cathéters de dérivation imprégnés d'antibiotiques.

Objectifs: 

Déterminer quel est l'effet des différentes voies de prophylaxie antibiotique (c.-à-d. orale, intraveineuse, intrathécale, topique et par cathéters de dérivation imprégnés d'antibiotiques) sur les infections de la dérivation du LCR, chez les personnes traitées pour hydrocéphalie par l’internalisation de la dérivation du LCR.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué une recherche électronique systématique sans aucune restriction de langue, de date ou de type de publication. Assistés par le spécialiste de l'information du groupe Cochrane sur la Sclérose en Plaques et les Maladies Rares du Système Nerveux Central, nous avons consulté le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), la Bibliothèque Cochrane et les bases de données MEDLINE et Embase. La recherche a été effectuée en janvier 2018.

Critères de sélection: 

Tous les essais contrôlés randomisés et quasi-randomisés qui ont analysé l'effet de la prophylaxie antibiotique, quelle que soit la posologie ou la voie d'administration, en vue de la prévention de l'infection de la dérivation du LCR chez les patients traités par une dérivation interne du liquide céphalorachidien. Les patients ayant des dérivations externes n’ont pas été considérés pour cette étude.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont extrait les données des essais inclus de manière indépendante. En cas de désaccord, nous avons discuté pour trouver une solution ou nous avons fait appel à un chercheur indépendant au sein de notre service. En outre, les analyses ont été effectuées par au moins deux auteurs.

Résultats principaux: 

Dans cette revue systématique, nous avons inclus un total de 11 essais contrôlés randomisés de petite envergure, comprenant 1109 participants. Parmi ces études, trois ne portaient que sur des enfants, alors que les huit autres portaient sur des participants de tous âges. La plupart des études se sont limitées à l'évaluation des dérivations ventriculo-péritonéales. Cependant, cinq études comprenaient des participants avec des dérivations ventriculo-atriales, dont une étude comptant quatre participants ayant subi une dérivation sous-duro-péritonéale. Nous avons constaté que quatre des 11 essais (36 %) présentaient un risque de biais incertain, tandis que les sept autres essais (64 %) ont montré un risque de biais élevé dans un ou plusieurs des éléments évalués.

Nous avons analysé toutes les études incluses afin d'estimer l'effet de la prophylaxie antibiotique sur la proportion des infections de la dérivation, indépendamment de la voie d'administration. Bien que les données de ces études aient une faible valeur probante, la prophylaxie antibiotique pourrait avoir un effet positif sur le nombre de participants qui ont des infections de la dérivation (RR 0,55, IC à 95 % : de 0,36 à 0,84) ; ce qui représente une réduction de 55 % du nombre de participants qui ont eu une infection de la dérivation, par rapport aux traitements standard ou aux placebos.

Parmi les différentes voies d'administration d’une prophylaxie antibiotique, seule celle par intraveineuse pourrait avoir un effet sur le risque d'infection de la dérivation (RR 0,55, IC à 95 % : de 0,33 à 0,90). Cependant, celle-ci est la seule voie ayant été examinée dans plus de deux études (8 études ; 797 participants). Les données n’avaient qu’une valeur probante incertaine, autant pour l'administration intrathécale des antibiotiques (RR 0,73, IC à 95 % : de 0,28 à 1,93, 2 études ; 797 participants ; données de faible valeur probante) que pour celle à travers des cathéters imprégnés d'antibiotiques (RR 0,36, IC à 95 % : de 0,10 à 1,24, 1 étude ; 110 participants ; données de très faible valeur probante).

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Elisa CALLEGARI et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.