Réduction du stress basée sur la pleine conscience pour les aidants familiaux de personnes atteintes de démence

Question de la revue

Dans quelle mesure la réduction du stress basée sur la pleine conscience (RSBPC) est-elle efficace pour réduire les problèmes liés au stress des aidants familiaux de personnes atteintes de démence ?

Contexte

La démence est devenue un fardeau pour la santé publique à l’échelle mondiale. Prendre soin de personnes atteintes de démence est très stressant, les aidants sont ainsi plus susceptibles de souffrir de problèmes psychologiques, tels que la dépression et l’anxiété, que la population générale. La réduction du stress basée sur la pleine conscience est une intervention potentiellement prometteuse pour cibler ces problèmes. De plus amples informations sont nécessaires pour déterminer si la RSBPC peut aider les aidants familiaux de personnes atteintes de démence.

Caractéristiques de l’étude

Nous avons recherché des preuves jusqu’à septembre 2017 et avons trouvé cinq essais contrôlés randomisés (essais cliniques où des personnes sont affectées de façon aléatoire à l’un des groupes de traitement parmi deux groupes ou plus) comparant la RSBPC à une variété d’autres interventions. Nous avons rapporté les effets des programmes de RSBPC comparés à ceux de témoins actifs (interventions dans lesquelles les participants ont fait l’objet d’autant d’attention que ceux du groupe RSBPC, telles qu’un soutien social ou de la relaxation musculaire progressive) ou des témoins inactifs (interventions dans lesquelles les participants ont fait l’objet de moins d’attention que ceux du groupe RSBPC, telles que des cours de développement personnel).

Résultats principaux

Nous avons été en mesure d’analyser les données de cinq essais contrôlés randomisées impliquant 201 aidants au total. Les résultats de trois études (135 aidants) montraient que les aidants suivant une RSBPC peuvent avoir un niveau inférieur de symptômes dépressifs à la fin du traitement par rapport à ceux suivant un traitement témoin actif. Cependant, nous n’avons pas trouvé de preuves claires d’un effet sur la dépression lorsque la RSBPC était comparée à un traitement témoin inactif. La réduction du stress basée sur la pleine conscience conduirait également à une réduction des symptômes d’anxiété chez les aidants à la fin du traitement. La réduction du stress basée sur la pleine conscience augmenterait légèrement l’impression de fardeau chez les aidants. Cependant, les résultats sur l’anxiété et le fardeau étaient très incertains. Nous n’avons pas été en mesure de tirer de conclusions concernant les stratégies d’adaptation des aidants et le risque d’abandon du traitement en raison de la très faible qualité des preuves.

Aucune des études ne mesurait la qualité de vie des aidants ou des personnes atteintes de démence ni le taux d’admission des personnes atteintes de démence dans des établissements de soins ou des hôpitaux.

Une seule des études incluses rendait compte des événements indésirables, constatant un événement indésirable mineur (entorse cervicale chez un participant pratiquant le yoga à domicile).

Qualité des preuves

Nous avons considéré que la qualité des preuves était faible ou très faible, principalement en raison de la petite taille des études et de la façon dont elles étaient conçues ou menées qui risquait de donner des résultats biaisés. Par conséquent, nous accordons à ces résultats un degré de confiance limité.

Conclusion

En résumé, la revue fournit des preuves préliminaires sur l’effet de la RSBPC pour traiter certains problèmes liés au stress chez les aidants familiaux de personnes atteintes de démence. Plus d’études de bonne qualité sont nécessaires avant que nous puissions confirmer si la RSBPC est bénéfique ou non pour les aidants familiaux de personnes atteintes de démence.

Conclusions des auteurs: 

Après avoir pris en compte les effets non spécifiques de l’intervention (c.-à-d. en la comparant avec un témoin actif), des preuves de faible qualité suggèrent que la RSBPC réduirait les symptômes dépressifs et l’anxiété des aidants, au moins à court terme.

Il y a d’importantes limitations à l’ensemble de preuves concernant la RSBPC dans cette population. Selon notre évaluation GRADE, la qualité des preuves était faible à très faible. Nous avons rétrogradé la qualité des preuves principalement en raison du risque élevé de biais de détection ou de performance, et du manque de précision.

En conclusion, la RSBPC a le potentiel de répondre à certains besoins importants de l’aidant, mais davantage d’études de haute qualité dans ce domaine sont nécessaires pour confirmer son efficacité.

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Contexte: 

Prendre soin de personnes atteintes de démence est extrêmement difficile, et il est reconnu que les aidants familiaux sont exposés à un risque accru de problèmes de santé physique et mentale. La plupart des interventions actuelles ont un taux de succès restreint pour réduire le stress chez les aidants de personnes atteintes de démence. La réduction du stress basée sur la pleine conscience (RSBPC) s’appuie sur un éventail de pratiques et peut constituer une approche prometteuse pour aider les aidants de personnes atteintes de démence.

Objectifs: 

Évaluer l’efficacité de la RSBPC pour réduire le stress des aidants familiaux de personnes atteintes de démence.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans ALOIS - le registre spécialisé du groupe Cochrane sur la démence et les autres troubles cognitifs, le registre central Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) (toutes les années jusqu’au numéro 9 sur 12, 2017), MEDLINE (Ovid SP 1950 à septembre 2017), Embase (Ovid SP 1974 à septembre 2017), Web of Science (ISI Web of Science 1945 à septembre 2017), PsycINFO (Ovid SP 1806 à septembre 2017), CINAHL (toutes les dates jusqu’en septembre 2017), LILACS (toutes les dates jusqu’en septembre 2017), le système d’enregistrement international des essais cliniques (ICTRP) de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), ClinicalTrials.gov, et Dissertation Abstracts International (DAI) jusqu’au 6 septembre 2017, sans restriction de langue.

Critères de sélection: 

Des essais contrôlés randomisés (ECR) portant sur la RSBPC pour les aidants familiaux de personnes atteintes de démence.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont indépendamment passé en revue les références pour les critères d’inclusion, extrait les données, évalué le risque de biais des essais à l’aide de l’outil Cochrane correspondant et évalué la qualité des preuves en utilisant le système GRADE. Nous avons contacté les auteurs des études pour obtenir des informations supplémentaires, puis nous avons effectué des méta-analyses ou présenté les résultats sous forme narrative lorsque les données étaient insuffisantes. Nous avons utilisé les procédures méthodologiques standard prévues par Cochrane.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus cinq ECR, impliquant 201 aidants et évaluant l’efficacité de la RSBPC. La structure et le contenu des témoins utilisés dans les études incluses étaient variables. Les programmes de réduction du stress basés sur la pleine conscience étaient comparés soit à des témoins actifs (ceux dont la durée et le niveau d’attention étaient équivalents à la RSBPC, c.-à-d. éducation, soutien social ou relaxation musculaire progressive), soit à des témoins inactifs (ceux dont la durée et le niveau d’attention n’étaient pas équivalents à la RSBPC, c.-à-d. cours de développement personnel ou assistance à domicile). L’un des essais utilisait à la fois des témoins actifs et inactifs dans les comparaisons avec la RSBPC. Toutes les études présentaient un risque élevé de biais en ce qui concerne la mise en aveugle de l’évaluation des résultats. La plupart des études ne fournissaient aucune information concernant le compte-rendu sélectif, les données de résultats incomplètes ou l’assignation secrète.

1. Comparée aux témoins actifs, la RSBPC réduirait les symptômes dépressifs des aidants à la fin de l’intervention (3 essais ; 135 participants ; différence moyenne standardisée [DMS] -0,63 ; intervalle de confiance [IC] à 95 % -0,98 à -0,28 ; P<0,001 ; preuves de faible qualité). Nous ne pouvons pas être sûrs des effets sur les symptômes dépressifs cliniquement significatifs (preuves de très faible qualité).

Comparée à un témoin actif, la réduction du stress basée sur la pleine conscience diminuerait l’anxiété de l’aidant à la fin de l’intervention (1 essai ; 78 participants ; différence moyenne [DM] -7,50 ; IC à 95 % -13,11 à -1,89 ; P<0,001 ; preuves de faible qualité) et augmenterait légèrement le fardeau de l’aidant (3 essais ; 135 participants ; DMS 0,24 ; IC à 95 % -0,11 à 0,58 ; P=0,18 ; preuves de faible qualité), même si les résultats étaient imprécis et nous n’étions pas en mesure d’exclure un effet faible ou nul. En raison de la très faible qualité des preuves, nous ne pouvions pas être sûrs des effets sur le style d’adaptation des aidants ni déterminer si les aidants étaient plus ou moins susceptibles d’abandonner le traitement.

2. Comparée aux contrôles inactifs, la RSBPC ne montrait aucune preuve claire d’un effet sur les symptômes dépressifs (2 essais ; 50 participants ; DM -1,97 ; IC à 95 % -6,89 à 2,95 ; P=0,43 ; preuve de faible qualité). Nous ne pouvons pas être sûrs des effets sur les symptômes dépressifs cliniquement significatifs (preuves de très faible qualité).

Dans cette comparaison, la RSBPC réduirait également l’anxiété de l’aidant à la fin de l’intervention (1 essai ; 33 participants ; DM -7,27 ; IC à 95 % -14,92 à 0,38 ; P=0,06 ; preuves de faible qualité), même si nous n’avons pas été en mesure d’exclure un effet faible ou nul. En raison de la très faible qualité des preuves, nous ne pouvions pas être sûrs des effets de la RSBPC sur le fardeau des aidants, l’utilisation de stratégies d’adaptation positives ou les taux d’abandon.

Nous n’avons trouvé aucune étude s’intéressant à la qualité de vie des aidants ou des bénéficiaires des soins, ou le placement en établissement de soins.

Une seule des études incluses rendait compte des événements indésirables, constatant un seul événement indésirable lié à la pratique du yoga à domicile.

Notes de traduction: 

Traduction réalisée par Sophie Fleurdépine pour Cochrane France

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.