Le tramadol avec ou sans paracétamol (acétaminophène) pour le traitement de la douleur du cancer

Bilan

Aucune conclusion définitive n'a pu être tirée quant à l'efficacité ou aux effets indésirables du tramadol, seul ou avec du paracétamol, contre la douleur du cancer.

Contexte

Une personne sur deux ou trois atteintes d'un cancer souffre de douleurs dont l'intensité devient modérée ou sévère et qui tendent à s'aggraver avec la progression du cancer.

Le chlorhydrate de tramadol est un analgésique opioïde disponible depuis 1977. En 2016, près de 90 laboratoires en proposaient des formes orales ou injectables. Les formes orales peuvent être à libération immédiate et à libération prolongée. Il existe également des préparations pour administration par voie rectale.

Dans cette revue, nous avons décidé d'estimer dans quelle mesure le tramadol était efficace, combien de personnes ont eu des effets secondaires et quelle était la gravité de ceux-ci (par exemple s'ils étaient sévères au point que les participants ont cessé de prendre leur tramadol).

Caractéristiques de l'étude

En novembre 2016, nous avons trouvé 10 études portant sur 958 participants adultes et aucune étude chez les enfants. Les études étaient généralement de petite taille, comparaient différentes préparations de tramadol à différents autres médicaments et ne rapportaient pas bien les critères de jugement importants. Il est donc difficile de déterminer si le tramadol est aussi efficace, plus efficace ou moins efficace qu’un autre médicament contre la douleur du cancer.

Principaux résultats

Aucune conclusion définitive n'a pu être tirée pour aucun critère de jugement dans aucune des comparaisons. Le tramadol n’est peut-être pas aussi efficace que la morphine.

Qualité des données

Nous avons jugé que toutes les preuves disponibles étaient de très mauvaise qualité. Cela signifie que les recherches ne fournissent pas une indication fiable de l’effet probable.

Conclusions des auteurs: 

Il existe des données limitées et de très mauvaise qualité, issues d'essais contrôlés randomisés, indiquant que le tramadol soulage la douleur chez les adultes souffrant de douleur due au cancer, et il n’existe aucune donnée probante pour les enfants. Des données de très mauvaise qualité indiquent que le tramadol n'est pas aussi efficace que la morphine. Cette revue ne fournit pas une indication fiable de l’effet probable. La probabilité que l'effet soit sensiblement différent est très élevée. La place du tramadol dans la prise en charge de la douleur du cancer et son rôle au palier 2 de l’échelle des antalgiques de l’OMS ne sont pas clairs.

Lire le résumé complet...
Contexte: 

Le tramadol est un analgésique opioïde autorisé contre la douleur modérée à sévère. Son risque d’accoutumance est considéré comme faible, de sorte qu’il est moins réglementé que les opiacés « forts » tels que la morphine. Il occupe une place essentielle au deuxième palier de l’échelle des antalgiques de l’OMS.

Objectifs: 

Évaluer les bénéfices et les effets indésirables du tramadol avec ou sans paracétamol (acétaminophène) contre la douleur liée au cancer.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans les bases de données suivantes à l'aide d'un large éventail de termes de recherche : le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), MEDLINE, Embase, et LILACS. nous avons également effectué des recherches dans trois bases de données de registres d'essais cliniques. La dernière recherche a été effectuée le 2 novembre 2016.

Critères de sélection: 

Nous avons sélectionné les études randomisées, contrôlées par placebo ou contrôle actif ou les deux, et qui incluaient au moins 10 participants par bras de traitement. Nous nous sommes intéressés en particulier aux études en aveugle, mais avons également inclus des études ouvertes.

Nous avons exclu les études non randomisées, les études de la douleur expérimentale, les rapports de cas et les observations cliniques.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont extrait indépendamment les données à l'aide d'un formulaire standard et vérifié leur concordance avant de les entrer dans Review Manager 5. Nous avons inclus des informations concernant le nombre de participants traités et les détails démographiques, le type de cancer, le médicament et le schéma posologique, la conception de l'étude (placebo ou contrôle actif) et les méthodes, la durée de l'étude et le suivi, les mesures des paramètres et résultats des antalgiques, les abandons et les événements indésirables. Nous avons recueilli plusieurs rapports de la même étude, de sorte que chaque étude, plutôt que chaque rapport, était l'unité d'intérêt dans la revue. Nous avons évalué les données en utilisant le système GRADE et créé un tableau récapitulatif des résultats.

Les paramètres principaux d'intérêt pour le bénéfice étaient la réduction de la douleur de 30 % ou plus et de 50 % ou plus par rapport à l'inclusion, l'absence de participants souffrant de douleurs plus que légères, et une grande ou très grande amélioration subjective.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus 10 études (12 rapports) portant sur 958 participants adultes. Toutes les études portaient sur des participants souffrant de douleur chronique causée par une tumeur maligne, d’intensité décrite comme modérée à sévère, à 4/10 au moins avec le traitement actuel. La moyenne d'âge était de 59 à 70 ans, avec des extrêmes de 24 et 87 ans. La durée de l'étude allait d’un jour à six mois. Cinq études utilisaient un plan d'étude croisé. Les doses de tramadol variaient entre 50 mg en dose unique et 600 mg par jour ; les doses de 300 mg par jour à 400 mg par jour était les plus fréquentes.

Neuf études étaient à risque élevé de biais pour un à quatre critères (une seule à risque élevé de biais pour la taille). Nous avons jugé que tous les résultats constituaient des données de très faible valeur probante en raison de l'absence fréquente de mise en aveugle de l'évaluation des résultats, de la description inadéquate de la génération de séquences, de l'assignation secrète et du petit nombre de participants et d'événements. Des critères de jugement importants étaient mal rapportés. Les comparaisons portaient sur huit médicaments actifs différents et un placebo. Il y avait peu d'informations disponibles pour les comparaisons et aucune conclusion définitive n'a pu être tirée pour aucun des critères de jugement.

Des comparaisons simples du tramadol oral avec la codéine associée au paracétamol, de la dihydrocodéine et du tramadol par voie rectale et par voie orale n'ont pas fourni de données pour les critères de jugement principaux. Une étude a utilisé le tramadol combiné au paracétamol ; quatre participants ont reçu cette intervention. Une étude a comparé le tramadol avec la flupirtine, un médicament qui n'est plus disponible. Une étude a comparé le tramadol à un placebo et à une association de cobrotoxine, de tramadol et d'ibuprofène, mais le schéma posologique est mal expliqué.

Deux études (191 participants) comparaient le tramadol à la buprénorphine. Une étude (131 participants) a rapporté une proportion semblable d’absence de douleur ou de douleur légère à 14 jours.

Trois études (300 participants) comparaient le tramadol avec la morphine. Une seule étude, combinant le tramadol, le tramadol associé au paracétamol et le paracétamol associé à la codéine dans un seul groupe d’opiacés faibles, rapportait des résultats. Les opiacés faibles ont réduit la douleur d'au moins 30 % par rapport au début de l’étude chez 55 participants sur 117 (47 %), contre 91 sur 110 (82 %) avec la morphine. Ils ont réduit la douleur d'au moins 50 % chez 49 participants sur 117 (42 %), contre 83 sur 110 (75 %) avec la morphine.

Il n'y avait pas d'informations utiles pour aucun autre critère de jugement du bénéfice ou du préjudice.

Notes de traduction: 

Traduction réalisée par Suzanne Assénat et révisée par Cochrane France

Tools
Information

Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.