Utiliser la désescalade pour prévenir la violence chez les personnes agressives

Problématique de la revue

Les techniques de désescalade aident-elles à calmer les adultes qui sont agressifs dans les milieux de soins ? Quelles techniques fonctionnent le mieux ?

Contexte

Il existe de nombreuses raisons à l’agressivité dans les milieux de soins, y compris une maladie mentale ou physique. Plusieurs techniques sont possibles afin d’aider quelqu'un qui se comporte de manière agressive à se calmer, par exemple parler à cette personne et interpréter ses gestes non verbaux ainsi que son langage corporel. Cette approche est appelée désescalade. Bien qu'elle soit largement enseignée et utilisée, nous en savons très peu sur l'efficacité de la désescalade ou sur les techniques les plus efficaces.

Caractéristiques de l’étude

Nous avons cherché toutes les preuves disponibles à ce sujet, mais nous n'avons trouvé que deux études. L'une d'entre elles portait sur 306 personnes atteintes de démence, d’une moyenne d’âge de 86 ans, réparties dans 16 maisons de retraite en France. La deuxième étude est toujours en cours et n'a pas encore fourni des résultats pour la revue.

Résultats principaux

L'étude n'a pas évalué des aspects importants pour nous, comme le nombre de blessures subies par le personnel ou les résidents. Elle a toutefois mesuré l'impact que la formation du personnel a sur le niveau d'agressivité des résidents trois mois après la fin de la formation. Certaines variables qui indiquent le niveau d’agressivité physique et verbale se sont réduites, mais pas toutes.

Qualité des preuves

Le niveau de fiabilité des preuves disponibles dans l’étude incluse est très faible. De plus, cette dernière n'a pas abordé certains points importants, comme les blessures. Donc, nous ne pouvons pas dire si les techniques de désescalade sont efficaces.

Actualité des preuves

Les données sont à jour au mois de septembre 2017.

Conclusions des auteurs: 

Les preuves limitées signifient que l'efficacité de la désescalade et l'efficacité relative des différentes techniques demeurent incertaines. Il est donc urgent de mener des recherches de grande qualité sur l'efficacité de cette intervention.

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Contexte: 

L'agressivité est fréquente dans les milieux de soins et des services sociaux. Elle peut causer des blessures aux patients et au personnel et nuire aux prestations et au bien-être du personnel. La désescalade est une intervention largement utilisée et recommandée pour la gestion de l'agressivité, mais l’efficacité de cette approche dans son ensemble ou des techniques spécifiques qui la composent n’est pas claire.

Objectifs: 

Évaluer les effets des techniques de désescalade pour la prise en charge de l'agressivité non causée par la psychose chez les adultes en milieu de soins, tant chez le personnel que chez les usagers des services.

Stratégie de recherche documentaire: 

En septembre 2017, nous avons effectué des recherches dans les bases de données CENTRAL, MEDLINE, Embase, PsycINFO, CINAHL et 14 autres ainsi que, en octobre 2017, dans trois registres d'essais. Nous avons également vérifié les références bibliographiques et communiqué avec des auteurs d’études et les autorités dans le domaine pour trouver d'autres études publiées et non publiées.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés (ECR) et des essais quasi-randomisés qui comparent les techniques de désescalade à la pratique courante ou à d'autres techniques de gestion des comportements agressifs en milieu de soins pour adultes. Nous avons exclu les études dans lesquelles les participants souffraient de psychose.

Recueil et analyse des données: 

Nous avons utilisé les procédures méthodologiques standard attendues par Cochrane.

Résultats principaux: 

Cette revue ne comprend qu'une seule étude randomisée en grappes menée au sein de 16 maisons de retraite en France et qui porte sur 306 personnes atteintes de démence, d’une moyenne d’âge de 86 ans. L'étude n'a mesuré aucun de nos critères de jugement primaires ou secondaires, mais elle a mesuré les changements comportementaux à l'aide de trois échelles de mesure : l'Inventaire d'agitation Cohen-Mansfield (CMAI ; échelle de 29 items), l'Inventaire neuropsychiatrique (NPI ; échelle de 12 items) et l'échelle d'observation (OS ; échelle de 25 items). Pour le CMAI, l'étude fournit un score global (29 items cotés sur une échelle de sept points (1 = ne se produit jamais à 7 = se produit plusieurs fois par heure) et additionnés pour donner un score total allant de 29 à 203), ainsi qu’un score moyen (items évaluables (classés sur la même échelle de 7 points) divisé par le nombre total théorique d’items) pour les quatre domaines suivants : Comportement physiquement non agressif, comme faire les cents pas (13 items) ; comportement verbalement non agressif, comme la répétition (quatre items) ; comportement physiquement agressif, comme les coups (neuf items) ; comportement verbalement agressif, comme les insultes (trois items). Quatre des cinq échelles CMAI ont montré une amélioration au sein du groupe d'intervention (score global : différence moyenne (DM) de changement = -5,69 points, intervalle de confiance (IC) à 95 % = de -9,59 à -1,79 ; comportement physiquement non agressif : DM de changement = -0,32 points, IC à 95 % = de -0,49 à -0,15 ; comportement verbalement non agressif : DM de changement = -0,44 points, IC à 95 % = de -0,69 à -0,19 et comportement verbalement agressif : DM de changement = -0,16 points, IC à 95 % = de -0,31 à -0,01). Aucune différence de variation de score n’a été observée pour l'échelle du comportement physiquement agressif (DM = -0,08 point, IC à 95 % = de -0,37 à 0,21). À l'aide des lignes directrices GRADE, nous avons évalué la qualité de ces données comme étant très faible en raison du risque élevé de biais et du caractère indirect des mesures de résultats. A la fin de l'étude, aucune différence de variation de score n’a été observée pour le NPI ou l'OS entre les groupes.

Nous avons également identifié une étude en cours.

Notes de traduction: 

Post-édition : Morgane Le Collinet - Révision : Dan-Madalin Pavel (M2 ILTS, Université Paris Diderot)

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.