La coopération binoculaire par rapport au traitement conventionnel par patchs ou à la pénalisation pharmacologique dans l'amblyopie (œil paresseux) des enfants âgés de trois à huit ans

Problématique de la revue
Traitement de coopération binoculaire par rapport au traitement conventionnel par occlusion ou à la pénalisation pharmacologique (brouillage de vision) dans l’amblyopie unilatérale des enfants âgés de trois à huit ans.

Contexte
Aujourd’hui, l'amblyopie (œil paresseux) chez l'enfant est traitée par le port de lunettes suivi d’une occlusion par patch ou de l'application de gouttes d'atropine sur l'œil qui voit le mieux (ce qui brouille la vision de l’œil dominant). Ces traitements ne sont pas populaires chez les enfants et la quantité de patchs ou de gouttes ophtalmiques appliqués est souvent inférieure à celle qui a été prescrite. Moins de deux tiers des enfants récupèrent une vision normale dans l'œil paresseux et la vision tridimensionnelle pourrait rester limitée dans certains cas. Un nouveau type de traitement binoculaire (avec les deux yeux ouverts) qui adapte les informations visuelles montrées à l’œil dominant au niveau de vision de l'œil paresseux, pourrait donner de meilleurs résultats. Les enfants pourraient trouver cette approche plus tolérable car pendant le traitement, ils jouent à des jeux informatiques ou regardent des films à travers des lentilles spéciales ou sur des ordinateurs modifiés.

Que voulions-nous découvrir ?
Nous voulions savoir si les traitements binoculaires étaient plus efficaces que les patchs conventionnels ou la pénalisation pharmacologique pour améliorer la vue chez les enfants âgés de trois à huit ans atteints d'amblyopie unilatérale.

Comment avons-nous procédé ?
Nous avons recherché des études comparant ce nouveau traitement aux patchs ou gouttes ophtalmiques pour brouiller la vue, chez des enfants âgés de trois à huit ans souffrant d'amblyopie. Nous avons cherché toutes les sources d'information habituelles. Deux auteurs de la revue ont indépendamment examiné les résultats de cette recherche. Nous avions prévu d’inclure uniquement les résultats d'essais contrôlés randomisés (ECR), c'est-à-dire d’études comparant le nouveau traitement à un traitement standard et dans lesquelles les enfants sont affectés aléatoirement aux groupes de traitement (comme à pile ou face).

Qu’avons-nous trouvé ?
Nous avons identifié un ECR qui répondait à ces critères. L'étude a recruté 385 enfants dont un sous-ensemble a été analysé ; 36 ont été randomisés pour un jeu binoculaire sur iPad et 32 enfants ont été randomisés pour un traitement conventionnel par patch. L'étude a montré qu'en moyenne, la vision s'améliore à la fois avec les patchs et le nouveau traitement informatique après 16 semaines, avec peu ou pas de différence dans l'amplitude d’amélioration entre les deux approches malgré quelques limites de l’étude.

Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour pouvoir conclure définitivement sur ce nouveau traitement. Nous recommandons que les recherches futures soient effectuées sous la forme d'ECR et que les chercheurs utilisent des tests reconnus de mesure de l’acuité visuelle (détails fins) et de la vision tridimensionnelle pour rapporter les résultats. Il sera également important de publier les observations rapportées par les enfants et les familles, la durée du traitement, ainsi que détailler une aggravation de la vue de l'œil paresseux après l'arrêt du traitement.

Ces données probantes sont-elles à jour ?
Cette revue met à jour notre revue précédente. Les données probantes sont à jour jusqu'en novembre 2020.

Conclusions des auteurs: 

À l'heure actuelle, il n'existe qu'un seul ECR avec des données probantes concernant la tolérance et l'efficacité du traitement binoculaire.

Les auteurs sont modérément confiants qu'après 16 semaines de traitement, l’amélioration de l’acuité visuelle de l'œil amblyope obtenue après le traitement binoculaire soit probablement comparable à celle du traitement conventionnel par patch. Cependant, en raison de la taille limitée de l'échantillon et du manque de données de suivi à long terme (52 semaines), il n'est pas encore possible de tirer des conclusions solides concernant la tolérance globale et l'efficacité durable du traitement binoculaire.

Des recherches supplémentaires utilisant des méthodes reconnues d'évaluation de l'acuité visuelle et de la stéréopsie et ayant une reproductibilité connue, sont nécessaires pour déterminer la place des traitements binoculaires pour la prise en charge clinique de l'amblyopie. Ces recherches devront intégrer un suivi à plus long terme pour établir l'efficacité du traitement binoculaire. Des essais contrôlés randomisés devront également inclure les critères de jugement rapportés par les utilisateurs, l'observance du traitement prescrit et la récurrence de l'amblyopie après l'arrêt du traitement.

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Contexte: 

Les traitements actuels de l'amblyopie qui sont généralement l’occlusion conventionnelle par patch ou la pénalisation pharmacologique, ont un succès limité. Moins de deux tiers des enfants atteignent une bonne acuité visuelle de 0,20 logMAR de l'œil amblyope, avec une amélioration limitée de la stéréopsie et une faible observance du traitement. Une nouvelle approche basée sur la présentation de films ou de jeux vidéos à chaque œil individuellement pourrait donner de meilleurs résultats et améliorer l'observance. Ces traitements visent à équilibrer l'influx d'informations visuelles de chaque œil au cerveau.

Objectifs: 

Déterminer si les traitements binoculaires chez les enfants âgés de trois à huit ans atteints d'amblyopie unilatérale entraînent des meilleurs critères de jugement visuels que l’occlusion conventionnelle par patchs ou la pénalisation pharmacologique.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans CENTRAL (qui contient le registre des essais du groupe Cochrane sur l’ophtalmologie), MEDLINE, Embase, ISRCTN, ClinicalTrials.gov et l'ICTRP de l'OMS jusqu'au 19 novembre 2020, sans restriction sur la langue.

Critères de sélection: 

Deux auteurs de la revue ont indépendamment examiné les résultats de la recherche des études pertinentes. Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés (ECR) portant sur des enfants âgés de trois à huit ans atteints d'amblyopie unilatérale. L'amblyopie était considérée comme présente lorsque la meilleure acuité visuelle corrigée (MAVC) était inférieure à 0,200 logMAR dans l'œil amblyope, avec une MAVC de 0,200 logMAR ou mieux dans l'autre œil, en présence d'un facteur de risque de l’amblyopie comme l'anisométropie, le strabisme ou les deux. Pour être éligibles, les enfants devaient avoir eu un examen ophtalmologique et une réfraction cycloplégique, avec un examen de fond d’œil et un traitement optique, si indiqué ainsi qu’une MAVC stable dans l'œil amblyope malgré une bonne observance du port de lunettes. Nous avons inclus tout type d'intervention de vision binoculaire sur n'importe quel dispositif (comme des écrans d'ordinateur visualisés avec des lunettes à obturateur à cristaux liquides ; des écrans portables comme des téléphones mobiles avec une superposition de prisme lenticulaire ; ou des écrans de réalité virtuelle). Les groupes de contrôle ont reçu un traitement standard de l'amblyopie qui pouvait inclure des patchs d’occlusion ou de la pénalisation pharmacologique dans l’œil dominant. Nous avons inclus des protocoles d’occlusion par patch à temps plein (toutes les heures d'éveil) et à temps partiel (entre 1 et 12 heures par jour).

Nous avons exclu les enfants qui avaient reçu un traitement autre qu’un traitement optique, ainsi que les études dont le suivi était inférieur à 8 semaines.

Recueil et analyse des données: 

Nous avons suivi la méthodologie standard définie par Cochrane. Le critère de jugement principal de la revue était un changement de la MAVC de loin par rapport à la valeur initiale, dans l'œil amblyope après 16 (± 2) semaines de traitement, mesuré en unités logMAR sur un test d'acuité visuelle adapté à l'âge.

Résultats principaux: 

Nous avons identifié un ECR éligible comparant le traitement conventionnel par patch au nouveau traitement binoculaire, dont nous avons analysé un sous-ensemble de 68 enfants qui remplissaient le critère d'âge pour cette revue. Nous avons obtenu des données sur l’évolution de l'acuité visuelle moyenne de l'œil amblyope, les effets indésirables (diplopie) et l'observance du traitement prescrit aux intervalles de suivi de 8 et 16 semaines, toutefois il n’y avait pas de données disponibles pour l'évolution de la MAVC après 52 semaines. Le risque de biais de l'étude incluse était faible.

Le niveau de confiance des données probantes sur les critères de jugement de l'acuité visuelle à 8 et 16 semaines de traitement et l'observance du traitement était modéré selon les critères GRADE, en abaissant d'un niveau en raison de l'imprécision. Le niveau de confiance des données probantes a été abaissé de deux niveaux et jugé comme faible pour la proportion de participants ayant rapporté des effets indésirables, en raison de la taille de l'échantillon.

L'acuité visuelle de l'œil amblyope s'est améliorée dans le groupe binoculaire et dans le groupe à patch après 16 semaines de traitement (amélioration de -0,21 logMAR dans le groupe binoculaire et de -0,24 logMAR dans le groupe à patch, différence moyenne (DM) de 0,03 logMAR (intervalle de confiance (IC) à 95 % entre -0,10 et 0,04 ; 63 enfants). Cette différence n'était pas significative et les améliorations dans les groupes binoculaire et de patch sont également considérées comme cliniquement équivalentes.

Après 8 semaines de traitement, l'acuité visuelle s'est améliorée dans le groupe binoculaire autant que dans le groupe à patch (amélioration de -0,18 logMAR dans le groupe à patch et de -0,16 logMAR dans le groupe au traitement binoculaire) (DM 0,02, IC à 95 % entre -0,04 et 0,08). Cette différence n'était pas non plus significative statistiquement et les différences observées entre les deux groupes ne sont pas non plus significatives cliniquement. Aucun effet indésirable de diplopie permanente n'a été rapporté.

L'observance était plus élevée dans le groupe des patchs (47 % d’observance supérieure à 75 % pour le groupe iPad contre 90 % pour le groupe à patch).

Aucune donnée n'était disponible pour les changements de stéréopsie ou de sensibilité au contraste après le traitement.

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Astrid Zessler et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.