Les exercices réalisés avec les proches aidants pour améliorer les résultats après un accident vasculaire cérébral (AVC)

Question de la revue

Quels sont les effets des exercices réalisés avec un proche aidant après un accident vasculaire cérébral (AVC) sur les personnes ayant eu un AVC et sur le fardeau pour les soignants ?

Contexte

L'AVC est l'une des principales causes d'invalidité acquise chez l'adulte. Des recherches ont montré que passer plus de temps à réaliser des exercices thérapeutiques dans les premières semaines à quelques mois après un accident vasculaire cérébral (AVC) conduit à un meilleur fonctionnement. En raison du manque de personnel et de ressources, dans la pratique, il est difficile de passer plus de temps à réaliser des exercices thérapeutiques sur cette période. Un moyen d'augmenter la durée de ces exercices est d'impliquer les proches aidants dans la réalisation des exercices avec la personne ayant subi un AVC. Au cours de cet d'enseignement aux exercices, un thérapeute entraîne le patient et le proche aidant et une évaluation des compétences est planifiée de manière régulière.

Caractéristiques de l'étude

Nos recherches jusqu'en octobre 2015 nous ont permis d'identifier neuf essais cliniques, qui ont tous examiné une certaine forme d'exercice offerte par les proches aidants par rapport aux soins habituels, à l'absence de traitement (intervention), ou à une autre intervention qui n'était pas réalisée par les proches aidants.

Résultats principaux

Nous avons inclus 333 paires de patients et de proches aidants dans la revue. Nous avons trouvé des essais dans lesquels les exercices réalisés avec les proches aidants (appelés CME pour caregiver-mediated exercises)) étaient l'objet d'étude. En outre, nous avons trouvé des essais dans lesquels le proche aidant était le prestataire d'une autre intervention déjà existante. Dans cette dernière catégorie, il était difficile de séparer les effets des exercices réalisés avec les proches aidants des effets de l'autre intervention.

Nous avons trouvé des preuves indiquant que les exercices réalisés avec les proches aidants pourraient avoir un effet positif sur l'équilibre en position debout des patients (preuves de faible qualité) et sur la qualité de vie (preuves de très faible qualité) directement après l'intervention. Sur le long terme, nous avons trouvé des preuves de très faible qualité en faveur d'un effet positif sur la distance de marche. Pour la vitesse d'utilisation du bras et de la main, nous avons trouvé des preuves de faible qualité en faveur du groupe témoin.

Nous n'avons trouvé aucun effet indésirable significatif ou d'effets bénéfiques sur le fardeau porté par les soignants ; nous avons estimé que la qualité de ces preuves était modérée (après l'intervention) à très faible (à long terme). En outre, nous n'avons trouvé aucun effet significatif pour les activités de la vie quotidienne, telles que s'habiller et se doucher, après l'intervention (preuves de qualité modérée) et lors du suivi (preuves de faible qualité). Enfin, nous n'avons trouvé aucun effet significatif pour les activités quotidiennes prolongées, comme cuisiner et s'occuper du jardin, après l'intervention ou lors du suivi (preuves de faible qualité).

Dans l'analyse des essais dans lesquels les exercices réalisés avec les proches aidants étaient l'objet d'étude, nous avons trouvé des preuves de qualité modérée indiquant un effet positif des exercices réalisés avec les proches aidants pour les activités de la vie quotidienne.

Nous pouvons conclure que les exercices réalisés avec les proches aidants peuvent être une forme de thérapie prometteuse en complément des soins habituels.

Qualité des preuves

Le nombre d'essais inclus était réduit et le niveau de preuve était de qualité très faible à modérée. Par conséquent, les résultats doivent être interprétés avec prudence.

Conclusions des auteurs: 

Il existe des preuves de qualité très faible à modérée indiquant que les CME peuvent être une intervention utile pour accroître la palette des options thérapeutiques de rééducation après un AVC. Les études incluses étaient de petite taille, hétérogènes, et certains essais présentaient un risque incertain ou élevé de biais. De futures recherches de haute qualité devraient déterminer si les CME sont efficaces et rentables.

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Contexte: 

L'AVC est l'une des principales causes d'invalidité à long terme chez les adultes. Plusieurs revues systématiques ont montré que réaliser avec plus d'intensité des exercices peut conduire à de meilleurs résultats fonctionnels après un accident vasculaire cérébral (AVC). Actuellement, les ressources en milieu hospitalier ne sont pas toujours suffisantes et des méthodes innovantes sont nécessaires pour répondre à ces recommandations sans augmenter les coûts des services de santé. Un moyen efficient pour accroître l'intensité des entraînements pourrait être d'impliquer les proches aidants dans l'entrainement physique. Un programme d'exercices réalisé avec les proches aidants peut potentiellement améliorer les résultats en termes de fonctionnement du corps, de capacité à réaliser des activités et de participation aux exercices chez les personnes victimes d'un AVC. En outre, les proches aidants sont plus activement impliqués dans le processus de rééducation, ce qui peut augmenter le sentiment de compétence, réduire la charge de travail des soignants et pourrait faciliter la transition depuis l'établissement de rééducation (en milieu hospitalier, centre de rééducation, ou maison de soins) jusqu'au domicile. En conséquence, la durée de séjour pourrait être réduite et la sortie précoce pourrait être améliorée.

Objectifs: 

Déterminer si les exercices réalisés avec les proches aidants (CME) améliorent la capacité fonctionnelle et la qualité de vie liée à la santé chez les personnes victimes d'un AVC, et déterminer l'effet sur le fardeau des soignants.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre des essais du groupe Cochrane sur les accidents vasculaires cérébraux (octobre 2015), CENTRAL (The Cochrane Library 2015, numéro 10), MEDLINE (de 1946 à octobre 2015), Embase (de 1980 à décembre 2015), CINAHL (de 1982 à décembre 2015), SPORTDiscus (de 1985 à décembre 2015), trois bases de données supplémentaires (deux en octobre 2015, une en décembre 2015) et six registres d'essais supplémentaires (octobre 2015). Nous avons également passé au crible les références bibliographiques des publications pertinentes et contacté les auteurs dans le domaine.

Critères de sélection: 

Les essais contrôlés randomisés comparant les CME aux soins habituels, à l'absence d'intervention, ou à une autre intervention tant que celle-ci n'était pas réalisée par les proches aidants, et visant à améliorer la fonction motrice chez les personnes qui ont subi un accident vasculaire cérébral (AVC).

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont indépendamment sélectionné les essais. Un auteur de la revue a extrait les données et évalué la qualité et le risque de biais, et un second auteur a recoupé ces données et évalué leur qualité. Nous avons déterminé la qualité des preuves en utilisant le système GRADE. Le faible nombre d'études incluses a limité les analyses pré-planifiées.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus neuf essais portant sur les exercices réalisés avec les proches aidants (CME), dont six essais totalisant 333 paires de patients et de proches aidants ont été inclus dans la méta-analyse. Le petit nombre d'études, de participants, et la variété des mesures des résultats ont rendu le résumé et la combinaison des données dans une méta-analyse difficile. En outre, dans certaines études, les CME étaient la seule intervention (CME-core), tandis que dans d'autres études, les proches aidants ont offert une autre intervention existante, telle que la thérapie par le mouvement induit par la contrainte. Pour les essais dans cette dernière catégorie, il était difficile de séparer les effets des CME des effets de l'autre intervention.

Nous n'avons trouvé aucun effet significatif des CME sur les activités de la vie quotidienne (AVQ) lorsque les données des essais après l'intervention ont été regroupées (4 études ; différence moyenne standardisée (DMS) 0,21, intervalle de confiance à 95 % (IC) -0,02 à 0,44 ; P = 0,07 ; preuves de qualité moyenne) ou lors du suivi (2 études ; différence moyenne (DM) 2,69, IC à 95 % -8,18 à 13,55 ; P = 0,63 ; preuves de faible qualité). En outre, nous n'avons trouvé aucun effet significatif des CME sur les AVQ prolongées après l'intervention (deux études ; DMS 0,07, IC à 95 % -0,21 à 0,35 ; P = 0,64 ; preuves de faible qualité) ou lors du suivi (2 études ; DMS 0,11, IC à 95 % -0,17 à 0,39 ; P = 0,45 ; preuves de faible qualité).

Le fardeau pour les soignants n'a pas augmenté à la fin de l'intervention (2 études ; DMS -0,04, IC à 95 % -0,45 à 0,37 ; P = 0,86 ; preuves de qualité moyenne) ou lors du suivi (1 étude ; DM 0,60, IC à 95 % -0,71 à 1,91 ; P = 0,37 ; preuves de très faible qualité).

À la fin de l'intervention, les CME ont significativement amélioré les critères de jugement secondaires de l'équilibre en position debout (3 études ; DMS 0,53, IC à 95 % 0,19 à 0,87 ; P = 0,002 ; preuves de faible qualité), de la qualité de vie (1 étude ; fonctionnement physique : DM 12,40, IC à 95 % 1,67 à 23,13 ; P = 0,02 ; mobilité : DM 18,20, IC à 95 % 7,54 à 28,86 ; P = 0,0008 ; rétablissement général : DM 15,10, IC à 95 % 8,44 à 21,76 ; P < 0,00001 ; preuves de très faible qualité). Lors du suivi, nous avons trouvé un effet significatif en faveur des CME quant aux tests de la distance de marche en 6 minutes (1 étude ; DM 109,50 m, IC à 95 % 17,12 à 201,88 ; P = 0,02 ; preuves de très faible qualité). Nous avons également trouvé un effet significatif en faveur du groupe témoin à la fin de l'intervention, concernant le temps de performance sur le test des fonctions motrices de Wolf (2 études ; DM -1,72, IC à 95 % -2,23 à -1,21 ; P < 0,00001 ; preuves de faible qualité). Nous n'avons trouvé aucun effet significatif pour les autres critères de jugement secondaires (c'est-à-dire pour le patient : le handicap moteur, la fonction du membre supérieur, l'humeur, la fatigue, la durée du séjour et les événements indésirables ; et pour les soignants : l'humeur et la qualité de vie).

Contrairement à l'analyse primaire, l'analyse des exercices réalisés avec les proches aidants (seuls objets de l'étude) a montré un effet significatif en faveur des CME quant aux AVQ après l'intervention (2 études ; DM 9,45, IC à 95 % 2,11 à 16,78 ; P = 0,01 ; preuves de qualité moyenne).

La qualité méthodologique des essais inclus et la variabilité des interventions (par exemple quant à leur contenu, leur timing et leur durée) ont affecté la validité et la généralisabilité des résultats observés.

Notes de traduction: 

Traduction réalisée par Martin Vuillème et révisée par Cochrane France

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.