Soins en milieu hospitalier comparés aux soins ambulatoires pour les personnes souffrant de troubles de l'alimentation

Pourquoi cette revue est-elle importante ?

Les directives internationales pour la pratique clinique recommandent que, dans l'ensemble, les personnes souffrant de troubles de l'alimentation reçoivent leur traitement dans un contexte ambulatoire. La plupart des gens préfèrent également éviter l'hospitalisation, car cela demande plus de temps et de ressources. Cependant, on ne sait pas si les soins ambulatoires sont aussi efficaces que les soins hospitaliers plus intensifs ou l’hospitalisation partielle (de jour), ou s'ils sont plus acceptables pour les gens. Les personnes qui présentent un risque médical ou psychiatrique de préjudice ou de suicide et celles qui souffrent d'anorexie mentale et d'insuffisance pondérale grave ou qui perdent rapidement du poids peuvent ne pas être en sécurité dans un contexte ambulatoire.

Qui sera intéressé par cette revue ?

Les personnes ayant une expérience vécue des troubles de l'alimentation et les personnes qui s'occupent d'elles seront intéressées par cette revue.

Quelles études avons-nous incluses dans la revue ?

Nous avons consulté des bases de données médicales et des registres d'essais pour trouver des études randomisées contrôlées dans lesquelles ont été comparés les soins des patients hospitalisés aux soins hospitaliers partiels ou aux soins ambulatoires, seuls ou en association, jusqu'en juillet 2018. Nous avons inclus quatre essais portant sur 511 personnes atteintes d'anorexie mentale et un essai portant sur 55 personnes atteintes de boulimie mentale.

Que nous apportent les données probantes de cette revue ?

Il n'y avait pas suffisamment de données probantes provenant d'essais cliniques pour se prononcer pour un contexte de traitement particulier pour les personnes atteintes d'anorexie mentale, de boulimie mentale ou d'autres troubles de l'alimentation. Il n'y avait pas de différence marquée dans la prise de poids chez les personnes atteintes d'anorexie mentale qui étaient traitées dans des contextes différents, mais elles semblaient plus susceptibles d’achever leur traitement lorsqu'une partie ou la totalité de celui-ci était proposé en dehors de l'hôpital. Les données probantes étaient de faible ou de très faible qualité, nous émettons donc quelques doutes quant à ces résultats.

Que devrait-il se passer à la suite de cette revue ?

Nous avons besoin d'un plus grand nombre d'essais comparatifs entre les soins hospitaliers et ambulatoires ou hospitaliers partiels chez les personnes atteintes d'anorexie mentale et d'autres troubles de l'alimentation, lorsqu'il est médicalement sûr d'envisager des contextes de soins moins intensifs.

Conclusions des auteurs: 

Il n'y avait pas suffisamment de données probantes pour conclure si un contexte de traitement donnait de meilleurs résultats pour traiter les personnes souffrant d'anorexie mentale modérément grave (ou moins) ou d'autres troubles de l’alimentation.

D'autres recherches sont nécessaires pour toutes les comparaisons entre les soins hospitaliers et les soins alternatifs.

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Contexte: 

Les directives cliniques recommandent les soins ambulatoires pour la majorité des personnes souffrant d'un trouble de l'alimentation. L'utilisation optimale du traitement hospitalier ou l’hospitalisation complète associée à l’hospitalisation partielle est contestée et la pratique varie considérablement.

Objectifs: 

Évaluer les effets du milieu de traitement (hospitalier, hospitalier partiel ou ambulatoire) sur la réduction des symptômes et l'augmentation des taux de rémission chez les personnes atteintes de :

1. Anorexie mentale et anorexie atypique;

2. Boulimie mentale et autres troubles de l'alimentation.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans Ovid MEDLINE (1950-), Embase (1974-), PsycINFO (1967-) et dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) jusqu'au 2 juillet 2018. Une recherche antérieure dans ces bases de données a été effectuée via le registre Cochrane des essais contrôlés sur les troubles mentaux communs (CCMD-CTR) (toutes les années jusqu'au 20 novembre 2015). Nous avons également effectué des recherches dans le système d’enregistrement international des essais cliniques de l'OMS et dans ClinicalTrials.gov (6 juillet 2018). Nous avons recherché des citations selon la méthode de recherche « avant » dans Web of Science afin de trouver d'autres rapports citant l'une ou l'autre des études incluses, et nous avons examiné les listes de références des études incluses et des revues pertinentes identifiées lors de nos recherches.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus des essais randomisés contrôlés ayant testé l'efficacité du traitement en milieu hospitalier, ambulatoire ou hospitalier partiel des troubles de l'alimentation chez les adultes, les adolescents et les enfants, dont le diagnostic a été déterminé selon le DSM-5 (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders – Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux) ou d'autres critères diagnostiques internationalement reconnus. Nous avons exclu les essais portant sur des cas de traitement pour des complications médicales ou psychiatriques ou des comorbidités (p. ex. hypokaliémie, dépression) liés à un trouble alimentaire.

Recueil et analyse des données: 

Nous avons suivi les procédures standards de Cochrane pour sélectionner les études, extraire et analyser les données, interpréter et présenter les résultats. Nous avons extrait les données selon les critères du DSM-5. Nous avons utilisé l'outil Cochrane pour évaluer le risque de biais. Nous avons utilisé la différence moyenne (DM) ou la différence moyenne standardisée (DMS) pour les résultats à données continues, et le risque relatif (RR) pour les résultats binaires. Chaque résultat est accompagné d’un intervalle de confiance (IC) à 95 %. Nous avons présenté la qualité des données probantes et l'estimation de l'effet sur le poids ou l'indice de masse corporelle (IMC) et l'acceptabilité (nombre de personnes ayant achevé le traitement) dans un tableau intitulé "Résumé des résultats" pour la comparaison pour laquelle nous avions suffisamment de données pour effectuer une méta-analyse.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus cinq essais dans notre revue. Quatre essais comprenaient un total de 511 participants atteints d'anorexie mentale, et un essai comptait 55 participants atteints de boulimie mentale. Trois essais sont en attente de classification et pourraient être inclus dans les prochaines versions de cette revue. Nous avons estimé que tous les essais présentaient un risque de biais lié à l'absence de mise en aveugle des participants et des thérapeutes dans tous les essais, ainsi qu’un risque incertain de biais lié à l’assignation secrète et à la randomisation dans une étude.

Nous avions prévu quatre comparaisons et nous avions des données pour effectuer des méta-analyses pour l'une d'entre elles. Dans le cas de l'anorexie mentale, il se peut qu’il n’y ait que peu ou pas de différence entre les soins hospitaliers spécialisés et les soins actifs ambulatoires ou une brève hospitalisation associée à des soins ambulatoires en ce qui concerne la prise de poids 12 mois après le début du traitement (différence moyenne standardisée (DMS) -0,22, IC à 95 % -0,49 à 0,05 ; 2 essais, 232 participants ; données probantes de faible qualité). Les patients peuvent être plus susceptibles d'achever le traitement lorsqu'ils sont randomisés dans un contexte ambulatoire, mais ce résultat est très incertain (risque relatif (RR) 0,75, IC à 95 % 0,64 à 0,88 ; 3 essais, 319 participants ; données probantes de très faible qualité). La qualité des données probantes pour ces résultats a été rétrogradée en raison des risques de biais, du petit nombre de participants et d'événements, des niveaux variables d’expertise des spécialistes et d'intensité du traitement.

Nous ne disposions d'aucune donnée, ou de données provenant que d'un seul essai pour les principaux résultats de chacune des trois autres comparaisons.

Le poids ou l'acceptation du traitement pour l'anorexie mentale n’ont été mesurés dans aucun essai, lors des comparaisons entre les soins dispensés aux patients hospitalisés par un spécialiste des troubles de l'alimentation et des professionnels de la santé et les groupes sur liste d'attente, n’ayant reçu aucun traitement actif ou ayant reçu un traitement habituel.

Il n'y avait pas de différence évidente dans la prise de poids entre les différents milieux, mais seulement une légère augmentation de l'acceptation de l’hospitalisation partielle par rapport aux soins hospitaliers spécialisés pour le rétablissement du poids dans le cas de l'anorexie mentale.

Il n'y avait pas de différence évidente dans la prise de poids ou l'acceptabilité du traitement entre les soins hospitaliers spécialisés et les soins hospitaliers partiels pour la boulimie mentale et les autres troubles de la boulimie.

Notes de traduction: 

Traduction réalisée par Mohamed CHOUR et révisée par Cochrane France.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.