L'imiquimod contre les verrues anogénitales chez les adultes non immunodéprimés

Question de la revue

Dans la présente revue Cochrane, nous avons évalué l'efficacité et l'innocuité de l'imiquimod par rapport à un placebo et à toute autre modalité thérapeutique mise en œuvre par les patients ou par un professionnel de santé pour le traitement des verrues anogénitales chez l'adulte sans déficience de la réponse immunitaire

Contexte

Bien que 30 % des verrues anogénitales disparaissent spontanément sans traitement, il n'existe actuellement aucun moyen de savoir si une lésion va disparaître ou persister. Il existe de nombreuses options de traitement et le choix est basé sur l'expérience des praticiens, les préférences du patient et les effets indésirables.

Caractéristiques des études

Nous avons effectué une recherche dans la littérature disponible jusqu'au 15 avril 2014 et inclus 10 essais totalisant 1 734 participants. Ces essais portaient sur des sujets des deux sexes, âgés de plus de 18 ans, pour lesquels un diagnostic clinique de verrue anogénitale avait été posé. Huit essais incluaient des personnes qui avaient été traitées auparavant pour des verrues anogénitales et deux essais des personnes qui n'avaient pas eu besoin de traitement auparavant. Dans la plupart des essais, les sujets ont utilisé de l'imiquimod à 5 % trois fois par semaine et la durée de l'essai variait entre 8 et 12 semaines. Cependant, plusieurs essais inclus comparaient des concentrations et des fréquences d'application différentes. Six essais comparaient l'imiquimod à un placebo (1 294 participants) et deux essais l'imiquimod à un traitement mis en œuvre par le patient (105 participants) ou à un autre traitement administré par un professionnel de santé (335 participants). Six des dix essais inclus ont été financés par l'industrie.

Principaux résultats

Par rapport au placebo, l'imiquimod a donné de meilleurs résultats pour la régression complète ou partielle des lésions, mais pas pour le taux de récidive, l'apparition de nouvelles verrues ou la fréquence des réactions systémiques. Les patients affectés au traitement par l'imiquimod ont eu une fréquence plus élevée de douleurs et d'effets indésirables locaux. Lorsque l'imiquimod a été comparé à un autre traitement administré par le patient, nous n'avons pas pu déterminer s'il produisait des différences dans le taux de régression complète ou partielle, la récidive ou la présence de réactions locales, bien que les réactions indésirables systémiques aient été plus rares dans le groupe imiquimod. Enfin, lorsque l'utilisation de l'imiquimod était comparée à un autre traitement administré par un professionnel de santé, les différences en termes de régression complète n'étaient pas clairement évidentes. L'imiquimod a été associé à une baisse du taux de récidive au cours des six premiers mois après le traitement et et à moins de douleurs ou de réactions locales.

Qualité des preuves

La qualité des résultats était très faible pour les résultats rapportés dans cette revue systématique en raison de certaines limitations sur le risque de biais, l'imprécision et l'incohérence dans les essais inclus. Nous avons très peu confiance dans l'estimation de l'effet.

Conclusions des auteurs: 

Les avantages et les inconvénients de l'imiquimod par rapport au placebo doivent être considérés avec prudence en raison du risque de biais, de l'imprécision et de l'incohérence de beaucoup des paramètres que nous avons évalués dans cette revue Cochrane. Les preuves concernant beaucoup de critères d'évaluation qui montrent que l'imiquimod et le traitement administré par le patient (podophyllotoxine ou podophylline) apportent des avantages similaires mais qu'il y a moins de réactions systémiques avec l'imiquimod sont de qualité faible ou très faible. Les preuves pour les critères d'évaluation comparant l'imiquimod et d'autres traitements administrés par un professionnel de santé étaient de très faible qualité.

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Contexte: 

Les verrues anogénitales régressent spontanément chez 30 % des personnes atteintes, mais il n'existe aucun moyen de déterminer si une lésion donnée va persister. Il existe de nombreuses options pour leur traitement, dont le choix dépend de l'expérience du praticien, des préférences du patient et des effets indésirables. L'imiquimod pourrait offrir les avantages d'un traitement administré par le patient, sans les limitations des traitements administrés par un professionnel de santé.

Objectifs: 

Évaluer l'efficacité et l'innocuité de l'imiquimod pour le traitement des verrues anogénitales chez les adultes non immunocompromis.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué une recherche dans le registre spécialisé du Groupe Cochrane sur les infections sexuellement transmissibles (15 avril 2014), CENTRAL (de 1991 au 15 avril 2014), MEDLINE (de 1946 au 15 avril 2014), EMBASE (de 1947 au 15 avril 2014), LILACS (de 1982 au 15 avril 2014 ), le système d'enregistrement international des essais cliniques de l'OMS (ICTRP) (15 avril 2014), ClinicalTrials.gov (15 avril 2014), Web of Science (de 2001 au 15 avril 2014) et OpenGrey (15 avril 2014). Nous avons également consulté manuellement des actes de conférences, contacté des auteurs d'essais et examiné les listes de références des études identifiées.

Critères de sélection: 

Essais contrôlés randomisés (ECR) comparant l'utilisation de l'imiquimod à un placebo, à tout autre traitement mis en œuvre par le patient ou à tout autre traitement administré par un professionnel de santé (sauf l'interféron et le 5-fluorouracile, qui sont évalués dans d'autres revues Cochrane) pour le traitement des verrues anogénitales chez des sujets adultes non immunodéprimés.

Recueil et analyse des données: 

Trois auteurs de la revue ont examiné indépendamment les essais à inclure, extrait les données et évalué le risque de biais. Les désaccords ont été résolus par la discussion. La qualité des preuves a été évaluée suivant la méthode GRADE.

Résultats principaux: 

Dix ECR (1 734 participants) répondaient à nos critères d'inclusion, dont six financées par l'industrie. Nous avons jugé que le risque de biais des essais inclus était élevé. Six essais (1 294 participants) comparaient l'utilisation de l'imiquimod à un placebo. Il existe des preuves de très faible qualité que l'imiquimod a donné de meilleurs résultats que le placebo pour l'obtention d'une régression complète et partielle des lésions (RR 4,03, IC à 95 % de 2,03 à 7,99 ; RR 2,56, IC à 95 % de 2,5 à 3,20, respectivement). Par rapport au placebo, les effets de l'imiquimod sur la récidive (RR 2,76, IC à 95 % de 0,70 à 10,91), l'apparition de nouvelles verrues (RR 0,76, IC à 95 % de 0,58 à 1,00) et la fréquence des effets indésirables systémiques (RR 0,91, IC à 95 % de 0,63 à 1,32) étaient imprécis. Nous avons abaissé la qualité des preuves à faible ou très faible. Il existe des preuves de faible qualité que l'imiquimod a provoqué davantage d'effets indésirables locaux (RR 1,73, IC à 95 % de 1,18 à 2,53) et de douleurs (RR 11,84, IC à 95 % de 3,36 à 41,63).

Deux essais (105 participants) ont comparé l'utilisation de l'imiquimod à tout autre traitement administré par le patient (podophyllotoxine et podophylline). Les effets estimés de l'imiquimod sur la régression complète (RR 1,09, IC à 95 % de 0,80 à 1,48), la régression partielle (RR 0,77, IC à 95 % de 0,40 à 1,47), la récidive (RR 0,49, IC à 95 % de 0,21 à 1,11) ou la présence de réactions indésirables locales (RR 1,24, IC à 95 % de 1,00 à 1,54) étaient imprécis (preuves de qualité très faible). Des preuves de faible qualité indiquent que les réactions indésirables systémiques ont été moins fréquentes avec l'imiquimod (RR 0,30, IC à 95 % de 0,09 à 0,98).

Enfin, deux essais (335 participants) comparaient l'imiquimod à tout autre traitement de administré par un professionnel de santé (méthodes d'ablation et cryothérapie). Des preuves de très faible qualité indiquent que l'imiquimod n'a pas donné une fréquence inférieure de régression complète (RR 0,84, IC à 95 % de 0,56 à 1,28). Il existe des preuves de très faible qualité que l'imiquimod a produit une baisse du taux de récidive avec six mois de recul (RR 0,24, IC à 95 % de 0,10 à 0,56), mais cela ne se traduit pas en un taux de récidive inférieur entre 6 et 12 mois (RR 0,71, IC à 95 % de 0,40 à 1,25 ; preuves de très faible qualité). Des preuves de très faible qualité indiquent que l'imiquimod a été associée avec moins de douleurs (RR 0,30, IC à 95 % de 0,17 à 0,54) et moins de réactions locales (RR 0,55, IC à 95 % de 0,40 à 0,74).

Notes de traduction: 

Traduction réalisée par Cochrane France

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.