Interventions psychosociales destinées aux patients atteints de cancer de la tête et du cou

On constate une augmentation régulière du nombre de personnes qui sont diagnostiquées avec un cancer de la tête et du cou. Il est plus courant chez les hommes âgés de plus de 60 ans, mais le taux d'incidence est en augmentation, notamment chez les adultes plus jeunes (hommes et femmes âgés de moins de 40 ans). Les taux de survie pour certains cancers de la région de la tête et du cou sont de plus de 50 %. Par conséquent, la qualité de vie des patients atteints de cancer de la tête et du cou et la manière dont ils s'adaptent à la vie après le traitement sont de plus en plus importantes. Malheureusement, la vie peut considérablement changer pour de nombreuses personnes après le traitement du cancer de la tête et du cou en raison du changement évident de leur apparence, ou des modifications de leur capacité à parler et manger. De même, ce groupe de patients est réputé pour avoir des taux élevés de tabagisme et d'alcoolisme. Cette combinaison entre l'augmentation du nombre des personnes vivant avec et ayant survécu au cancer de la tête et du cou, et le degré élevé de problèmes liés au cancer, a conduit les professionnels de santé à développer des programmes pour apporter un soutien aux patients en ce qui concerne certains des problèmes auxquels ils peuvent être confrontés après le traitement. L'intérêt de ces programmes est souvent centré sur la résolution des problèmes affectifs ou sociaux liés au cancer du patient et s'appellent 'interventions psychosociales'. Cette revue examine les preuves de l'efficacité des interventions psychosociales visant à améliorer la qualité de vie ou le bien-être psychosocial.

Nous avons identifié sept études, totalisant 542 patients adultes ayant eu un cancer de la tête et du cou. Toutefois, un grand nombre des études comportaient des lacunes au niveau de leur schéma et de leur mode de notification des résultats. Ainsi, il a été difficile de tirer des conclusions fiables.

Globalement, cette revue n'a pas découvert d'amélioration de la qualité de vie générale ou des taux d'anxiété et de dépression après une intervention psychosociale.

En conclusion, les preuves de bonne qualité étaient limitées dans ce domaine, c'est pourquoi il a été difficile de tirer des conclusions quant à l'efficacité des interventions psychosociales. D'autres recherches de bonne qualité sont nécessaires dans ce domaine et elles devront cibler les personnes nécessitant une intervention psychosociale, afin d'orienter le développement futur des nouveaux services.

Conclusions des auteurs: 

Les preuves en faveur de l'intervention psychosociale sont limitées par le faible nombre d'études, les lacunes méthodologiques telles que la puissance insuffisante, les difficultés de comparaison entre les types des interventions et une grande divergence entre les résultats mesurés utilisés. Les futures recherches devront cibler des patients qui sont positifs au test de dépistage de la détresse et utiliser des mesures validées de résultats, telles que l'échelle EORTC, comme mesure de la qualité de vie. Ces études devraient mettre en œuvre des interventions qui sont dérivées d'une théorie. D'autres lacunes devront être corrigées dans les futures études, incluant l'utilisation de calculs de la puissance pouvant encourager la collaboration multicentrique afin de garantir que des effectifs adaptés seront recrutés.

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Contexte: 

Un diagnostic de cancer de la tête et du cou, comme de nombreux autres cancers, peut susciter une détresse psychosociale significative. Les patients atteints de cancer de la tête et du cou peuvent avoir des besoins très spécifiques, à la fois en raison de la localisation de leur maladie et de l'impact du traitement, qui peuvent perturber les activités quotidiennes de base telles que l'alimentation, l'élocution et la respiration. Un manque de clarté entoure l'efficacité des interventions développées en vue de répondre à la détresse psychosociale ressentie par les patients vivant avec un cancer de la tête et du cou.

Objectifs: 

Évaluer l'efficacité des interventions psychosociales visant à améliorer la qualité de vie et le bien-être psychosocial chez les patients atteints de cancer de la tête et du cou.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre des essais du groupe Cochrane sur l'otorhinolaryngologie, dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL), ainsi que dans PubMed, EMBASE, CINAHL, Web of Science, BIOSIS Previews, Cambridge Scientific Abstracts, ICTRP et d'autres sources afin de trouver des essais publiés et non publiés. La recherche la plus récente a été réalisée le lundi 17 décembre 2012.

Critères de sélection: 

Nous avons sélectionné des essais contrôlés randomisés et des essais contrôlés quasi-randomisés portant sur des interventions psychosociales destinées à des adultes atteints de cancer de la tête et du cou. Pour les essais à inclure, l'intervention psychosociale devait impliquer une relation de soutien entre un assistant formé et des individus diagnostiqués avec un cancer de la tête et du cou. Les critères de jugement devaient être évalués au moyen d'une mesure validée de la qualité de vie ou de la détresse psychosociale, ou des deux.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont, indépendamment, sélectionné les essais, extrait des données et évalué les risques de biais, avec la médiation d'un troisième auteur lorsque cela était nécessaire. Lorsque cela était possible, nous avons extrait les mesures des critères de jugement pour les combiner dans des méta-analyses. Nous avons comparé les données continues en utilisant soit les différences moyennes (DM) soit les différences moyennes standardisées (DMS) et des intervalles de confiance (IC) à 95 %, avec un modèle à effets aléatoires. Nous avons réalisé des méta-analyses pour la mesure du critère de jugement principal, la qualité de vie, et les mesures des critères de jugement secondaires, la détresse psychologique, incluant l'anxiété et la dépression. Nous avons soumis les mesures des autres critères de jugement (estime de soi, adaptation, ajustement en fonction du cancer, image corporelle) à une synthèse narrative, compte tenu du nombre limité d'études évaluant ces critères spécifiques et de la grande divergence des outils d'évaluation utilisés.

Résultats principaux: 

Sept essais, avec un total de 542 participants, remplissaient les critères d'inclusion. Les études variaient considérablement au niveau du risque de biais, des interventions utilisées et des résultats mesurés rapportés. D'après ces études, il n'y avait aucune preuve pour suggérer que l'intervention psychosociale favorise la qualité de vie globale des patients atteints de cancer de la tête et du cou à la fin de l'intervention (DM 1,23, IC à 95 % -5,82 à 8,27) mesurée par le Questionnaire sur la Qualité de vie EORTC QLQ-C30 (European Organisation for Research and Treatment of Cancer Quality of Life Questionnaire C30). Cet outil d'évaluation de la qualité de vie inclut cinq échelles fonctionnelles, couvrant notamment les domaines cognitif, physique, affectif, social et du rôle en société. Il n'y avait aucune preuve pour affirmer que l'intervention psychosociale apporte une amélioration immédiate ou à moyen terme de l'une quelconque de ces cinq échelles fonctionnelles. D'après les données disponibles, aucune variation significative n'a été observée au niveau du degré d'anxiété (DMS -0,09, IC à 95 % -0,40 à 0,23) ou de dépression suite à l'intervention (DMS -0,03, IC à 95 % -0,24 à 0,19). À l'heure actuelle, il n'y a pas suffisamment de preuves pour récuser ou confirmer l'efficacité de l'intervention psychosociale chez les patients atteints de cancer de la tête et du cou.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.