L'éplérénone dans la pression artérielle élevée

Question de la revue

L'objectif de cette revue était de déterminer l'efficacité de l'éplérénone pour réduire la pression artérielle, son profil d'effets secondaires et son impact sur des critères de jugement cliniquement importants tels que la mortalité et la morbidité.

Contexte

Les cliniciens utilisent l'éplérénone pour traiter une pression artérielle élevée depuis 2002. Il est important de déterminer l'impact clinique de tous les médicaments antihypertenseurs utilisés chez les patients pour recommander de continuer à les utiliser dans l'hypertension essentielle. Nous avons effectué des recherches dans plusieurs bases de données et avons identifié cinq études éligibles chez 1437 personnes ayant reçu de l'éplérénone ou une absence de médicament de manière aléatoire.

Caractéristiques de l'étude

Les doses d'éplérénone utilisées dans ces études variaient de 25 mg à 400 mg par jour. Ces études suivaient les patients sous traitement pendant 8 à 16 semaines. Aucune des études n'a rendu compte des résultats cliniquement significatifs de l'éplérénone, tels que la réduction des crises cardiaques, des AVC ou des décès sous éplérénone par rapport à un placebo. Seulement trois des cinq études ont rendu compte des effets secondaires.

Résultats principaux

Il n'existe actuellement aucune preuve que l'éplérénone a un effet bénéfique sur l'espérance de vie ou les complications liées à l'hypertension (par ex. crise cardiaque, AVC). Les preuves concernant le risque d'effets secondaires avec l'éplérénone sont limitées et de mauvaise qualité ; il est difficile de déterminer l'étendue des effets nocifs possibles avec l'éplérénone par rapport à un placebo. Cette méta-analyse montre que l'éplérénone de 50 à 200 mg/jour réduit la pression artérielle systolique d'environ 9 mmHg et la pression artérielle diastolique de 4 mmHg par rapport à l'absence de prise de médicaments.

Qualité des preuves

Nous avons jugé que les cinq essais inclus étaient de qualité moyenne, car les auteurs n'ont pas suffisamment décrit des parties de leur méthodologie.

Conclusions des auteurs: 

L'éplérénone de 50 à 200 mg/jour diminue la pression artérielle chez les personnes présentant une hypertension primaire de 9,21 mmHg pour la systolique et de 4,18 mmHg pour la diastolique par rapport à un placebo, avec une absence de différence d'effet entre les doses de 50 mg/jour à 200 mg/jour. Une dose de 25 mg/jour n'a pas entraîné une réduction statistiquement significative de la pression artérielle systolique ou diastolique et il n'y a pas suffisamment de preuves pour des doses supérieures à 200 mg/jour. Il n'existe actuellement aucune preuve disponible pour déterminer l'effet de l'éplérénone sur des critères de jugement cliniquement importants tels que la mortalité ou la morbidité chez les patients hypertendus. Les preuves disponibles sur les effets secondaires sont insuffisantes et de faible qualité, ce qui ne permet pas de tirer des conclusions sur les effets nocifs potentiels associés au traitement par éplérénone des patients hypertendus.

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Contexte: 

L'éplérénone est un inhibiteur des récepteurs de l'aldostérone chimiquement dérivée de la spironolactone. Au Canada, elle est indiquée pour une utilisation en tant que traitement d'appoint afin de réduire la mortalité chez les patients atteints d'insuffisance cardiaque chronique systolique de classe II de la New York Heart Association (NYHA), avec dysfonctionnement systolique du ventricule gauche. Elle est également utilisée pour le traitement d'appoint des patients souffrant d'insuffisance cardiaque après un infarctus du myocarde. En outre, elle est indiquée dans le traitement de l'hypertension essentielle légère et modérée chez des patients qui ne peuvent pas être traités de manière adéquate avec d'autres agents. Il est important de déterminer l'impact clinique de tous les médicaments antihypertenseurs, y compris les antagonistes de l'aldostérone, pour recommander de continuer à les utiliser dans l'hypertension essentielle. Aucune revue systématique précédente n'a évalué l'effet de l'éplérénone sur la morbidité cardiovasculaire, la mortalité et l'ampleur de la diminution de la pression artérielle chez les patients hypertendus.

Objectifs: 

Évaluer les effets de l'éplérénone en monothérapie par rapport à un placebo pour le traitement de l'hypertension primaire chez l'adulte. Les critères de jugement étaient la mortalité toutes causes confondues, les événements cardiovasculaires (infarctus du myocarde mortel ou non mortel), les événements cérébrovasculaires (AVC mortel ou non mortel), les événements indésirables ou les arrêts prématurés en raison d'événements indésirables et la pression artérielle systolique et diastolique.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre spécialisé du groupe Cochrane sur l'hypertension artérielle, CENTRAL, MEDLINE, Embase, et deux registres d'essais cliniques jusqu'au 3 mars 2016. Nous avons effectué une recherche manuelle dans les références bibliographiques des études trouvées pour identifier des études omises lors de la recherche initiale. Nous avons également recherché des données non publiées en contactant les auteurs correspondants des études incluses et des firmes pharmaceutiques impliquées dans la réalisation d'études sur l'éplérénone en monothérapie dans l'hypertension primaire. Aucune restriction concernant la langue ne s'appliquait à cette recherche.

Critères de sélection: 

Nous avons sélectionné les essais randomisés contrôlés par placebo portant sur des patients adultes présentant une hypertension primaire. Nous avons exclu les études chez des personnes présentant une hypertension secondaire ou gestationnelle et les études dans lesquelles les participants recevaient plusieurs antihypertenseurs.

Recueil et analyse des données: 

Trois auteurs de la revue ont indépendamment évalué les résultats des recherches afin d'identifier les études répondant à nos critères d'inclusion. Trois auteurs de la revue ont indépendamment extrait les données et évalué la qualité des essais à l'aide d'un formulaire d'extraction de données standardisé. Un quatrième auteur de la revue indépendant a résolu les divergences ou les désaccords. Nous avons effectué l'extraction des données et la synthèse à l'aide d'un formulaire standardisé sur Covidence. Nous avons réalisé une analyse des données à l'aide de Review Manager 5.

Résultats principaux: 

Un total de 1437 patients adultes ont participé aux cinq études randomisées en groupes parallèles, avec des durées de traitement allant de 8 à 16 semaines. La dose quotidienne d'éplérénone variait de 25 mg à 400 mg par jour. Une méta-analyse de ces études a montré une réduction de la pression artérielle systolique de 9,21 mmHg (IC à 95 % −11,08 à −7,34 ; I2= 58 %) et une diminution de la pression diastolique de 4,18 mmHg (IC à 95 % −5,03 à −3,33 ; I2= 0 %) (preuves de qualité moyenne).

Il pourrait y avoir un effet dose-réponse pour l'éplérénone dans la réduction de la pression artérielle systolique à des doses de 400 mg/jour. Cependant, ce résultat est incertain, car il est basé sur une seule étude incluse avec des preuves de faible qualité. Dans l'ensemble, il ne semble pas y avoir une relation dose-réponse cliniquement importante dans la diminution de la pression artérielle systolique ou diastolique avec des doses d'éplérénone de 50 mg à 400 mg par jour. Il ne semble pas y avoir de différence dans le nombre de patients ayant arrêté le traitement en raison d'événements indésirables ou le nombre de patients présentant au moins un événement indésirable dans le groupe éplérénone par rapport au groupe placebo. Cependant, seules trois des cinq études incluses rapportaient des événements indésirables. La plupart des études incluses étaient de qualité moyenne, car nous avons jugé plusieurs domaines comme étant à risque incertain dans l'évaluation du « risque de biais » .

Notes de traduction: 

Traduction réalisée par Daniel Pinchenzon et révisée par Cochrane France

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.