Le traitement d'induction par anticorps permet-il de réduire le rejet d'organe chez les receveurs de greffe des poumons?

Les patients qui subissent une transplantation de poumons sont à risque significatif de rejet d'organe. Pour aider à réduire le risque de rejet d'organe, des anticorps dirigés contre les lymphocytes T (un type de globules blancs qui joue un rôle central dans l'immunité) sont administrés aux patients au cours des deux premières semaines qui suivent la greffe. Plusieurs types d'anticorps ont été utilisés, mais leurs effets bénéfiques et délétères ne sont pas clairs.

Nous avons évalué l'utilisation d'anticorps dirigés contre les cellules-T après une greffe des poumons pour déterminer si ce traitement était sûr, les effets bénéfiques ou délétères, et quel type d'anticorps fonctionne le mieux avec le moins d'effets indésirables.

Nous avons analysé six études qui examinaient l'utilisation de différents types de traitement à base d’anticorps chez 278 patients adultes suite à une greffe des poumons. Des imperfections dans les plans d'études ont été trouvées, indiquant que les études présentaient un risque de surestimer les effets bénéfiques et de sous-estimer les effets indésirables.

Notre analyse comparait plusieurs types d'anticorps, mais avec une exception – la globuline antithymocyte semblait augmenter certains effets indésirables - nous n’avons trouvé aucune différence significative en termes de survie ou de rejet pulmonaire des traitements. Il y avait certaines incertitudes quant à cet effet, car l'étude était trop petite pour être certain que les avantages seraient observés chez une population plus nombreuse. Nous n'avons trouvé aucune différence significative entre les traitements en termes d'infection, de syndrome de la bronchiolite oblitérant, de la maladie lymphoproliférative post-transplantation ou de cancer.

Certains ont examiné l'utilisation de d'anticorps des cellules T après une greffe des poumons et ces études portaient sur un petit nombre de participants. Ces limitations signifiaient que nos résultats n'indiquaient pas nécessairement de différence entre les comparaisons effectuées dans notre analyse. Pour faire face à ce problème, des études randomisées de plus grande taille et plus robustes, évaluant les avantages et les inconvénients d'anticorps dirigés contre les cellules-T chez les patients ayant subis une greffe des poumons, sont nécessaires.

Conclusions des auteurs: 

Aucun bénéfice ou préjudice, associé à l'induction d'anticorps de cellules T en comparaison avec l'absence de d’induction, ou lorsque différents types d'anticorps de cellules T étaient comparés, n’a clairement été identifié dans cette revue. Quelques études identifiées examinaient l'utilisation d'anticorps dirigés contre les cellules-T pour l'induction après une greffe des poumons, le nombre de participants et les résultats étaient également limités. L'évaluation des études incluses a trouvé que tous les essais étaient à risque de biais méthodologique élevé.

D’autres ECR sont nécessaires afin de réaliser une évaluation solide concernant les effets bénéfiques et délétères de l'induction d'anticorps de cellules T pour les receveurs de greffe des poumons. Des études devraient être conçues et réalisées conformément aux méthodologies pour réduire les risques d'erreurs systématiques (biais) et les erreurs aléatoires (jeux de hasard).

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Contexte: 

La greffe des poumons est devenue une option de traitement utile et bien acceptée pour la plupart des maladies pulmonaires en phase terminale. Les receveurs de greffe des poumons sont à risque de rejet d'organe transplanté, et l'immunosuppression à vie est nécessaire. Des preuves claires sont essentielles pour identifier une stratégie de traitement immunosuppresseur optimale, efficace et sûr chez les receveurs de greffe des poumons. À l’heure actuelle, aucun consensus n'a été obtenu concernant l'utilisation des anticorps immunosuppresseurs dirigés contre les cellules-T pour l'induction suite à une greffe des poumons.

Objectifs: 

Nous avons cherché à évaluer les bénéfices et les inconvénients de l'induction d'anticorps immunosuppresseurs à cellules T, avec desGAT, ALG IL-2RA, l'alemtuzumab, ou le muromonab-CD3 chez les receveurs de greffe des poumons.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre spécialisé du groupe Cochrane sur le rein jusqu’au 4 mars 2013 par contact avec le coordinateur de recherche d'études en utilisant des termes de recherche pertinents pour cette revue. Les études inclues dans le registre spécialisé sont identifiées par des stratégies de recherche spécifiquement conçues pour CENTRAL, MEDLINE et EMBASE.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus tous les essais contrôlés randomisés (ECR) qui comparaient l’induction des immunosuppresseurs monoclonaux et celle d'anticorps polyclonaux de cellules T pour les receveurs de greffe des poumons. Un critère d'inclusion était que tous les participants devaient avoir reçu le même traitement immunosuppresseur de maintenance dans chaque étude.

Recueil et analyse des données: 

Trois auteurs ont extrait les données de manière indépendante. Nous avons déduit les risques relatifs (RR) pour les données dichotomiques et les différences moyennes (DM) pour les données continues avec des intervalles de confiance (IC) à 95%. Le risque de biais méthodologique a été évalué au moyen de l'outil Cochrane de risque de biais et des analyses séquentielles d'essais ont été réalisées pour évaluer le risque d'erreurs aléatoires (jeux de hasard).

Résultats principaux: 

Notre revue a inclus six ECR (représentant un total de 278 adultes recevant une greffe des poumons) ayant évalué l'utilisation de l'induction d'anticorps à cellules T. Toutes les études incluses ont été identifié comme tant à risque de biais élevé.

Nous avons effectué des comparaisons entre l'induction d'anticorps monoclonaux ou polyclonaux de cellules T par rapport à l'absence d'induction (3 études, 140 participants); les anticorps polyclonaux de cellules T par rapport à l'absence d'induction (3 études, 125 participants); les antagonistes des récepteurs de l'interleukine-2 (IL-2RA) par rapport à l'absence d'induction (1 étude, 25 participants); les anticorps polyclonaux de cellules T par rapport au muromonab-CD3 (1 étude, 64 participants); et les anticorps polyclonaux de cellules T par rapport à IL-2RA (3 études, 100 participants). Dans l'ensemble, nous n’avons trouvé aucune différence significative entre les interventions en termes de mortalité, de rejet aigu, d’effets indésirables, d'infection, de pneumonie, d’infection cytomégalovirus, de syndrome de la bronchiolite oblitérant, de la maladie lymphoproliférative post-transplantation ou du cancer.

Nous avons trouvé un résultat de différence significatif dans une étude qui comparait la globuline antithymocyte par rapport au muromonab-CD3 en termes d’effets indésirables (25/34 (74%) versus 12/30 (40%); RR 1,84, IC à 95% de 1,13 à 2,98). Cela suggérait que la globuline antithymocyte augmentait la survenue d'effets indésirables. Cependant, l'analyse séquentielle des essais a révélé que le nombre d'informations requis n'avait pas été atteint et que la courbe cumulative Z ne franchissait pas les limites de dépenses alpha du plan séquentiel des essais.

Aucune des études n'a rapporté la qualité de vie ou les lésions rénales. Des analyses séquentielles d'essais ont indiqué qu'aucune des méta-analyses n’avait obtenu le nombre d’informations requis et que les courbes cumulatives Z ne franchissaient pas les limites de dépenses alpha du plan séquentiel des essais, ni n'avait atteint un niveau de futilité.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.