Toxine botulinique pour la douleur de l’épaule

Ce résumé d’une revue systématique Cochrane présente les connaissances actuelles issues de la recherche sur l’effet de la toxine botulinique sur la douleur de l’épaule.

La revue montre que chez les personnes souffrant de douleur à l’épaule et de spasmes musculaires, la toxine botulinique :

- peut améliorer la douleur ;

- peut entraîner légèrement plus d’événements indésirables ;

- les effets sur la fonction physique et l’incapacité n’ont pas été rapportés.

Souvent, nous ne disposons pas d’informations précises concernant les effets secondaires et les complications. Ceci est particulièrement vrai pour les effets secondaires rares mais graves des injections de toxine botulinique, comme des difficultés de déglutition, des troubles musculaires, des infections respiratoires ou des éruptions. 

Qu’est-ce que la toxine botulinique et qu’est-ce que la douleur de l’épaule ?

La douleur de l’épaule est une pathologie courante touchant des adultes dans le monde entier.Elle peut être causée par différentes maladies comme une tendinite de la coiffe des rotateurs, une capsulite rétractile, de l’arthrose au niveau de l'épaule et une maladie de l’articulation acromio-claviculaire. Bien que la douleur de l’épaule disparaisse souvent spontanément, elle peut parfois donner lieu à une douleur chronique et à une incapacité.

La toxine botulinique est produite par la bactérie Clostridium botulinum.Chez des personnes souffrant de douleur et de spasmes musculaires au niveau de l’épaule, elle peut fonctionner en bloquant les signaux du nerf musculaire vers le cerveau et ainsi réduire la sensation de douleur à l’épaule. La toxine botulinique est administrée sous la forme d’une injection dans le cabinet du médecin ou dans une clinique.

Meilleure estimation de l’effet chez les personnes souffrant de douleur de l’épaule et de spasmes musculaires après 6 à 24 semaines 

Douleur (après 6 à 12 semaines)

-les personnes ayant eu des injections de toxine botulinique ont qualifié leur douleur comme étant de 4 sur une échelle de 0 à 10 ;

-les personnes ayant eu une injection fictive (placebo) ont qualifié leur douleur comme étant de 5 sur une échelle de 0 à 10 ;

-les personnes ayant eu des injections de toxine botulinique ont qualifié leur douleur comme étant inférieure de 1 point après le traitement (différence absolue : 12%).

Effets secondaires (après 24 semaines)

-33 personnes sur 100 ayant eu des injections de toxine botulinique ont ressenti des effets secondaires ;

- 24 personnes sur 100 ayant eu une injection fictive (placebo) ont ressenti des effets secondaires ;

-9 personnes supplémentaires sur 100 ont ressenti des effets secondaires avec les injections de toxine botulinique (différence absolue de 9%).

Conclusions des auteurs: 

Les résultats doivent être interprétés avec prudence en raison du nombre limité d’études, de la taille réduite des échantillons et du risque élevé de biais. Les injections de toxine botulinique A semblent réduire l’intensité de la douleur et améliorer la fonction de l’épaule et l’amplitude de mouvement, par rapport à un placebo, chez des patients souffrant de douleur de l’épaule en raison d’une hémiplégie spastique ou de l’arthrite. Il n’a pas été établi clairement si le bénéfice du soulagement de la douleur de l’épaule post-accident vasculaire cérébral après trois à six mois, mais pas après un mois, est dû à des limites des preuves, et notamment la petite taille des échantillons avec des estimations imprécises, ou à un déclenchement différé de l'action. D’autres études comprenant des données de sécurité sont nécessaires.

Lire le résumé complet...
Contexte: 

Des preuves récentes suggèrent que la toxine botulinique aurait un effet anti-nociceptif.

Objectifs: 

Comparer l’efficacité et la sécurité de la toxine botulinique par rapport à un placebo ou à d’autres options de traitement pour la douleur de l’épaule.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons consulté le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) (la librairie Cochrane), Ovid MEDLINE, CINAHL (via EBSCOhost), Ovid SPORTDiscus, EMBASE et Science Citation Index.

Critères de sélection: 

Des essais contrôlés randomisés (ECR) comparant la toxine botulinique et un placebo ou un traitement actif chez des personnes souffrant de douleur à l’épaule ont été inclus.

Recueil et analyse des données: 

Pour les mesures continues, nous avons calculé la différence moyenne (DM) ; pour les mesures catégoriques, les rapports de risque (RR) (avec un intervalle de confiance (IC) de 95%).

Résultats principaux: 

Six ECR portant sur 164 patients ont été inclus. Cinq ECR auprès de participants atteints de douleur de l’épaule post-accident vasculaire cérébral indiquaient que, par rapport à un placebo, une injection intramusculaire de toxine botulinique A avait significativement réduit la douleur, trois à six mois après l’injection (DM -1,2 points, IC à 95% entre 2,4 et 0,07 ; échelle de 0 à 10 points) mais pas à un mois (DM -1,1 points, IC à 95% entre -2,9 et 0,7). La rotation externe de l’épaule a été augmentée un mois après (DM 9,8°, IC à 95% entre 0,2 et 19,4), mais pas trois à six mois après. L’abduction de l’épaule, la rotation externe ou la spasticité n’ont pas été différentes entre les groupes, pas plus que le nombre d’événements indésirables (RR 1,46, IC à 95% entre 0,6 et 24,3).

Un ECR sur la douleur de l’épaule liée à l’arthrite a conclu que la toxine botulinique réduisait l'intensité de la douleur (DM -2,0, IC à 95% entre -3,7 et -0,3 ; échelle de 10 points) et l’incapacité de l’épaule, avec une réduction du score de l’indice de douleur et incapacité de l’épaule (DM -13,4, IC à 95% entre -24,9 et -1,9 ; échelle de 100 points), par rapport à un placebo. L’abduction de l’épaule a été améliorée (DM 13,8 degrés, IC à 95% entre 3,2 et 44,0). Les événements indésirables graves n’ont pas été différents entre les groupes (RR 0,35, IC à 95% : entre 0,11 et 1,12).

Tools
Information

Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.