Psychothérapies pour le trouble de la personnalité limite

Les personnes atteintes de trouble de la personnalité limite ont souvent des difficultés à contrôler leurs émotions et impulsions, et trouvent qu'il est difficile de maintenir des relations. Elles peuvent ressentir un sentiment de vide, souffrir de brusques variations d'humeur et elles peuvent se faire du mal à elles-mêmes. Les problèmes d'adaptation à l'abandon et une vision des autres personnes qui change rapidement peuvent constituer une partie de leurs difficultés. Tous ces éléments font qu'il est difficile pour elles de s'engager dans un traitement qu'on pourrait leur proposer. Celles qui sont capables de s'engager trouvent souvent qu'il est difficile de respecter le traitement et arrêtent avant la fin. Certains types de traitement psychologique (« thérapies par la parole ») ont été développés ces dernières années pour aider les personnes atteintes de ce trouble. Cette revue résume les informations qui sont actuellement connues sur les effets de ces traitements. Il s'agit d'une mise à jour d'une revue publiée dans la Base des revues systématiques Cochrane en 2006.

Nous avons trouvé 28 études ayant porté sur un total de 1 804 personnes atteintes de trouble de la personnalité limite. Ces études ont examiné différents traitements psychologiques. Certains d'entre eux sont appelés « traitements globaux » parce que la personne parle en tête-à-tête avec un professionnel pendant au moins une partie de la durée de la séance. D'autres traitements sont appelés « traitements non-globaux » parce qu'ils ne consistent pas en un entretien en tête-à-tête.

Un certain nombre d'études ont été effectuées sur un type particulier de traitement global, appelé thérapie comportementale dialectique. Pour ce traitement, il y avait suffisamment d'études pour nous permettre de combiner les résultats et tirer des conclusions. Les résultats indiquent que la thérapie comportementale dialectique est utile pour les personnes atteintes de trouble de la personnalité limite. Les effets incluaient une diminution de la colère inappropriée, une réduction de l'automutilation et une amélioration du fonctionnement général.

Il y avait généralement trop peu d'études pour permettre de tirer des conclusions définitives concernant la valeur de tous les autres types d'interventions psychothérapeutiques évaluées. Toutefois, des études uniques montrent des résultats encourageants pour chaque traitement qui a été examiné, à la fois des types « globaux » et « non-globaux ». Des recherches supplémentaires sont nécessaires.

Conclusions des auteurs: 

Il existe des indications d'effets bénéfiques à la fois pour les psychothérapies globales et les interventions psychothérapeutiques non-globales pour la pathologie principale TPL et la psychopathologie générale associée. La TCD a été étudiée le plus intensément, suivie des TBM, TCT, TCS et FSPERP. Toutefois, aucun des traitements n'a de preuves très solides, et il existe certaines inquiétudes concernant la qualité des études individuelles. Dans l'ensemble, les résultats soutiennent un rôle important de la psychothérapie dans le traitement des personnes atteintes de TPL mais indiquent clairement un besoin de reproduire les études.

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Contexte: 

La psychothérapie est considérée être le traitement de première ligne pour les personnes atteintes de trouble de la personnalité limite. Ces dernières années, plusieurs interventions spécifiques du trouble ont été développées. Ceci est une mise à jour d'une revue publiée dans la Base des revues systématiques Cochrane en 2006.

Objectifs: 

Évaluer les effets des interventions psychologiques pour le trouble de la personnalité limite (TPL).

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans les bases de données suivantes : CENTRAL 2010 (3), MEDLINE (de 1950 à octobre 2010), EMBASE (de 1980 à 2010, semaine 39), ASSIA (de 1987 à novembre 2010), BIOSIS (de 1985 à octobre 2010), CINAHL (de 1982 à octobre 2010), Dissertation Abstracts International (31 janvier 2011), National Criminal Justice Reference Service Abstracts (15 octobre 2010), PsycINFO (de 1872 à la 1 ème semaine d'octobre 2010), Science Citation Index (de 1970 au 10 octobre 2010), Social Science Citation Index (de 1970 au 10 octobre 2010), Sociological Abstracts (de 1963 à octobre 2010), ZETOC (15 octobre 2010) et le méta-registre des essais contrôlés (15 octobre 2010). En outre, nous avons effectué des recherches dans Dissertation Abstracts International en janvier 2011 et ICTRP en août 2011.

Critères de sélection: 

Études randomisées, avec des échantillons de patients atteints de TPL comparant une intervention psychothérapeutique spécifique à une intervention témoin sans aucun mode d'action spécifique ou à une intervention psychothérapeutique spécifique comparative. Les critères de jugement comprenaient la gravité globale du TPL, les symptômes du TPL (critères DSM-IV), la psychopathologie associée mais pas spécifique au TPL, l'attrition et les effets indésirables.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont indépendamment sélectionné les études, évalué le risque de biais dans les études et extrait les données.

Résultats principaux: 

Vingt-huit études portant sur un total de 1804 participants atteints de TPL ont été inclus. Les interventions étaient classées comme psychothérapies globales si leur psychothérapie individuelle constituait une partie importante du programme de traitement, ou comme non-globales dans le cas contraire.

Parmi les psychothérapies globales, la thérapie comportementale dialectique (TCD), le traitement basé sur le mentalisme dispensé dans un établissement d'hospitalisation partielle (TBM-HP), le TBM en milieu ambulatoire (TBM-ambulatoire), la thérapie centrée sur le transfert (TCT), la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), la psychothérapie de déconstruction dynamique (PDD), la psychothérapie interpersonnelle (PTI) et la thérapie interpersonnelle pour le TPL (PTI-TPL) ont été testés par rapport à un contrôle de la maladie. Les comparaisons directes des psychothérapies globales comprenaient la TCD par rapport à la thérapie centrée sur le client (TCC) ; la thérapie centrée sur le schéma (TCS) par rapport à la TCT ; la TCS par rapport à la TCS plus la disponibilité du thérapeute par téléphone dans le cas d'une crise (TCS+DT) ; la thérapie cognitive (TC) par rapport à la TCC, et la TC par rapport à la PTI.

Les interventions psychothérapeutiques non-globales comprenaient une formation en compétences en matière de groupe TCD uniquement (TCD-FC), la thérapie en groupe de régulation des émotions (GRE), la thérapie en groupe centrée sur le schéma (TCS-G), la formation en systèmes en matière de prévisibilité émotionnelle et de résolution des problèmes pour le trouble de la personnalité limite (FSPERP), la FSPERP plus la thérapie individuelle (FSPERP+TI), le traitement cognitif assisté manuellement (TCAM) et la psychoéducation (PE). L'unique comparaison directe d'une intervention psychothérapeutique non-globale à une autre était le TCAM par rapport au TCAM plus une évaluation thérapeutique (TCAMT+). Le traitement de patients hospitalisés a été examiné dans une étude dans laquelle la TCD pour le trouble de stress post-traumatique (TSPT) (TCD-TSPT) a été comparée à une liste d'attente témoin. Aucun essai n'a été identifié pour la thérapie analytique cognitive (TAC).

Les données étaient rares pour les interventions individuelles, et n'ont permis la combinaison méta-analytique que pour la TCD comparée au traitement standard (TS) pour quatre résultats.Il existait des effets modérés à importants statistiquement significatifs indiquant un effet bénéfique de la TCD par rapport au TS pour la colère (n = 46, deux ECR ; différence moyenne standardisée (DMS) -0,83, intervalle de confiance (IC) à 95 % -1,43 à -0,22 ; I2 = 0 %), la parasuicidabilité (n = 110, trois ECR ; DMS -0,54, IC à 95 % -0,92 à -0,16 ; I2 = 0 %) et la santé mentale (n = 74, deux ECR ; DMS 0,65, IC à 95 % 0,07 à 1,24 I2 = 30 %).Il n'existait aucune indication d'une supériorité statistique de la TCD par rapport au TS en termes de maintien des participants dans le traitement (n = 252, cinq ECR ; risque relatif (RR) 1,25, IC à 95 % 0,54 à 2,92).

Tous les résultats restants étaient basés sur des estimations d'études uniques de l'effet. Des différences statistiquement significatives entre les groupes pour les comparaisons de psychothérapies aux témoins ont été observées pour la pathologie principale du trouble de la personnalité limite (TPL) et la psychopathologie associée pour les interventions suivantes : TCD, TCD-TSPT, TBM-HP, TBM-ambulatoire, TCT et PTI-TPL. La PTI n'était indiquée que pour son efficacité dans le traitement de la dépression associée. Aucun effet statistiquement significatif n'a été constaté pour les interventions TCC et PDD sur les deux résultats, l'ampleur de l'effet étant modérée pour la PDD et petite pour la TCC. Pour les comparaisons entre les différentes psychothérapies globales, une supériorité statistiquement significative a été démontrée pour la TCD par rapport à la TCC (pathologie principale et associée) et pour la TCS par rapport à la TCT (gravité du TPL et maintien dans le traitement). Il y avait aussi des résultats encourageants pour chacune des interventions psychothérapeutiques non-globales étudiées à la fois en termes de pathologie principale et associée.

Aucune donnée n'était disponible concernant les effets indésirables d'une psychothérapie.

Notes de traduction: 

Traduction réalisée par Cochrane France

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.