L'administration de diéthylstilbestrol pendant la grossesse comporte de sérieux risques à long terme pour les sujets qui y sont exposés in utero et ne présente aucun bénéfice connu pour la mère et l'enfant.
Il a été communément admis pendant des décennies que le diéthylstilbestrol (DES), un œstrogène, permettait de prévenir les fausses couches et d'autres effets indésirables, malgré l'absence de preuves solides. Un groupe de femmes atteintes d'une forme rare de cancer du vagin a conduit les chercheurs à associer ces cas, ainsi que d'autres effets délétères observés chez des adultes, avec leur exposition au DES in utero. Cette revue des essais a montré que le DES a entraîné une augmentation du risque de fausse couche, de prématurité, et d'autres effets indésirables graves chez les femmes et les hommes y ayant été exposés in utero. Les résultats sont un avertissement signalant une contre-indication de ce médicament pendant la grossesse.
Aucun bénéfice lié à l'utilisation du diéthylstilbestrol dans la prévention des fausses couches n'a été observé. Les résultats indésirables à court terme et à long terme pour la génération exposée in utero démontrent le préjudice porté aux femmes et à leur progéniture par cette intervention pendant son utilisation.
Les données des analyses en laboratoire dans les années 1940 ont apporté la preuve d'un rôle positif des hormones placentaires dans la poursuite de la grossesse. Il a été suggéré que le diéthylstilbestrol était l'œstrogène de choix pour la prévention des fausses couches. Des études observationnelles ont été menées avec des résultats apparemment positifs, sur lesquels a été fondée la pratique clinique. Il s'en est suivi une utilisation du diéthylstilbestrol dans le monde entier, malgré des études contrôlées avec des résultats contraires.
Déterminer les effets de l'administration prénatale d'œstrogènes, principalement du diéthylstilbestrol, sur les grossesses à risque élevé et non sélectionnées en termes de fausses couches et d'autres critères.
Nous avons effectué des recherches dans le registre des essais du groupe Cochrane sur la grossesse et la naissance de novembre 2002.
Des essais randomisés et quasi-randomisés ont été inclus.
Les deux auteurs de la revue ont extrait les données des études identifiées qui répondaient aux critères de sélection, et les données ont été analysées avec le logiciel RevMan.
Aucune incidence positive de l'intervention (diéthylstilbestrol) n'a été observée sur les fausses couches, le travail prématuré, le faible poids de naissance et les mortinaissances ou décès néonatals comparativement au groupe témoin. L'exposition in utero au diéthylstilbestrol a entraîné une élévation du taux de fausses couches et de naissances prématurées. Une augmentation du nombre de bébés pesant moins de 2 500 grammes a également été observée. Il n'a été constaté aucun retentissement sur le pronostic maternel en termes de pré-éclampsie. Les femmes ayant été exposées in utero ont une tendance non significative à présenter davantage de cancers de l'appareil génital et de cancers autres que de l'appareil génital. La stérilité primaire, l'adénose du vagin/col de l'utérus chez les femmes exposées in utero au diéthylstilbestrol, et les anomalies des testicules chez les hommes exposés in utero au diéthylstilbestrol étaient significativement plus élevées.