Schéma thérapeutique antithyroïdien pour le traitement de l'hyperthyroïdie de Graves

Dans l'hyperthyroïdie de Graves, la glande thyroïde libère une quantité excessive d'hormones thyroïdiennes. Cela peut entraîner l'apparition d'un goitre (gonflement du cou autour de la glande thyroïde), une sudation, des problèmes intestinaux ou menstruels et autres, en particulier des symptômes oculaires (ophtalmopathie). Les traitements comprennent des médicaments antithyroïdiens, une chirurgie ou des radiations pour réduire le tissu thyroïdien. Plusieurs choix doivent être faits dans le cadre du traitement pharmacologique de l'hyperthyroïdie de Graves, notamment celui du médicament, de la dose, de la durée du traitement, de l'ajout d'une hormone thyroïdienne (thyroxine) et du moment approprié pour arrêter le traitement. Les antithyroïdiens utilisés dans les essais contrôlés randomisés (ECR) inclus étaient le carbimazole, le propylthiouracile et le méthimazole.

Vingt-six ECR portant sur 3 388 participants ont été identifiés. Dans toutes les études, la plupart des participants étaient des femmes (83 % dans les études documentant la distribution par sexe). L'âge moyen était de 40 ans. La durée du suivi allait de deux à cinq ans dans onze essais. Dans les études examinant une dosée élevée (blocage-substitution) par rapport à une faible dose (titration), la durée du traitement était de six mois dans deux études, 18 mois dans quatre études et 12 mois dans les essais restants.

Notre critère de jugement principal, de même que celui de toutes les études évaluées, était le taux de récidive de l'hyperthyroïdie plus d'un an après la fin du traitement pharmacologique. Aucun décès n'était rapporté dans les études incluses. Aucune des études ne détaillait l'incidence de l'hypothyroïdie, les changements de poids pendant la période de traitement, la qualité de vie liée à la santé, la progression de l'ophtalmopathie ou les résultats économiques. Les preuves (issues de quatre études) suggèrent que la durée optimale de la pharmacothérapie antithyroïdienne pour les schémas thérapeutiques à faible dose est de 12 à 18 mois. Le schéma à faible dose était associé à moins d'effets indésirables que le schéma à dose élevée, et n'était pas moins efficace dans les essais présentant une même durée (12 essais). Une administration continue de thyroxine après le traitement antithyroïdien initial ne semble pas conférer de bénéfice en termes de récurrence de l'hyperthyroïdie. Les résultats des études examinant l'innocuité et l'efficacité des agents immunosuppresseurs devraient être validés dans le cadre d'essais contrôlés portant sur différentes populations.

Les données relatives aux effets secondaires et au nombre de participants ayant abandonné le traitement de manière prématurée pour cause d'effets secondaires étaient disponibles dans sept études. Le nombre de participants rapportant des éruptions cutanées était significativement supérieur dans le groupe de la dose élevée par rapport à la dose faible (10 % contre 6 %). Le nombre de participants qui arrêtaient le traitement de manière prématurée pour cause d'effets secondaires était significativement supérieur dans le groupe de la dose élevée par rapport à la dose faible (16 % contre 9 %).

Conclusions des auteurs: 

Les preuves suggèrent que la durée optimale de la pharmacothérapie antithyroïdienne pour le schéma thérapeutique de titration est de 12 à 18 mois. Le schéma de titration (à faible dose) avait moins d'effets indésirables que le schéma de blocage-substitution (dose élevée) et était aussi efficace. Une administration continue de thyroxine après le traitement antithyroïdien initial ne semble pas conférer de bénéfice en termes de récurrence de l'hyperthyroïdie. Les thérapies immunosuppressives nécessitent une évaluation plus approfondie.

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Contexte: 

Les antithyroïdiens sont largement utilisés dans le traitement de l'hyperthyroïdie. La dose, le schéma thérapeutique et la durée de traitement utilisés par les professionnels de santé présentent d'importantes variations.

Objectifs: 

Évaluer les effets de la dose, du schéma thérapeutique et de la durée de la pharmacothérapie antithyroïdienne dans l'hyperthyroïdie de Graves.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons consulté sept bases de données ainsi que les références bibliographiques.

Critères de sélection: 

Les essais randomisés et quasi-randomisés portant sur un antithyroïdien dans l'hyperthyroïdie de Graves.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs ont, de manière indépendante, extrait les données et évalué le risque de biais. Les données des critères de jugement principaux ont été regroupées et des analyses exploratoires choisies ont été réalisées.

Résultats principaux: 

Vingt-six essais randomisés portant sur 3 388 participants ont été inclus. Dans l'ensemble, la qualité des essais était faible. Aucune des études n'examinait l'incidence de l'hypothyroïdie, les changements de poids, la qualité de vie liée à la santé, la progression de l'ophtalmopathie ou les résultats économiques. Quatre essais examinaient l'impact de la durée du traitement sur les taux de récidive ; le schéma de titration pendant 12 mois était supérieur au même schéma pendant six mois, mais un traitement prolongé au-delà de 18 mois n'était associé à aucun bénéfice. Douze essais examinaient l'effet d'un schéma thérapeutique de blocage-substitution par rapport à un schéma de titration. Les taux de récidive étaient similaires dans les deux groupes, 51 % dans le groupe du blocage-substitution et 54 % dans le groupe de la titration (rapport des cotes de 0,86, intervalle de confiance (IC) à 95 %, entre 0,68 et 1,08), mais les effets indésirables (éruptions cutanées (10 % contre 6 %) et arrêts prématurés pour cause d'effets secondaires (16 % contre 9 %)) étaient significativement supérieurs dans le groupe du blocage-substitution. Trois études examinaient l'ajout de thyroxine au traitement antithyroïdien continu à faible dose après le traitement antithyroïdien initial. Une hétérogénéité significative était observée entre les études, et la différence entre les deux groupes n'était pas significative (rapport des cotes de 0,58, IC à 95 %, entre 0,05 et 6,21). Quatre études examinaient l'ajout de thyroxine seule après le traitement antithyroïdien initial. Aucune différence significative n'était observée en termes de taux de récidive entre les groupes au terme d'un suivi de 12 mois (rapport des cotes de 1,15, IC à 95 %, entre 0,79 et 1,67). Deux études examinaient l'ajout d'immunosuppresseurs. Les résultats favorables aux interventions devraient être validés chez d'autres populations.

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.