Utilisation du topiramate pour traiter les épisodes aigus de troubles bipolaires

Qui peut être intéressé par cette revue ?

Les personnes atteintes de troubles bipolaires et les professionnels de la santé qui les suivent.

Pourquoi cette revue est -elle importante ?

Les troubles de l’humeur dits bipolaires sont un problème de santé mentale fréquent. Les patients peuvent présenter des symptômes récurrents d’euphorie ou d’irritabilité, de dépression ou une combinaison des deux. Le traitement est habituellement médicamenteux et fait appel notamment à des stabilisateurs de l’humeur, des antidépresseurs et des antipsychotiques. Le topiramate est un médicament utilisé dans le traitement de l’épilepsie, qui pourrait jouer un rôle dans celui des troubles bipolaires.

Quelles sont les questions auxquelles cette revue tente de répondre ?

Cette revue a examiné l’efficacité et l’acceptabilité du topiramate par rapport à un placebo et à d’autres agents pour le traitement des épisodes aigus de troubles bipolaires.

Quelles études ont été incluses dans la revue ?

Nous avons effectué des recherches dans les bases de données médicales pour trouver des rapports d’essais cliniques (spécifiquement des essais contrôlés randomisés) publiés jusqu’au 13 octobre 2015. Nous avons identifié six études portant sur 1638 personnes, comparant le topiramate à un placebo ou à des médicaments tels que le lithium, seul ou en combinaison avec d’autres médicaments tels que le valproate de sodium ou des antipsychotiques atypiques.

Cinq de ces études étaient à faible risque de biais dans la plupart des domaines et à risque incertain pour l’assignation secrète (en raison d'informations insuffisantes concernant la manière dont les participants admis dans une étude étaient empêchés de connaître les assignations) et pour d’autres sources potentielles de biais (financements par l’industrie). L’étude McIntyre 2000 était à risque élevé de biais d’exécution (parce que les participants et le personnel savaient qui avait pris chaque médicament), à faible risque de biais d’attrition et de notification et à risque de biais incertain pour les autres domaines.

Que nous apprennent les données probantes de cette revue ?

Nous avons trouvé des données de qualité modérée indiquant que le topiramate n’est ni plus ni moins efficace que le placebo lorsqu’il est utilisé seul, et des données de mauvaise qualité montrant qu’il n’est ni plus ni moins efficace que le placebo en combinaison avec d’autres médicaments dans le traitement des épisodes maniaques et mixtes. Nous avons trouvé des preuves de bonne qualité que le lithium est plus efficace que le topiramate lorsqu’il est utilisé seul dans le traitement des épisodes maniaques et mixtes. Des données de mauvaise et très mauvaise qualité n’ont montré aucune différence dans les profils d’effets secondaires lorsque le topiramate était comparé à un placebo ou à d’autres médicaments, utilisé seul ou en combinaison avec d’autres traitements.

La revue était limitée par la qualité généralement mauvaise des données probantes et des recherches supplémentaires sont par conséquent nécessaires. Les futures recherches pourraient prévoir des études plus détaillées, avec des méthodes clairement spécifiées pour la comparaison du topiramate à un placebo ou à d’autres médicaments et à des combinaisons pour le traitement des épisodes maniaques, mixtes et dépressifs.

Conclusions des auteurs: 

Il n’est pas possible de tirer de ces données des conclusions définitives concernant l’utilisation du topiramate dans la pratique clinique. Les seules données probantes de qualité élevée que nous avons trouvées montrent que le lithium est plus efficace que le topiramate en monothérapie dans le traitement des épisodes aigus de troubles bipolaires, et nous avons noté que ces preuves provenaient seulement de deux études. Des données de qualité modérée ont montré que le topiramate n’était ni plus ni moins efficace que le placebo en monothérapie après 3 semaines de traitement, mais la qualité des données se dégrade pour ce critère d’évaluation après 12 semaines. Nous avons estimé que la qualité des données probantes pour les autres résultats était mauvaise à très mauvaise et il ne nous a pas été possible de tirer des conclusions à partir de ces résultats.

Afin de mieux répondre à cette question de recherche, si les investigateurs jugent pertinent de s’y intéresser, il faudrait mener davantage d’essais contrôlés randomisés en double aveugle avec des définitions méthodologiques plus explicites. En particulier, les investigateurs pourraient comparer un placebo, un autre médicament et une combinaison de traitements (notamment un large éventail de stabilisateurs de l’humeur), des antipsychotiques atypiques pour le traitement des épisodes maniaques et mixtes et des antidépresseurs en combinaison avec des stabilisateurs de l’humeur ou des antipsychotiques atypiques pour les épisodes dépressifs.

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Contexte: 

Le trouble bipolaire est une maladie fréquente, récurrente et très chronique. Des essais antérieurs ont suggéré que le topiramate (un anticonvulsivant) pourrait être efficace pour son traitement. Ceci est une mise à jour d’une précédente revue Cochrane sur le rôle du topiramate dans les troubles bipolaires, dont la dernière publication date de 2006.

Objectifs: 

Évaluer les effets du topiramate sur les troubles bipolaires aigus de l’humeur chez l’adulte par rapport à un placebo, à un autre traitement pharmacologique et à une combinaison de médicaments, en les mesurant par le traitement des symptômes sur les échelles d’évaluation spécifiques de chaque type d’épisode.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches jusqu’au 13 octobre 2015 dans le registre du groupe Cochrane des essais contrôlés sur la dépression, l’anxiété et les névroses, qui intègre les publications du registre central Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL, toutes les années), de MEDLINE (à partir de 1950), d’EMBASE (à partir de 1974) et de PsycINFO (à partir de 1967).

Nous avons effectué des recherches manuelles et une revue de la littérature grise et des références bibliographiques, et pris contact avec des auteurs et des laboratoires pharmaceutiques.

Critères de sélection: 

Essais contrôlés randomisés comparant le topiramate à un placebo ou à des agents actifs dans le traitement des troubles aigus de l’humeur chez des adultes de sexe masculin ou féminin atteints de troubles bipolaires.

Recueil et analyse des données: 

Deux auteurs de la revue ont effectué l’extraction des données et l’évaluation de la qualité méthodologique de manière indépendante. Pour l’évaluation de l'efficacité, nous avons utilisé le rapport de cotes (RC) pour les critères de jugement binaires et la différence moyenne (DM) pour les critères de jugement continus.

Résultats principaux: 

Cette revue a inclus six études, portant sur un total de 1638 participants de sexe masculin ou féminin, de toutes origines ethniques, sous traitement en milieu hospitalier ou ambulatoire. Dans cinq de ces études, les participants étaient en cours d’épisode maniaque ou mixte et dans la dernière, ils répondaient aux critères d’une phase dépressive. Le topiramate a été comparé à un placebo et à un autre traitement pharmacologique, à la fois en monothérapie et en tant que traitement d’appoint.

Des données de qualité modérée montrent que le topiramate n’est pas plus ou moins efficace que le placebo en monothérapie, en termes de variation moyenne sur l’échelle Young Mania Rating Scale (YMRS) (plage de 0 à 60) au bout de 3 semaines (DM 1,17, intervalle de confiance (IC) à 95 % de -0,52 à 2,86 ; 664 participants, 3 études ; P = 0,17) et de 12 semaines (DM -0,58, IC à 95 % de -3,45 à 2,29 ; 212 participants, 1 étude ; P = 0,69 ; données de mauvaise qualité). Pour le même critère d’évaluation, des données de mauvaise qualité ont également montré que le topiramate n’était pas plus ou moins efficace que le placebo en tant que traitement adjuvant (évaluation à 12 semaines) (DM -0,14, IC à 95 % de -2,10 à 1,82 ; 287 participants, 1 étude ; P = 0,89) dans le traitement des épisodes maniaques et mixtes. Nous avons trouvé des données probantes de bonne qualité indiquant que le lithium était plus efficace que le topiramate en monothérapie dans le traitement des épisodes maniaques et mixtes en termes de variation moyenne sur l’échelle YMRS (plage de 0 à 60) (évaluation à 12 semaines) (DM 8,46, IC à 95 % de 5,86 à 11,06 ; 449 participants, 2 études ; P < 0,00001).

Pour les effets secondaires gênants de toute nature, nous n’avons trouvé aucune différence entre le topiramate et le placebo en monothérapie (évaluation à 12 semaines) (RC 0,68, IC à 95 % de 0,33 à 1,40 ; 212 participants, 1 étude ; P = 0,30 ; données de mauvaise qualité) ou en tant que traitement adjuvant (évaluation à 12 semaines) (RC 1,10, IC à 95 % de 0,58 à 2,10 ; 287 participants, 1 étude ; P = 0,76 ; données de mauvaise qualité). En ce qui concerne le nombre de participants ayant ressenti de quelconques effets secondaires, nous n’avons trouvé aucune différence entre le topiramate et un autre médicament en monothérapie (évaluation à 12 semaines) (RC 0,87, IC à 95 % de 0,50 à 1,52 ; 230 participants, 1 étude ; P = 0,63 ; données de mauvaise qualité) ou en tant que traitement adjuvant (évaluation à 8 semaines) (RC 1,57, IC à 95 % de 0,42 à 5,90 ; 36 participants, 1 étude ; P = 0,50 ; données de très mauvaise qualité).

Cinq de ces études nous ont semblé à faible risque de biais de sélection pour la génération de séquences aléatoires, d’exécution, de détection, d’attrition et de notification, et à risque incertain pour l’assignation secrète et autres sources potentielles de biais. Nous avons considéré que l’étudeMcIntyre 2000était à risque élevé de biais d’exécution, à risque incertain de biais pour la génération de séquences aléatoires, l’assignation secrète, la mise en aveugle de l’évaluation des résultats et autres sources potentielles de biais, et à faible risque de biais d’attrition et de notification.

Notes de traduction: 

Traduction réalisée par Suzanne Assénat et révisée par Cochrane France

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.