Radiothérapie hyperfractionnée ou accélérée pour le cancer de la tête et du cou

La radiothérapie est souvent utilisée pour traiter les cancers de la tête et du cou. La dose de radiations délivrée se mesure en Gray (Gy). Lorsque la radiothérapie est administrée seule, le schéma le plus couramment utilisé est 2 Gy en une fraction unique par jour, cinq jours par semaine, pendant sept semaines. Cependant, les schémas de radiothérapie alternatifs visant à réduire la durée totale de traitement pour les cancers de la tête et du cou ont été évalués. L'accélération du traitement (administrer la même dose totale dans un laps de temps plus court) devrait réduire la reprise de croissance de la tumeur entre les séances, entraînant ainsi une amélioration du contrôle local de la maladie. Pour les schémas dits hyperfractionnés, deux à trois fractions sont administrées tous les jours, avec une dose réduite par fraction comprise entre 1,1 et 1,2 Gy. La réduction de la dose par fraction peut diminuer le risque de toxicité tardive, malgré une augmentation de la dose totale. L'accélération et l'hyperfractionnement peuvent être associés, en particulier pour les schémas dont la durée de traitement globale est réduite.

Cette revue systématique Cochrane est une méta-analyse fondée sur des données individuelles et son objectif était de déterminer si cette forme de radiothérapie peut améliorer la survie. Nous avons identifié les essais randomisés comparant la radiothérapie conventionnelle avec la radiothérapie hyperfractionnée ou accélérée, ou les deux, chez des patients souffrant d'un cancer de la tête et du cou non métastasique, et nous avons regroupé les essais en trois catégories prédéfinies : hyperfractionnée, accélérée sans diminution de la dose totale et accélérée avec diminution de la dose totale. Les résultats de cette méta-analyse indiquent que la radiothérapie à fractionnement modifié améliore la survie des patients atteints d'un cancer de la tête et du cou. La comparaison des différentes formes de radiothérapie à fractionnement modifié suggère que l'hyperfractionnement procure le plus grand bénéfice.

La méta-analyse sur données individuelles est un processus long et cette revue comprenait tous les essais éligibles ayant terminé le recrutement de patients avant 1998. Une mise à jour importante de l'analyse, comprenant les données d'essais plus récents, est en cours.

Conclusions des auteurs: 

La radiothérapie à fractionnement modifié améliore la survie des patients atteints d'un carcinome épidermoïde de la tête et du cou. La comparaison des différentes formes de radiothérapie à fractionnement modifié suggère que l'hyperfractionnement procure le plus grand bénéfice. Une mise à jour de cette méta-analyse IPD (2 MARS), ce qui augmentera la puissance statistique de cette analyse et permettra d'autres comparaisons, est en cours.

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Contexte: 

Plusieurs essais ont étudié le rôle de la radiothérapie à fractionnement modifié dans le carcinome épidermoïde de la tête et du cou, mais l'effet de ce traitement sur la survie est incertain.

Objectifs: 

L'objectif de cette méta-analyse de données individuelles des patients (DIP) était de déterminer si cette forme de radiothérapie peut améliorer la survie.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre des essais du groupe Cochrane sur l'otorhinolaryngologie, CENTRAL (2010, numéro 3) ; PubMed ; EMBASE ; CINAHL ; Web of Science ; BIOSIS Previews ; Cambridge Scientific Abstracts ; ainsi que dans ISRCTN et autres sources afin de recenser des essais publiés ou non. La recherche la plus récente a été effectuée le 8 août 2010.

Critères de sélection: 

Nous avons identifié les essais randomisés comparant la radiothérapie conventionnelle avec la radiothérapie hyperfractionnée ou accélérée, ou les deux, chez des patients souffrant d'un carcinome épidermoïde de la tête et du cou non métastasique, et nous avons regroupé les essais en trois catégories de thérapie prédéfinies : hyperfractionnée, accélérée et accélérée avec réduction de la dose totale. Les essais étaient éligibles s'ils débutaient le recrutement après 1969 et le terminaient avant 1998.

Recueil et analyse des données: 

Les données individuelles des patients actualisées ont été obtenues. Le principal critère d'évaluation était la survie globale. Les critères d'évaluation secondaires étaient les taux de contrôle local ou régional (ou les deux), les taux de contrôle à distance et les taux de mortalité par cause.

Résultats principaux: 

15 essais portant sur 6 515 patients ont été inclus. Le suivi médian était de six ans. Les tumeurs étaient principalement localisées au niveau de l'oropharynx et du larynx ; 5 221 (74 %) des patients souffraient de la maladie au stade III-IV (UICC 2002). Un bénéfice significatif était constaté en matière de survie avec la radiothérapie à fractionnement modifié, ce qui correspondait à un bénéfice absolu de 3,4 % à cinq ans (hazard ratio (HR) 0,92, IC à 95 % entre 0,86 et 0,97 ; P = 0,003). Le bénéfice était significativement plus élevé avec la radiothérapie hyperfractionnée (8 % à cinq ans) par rapport à la radiothérapie accélérée (2 % avec le fractionnement accéléré sans réduction de la dose totale et 1,7 % avec réduction de la dose totale à cinq ans, P = 0,02). Un bénéfice relatif au contrôle locorégional était observé en faveur de la radiothérapie à fractionnement modifié par rapport à la radiothérapie conventionnelle (6,4 % à cinq ans ; P < 0,0001), qui était particulièrement efficace pour réduire l'échec local, alors que le bénéfice lié au contrôle nodal était moins prononcé. Le bénéfice était significativement plus élevé chez les patients plus jeunes (moins de 50 ans) (HR 0,78, IC à 95 % entre 0,65 et 0,94), 0,95 (IC à 95 % entre 0,83 et 1,09) pour les personnes de 51 à 60 ans, 0,92 (IC à 95 % entre 0,81 et 1,06) pour celles de 61 à 70 ans et 1,08 (IC à 95 % entre 0,89 et 1,30) pour les plus de 70 ans ; test de tendances P = 0,007).

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.