Vaccins pour la prévention de l'infection par Pseudomonas aeruginosa dans la mucoviscidose

Question de la revue

Nous avons étudié les données concernant l'effet de la vaccination chez les personnes atteintes de mucoviscidose afin de prévenir une infection par Pseudomonas aeruginosa.

Contexte

La mucoviscidose est une maladie héréditaire qui entraîne la sécrétion d'un mucus épais dans les poumons. Cela peut empêcher l'élimination des bactéries par les poumons, comme les Pseudomonas aeruginosa et d'autres bactéries. Cela provoque des infections pulmonaires à long terme chez environ 80 % des patients adultes. Ces infections entraînent des dommages irréversibles aux poumons.

Des vaccins ont été créés afin de réduire le nombre d'infections par les bactéries Pseudomonas aeruginosa et il est important de savoir si leur utilisation peut prévenir une infection pulmonaire.

Date de la recherche

Les preuves sont à jour jusqu'au 30 mars 2015.

Les caractéristiques de l'étude

Nous avons recherché des essais cliniques dans lesquels des patients atteints de mucoviscidose ont été sélectionnés au hasard pour recevoir un vaccin actif, ou au contraire ne pas recevoir de vaccin (ou un placebo, qui est un faux vaccin sans médicament actif). Nous avons également recherché des essais cliniques comparant différents types de vaccin et différents schémas posologiques ou différentes doses du même vaccin. Nous avons inclus trois essais : deux d'entre eux comparent un vaccin contre le Pseudomonas aeruginosa à un placebo, et le troisième compare la vaccination et l'absence de vaccination. Dans les deux essais ayant comparé un vaccin à un placebo, il y a 959 patients atteints de mucoviscidose (483 dans un et 476 dans l'autre), le troisième essai est constitué de 37 patients atteints de mucoviscidose. L'âge moyen des patients est d'environ sept ans pour les trois essais. Aucun patient n'était infecté par le Pseudomonas aeruginosa au début des essais et tous avaient une fonction pulmonaire d'au moins 50 % de la valeur normale pour leur âge. Les deux essais à grande échelle ont suivi les patients pendant respectivement deux et quatre ans, l'essai a petite échelle a suivi les patients pendant 10 à 12 ans.

Résultats principaux

Nous n'avons pu présenter que les résultats de l'un des grands essais (483 patients atteints de mucoviscidose) qui compare un vaccin à un placebo, et l'essai de petite taille (37 patients atteints de mucoviscidose) qui compare avec un groupe n'ayant pas reçu de vaccin. Les résultats du deuxième grand essai n'ont pas été publiés, mais les fabricants ont indiqué que les résultats n'ont pas permis de confirmer les résultats obtenus lors d'un essai précédent et que le développement clinique avait été suspendu. Les résultats des deux essais montrent qu'après la vaccination, le risque de contracter une infection chronique n'a pas diminué et que la fonction pulmonaire est similaire dans les deux groupes de patients atteints de mucoviscidose. L'un des patients du grand essai est décédé lors la période de suivi de deux ans. Dans l'essai de petite taille, un patient dans chaque groupe était décédé après sept à huit ans et à la fin de l'essai (10 à 12 ans), six patients étaient morts dans chaque groupe. Les personnes décédées étaient toutes touchées par l'infection chronique de Pseudomonas aeruginosa. Dans l'essai à grande échelle, les investigateurs ont enregistrés 227 événements indésirables (dont quatre ont été classés comme grave) dans le groupe du vaccin et 91 (dont l'un classé comme grave) dans le groupe du placebo. Le grand essai a également rapporté une augmentation des anticorps contre laPseudomonas aeruginosa mais aucun changement dans le groupe sous placebo.

Au vu de ces résultats, nous ne pouvons pas recommander l'utilisation de vaccins contre la Pseudomonas aeruginosa chez les patients atteints de mucoviscidose.

La qualité des preuves

Nous avons quelques réserves car dans le grand essai qui a fourni les données pour cette revue, les participants dans le groupe des vaccinés étaient apparemment plus âgés, plus grands et plus lourds que ceux du groupe placebo. Cela est peut être dû au hasard, mais l'article ne reconnait pas ce fait. Nous avions également des inquiétudes concernant la manière dont les patients atteints de mucoviscidose dans le petit essai ont été randomisés pour les différents traitements.

Conclusions des auteurs: 

Les vaccins contre la Pseudomonas aeruginosa ne peuvent pas être recommandés.

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Contexte: 

L'infection chronique des poumons entraîne, dans la mucoviscidose, une dégradation progressive des poumons. Une fois les poumons colonisés par les bactéries Pseudomonas aeruginosa, il est presque impossible de les éradiquer. Des vaccins, visant à réduire l'infection par Pseudomonas aeruginosa, ont été créés. Ceci est une mise à jour d'une revue publiée précédemment.

Objectifs: 

Évaluer l'efficacité de la vaccination contre la Pseudomonas aeruginosa dans la mucoviscidose.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans le registre du groupe Cochrane sur la mucoviscidose et les autres maladies génétiques en utilisant les termes vaccines ET pseudomonas (dernière recherche le 30 mars 2015). Nous avions précédemment effectué des recherches dans PubMed, en utilisant les termes vaccin * ET cystic fibrosis (dernière recherche le 30 mai 2013).

Critères de sélection: 

Des essais randomisés (publiés ou non) comparant les vaccins contre la Pseudomonas aeruginosa (oraux, parentéraux ou intranasaux) avec un groupe témoin vacciné ou un groupe sans intervention dans la mucoviscidose.

Recueil et analyse des données: 

Les auteurs ont indépendamment sélectionné les essais, évalué leur qualité et extrait les données.

Résultats principaux: 

Six essais ont été identifiés. Deux essais ont été exclus parce qu'ils n'étaient pas randomisés et un petit essai ancien parce qu'il n'a pas été possible d'évaluer s'il avait été randomisé. Les trois essais inclus comprennent respectivement 483, 476 et 37 patients. Aucune donnée n'a été publiée par l'un des grands essais, mais l'entreprise avait déclaré dans un communiqué de presse que l'essai n'avait pas permis de confirmer les résultats d'une étude antérieure et que le développement clinique était suspendu. Dans l'autre essai à grande échelle, le risque relatif d'infection chronique était de 0,91 (intervalle de confiance à 95 % 0,55 à 1,49), et dans le petit essai, le risque était également proche de un. Dans l'essai à grande échelle, la mort d'un patient a été signalée lors de la période d'observation. Dans cet essai, 227 événements indésirables (dont 4 graves) avaient été enregistrés dans le groupe des vaccinés et 91 (dont 1 grave) dans le groupe témoin. Dans ce vaste essai d'un vaccin créé contre les antigènes flagellaires, le taux d'anticorps contre les épitopes contenus dans le vaccin était plus élevé dans le groupe des vaccinés que dans le groupe sous placebo (P < 0,0001).

Notes de traduction: 

Post-édition : Marie Bouchet (M2 ILTS, Université Paris Diderot)

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.