Durée du traitement par les antagonistes de la vitamine K et prévention de la récidive chez les patients atteints de thromboembolie veineuse

La thromboembolie veineuse (TEV) survient lorsqu'un caillot de sang se forme dans une veine profonde ou lorsqu'il se détache et se loge dans les vaisseaux des poumons. Ces caillots peuvent être mortels si la circulation sanguine vers le cœur est bloquée. Des antagonistes de la vitamine K (AVK) sont administrés aux personnes qui ont eu une TEV afin de prévenir la récidive. La complication majeure de ce traitement sont les saignements. En raison du risque permanent d'hémorragie avec l'usage de ce médicament et de l'incertitude concernant le degré de risque de récidives, il est important d'étudier la bonne durée de traitement par AVK pour ces patients. Les auteurs de la revue ont fait une recherche dans la littérature et ont pu combiner les données de 11 essais cliniques contrôlés randomisés (3 716 participants) comparant différentes durées de traitement par AVK chez des patients présentant une TEV symptomatique. Les patients recevant un traitement prolongé avaient un risque de récidive de TEV environ cinq fois inférieur. En revanche, ils présentaient un risque de complications hémorragiques environ trois fois supérieur. Le traitement prolongé n'a pas réduit le risque de décès.L'usage prolongé d'AVK a fortement réduit le risque de caillots récurrents tant qu'ils étaient utilisés, mais le bénéfice a diminué avec le temps et le risque d'hémorragie majeure a persisté.

Conclusions des auteurs: 

En conclusion, cette revue montre que le traitement par AVK réduit fortement le risque de récidive de TEV tant qu'ils sont utilisés. Cependant, le risque absolu de récidive de TEV diminue avec le temps, bien que le risque d'hémorragie majeure subsiste. Par conséquent, l'efficacité de l'administration d'AVK diminue avec le temps écoulé depuis l'événement de référence.

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Contexte: 

Actuellement, le traitement secondaire le plus fréquemment utilisé pour les patients présentant une thromboembolie veineuse (TEV) consiste à administrer des antagonistes de la vitamine K (AVK) ciblant un rapport international normalisé (RIN) de 2,5 (plage de 2,0 à 3,0). Cependant, en raison du risque permanent d'hémorragie et de l'incertitude concernant le risque de récidive de TEV, la bonne durée de traitement par AVK pour ces patients fait débat. Plusieurs études ont été réalisées comparant les risques et les bénéfices de différentes durées de traitement par AVK chez des patients atteints de TEV. Ceci est la troisième mise à jour d'une revue publiée pour la première fois en 2000.

Objectifs: 

Évaluer l'efficacité et la sécurité de différentes durées de traitement par les antagonistes de la vitamine K chez des patients atteints de thromboembolie veineuse symptomatique.

Stratégie de recherche documentaire: 

Pour cette mise à jour, le coordinateur des recherches d'essais du groupe Cochrane sur les maladies vasculaires périphériques a effectué des recherches dans le registre spécialisé (dernière consultation en octobre 2013) et dans le registre Cochrane des essais contrôlés (CENTRAL) 2013, numéro 9.

Critères de sélection: 

Essais cliniques contrôlés randomisés comparant différentes durées de traitement par les antagonistes de la vitamine K chez des patients atteints de thromboembolie veineuse symptomatique.

Recueil et analyse des données: 

Trois auteurs de la revue (SM, MP et BH) ont extrait les données et évalué la qualité des essais de façon indépendante.

Résultats principaux: 

Onze études avec un total de 3 716 participants ont été incluses. Une réduction systématique importante du risque d'événements thromboemboliques veineux récurrents a été observée pendant le traitement prolongé par AVK (risque relatif (RR) 0.20, intervalle de confiance (IC) à 95 % de 0,11 à 0,38) indépendamment du temps écoulé depuis l'événement thrombotique de référence. Aucun phénomène de « rebond » (c.-à-d. un excès de récidives peu après l'arrêt du traitement prolongé) statistiquement significatif n'a été découvert (RR 1,28, IC à 95 % de 0,97 à 1,70). De plus, une augmentation substantielle des complications hémorragiques a été observée chez les patients ayant reçu un traitement prolongé pendant toute la période suivant la randomisation (RR 2,60, IC à 95 % de 1,51 à 4,49). Aucune réduction de la mortalité n'a été notée au cours de toute la période d'étude (RR 0,89, IC à 95 % de 0,66 à 1,21, P = 0,46).

Notes de traduction: 

Traduction réalisée par Cochrane France

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Les traductions sur ce site ont été rendues possibles grâce à la contribution financière du Ministère français des affaires sociales et de la santé et des instituts publics de recherche canadiens.