Prébiotiques pour le traitement de la rectocolite hémorragique

Principaux messages

Nous avons constaté que les prébiotiques ne diffèrent pas du placebo dans la prévention des rechutes de la rectocolite hémorragique. Pour les adultes en rémission, les prébiotiques pourraient entraîner plus d'effets secondaires que le placebo.

Les données probantes étaient de faible qualité pour la rémission, l'amélioration de l'activité de la maladie, l'inflammation et la qualité de vie, et nous n'avons donc pas pu tirer de conclusions pour ces critères de jugement.

Il est nécessaire de mener davantage de recherches de qualité sur ce sujet avant de pouvoir tirer des conclusions définitives.

Qu'est-ce que la rectocolite hémorragique ?

La rectocolite hémorragique (également appelée colite ulcéreuse) est l'une des deux principales formes de maladie inflammatoire de l'intestin. Il s'agit d'une maladie qui dure toute la vie et qui provoque une inflammation et des ulcères dans le gros intestin. Les symptômes comprennent du sang dans les selles, des diarrhées, des maux d'estomac, de la fièvre, une perte de poids et une sensation de fatigue. Nous ne connaissons pas exactement les causes de la rectocolite hémorragique. Il s'agit probablement d'un mélange de gènes, de problèmes du système immunitaire, de bactéries dans l'intestin et de quelque chose dans l'environnement. Il n'existe pas de traitement connu, mais les symptômes sont généralement pris en charge par des médicaments et parfois par une intervention chirurgicale.

La plupart des personnes atteintes de rectocolite hémorragique ont des périodes où elles présentent des symptômes (maladie active) et des périodes où leurs symptômes sont maîtrisés (rémission). Lorsque les symptômes réapparaissent après une rémission, on parle de rechute. Lorsque des médicaments sont utilisés pour maîtriser la rectocolite hémorragique, on parle d'induction de la rémission. Lorsque des médicaments sont utilisés pour maintenir la rectocolite hémorragique sous contrôle, on parle de maintien de la rémission.

Que voulions-nous découvrir ?

Nous avons voulu savoir si les prébiotiques sont efficaces et sûrs pour le traitement de la rectocolite hémorragique. Les prébiotiques sont des aliments qui influencent l'équilibre entre les bonnes et les mauvaises bactéries dans l'intestin.

Nous voulions savoir si les prébiotiques pouvaient mettre la rectocolite hémorragique active en rémission, prévenir les rechutes et améliorer l'activité de la maladie, l'inflammation et la qualité de vie. Nous voulions également savoir combien de personnes subissent les effets secondaires des prébiotiques et combien de personnes arrêtent de prendre des prébiotiques à cause des effets secondaires.

Comment avons-nous procédé ?

Nous avons recherché des essais contrôlés randomisés (études dans lesquelles les personnes sont affectées à l'un des deux groupes de traitement ou plus selon une méthode aléatoire) comparant les prébiotiques à tout autre traitement, à un traitement standard, à un traitement factice (placebo) ou à différents dosages de prébiotiques.

Qu’avons-nous trouvé ?

Nous avons trouvé 9 études portant sur un total de 445 personnes atteintes de rectocolite hémorragique. Les études ont duré de 14 jours à 6 mois. Cinq études incluaient des personnes atteintes d'une maladie active, trois incluaient des personnes en rémission et une étude ne mentionnait pas cette information. Dans la plupart des études, les personnes ont continué à prendre leurs médicaments habituels contre la rectocolite hémorragique.

Deux études ont comparé les prébiotiques à un traitement factice pour l'induction d'une rémission. Il n'y avait pas d'information sur le taux d'effets secondaires. Nous ne savons pas si les prébiotiques ont un effet sur les autres critères de jugement que nous avons examinés, car la qualité des données probantes était très faible.

Deux études ont comparé différentes doses de prébiotiques pour l'induction de la rémission. Nous ne savons pas si les prébiotiques ont un effet sur l'un des critères de jugement examinés, car la qualité des données probantes était très faible.

Une étude a comparé l'association de prébiotiques et d'un traitement anti-inflammatoire à un traitement anti-inflammatoire seul pour l'induction d'une rémission. Il n'y avait pas d'information sur la rémission, la qualité de vie, les effets secondaires ou le taux d'abandon pour cause d'effets secondaires. Nous ne savons pas si les prébiotiques ont un effet sur les autres critères de jugement que nous avons examinés, car la qualité des données probantes était très faible.

Trois études ont comparé les prébiotiques à un traitement factice pour le maintien de la rémission. Il pourrait ne pas y avoir de différence dans le taux de rechute entre les prébiotiques et le traitement factice. Les prébiotiques pourraient entraîner davantage d'effets secondaires que le traitement factice. Nous ne savons pas si les prébiotiques ont un effet sur les autres critères de jugement que nous avons examinés, car la qualité des données probantes était très faible.

Une étude a comparé les prébiotiques aux prébiotiques plus probiotiques pour le maintien de la rémission. Il n'y avait pas d'information sur les rechutes, l'activité de la maladie, l'inflammation ou le taux d'effets secondaires. Nous ne savons pas si les prébiotiques ont un effet sur les autres critères de jugement que nous avons examinés, car la qualité des données probantes était très faible.

Une étude a comparé les prébiotiques aux probiotiques pour le maintien de la rémission. Il n'y avait pas d'information sur les rechutes, l'activité de la maladie, l'inflammation ou le taux d'effets secondaires. Nous ne savons pas si les prébiotiques ont un effet sur les autres critères de jugement que nous avons examinés, car la qualité des données probantes était très faible.

Quelles sont les limites des données probantes ?

Les données probantes sont généralement de qualité très faible ou faible. Cela s'explique par des problèmes liés à la manière dont les études ont été réalisées et dont les résultats ont été communiqués. En outre, le nombre de personnes incluses est très faible pour la plupart des critères de jugement que nous avons examinés.

Dans quelle mesure cette revue est-elle à jour ?

Cette revue est à jour jusqu'en juin 2023.

Conclusions des auteurs: 

Il pourrait ne pas y avoir de différence dans la survenue de rechutes cliniques lorsqu'un traitement adjuvant avec des prébiotiques est comparé à un traitement adjuvant avec un placebo pour le maintien de la rémission dans la rectocolite hémorragique. Le traitement adjuvant avec des prébiotiques pourrait entraîner plus d'événements indésirables totaux par rapport au traitement adjuvant avec un placebo pour le maintien de la rémission. Nous n'avons pu tirer aucune conclusion pour les autres critères de jugement de cette comparaison en raison du niveau de confiance très faible des données probantes. Les données probantes pour toutes les autres comparaisons et tous les autres critères de jugement étaient également d'un niveau de confiance très faible, empêchant toute conclusion.

Il est difficile de formuler des recommandations claires pour les recherches futures sur la base des résultats de cette revue, étant donné l'hétérogénéité clinique et méthodologique des études. Il est recommandé de parvenir à un consensus sur ces questions avant de poursuivre les recherches.

Lire le résumé complet...
Contexte: 

Les personnes atteintes de rectocolite hémorragique (RCH) s'intéressent aux thérapies diététiques en tant que traitements susceptibles d'améliorer leur santé et leur qualité de vie. Les prébiotiques sont une catégorie d'ingrédients alimentaires auxquels on attribue des bénéfices pour le système gastro-intestinal grâce à leur effet sur la croissance et l'activité des bactéries intestinales et des probiotiques.

Objectifs: 

Évaluer l'efficacité et la tolérance des prébiotiques pour l'induction et le maintien de la rémission chez les personnes atteintes de RCH active.

Stratégie de recherche documentaire: 

Nous avons effectué des recherches dans CENTRAL, MEDLINE, Embase, ClinicalTrials.gov et l’ICTRP de l’OMS le 24 juin 2023.

Critères de sélection: 

Nous avons inclus des essais contrôlés randomisés (ECR) portant sur des personnes atteintes de RCH. Nous avons pris en compte tout type d'intervention prébiotique autonome ou combinée, à l'exception des prébiotiques combinés à des probiotiques (appelés synbiotiques), comparés à toute intervention de contrôle. Nous avons pris en compte les interventions, quelles que soient leur dose et leur durée.

Recueil et analyse des données: 

Nous avons suivi la méthodologie standard de Cochrane.

Résultats principaux: 

Nous avons inclus 9 ECR impliquant un total de 445 participants. La durée des études allait de 14 jours à 2 ou 3 mois pour l'induction et de 1 à 6 mois pour le maintien de la rémission. Toutes les études portaient sur des adultes. Cinq études portaient sur des personnes atteintes d'une maladie active légère à modérée, trois sur des personnes en rémission ou en activité légère, et une n'était pas mentionnée.

Une seule étude a été jugée comme présentant un faible risque de biais dans tous les domaines.

Deux études ont comparé les prébiotiques à un placebo pour l'induction de la rémission. Nous ne pouvons pas tirer de conclusions sur la rémission clinique (70 % contre 67 % ; risque relatif (RR) 1,05, intervalle de confiance (IC) à 95 % 0,57 à 1,94) ; l'amélioration clinique (score moyen de Rachmilewitz au jour 14 de 4,1 contre 4,5 ; différence de moyennes (DM) -0,40, IC à 95 % -2,67 à 1,87) ; les niveaux de calprotectine fécale (calprotectine fécale moyenne au jour 14 de 1211 μg/mL contre 3740 μg/mL ; DM -2529.00, IC à 95 % -6925,38 à 1867,38) ; les niveaux d'interleukine 8 (IL-8) (moyenne d'IL-8 au jour 7 de 2,9 pg/mL par rapport à 5,0 pg/mL ; DM -2,10, IC à 95 % -4,93 à 0,73) ; les niveaux de prostaglandine E2 (PGE-2) (moyenne de PGE-2 au jour 7 de 7.1 ng/mL contre 11,5 ng/mL ; DM -4,40, IC à 95 % -20,25 à 11,45) ; ou les abandons pour cause d'événements indésirables (21% par rapport à 8% ; RR 2,73, IC à 95 % 0,51 à 14,55). Toutes les données probantes étaient d'un niveau de confiance très faible. Aucun autre critère de jugement n’a été rapporté.

Deux études ont comparé l'inuline et l'oligofructose 15 g à l'inuline et l'oligofructose 7,5 g pour l'induction de la rémission. Nous ne pouvons tirer aucune conclusion sur la rémission clinique (53 % contre 12,5 % ; RR 4,27, IC à 95 % 1,07 à 16,96) ; l'amélioration clinique (67 % contre 25 % ; RR 2,67, IC à 95 % 1,06 à 6,70) ; le nombre total d'événements indésirables (53,5 % contre 31 % ; RR 1,71, IC à 95 % 0,72 à 4,06) ; ou les abandons pour cause d'événements indésirables (13 % contre 25 % ; RR 0,53, IC à 95 % 0,11 à 2,50). Toutes les données probantes étaient d'un niveau de confiance très faible. Aucun autre critère de jugement n’a été rapporté.

Une étude a comparé les prébiotiques et le traitement anti-inflammatoire au traitement anti-inflammatoire seul pour l'induction de la rémission. Nous ne pouvons tirer aucune conclusion sur l'amélioration clinique (score moyen de Lichtiger à 4 semaines de 6,2 par rapport à 10,3 ; DM -4,10, IC à 95 % -8,14 à -0,06) ou sur les taux sériques de protéine C-réactive (CRP) (taux moyen de CRP à 4 semaines 0,55 ng/mL par rapport à 0,50 ng/mL ; DM 0,05, IC à 95 % -0,37 à 0,47). Toutes les données probantes étaient d'un niveau de confiance très faible. Aucun autre critère de jugement n’a été rapporté.

Trois études ont comparé les prébiotiques à un placebo pour le maintien de la rémission. Il pourrait ne pas y avoir de différence entre les groupes en ce qui concerne le taux de rechute clinique (44 % par rapport à 33 % ; RR 1,36, IC à 95 % 0,79 à 2,31), et les prébiotiques pourraient entraîner davantage d'événements indésirables totaux que le placebo (77 % par rapport à 46 % ; RR 1,68, IC à 95 % 1,18 à 2,40). Les données probantes sont d’un niveau de confiance faible. Nous ne pouvons pas tirer de conclusions sur l'amélioration clinique (score partiel moyen de Mayo au jour 60 de 0,428 contre 1,625 ; DM -1,20, IC à 95 % -2,17 à -0,22) ; les taux de calprotectine fécale (taux moyen de calprotectine fécale au jour 60 de 214 μg/mL contre 304 μg/mL ; DM -89.79, IC à 95 % -221,30 à 41,72) ; la qualité de vie (score moyen au Inflammatory Bowel Disease Questionnaire (IBDQ) au 60e jour de 193,5 contre 188,0 ; DM 5,50, IC à 95 % -8,94 à 19,94) ; ou les abandons en raison d'événements indésirables (28,5 % contre 11 % RR 2,57, IC à 95 % 1,15 à 5,73). Les données probantes relatives à ces critères de jugement étaient d'un niveau de confiance très faible. Aucun autre critère de jugement n’a été rapporté.

Une étude a comparé les prébiotiques aux synbiotiques pour le maintien de la rémission. Nous ne pouvons tirer aucune conclusion sur la qualité de vie (score moyen de l’IBDQ à 4 semaines 182,4 contre 176,1 ; DM 6,30, IC à 95 % -6,61 à 19,21) ou sur les abandons dus à des événements indésirables (23 % contre 20 % ; RR 1,13, IC à 95 % 0,48 à 2,62). Toutes les données probantes étaient d'un niveau de confiance très faible. Aucun autre critère de jugement n’a été rapporté.

Une étude a comparé les prébiotiques aux probiotiques pour le maintien de la rémission. Nous ne pouvons tirer aucune conclusion sur la qualité de vie (score moyen de l’IBDQ à 4 semaines 182,4 contre 168,6 ; DM 13,60, IC à 95 % 1,22 à 25,98) ou sur les abandons pour cause d'événements indésirables (22,5 % contre 22,5 % ; RR 1,00, IC à 95 % 0,44 à 2,26). Toutes les données probantes étaient d'un niveau de confiance très faible. Aucun autre critère de jugement n’a été rapporté.

Notes de traduction: 

Post-édition effectuée par Elissar El Chami et Cochrane France. Une erreur de traduction ou dans le texte d'origine ? Merci d'adresser vos commentaires à : traduction@cochrane.fr

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